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La bataille du Dogger Bank ( 24 janvier 1915 )


Nous avons vu que jusqu'ici les seules actions entre Royal Navy et Hochseeflotte s'étaient limités à des escarmouches d'unités légère en mer du Nord, et des batailles menées contre l'escadre Allemande d'outre-mer. Il faut attendre le début de 1915 pour que la flotte Allemande sorte de sa timidité et tente une action. En l'occurence on confia cette action aux croiseurs de bataille du vice-amiral Hipper, car il disposait du seul instrument assez rapide pour échapper à la flotte Anglaise si les choses tournaient mal. En décembre, également sans doute en réplique de la destruction de l'escadre de Von Spee, Hipper reçut instruction de faire route sur la côte est de l'Angleterre et de bombarder Hartlepool, Scarborough et Whitby, pensant briser la résolution des civils.

Effectivement, le premier raid eut lieu le 16 décembre 1914 au matin, le bombardement durant une demi-heure. les dégâts étaient considérables. Il n'y eut cependant que 19 morts et une centaine de blessés, et des dizaines de chalutiers coulés ou endommagés. Les croiseurs de bataille repartirent sans être inquiétés. Ce raid provoqua un scandale et la Royal Navy fut mise sur la touche. Encouragé par ce succés, il reçut instruction de tenter un nouveau raid sur le banc de Dogger, zone de pêche très fréquentée des chalutiers Anglais, à mi-chemin entre l'Angleterre et l'Allemagne. Cependant cette fois, l'escadre de croiseurs de bataille de l'amiral Beatty, mouillée à Scapa Flow plus au nord, était en état d'alerte. Le 23, durant la nuit, un message TSF Allemand est capté et décodé par la "Room 40" à Londres. Beatty sait que Hipper est en route et il appareille avec le Lion, le New Zealand, le Princess Royal, le Tiger et l'Indomitable et les 6 croiseurs légers de Goodenough dont le Southampton, le Birmingham, le Nottingham et le Lowestoft. Il sera rejoint plus tard par une escadrille de Destroyers venant de Harwich.

C'est à 7h20 du matin que Beatty est en vue des panaches noirs de l'escadre Allemande, au sud du Dogger Bank. Hipper est parti la veille de Schillig avec quatre croiseurs de bataille, les Seydlitz, Derfflinger, Moltke et Blücher. Il lui manque le Von der Tann, en carénage. Il sait que ses unités sont légèrement moins rapides ( mais mieux protégées ), en particulier le Blücher. Il est légèrement armé et assez lent, d'ailleurs considéré par les standards maritimes et la Royal Navy comme un "croiseur-cuirassé". Il est encadré par quatre croiseurs légers, les Graudenz, Rostock, Stralsund et Kolberg, et 19 torpilleurs de haute mer ( destroyers ). En tête, se trouvent le Seydlitz et en avant-garde le Graudenz et le Stralsund, en queue le Blücher, et sur les flancs le Rostock et le Kolberg, eux-même entourés par des destroyers. A l'époque la livrée des destroyers Britanniques était gris sombre, aussi pour ne pas les confondre avec les destroyers Allemands, noirs, leurs cheminées avant étaient peintes en rouge.

Vers 7h30, Hipper réalisa qu'il pouvait encore fuir et fit faire volte-face à ses navires, ce qui signifiait aussi une perte de temps durant la longue manoeuvre. Tout son dispositif se retourna cependant et à 8h00, il était reparti en sens inverse, cap sur l'Allemagne. A 8h15 une escarmouche avait eu lieu entre les deux avant-garde à 5000 mètres, l'Aurora engageant le Kolberg, sans résultats. Mais de son côté Beatty n'attendait que d'en découdre, les occasions ayant étées trop rares. Ses chauffeurs firent des prouesses, et la ligne de bataille Anglaise rattrappa la flotte Allemande, la remontant en parrallèle au sud tandis qu'au nord de celle-ci, la force de harwich l'encadrait également, et la 1ere escadre de croiseurs légers prenait place au nord de la ligne Allemande. Le Blücher se trouvait, encore une fois, en queue, et se laissait gagner par la ligne ennemie. A 9h25, ce dernier est encadré par des destroyers Anglais qui tentent de le torpiller. De quelques salves de 210 mm, il les repousse. Mais le répit est de courte durée. L'escadre Alemande ne peut tenir que 21 noeuds, pour ne pas laisser le Bücher derrière, or, les Anglais tiennent 27, puis 28 noeuds, et avalent les milles. A 9h30, le Lion ouvre le feu, et le Seydlitz reçoit un obus sur sa tourelle arrière, qui sous le choc, sort de son rail et les servants sont tous tués. Un incendie se décenche, et l'un des officiers survivants fait noyer les soutes à munitions in extremis. Le Seydlitz est provisoirement sauvé, mais le choc est rude...

A 9h52, Beatty demandait à ses chauffeurs et soutiers de porter au rouge les chaudières en forçant la vitesse de son escadre à 29 noeuds... ( Après tout la propagande de Fisher au sujet de ses "splendid cats" ne tenait elle pas d'abord au fait que ses navires pouvaient dépasser 30 noeuds?... ). A 20 000 mètres, le Lion en tête, qui porte la marque de David Beatty, tire sur le navire de queue, le Blücher. Beatty avait donné des ordres pour que l'Indomitable et le New Zealand en queue prennent à partie le Blücher, tandis que les trois navires de tête prendraient chacun leur opposant respectif de la ligne de bataille Allemande. Mais le jeune commandant du H. B. Pelly du Tiger et ses hommes sont inexpérimentés et vont commettre deux erreurs: Tout d'abord Pelly interprête mal les ordres et pense devoir concentrer son tir sur le Seydlitz, alors que son opposant, le Moltke, reste épargné, lui laissant les coudées franches pour viser le Lion... Pire, l'officier de tir du Tiger confond les gerbes de 305 mm du Lion avec les siennes et son tir n'est pas efficace.

A 10h00, Beatty apprend que Jellicoe et ses cuirassés rapide de la 3e escadre de ligne et la 2e escadre légère ont appareillé de Scapa Flow, et arrivent cap au sud, tentant de couper la route Nord ( Le Skaggerak ) de Hipper. Le piège est en place. Pour les Allemands, c'est une fuite effrénée qui se poursuit, et le résultat est plus qu'incertain. Pour le Blücher, il est plus que sombre: Il a encaissé plus d'obus que de raison et s'éloigne de la ligne. Hipper n'aura pas d'autre choix à 10h30 que de l'abandonner à son sort et de forcer sa vitesse. L'indomitable partira à la suite du Blücher, et l'achèvera. A 10h15, la bataille faisait rage, à pleine vitesse. Les vibrations n'aidaient pas les responsables du tir. Néanmoins la distance était tombée à 14 500 mètres et les obus pleuvent des deux côtés. A 10h18, le Derrflinger réussit à placer trois obus de gros calibre sur le Lion, qui traversèrent le pont arrière et endommagèrent les machines. Des voies d'eaux les envahirent et sa turbine bâbord fut mise hors service. Perdant rapidement de la vitesse, le Lion quitta la ligne et était presque arrrêté à 11h00. Beatty se fit transporter sur une vedette du bord pour regagner la bataille sur le Princess Royal. Pendant ce temps, la poursuite continuait avec le contre-amiral Moore, mais à 10h50 un des veilleur du Lion aperçut le périscope d'un U-Boote. Beatty, qui croyait à un piège classique et emmener ses navires sur une ligne de submersibles ennemis fit effectuer à son bâtiment un virage à 90° tandis qu'il faisait monter à son grand-mât ses ordres par pavillons ( Les tirs du Derfflinger avaient coupé l'électricité à bord, sa TSF et les projecteurs n'étaient plus utilisables ).

Un erreur de pavillon qui pesa lourd pour la suite survint alors: Le premier signal qui monta était "cap au nord-est" ( pour éviter l'éventuel piège de submersibles ) et le second monta alors que le premier n'était pas descendu, demandant à Moore de poursuivre l'arrière-garde. L'interprêtation des deux signaux ensemble fit que Moore pensait devoir poursuivre le Blücher. Il mit cap au nord pour rejoindre l'Indomitable, épargnant du coup les croiseurs de bataille Allemands restants. Au moment ou les navires Brianniques s'éloignaient, Beatty se trouvait, impuissant, sur une vedette ballotée par les lames, entre son vaisseau et le Princess Royal. Lorsqu'il arriva à bord il était trop tard pour corriger les ordres. Hipper avait fui et Moore avait laissé passer une occasion unique de détruire la flotte de bataille rapide de la Hochseeflotte. L'Indomitable, qui canonnait le Blücher fut ainsi rejoint par les trois autres bâtiments de Moore et à 11h00, il avait chaviré et entraînait dans la mort 782 hommes. A 11h30, Hipper avait sauvé ses navires. Les Britanniques avaient tous mis le cap au nord-ouest, vers Scapa Flow...

Royal Navy  
Hocheeflotte
 
Croiseurs de bat. 5 Croiseurs de bat. 4
Croiseurs 6 Croiseurs 4
Destroyers 12 Destroyers 19
Pertes:   Cr. de bat. SMS Blücher  


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