L'action d'Odensholm ( 26 août
1914 )
Odensholm ( actuellement Osmussaar,
île désolée de 4,7 km appartenant à
l'Estonie - où selon la légende, Odin fut brûlé
lors de ses funérailles ) se situait à 67 km
au sud-ouest de Tallinn. Par sa position stratégique,
elle fermait le golfe de Finlande, porte vers la Baltique
de Saint-Petersbourg. Dès la déclaration de
guerre, on confia à la Hochseeflotte le soin de miner
l'entrée du golfe. Le 25 août, on désigna
pour cela les croiseurs Magdebourg
et Augsburg. Le premier appareilla de Königsberg
( actuellement Kaliningrad ) et rallia l'entrée du
golfe la nuit du 26. Malheureusement, c'était par temps
de brouillard, et le Magdebourg s'échoua sur
des hauts-fonds au nord de l'île d'Odensholm. Le destroyer
V26
qui l'accompagnait tenta de le prendre en remorque pour le
désensabler, en vain. Au phare de l'île, un veilleur
Russe donna l'alerte à l'état-major de la flotte
de la Baltique. La situation est critique. Le capitaine de
corvette Habenitch ordonne à l'équipage d'évacuer
le bâtiment et de le préparer pour un sabordage.
Des charges sont posées,
les archives du carré sont brûlées dans
une chaudière. Alors que l'équipage se prépare
à embarquer sur le V26, un guetteur donne l'alerte:
Deux croiseurs Russes en vue !. Il s'agit en fait du Pallada
et du Bogatyr,
arrivés à toute vapeur. Le V26 n'aura pas le
temps de prendre à son bord l'équipage Allemand:
Il quitte la zone immédiatement, laissant les hommes
livrés à leur destin. Le croiseur n'ayant pas
amené les couleurs, les croiseurs Russes ouvrent le
feu dans un angle mort: Le croiseur Allemand n'aurait même
pas le loisir de répliquer. Il est très vite
encadré par des tirs de semonce, puis, faute d'obtempérer,
canonné à courte portée et très
rapidement mis hors de combat. Un début d'incendie
et un début de panique s'empara de l'équipage
Allemand. Qui plus est, les charges de l'avant sautèrent,
les charges arrières étant probablement inactivées
faut de pouvoir évacuer le navire.
En fin de compte, 56 marins et
le capitaine furent capturés. Le capitaine Nepenin,
chef des services de renseignement de la flotte de la baltique
y fit envoyer une équipe qui retrouva un exemplaire
du livre des codes de la Hochseeflotte, sous une pile de linge
dans la chambre du commandant, document d'une importance capitale.
Mais deux autres furent également retrouvés
avec leurs livres de décodages. Deux de ces livres
de codes furent transmis aux flotte de la baltique et de la
mer noire, et le troisième acheminé jusqu'à
Londres par les capitaines Kedrov et Smirnof et remis en mains
propres à Winston Churchill. Aussitôt transmis
à la "Room 40" et recoupé avec d'autres
diocuments, la Royal Navy et la Marine Russe auront toujours
une longueur d'avance sur la Hochseeflotte. L'état-major
de cette dernière ignora en effet jusqu'au dernier
moment la possession par les alliés de ce document
ultra-secret, les 56 hommes du Magdeburg étant
détenus en sibérie jusqu'à la capitulation.
Cette affaire en rappelle une autre, qui surviendra 19 ans
après: Le "casse" du code Enigma.