Croiseurs
de bataille classe Invincible ( 1907 )
-Les premiers croiseurs de bataille:
Les croiseurs, naturellement plus rapides que les pesants
cuirassés, ont toujours étés vus comme des navires à la "pointe
de l'épée", comparés à de la cavalerie légère - toute proportion
gardée - sur un champ de bataille classique. Le premier cuirassé
monocalibre, le Dreadnought, n'avait-il pas été influencé
lui-même par les croiseurs-cuirassés développés par Cuniberti?...
De plus, une continuité au sein de la Royal Navy voyait chaque
nouvelle classe de cuirassés secondée par une nouvelle classe
de croiseurs-cuirassé, avec les mêmes avancées et dispositions
d'artillerie, comme les Minotaur par rapport aux Nelson. Il ne pouvait donc en être autrement
avec les nouveaux Dreadnoughts.
Dés l'annonce de la mise en chantier du HMS Dreadnought, les
discussions allèrent bon train entre l'amiral Fisher et les
bureaux d'études des chantiers. Ce dernier, après la démonstration
de la guerre Russo-Japonaise, avait rallié à ses vues le reste
de l'amirauté. Selon lui, le vitesse était le facteur déterminant,
et les croiseurs-cuirassés trop lents. La vitesse était une
bien meilleure protection "active", en mettant le navire à
l'abri des coups ennemis, que la protection passive, le blindage,
hormis celle - classique - déployée contre submersibles, torpilleurs
et destroyers.
C'est sur ces postulats que fut créé le concept de "croiseur
de bataille", pour bien marquer la rupture et en même temps
la continuité avec les précédents croiseurs-cuirassés. Car
effectivement, contrairement à ces derniers, ces nouveaux
bâtiments seraient pourvus du même armement monocalibre que
les Dreadnoughts, mais en contrepartie d'une vitesse supérieure,
n'offriraient aucune protection aux coups adverses, sauf des
pièces relativement légères ( comme les 152 mm, le standard
des croiseurs légers de l'époque ). La portée de ses grosses
pièces les mettaient à l'abri des autres types de croiseurs
aussi rapides, et cette même vitesse leur permettaient de
se dérober aux coups des cuirassés, mais aussi de les "harceler"
grâce à leur grande mobilité. Le concept de vitesse comme
protection active fut très prospère au sein des Etats-majors
du monde entier, et les croiseurs de bataille ne connurent
un bémol qu'après l'étude à froid de leur ultime moment de
vérité, la Bataille du Jutland.
Trois pays seulement auront le loisir de construire ce type
de bâtiment, et contrairement aux cuirassés, les croiseurs
de bataille seront bien moins nombreux. Les Britanniques en
mettront en ligne 16 ( le dernier, le Hood,
étant lançé en 1920, et démontrant 21 ans plus tard définitivement
sa vulnérabilité aux yeux du monde en étant volatilisé par
les coups du Bismarck ), les Allemands 7, les Japonais 4.
La France prévoyait les siens -conçus par Durant-Viel au plan
de 1912 -, pas avant 1916, les Américains en 1922. Après le
traité de Washington, ce type de navire ne semblait plus intéresser
les amirautés, mais le concept fit encore florès pour les
fameux "tin-clad cruisers", les croiseurs en fer-blanc, eu
égard à leur protection dérisoire... Au début de la seconde
guerre mondiale, les croiseurs de bataille n'étaient plus
que trois en service, les autres ayant étés convertis en porte-avions.
Ils étaient de toute manière surclassés par les nouveaux cuirassés
rapides, et par l'aviation de combat, comme le prouva le perte
du Repulse, quelques mois après le Hood.
-Conception et carrière des
Invincible:
Les Trois Invincible, mis en chantier à Fairfield, Clydebank
et Elswick, de février à avril 1906, furent lancés début 1907
et achevés en juin 1908 ( Indomitable ), octobre 1908 ( Inflexible
) et mars 1909 ( Invincible ). Mais les plans finaux révélèrent
des navires qui n'étaient pas des clones légers et allongés
du Dreadnought, mais plutôt des croiseurs-cuirassés d'un nouveau
genre. Certes, ils avaient les mêmes tourelles -allégées-
que le Dreadnought, mais 8 pièces de 305 mm au lieu de 10.
De plus, au lieu d'être étagées en ligne, une disposition
ultérieure, les tourelles centrales étaient en quinconce,
une disposition reprise sur les cuirassés Neptune puis Colossus. Théoriquement, cette disposition
en échelon permettait une bordée complète des 8 pièces, bien
que leur angle de tir soit limité, et 6 en chasse comme en
retraite.
La conception de ces navires prit du temps, tout comme leur
construction. Ils coûtaient en outre 50% plus chers que les
précédents croiseurs-cuirassés classe Minotaur,
mais remplissaient parfaitement le cahier des charges et obtinrent
d'excellents résulutats lors de leurs essais. Les critiques
à leur endroit furent postérieures, et propres à l'ensemble
de la catégorie. Une confusion était entretenue dans les amirautés.
Armés avec de grosses pièces, et jusque dans leur dénomination,
ils étaient intégrés dès le départ au sein de la ligne de
bataille, avec les cuirassés, alors que leur vrai rôle était
celui, classique des croiseurs: Faire la guerre au commerce
et la chasse aux navires plus petits. Ils n'avaient jamais
étés conçus comme des cuirassés rapides mais furent utilisés
comme tels.
Leurs machines étaient très puissantes, assorties de pas moins
de 31 chaudières B&W ou Yarrow. Ils atteignaient 25,5
noeuds, soit 2,5 de plus que les derniers croiseurs-cuirassés.
Quelques modifications ultérieures les affectèrent. Successivement,
tous trois virent leur cheminée avant réhaussée, des capotages
en toile venir protéger leurs pièces légères sur le toit des
tourelles, et en 1914, l'enlèvement de leurs filets antitorpilles
et le rajout de directeurs de tir. Plus tard, ils se virent
équipés d'une pièce antiaérienne de 76 mm, puis on réduisit
laurs mâts supérieurs, puis enleva leur mât supérieur avant,
rajouta des plates-formes pour avions sur les tourelles qui
reçurent un blindage additionel, comme les toits et flancs
des agasins à munitions, suite à l'expérience de Jutland,
en mai 1916.
L'Invincible subit
une collision avec le submersible C13 en 1913. Au moment de
la déclaration de guerre, il était à Queenstown, pour empêcher
une sortie Allemande. Puis il revint sur la Humber, participa
le 28 à la bataille de la baie d'Héligoland, fut ensuite
détaché avec l'Indomitable aux Falklands, aux ordres du Commodore
Sturdee, et prit part à cette seconde bataille des Falklands en novembre
1914, vengeant la destruction de l'escadre de Sir Cradock
en coulant les croiseurs-cuirassés Scharnhorst
et Gneisenau du vice-amiral
Von Spee, pivots de l'escadre Allemande du Pacifique. Après
une courte refonte à Gibraltar, I'invincible fut détaché à
Rosyth, constituant avec ses deux jumeaux le 3e Battlecruiser
Squadron. En mai 1916, de nouvelles modifications, puis des
exercices de tir à Scapa Flow suivis d'une changement d'affectation
( la troisième escadre de croiseurs de bataille ), furent
ses derniers moments avant la légendaire bataille
de Jutland.
Portant la marque du contre-amiral Horace Hood, l'Invincible engagea les croiseurs légers Allemands
venus en éclaireurs, Pillau
et Wiesbaden, les
mettant hors de combat, puis croisa le fer avec le croiseur
de bataille Lützow, lui infligeant deux sévères coups au
but. Mais bientôt le Derfflinger
l'encadra, et toucha l'Invincible 5 fois, le dernier impact
étant fatal: Il fit sauter sa tourelle latérale et provoqua
un incendie explosif alimenté par la poussière de cordite
accumulée dans le puit à munitions. L'incendie se transmit
immédiatement à la soute elle-même et une gigantesque explosion
s'ensuivit, rompant en deux sa coque. L'Invincible sombra
rapidement, entraînant dans la mort presque tout son équipage.
L'Indomitable, qui
interrompit des essais pour emmener le Prince de Galles à
Montréal, servit dans la Home Fleet. Il fut ensuite transféré
avec l'Invincible en méditerranée, subit quelques modifications
à Malte en juin 1914. Ils participa en août à la chasse au
Goeben et au Breslau Allemands, échappés de Port-Saïd, puis
aux bombardements des forts des Dardanelles. Il fut ensuite de retour à Rosyth,
et engagé en janvier 1915 dans la bataille du Dogger Bank, encardrant de ses
tirs le Blücher, finalement
coulé par le Queen Mary.
Il parvint même à détruire un Zeppelin avec deux coups au
but des ses pièces de 305 mm en hausse maximale!... Il remorqua
le HMS Lion à Rosyth, gravement endommagé. Peu
après, l'Indomitable fut lui-même victime d'un incendie, rapidement
mâtrisé, provoqué par un court-circuit électrique. Après une
courte refonte, ils fut détaché à la Grand Fleet, et participa
à la bataille de Jutland, touchant successivement les Derfflinger
et Seydlitz et endommageant
le cuirassé Pommern.
Le reste de sa carrière fut assez calme, détaché au 2e battlesquadron
jusqu'en 1919, date de sa mise en réserve. Il fut démoli en
1922.
L'Inflexible subit
des dommages au cours d'essais de tirs, puis de l'explosion
d'une barge à charbon. Il porta la marque de Sir Edward Seymour
lors de sa viste à New York fin 1909. En 1911, il entra en
collision avec le Bellerophon, et réparé, il fut affecté ensuite
en méditerranée, portant la marque de l'amiral Milne et servant
de quartier-général de la Flotte. Il participa à la chasse
aux Goeben et Breslau dans les heures suivant la déclaration
de guerre, et après une refonte, fut envoyé aux Falklands,
combattant et détruisant l'escadre de Von Spee. En 1915, envoyé
en méditerranée, il remplaçait l'Indefatigable, bombardant
les forts des Dardanelles. Il subit des coups au buts Turcs,
perdant deux canons de 305 mm le 18 mars, et fut frappé le
landemain par une mine, l'obligeant à rompre le combat et
à être remorqué pour des réparations à Malte. De retour à
Rosyth, il participa à la bataille de Jutland, sans subir
de dommages. Puis ce fut une longue inactivité et sa participation
à la courte "bataille de
l'île de mai" en février 1918. Il fut mis en réserve
en 1920 et démoli deux ans plus tard.
Caractéristiques:
Déplacement
& Dimensions |
17
373 t, 20 080 T PC, 172,8 x 22,1 x 8 m
|
Propulsion |
4 hélices, 4 turbines Parsons, 31 chaudières
Babcock et Wilcox, 41 000 cv. et 25,5 n. max. |
Blindage
|
Ceinture
150, Batterie 180, Barbettes 180, tourelles 180, blockhaus
250mm, ponts 65 mm. |
Armement |
8
pièces de 305 (4x2), 16 de 102, 7 ML Maxim 7,62,
4 TLT de 533 mm ( SM ). |
Equipage |
784 |