Le 31 Octobre, Von Spee fut avisé par TSF qu'un
croiseur Anglais avait été aperçu entrant
dans le port de Coronel au Chili. Il rallie alors directement
la zone, venant depuis le nord-est du pacifique, et laissant
le Nürnberg en arrière, longeant la côte
Chilienne en espérant l'intercepter à sa sortie.
Le landemain, en fin d'après-midi ( 16h20 ), les
guetteurs du Scharnhorst
aperçoivent trois bâtiments qu'ils finissent
par identifier comme des croiseurs Britanniques. Ce sont
le Monmouth
et le Glasgow
suivi de l'Otranto, qui filent ouest-nord-ouest,
rejoints par le Good
Hope à 17h20, qui prend la tête de
la ligne de bataille, avant de changer de cap et de se présenter
sur une route parralèle aux Allemands. Les pavillons
de guerre sont dressés aux mâts, et Von Spee
prépare ses navires pour la bataille. La mer est
alors très agitée, gênant les veilleurs
des deux flottes, et la configuration n'est pas nettement
à l'avantage des Allemands: Les navires Britanniques
viennent en effet du sud, se trouvent au large par rapport
aux allemands, venant du Nord et rangés en ligne
le long des côtes. Il est alors 18h20. Avec l'obscurité
tombante, les Allemands ont encore la lumière du
soleil qui aveugle leurs objectifs de télémétrie,
tandis que les Britanniques voient encore bien la silhouette
métallique des navires se découper sur les
falaises sombres du Chili. Von Spee le sait, et n'a de cesse
de prendre du champ pour rester hors de portée. les
Britanniques se rapprochent, mais avec le soleil couchant,
la situation s'inverse: Cette fois les navires Allemands,
bas sur l'eau sont plongés dans l'obscurité
et se confondent aux falaises, tandis qu'à contrario
les navires de Cradock se découpent mainenant en
ombre chinoises sur l'horizon, une cible de choix pour les
canonniers des deux croiseurs-cuirassés qui passent
pour les meilleurs de la flotte.
A 18h34, le Scharnhorst, en tête, ouvre le
feu sur le Good hope, tandis que le Gneisenau
qui suit immédiatement s'en prend au Monmouth,
et le Dresden
au Glasgow. Le Nürnberg
est encore loin derrière. Cradock aurait espéré
pouvoir encore semer les navires Allemands et rejoindre
le Canopus, ce qui lui aurait donné un avantage décisif,
mais les Allemands se tiennent précisément
entre lui et la côte. Le combat tourne rapidement
à l'avantage des Allemands qui à la troisième
salve mettent HS la tourelle avant du Good Hope.
Le Monmouth est également touché, et
perdra également sa tourelles avant un peu plus tard.
L'Otranto, pour ne pas être une victime inutile,
s'éloigne de la bataille. Quand aux deux croiseurs
légers qui s'affrontent en queue de ligne, leurs
coups ne portent pas du fait de la mer démontée.
Le combat devient acharné mais sur les deux croiseurs-cuirassés
Britanniques en feu, tous les organes de communication sont
détruits. Les chefs de pièces tient au jugé.
La distance est maintenant tombée à 6000 mètres
et l'obscurié s'est accrue, le tir des Allemands
se fait plus dévastateur. L'artillerie secondaire
des navires Anglais ne peut entrer en action, car trop basse
sur l'eau, elle est condamnée par la houle.
A 19h00, la distance est tombée à 5000 mètres.
Von Spee décide de prendre un peu de champ, craignant
une attaque à la torpille. Le Gneisenau est
d'ailleurs touché sans gravité par le Monmouth
( les trois blessés Allemands de la bataille ). A
19h20, le Scharnhorst donne le coup de grâce:
Un de ses obus s'abat entre les cheminées 2 et 3
du Good Hope qui explose et sombre en quelques instants.
Il n'y aura aucun survivant. Comme il le pressentait, le
"vieux Gentleman" à suivi son équipage
jusqu'au bout... Du côté du Monmouth, les choses
ne sont pas bonnes non plus. Il s'éloigne, profitant
de la nuit tombante, à faible vitesse.
La
bataille inégale est alors proche de sa conclusion.
Le Monmouth profite de l'attention reportée
un moment sur le Good Hope pour tenter de s'échapper
et d'éteinde ses incendies, de même que le
Glasgow, à la faveur de l'obscurité.
Le commandant de ce dernier proposa alors au Monmouth de
le prendre en remorque, mais ce dernier refusa, préférant
voir le Glasgow s'échapper plustôt que
de risquer d'être pris tous les deux en mauvaise posture....
A 20h50, le Monmouth tente de gagner la côte
à petite vitesse, la coque fumante et criblée
de trous béants donnant de la bande. C'est alors
que le Nürnberg qui vient de rejoindre la bataille,
le découvre mais est incapable de le reconnaître.
L'équipage, plutôt que d'abattre le pavillon
pour se voir recueillir, décident de lutter jusqu'au
dernier homme. Ils n'ont presque plus de canon qui ne soit
hors d'usage mais braquent un de leurs projecteur sur leur
pavillon de guerre. Le Nürnberg ouvre alors
le feu à bout portant et achève le navire
Britannique qui sombre rapidement. Lui non plus n'aura aucun
survivant: Les Allemands se défendront plus tard
de leur non-assistance en plaidant l'impossibilité
de les secourir de nuit, dans le gros temps, et craignant
la venue possible de renforts... Après ce désastre,
il ne restait plus qu'un seul navire de l'escadre de Cradock,
hormis l'Otranto, jugé insignifiant. Il s'agissait
du Glasgow, touché cinq fois mais sans gravité,
et qui entama une longue boucle afin de se rabattre sur
la route du Canopus qui arrivait.
Les deux navires ne trouveront pas Von Spee dans l'obscurité,
et l'escadre Allemande se repliera sur Valparaiso. Le comte
sabra le champagne au carré des officiers du Scharnhorst
tandis que le Schnaps coulait à flot pour les matelots
fous de joie: Pour la première fois depuis plus d'un
siècle, la Royal Navy essuyait une défaite
sur mer. Celle-ci était d'autant plus cinglante que
l'escadre entière n'avait que trois blessés
à déplorer. Quant aux avaries, elles pouvaient
êtres réparées en quelques heures...
Pour ce faire, il fit escale à Valparaiso du 2 au
3, respectant les 24 heures réglementaires pour tout
belligérant dans un port neutre, aprés avoir
fait le plein de charbon et de vivres. Toutefois Von Spee
regrettait de n'avoir pu retrouver le Glasgow et
parachevé son travail et craignait toujours les 305
mm du Canopus
qui le cherchait. Il entamera alors une prudente course
au commerce dans le pacifique sud, renonçant provisoirement
à passer par le cap Horn.
Du côté Britannique, c'est la stupeur: Le
2 novembre, toutes les manchettes de journeaux font leur
une sur la disparition de l'escadre du cap Horn et de son
célèbre amiral. La chambre des communes est
agitée, exige des explications de l'amirauté.
Mais celle-ci à changé d'état d'esprit
depuis que Lord Fisher a été nommé
- la veille de la bataille - premier lord de la mer à
la place du vieux prince de Battenberg. Avec sir Winston
Churchill, il décide de "reprendre les choses
en main". En effet, Von Spee menace les routes du nitrate
du Chili ( vital pour les obus anglais ) et de la viande
d'Argentine, qui fournit la moitié des besoins de
la population. La suite, c'est la "bataille des malouines".
Bilan des Forces engagées:
Royal
Navy |
|
Hochseeflotte |
|
|
Croiseurs |
3 |
|
Croiseurs |
5 |
|
Divers |
1 |
|
Divers |
0 |
Royal
Navy |
|
Hochseeflotte |
|
|
Croiseurs |
2 |
|
Croiseurs |
0 |