HMS 
                    Dreadnought ( 1906 )
                  
                  
                   Le 
                    HMS Dreadnought, en vieil Anglois "invincible", est de ces 
                    navires qui ont marqué l'histoire. En l'occurrence celles 
                    des marines militaires, puisque tous les traités navals font 
                    référence à son lancement. Il y eut un "avant" et un "après" 
                    Dreadnought. 
                  En 
                    effet ce cuirassé fut le premier à porter le concept à un 
                    niveau très supérieur. Depuis la Gloire 
                    Française, frégate cuirassée de 1859 et le premier cuirassé 
                    mixte de haute mer, le Warrior, 
                    son rival Britannique de 1860, qui fut le premier cuirassé 
                    à coque en acier de haute mer. Puis ce fut l'invention et 
                    la généralisation des tourelles Coles, 
                    remplaçant les canons en sabords et en batteries orientables, 
                    introduits par le HMS Captain de 1870. Ce fut encore la disparition 
                    progressive des voiles en 1880, l'arrivée en 1885 des premiers 
                    cuirassés à vapeur seule, les révolutions dans les machines 
                    à vapeur, de plus en plus complexes, jusqu'aux standards des 
                    cuirassés "pré dreadnought" que construiront toutes des les 
                    grandes Nations maritimes entre 1890 à 1906. Invariablement, 
                    ceux-ci disposaient en général de quatre pièces de 305 mm 
                    en tourelles doubles, assortis de canons de 203 ou 254 mm 
                    et presque toujours de pièces secondaires de 152 à 106 mm, 
                    panachées par des canons "revolver" à tir rapide, antitorpilleurs, 
                    de 76, 57, 47, 37 et 20 mm, sans parler des tubes lance-torpilles. 
                    Ils étaient en outre symétriques de l'avant à l'arrière, marchaient 
                    au charbon, mesuraient 135 mètres au plus, pour 22 à 25 de 
                    large, 15 000 tonnes, et filaient péniblement 16 à 18 noeuds...
                    
                  La 
                    génèse du Dreadnought mériterait un ouvrage à elle seule, 
                    mais il était clair que ce conservatisme des cuirassés semblait 
                    inamovible au début du siècle. Toutefois, un nouveau genre 
                    de bâtiment apparu en 1890 semblait gagner des suffrages: 
                    Le Croiseur cuirassé. 
                    Hybride parfait, il joignait les qualités de rapidité propres 
                    au croiseur, bien supérieures au cuirassé, tout en possédant 
                    un armement imposant, et le blindage suffisant pour résister 
                    au feu de leurs congénères... De plus ces navires venaient 
                    de s'illustrer au cours de la guerre Russo-Japonaise, et également 
                    auparavant au cours de la guere Hispano-Américaine, ou ces 
                    navires furent mis en vedette et prouvèrent leur efficacité. 
                    
                  Au 
                    début du siècle, les Britanniques construisaient de très puissants 
                    croiseurs dont l'armement commençait à être inquiétant même 
                    pour les cuirassés, comprenant un assortiment de canons de 
                    gros calibre répartis en 6 tourelles et plus, comme le Defence 
                    ou le Minotaur Britanniques. 
                    L'Italie, qui avait toujours étée également pionnière en techniques 
                    navales, recherchait de son côté des solutions. Un ingénieur, 
                    et aussi théoricien, le Colonel Vittorio Cuniberti, avait 
                    proposé à l'amirauté Italienne dès 1903 un projet de "cuirassé 
                    rapide" armé seulement de 6 tourelles doubles de gros calibre. 
                    Son projet, d'abord rejeté, fut publié néanmoins dans le Jane's Fightning Ships à l'intention des Britanniques. 
                    L'idée plut considérablement à Jackie Fisher, le premier Lord 
                    de l'Amirauté, qui s'empressa de commander une étude. Celle-ci 
                    donna rapidement un plan de construction, et le Dreadnought 
                    fut finalement mis en chantier en octobre 1905 à Portsmouth, 
                    et lancé le 10 février 1906, un record de rapidité inégalé.
                    
                  Cuniberti 
                    vit son plan finalement avalisé par l'Italie, qui construisit 
                    ses 4 cuirassés de la classe Regina 
                    Elena selon le principe modifié de Cuniberti. Il s'agissaient 
                    encore de cuirassé classiques, mais rapides, et pourvu d'une 
                    très puissante artillerie secondaire en tourelles. Mais le 
                    Dreadnought restera le premier de cette nouvelle génération 
                    de cuirassés, qui à l'époque étaient le centre d'une flotte, 
                    l'étalon de sa puissance. Avec le Dreadnought, la Royal Navy, 
                    qui avait déjà une supériorité numérique et technique écrasante, 
                    creusait encore la distance sur le plan technologique, laissant 
                    loin derrière le reste du monde, contraint de s'aligner avec 
                    un retard qu'elle mit à profit pour constituer la plus grande 
                    force de dreadnoughts jamais vue, en 1914. Ce navire, sur 
                    le plan technique était en effet radicalement différent des 
                    précédents cuirassés de la classe Nelson, 
                    mis en chantier plus tôt mais lancés en juin et septembre 
                    1906. Ces derniers avaient en effet seulement deux tourelles 
                    de 305 mm, contre 5 pour le Dreadnought. En revanche, le Nelson 
                    avait 6 tourelles doubles et simples de 254 mm, plus rapides 
                    que les 305 et de portée presque égale. Enfin, les Nelson 
                    parvenaient à filer 18 noeuds contre 21 pour le Dreadnought. 
                    Mais surtout, le Dreadnought n'avait que 10 pièces de 76 mm 
                    en dehors de ses grosses pièces, illustrant à merveille ce 
                    concept de bâtiment "monocalibre". 
                  Le 
                    HMS Dreadnought fut accepté en service en décembre 1906. Dès 
                    lors, il fut le modèle sur lequel s'appuyèrent deux autres 
                    classes de cuirassés dreadnoughts, les Bellerophon 
                    et les St Vincent. 
                    Leur disposition d'artillerie, superstructures et dimensions 
                    étaient similaires. Cette puissante artillerie, avait pour 
                    corollaire un accroissement des dimensions, et ces nouveau 
                    cuirassés passaient de 130 à 160 mètres de long pour toujours 
                    25 de large, avec un rapport hydrodynamique plus favorable, 
                    et surtout 18 000 tonnes contre 15 000 auparavant. Cette disposition 
                    d'artillerie, jugée meilleure que pour les Nelson 
                    précédents, leurs donnaient une puissance de feu de 6 pièces 
                    en chasse, 8 en retraite, et 8 en bataille en ligne.
                    
                  La 
                    carrière opérationelle du Dreadnought fut de 15 ans, puisqu'il 
                    fut démoli en 1921. D'abord navire amiral de la 4e escadre 
                    de bataille, il servit en mer du Nord au sein de la Home Fleet 
                    et parvient à couler le submersible U29 du Commandant Weddingen 
                    en mars 1915 en l'éperonnant... Ils reçut une refonte l'année 
                    suivante et servit au sein 3e Battle Squadron de Sheerness, 
                    recevant 24 puis 27 pièces de 76 mm, dont certaines antiaériennes, 
                    puis de nouveau au 4e Battle squadron de la Grand Fleet, jusqu'à 
                    l'armistice. Il ne participera pas à la bataille du Jutland, 
                    et fut versé en réserve à Rosyth en 1919. 
                    
                    Caractéristiques: 
                    
                  
                     
                     
                      |  Déplacement 
                        & Dimensions | 
                       
                          18 
                          110 t, 21 845 T PC, 160,6 x 25 x 9,4 m  
                           
                       | 
                    
                     
                      |  Propulsion | 
                       2 hélices, 2 turbines Parsons, 18 chaudières 
                        Babcock & W, 23 000 cv. et 21 n. max. | 
                    
                     
                      |  Blindage 
                         | 
                       Ceinture 
                        280, Batterie 280, Barbettes 280, tourelles 280, blockhaus 
                        280, ponts 76mm. | 
                    
                     
                      |  Armement | 
                       10 
                        canons de 305 mm (5x2), 10 canons de 76mm, 5 TLT de 457mm 
                        ( SM ). | 
                    
                     
                      |  Equipage | 
                       773 |