République Française R.U. de Grande-BretagneEtats-Unis d'AmériqueEmpire RusseRoyaume d'ItalieEmpire JaponaisEmpire Austro-HongroisEmpire AllemandEmpire Ottoman
République d'ArgentineRépublique BrésilienneRoyaume de BulgarieRépublique ChilienneRépublique de ChineRépublique CubaineRoyaume du DanemarkEmpire EspagnolRoyaume de GrèceEmpire HollandaisRoyaume de NorvègePérouRoyaume du PortugalRoyaume de RoumanieRoyaume de SuèdeEmpire ThaiAmérique du sudLe reste du monde

La bataille du Jutland - suite - ( 1er juin 1916 )

La Grand Fleet au Jutland (Image TDP Wikipedia)

La bataille ( 31 mai - 1er juin 1916 ): 

Le dispositif de la Royal Navy se basait sur les cuirassés de la Grand Fleet, notamment ses escadres rapides de dreadnoughts, aux ordres du commodore Jellicoe, et en "reconnaissance", les escadres rapides de croiseurs de bataille de David Beatty de la Home Fleet, venant de Rosyth. C'est ceux-ci qui rencontrèrent à 2h00 la "pointe" du dispositif Allemand incarné par Hipper. Le premier navire à apercevoir les Allemands fut le croiseur léger Galatea, il eut le temps de tirer quelques obus avant de se replier devant la menace des 280 mm des navires de ligne de Scheer. Ce dernier disposait ses cinq unités principales ( Lützow, Derfflinger, Seydlitz, Moltke et Von Der Tann ) en ligne, encadrée par plusieurs croiseurs légers et torpilleurs de haute mer. En face, Beatty disposait des Lion, Princess Royal, Queen Mary, Tiger, New Zealand et Indefatigable en deux colonnes parallèles, escortées et précédées par des croiseurs cuirassés et légers et encadrés par des destroyers. Le jeune et bouillant contre-amiral Horace Hood ("The Hon") de son côté, disposait de 3 croiseurs de bataille ( dont l'Invincible, portant sa marque, l'Indomitable et l'Inflexible, ainsi que 8 croiseurs cuirassés dont les formidables Defence, Warrior, Black Prince et Duke of Edinburgh, commandés par le contre-amiral Robert Arbuthnot. ).

Sur le papier, la supériorité en artillerie britannique était patente ( des pièces de 305 et 343 contre 280 et 305 ). De plus, les systèmes de visée automatique perfectionnés étaient bien rôdés, contrôlés par le firing director qui les synchronisaient efficacement. Mais rapidement, les faits allaient démontrer la supériorité Allemande: Bien que disposant d'une artillerie plus modeste mais d'instruments optiques également performants, les Allemands utilisèrent rapidement une technique de tirs en échelon, afin de rapprocher chaque salve, et surtout se distinguaient par une cadence de tir nettement plus élevée, presque du double, contrepartie d'un calibre inférieur. Les Anglais de leur côté avaient adopté une technique plus progressive, avec des tirs d'une pièce par tourelle, et une bordée complète lorsque la bonne distance semblait trouvée. Mais ceci impliquait le temps de recharge de plusieurs pièces, les Allemands tirant eux en continu. Par ailleurs, comme il fut démontré en étudiant les navires impliqués dans la bataille et réparés en cale sèche, les bâtiments Allemands encaissèrent certainement plus de coups, du fait d'une meilleure précision Anglaise mais la moitié des obus Anglais avaient une malfonction et n'explosaient pas. De leur côté les anglais perdirent leurs croiseurs de bataille suite à des incendies communiqués trop rapidement à leurs soutes à munition à cause de leur cordite ( gaz d'échappement des canons, résidu des douilles ) hautement explosive qui stagnait dans des compartiments mal ventilés. Enfin, la qualité du blindage Allemand est sans doute l'explication la plus plausible quand au chiffre des pertes étonnamment faibles de la Hochseeflotte face à un véritable déluge de feu.

Globalement, l'engagement fut bref, indécisif, Hipper repliant ses navires comme prévu sur Scheer. A 3h45 cependant la bataille entre les deux avant-gardes faisait rage. Jellicoe décida d'envoyer Hood en renfort avec d'autres croiseurs de bataille. La disposition des navires Britanniques faisait que malgré la fumée du charbon, les gerbes et la fumée des tirs, gênant la visibilité des deux adversaires, la silhouette des navires Britanniques se découpait sur l'horizon, permettant aux Allemands de mieux concentrer leurs tirs. Rapidement la plupart des navires de Beatty furent en difficulté, encaissant des coups, jusqu'à la destruction du HMS Indefatigable. Puis ce fut le tour du Queen Mary. Les ordres de Beatty par ailleurs, furent mal interprétés, ce dernier enjoignant de concentrer les tirs de deux premières unités sur le croiseur de bataille N°1 de la flotte Allemande, ( mais la situation était inversée pour les commandants Britanniques et la confusion s'installa ). La vieille technique de Nelson consistant à obtenir une supériorité locale ne fonctionna pas.

De leur côté, c'est également une méprise qui eut paradoxalement raison du croiseur de bataille Anglais Queen Mary: Deux des navires Allemands concentraient leur tirs sur lui, appliquant involontairement à la lettre la tactique de Nelson. Les anglais étaient également trompés par le croiseur léger placé à l'avant de la ligne qui dégageait une fumé prise pour celle d'un croiseur de bataille. Or, le croiseur léger était nettement plus petit et donc plus difficile à toucher, et de précieux obus gaspillés tandis que des navires Allemands étaient épargnés. Beatty ne renonça pas pourtant à son plan se rapprocha encore des Allemands. Ces derniers, pourtant avantagés par la portée plus réduite de leurs pièces, ( le tir s'effectuait à moins de 16 000 mètres ) furent à leur tour en difficulté avant de revenir à l'avantage par l'arrivée au grand galop de Scheer. Les lignes de cuirassés de ce dernier furent cependant détectées par un navire, aventuré à l'avant-garde de sa propre flotte, le HMS Southampton. Il s'empressa de télégraphier la nouvelle à Jellicoe. Le piège de Scheer était éventé, et Beatty avait réussi par son sacrifice à immobiliser toute la flotte Allemande tandis que Jellicoe arrivait pour envelopper la Hochseeflotte.

Au beau milieu de cette confrontation, un grand voilier blanc surgit de nulle part, et traversa tel un fantôme cet enfer de Dante peuplé de colosses gris vomissant des torrents de fumée noire, dans une forêt d'écume. Les matelots des deux camps étaient stupéfaits car le navire traversa la zone qui se trouvait entre les deux ligne de batailles, sans émettre le moindre signal, s'éloigna et disparut. Bien évidemment, quelques marins des deux camps affirmèrent plus tard qu'ils s'agissait d'un présage de victoire, d'autres au contraire de défaite, certains le prenant pour le mythique "Hollandais volant"...Suite

Voir une carte animée de la bataille.

 

13/05/06


Ce site fait partie du portail navistory.com sur l'histoire maritime

. ©2006 chaudron-graphique