The
Royal Navy (
1914-18 )
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La "Fleet in beeing"
par excellence. Cliquer pour agrandir
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La
revue de Spithead en 1912.
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Préambule:
I-Une
force navale planétaire.
Depuis
le début du règne de la reine Victoria, ou la fin de l'ère
Napoléonienne, la Royal Navy s'est retrouvée sans rivale sur
les mers. Le vaste empire avait besoin d'une "flotte
in beeing" une force capable de montrer partout le
drapeau, et de répondre à toute menace d'extension ennemie,
de rébellion ou de mise en péril de la cohérence de l'empire.
Une force si considérable que la marine Française, jadis équivalente
voire supérieure, se retrouvait comme la plupart des Nations
dans un rapport du faible au fort, mais puissant générateur
d'idées nouvelles. La création de la frégate cuirassée Gloire
et les théories de la jeune école sont à ce titre révélateurs.
Cependant, Depuis l'invention du Dreadnought
en 1904, ou du bâtiment monocalibre, la Grande-Bretagne était
sortie de son conservatisme et avait prit largement l'ascendant
technologique sur ses rivales en montrant de nouvelles voies
à suivre. ( sur l'inspiration d'un ingénieur Italien, Cuniberti,
dont l'idée avait été finalement dénaturée dans son propre
pays. )
En
1914, la Royal Navy était répartie entre divers théatres d'opérations
potentiels. En réalité, les rares escadres dont elle disposait
dans ses stations lointaines n'étaient composées que d'unités
anciennes pour la majorité, et la Grande-Bretagne par ses
alliances et les neutralités, pouvait se contenter de conserver
le gros de ses forces, avec les meilleures unités, dans la
"Grand fleet", basée principalement à Scapa Flow dans les
orcades, au nord de l'écosse. Cette flotte était d'un niveau
très élevé notamment à cause de la montée en puisssance en
peu de temps de la Hochseeflotte sous l'impulsion de de Tirptitz
et de Guillaume II. Une "course aux cuirassés" commença avec
l'Allemagne dès la sortie des premiers Dreadnoughts de la
Hochseeflotte.
Dans
les faits, la Grande-Bretagne garantissait la sécurité de
la méditerranée et du canal de suez en accord avec la présence
de la marine Française et la marine Italienne, qui ensemble
pouvaient seuls facilement réduire à l'impuissance la marine
Austro-Hongroise sans parler de la flotte Turque ( Empire
Ottoman ). La Russie, alliée par l'intermédiaire de la France,
garantissait les routes vers l'extrême orient par sa présence
dans le pacifique, mais surtout pouvait neutraliser les Turcs
en mer noire. Du côté de la Chine, c'est la marine Japonaise
qui assurait la sécurité contre les rares navires du Kaiser
présents à Tsing Tao. Le pacifique et l'Atlantique ouest étaient
plus ou moins garantis par la neutralité des Etats Américains.
De ce fait, toutes les Forces de ligne Britanniques pouvaient
êtres concentrées en mer du Nord. Il ne restait que quelques
escadres limitées dans les stations lointaines ( comme par
exemple celle des Falklands, celle du Cap, celle de Singapour...
), et paradoxalement ce sont celles-ci qui eurent le plus
à combattre durement les Allemands.
II-Une
supériorité Technologique relative:
La
montée en puissance de la Hochseeflotte avait sérieusement
inquiété l'amirauté. Cependant sous la férule de Sir John
Fisher, premier lord de l'amirauté, la marine Anglaise arrivait
en 1914 avec une flotte encore monumentale, capable de faire
face à une coalition mondiale. La construction navale Britannique,
sous la houlette de William White jusqu'en 1901 était internationalement
reconnue. Nombre d'arsenaux, dont les chantiers Armstrong,
délivraient des croiseurs pour toutes les marines avec un
coût très compétitif grâce à ces nombreuses commandes. Le
dicton de Fisher 'built
first and built fast, each one better than the last',
avait permis une construction de séries homogènes de navires
de ligne en un temps très court et permettait de conserver
à la flotte une écrasante majorité de bâtiments récents.
Le
Dreadnought
était en effet une révolution à plus d'un titre. Premier bâtiment
monocalibre ( un seul type de canon principal, en l'occurence
le standard 305 mm ), premier à plus que doubler la puissance
de feu d'un cuirassé classique et premier à utiliser des turbines
à vapeur ( Parsons ) leur donnant la vitesse de croiseurs,
ils mettaient d'un coup tous les cuirassés en service au rebut.
Cependant,
il est certain que la volonté de Fisher de produire des navires
technologiquement révolutionnaires en peu de temps nuisait
à leur étude et à leur perfectionnement: Les classes Bellerophon
et St Vincent dérivées
directement du Dreadnought ont étées ordonnées alors même
que ce dernier n'était pas terminé: leur conception ne prenait
aucune leçon du prototype en compte.
De
même, la vitesse avait toujours étés vue comme l'élément déterminant
pour Fisher, et ce au prix d'une diminution de la protection
de la coque et de problèmes structurels inhérents aux nouvelles
contraintes liées à la vitesse et à la taille. D'autre part,
Fisher ne croyait pas aux croiseurs et aux bâtiments inférieurs,
jugés inutiles au regard des théories de batailles de rupture,
dont celle professée par Alfred Mahan, toujours religieusement
étudié. De ce fait la RN ne pouvait en la matière compter
en 1914 que sur des bâtiments anciens, affectés le plus souvent
dans les stations coloniales. Enfin, mais cela était plus
technique encore, les défauts de protection se trouvaient
aggravés par la mauvaise qualité des gousses d'obus, et des
obus eux-même. La protection très insuffisante des magasins
à munitions allait se révéler sous son grand jour avec les
confrontations de la grande guerre. Par contre, la qualité
des télémètres Britanniques avait atteint un niveau enviable.
La précision des tirs était donc excellente, mais les coups
au but ne portaient pas toujours en raison du défaut d'explosion
des obus. La gigantesque, légendaire bataille du Jutland apportera
ainsi à la RN une moisson de leçons pour l'avenir.