La
marine Russe ( 1914-18 )
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L'Aurora actuellement ancré
à St petersburg sur la Neva, héros de
la révolution d'octobre. Image Wikipedia, libre
de droits
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...Par ailleurs, la Flotte Russe
avait une conduite remarquable en Baltique ou ses sorties
de mouillages de mines et d'unités légères
empêchèrent les Allemands d'une offensive sur
la côte comme prévu. Une opération en
coordination avec la Royal Navy permit de neutraliser des
convois de métaux et de nourriture venant de suède,
tentative Allemande de contourner le blocus. En mer noire,
sous la direction des amiraux Eberhardt et Kolchak, la flotte
Russe dominait très largement la flotte Turque qu'elle
condamna à l'inaction malgré la présence
depuis le mois d'août du puissant croiseur de bataille
de l'amiral Souchon, le Yavuz. Les convois de ravitaillement
du caucase et les sorties offensives Russes menacèrent
et infligèrent de cuisantes défaites aux Turcs
jusqu'au Bosphore même, sans parler de la destruction
de la flotte marchande Turque. En mai 1916, les chantiers
étaient débordés, et de grandes unités
étaient achevées ou en voie de l'être.
298 millions de roubles furent déboquées pour
la construction en 1917-18 de 55 submersibles. On renonça
aux mises sur cale d'autres dreadnoughts.
Toutefois la situation intérieure
s'était passablement dégradée: Des
manifestations d'ouvriers demandant du pain furent réprimées
sans ménagement par la garde du Tsar à Pétrograd,
les premiers mois de 1917 furent très agités.
En mars, le Tsar avait dût quitter Petrograd alors
que des mutineries de soldats à qui on demandait
d'ouvrir le feu sur les manifestants, qui dégénérèrent
en une insurrection. Finalement le Tsar fut contraint d'abdiquer
au profit d'un gouvernement provisoire dont la première
décision, en accord avec les alliés, fut de
poursuivre la guerre. Une grande offensive fut planifiée
pour Juin, tandis que les chantiers avaient l'ordre d'abandonner
la construction des navires les moins avancés pour
se concentrer sur les autres. Toutefois l'offensive s'enlisa
très vite et la contre-attaque Allemande força
les armées Russes de nouveau à la reculade.
Les tensions et les désertions se multiplièrent
au sein de régiments noyautés par des activistes
bolcheviques.
Un nouveau stade fut franchi
avec des mutineries face aux ordres du gouvernement provisoire
et surtout avec le retour d'exil de Lénine, facilité
par les Allemands qui voyaient là une occasion trop
belle de miner l'effort de guerre du gouvernement provisoire.
Le 7 novembre 1917, ce fut le coup d'envoi d'une série
de prises de pouvoir local par les communistes, aidés
par les ouvriers et surtout les soldats. La prise du palais
de Petrograd fut facilitée grandement par la flotte
de la Baltique dont les matelots se mutinèrent et
eurent un rôle majeur dans le déroulement des
évènements, comme plus tard à Kronstadt.
Dans le sud cependant, l'Ukraine fut aux mains de nationalistes
qui demandèrent l'autonomie et rejetèrent
le communisme. Comme prévu par les Allemands, le
gouvernement bolchévik demanda rapidement la paix,
soutenu par l'immense majorité du peuple. Alors que
les alliés crièrent à la trahison,
les empires centraux s'empressèrent de proposer des
négociations à Brest-Litovsk. La première
proposition jugée trop dure fut rejetée par
Trotsky, mais l'offensive Allemande qui s'ensuivit fut vite
aux portes de Petrograd. Les Soviets durent accepter les
conditions Allemandes, qui amputaient la Russie de territoires
considérables dont l'Ukraine, la Pologne, le Caucase,
les Pays Baltes, la Finlande...
N'ayant pas les moyens de refuser,
les Soviets signèrent l'acte de capitulation, sachant
qu'en conservant le territoire de la Russie ancienne, ils
avaient encore une marge considérable d'évolution.
Par ailleurs, les demandes des empires centraux concernant
la flotte de la Baltique et celle de la mer noire ( désarmement
sous contrôle des unités Russes dans des ports
Allemands ou Turcs ) furent évitées en craignant
une mainmise de ces derniers sur la flotte Russe, qui auraient
comme pour la flotte Française en 1940, bouleversé
les équilibres maritimes à cette date en cas
de changement de pavillon. En effet, la flotte de la Baltique,
une armada de 211 navires, quitta Reval et Helsinki pour
Kronstadt au milieu des glaces avec des équipages
de fortune, un exploit marin en soit. Par ailleurs, la flotte
de la mer noire resta à Sébastopol, la menace
d'une mainmise par l'Ukraine désormais indépendante
étant contrée par la mise sur pied d'un gouvernement
fantôche local ( la "république Tauridienne
de Crimée" ), aux ordres des Soviets. L'avance
des troupes Allemandes contraint les bâtiments de
Novorossisk à rejoindre Sébastopol, ais sur
place restaient à quai en achêvement ou dans
les cales des chantiers de nombreux navires dont 6 cuirassés
et croiseurs de bataille, 2 croiseurs, 12 destroyers et
14 submersibles furet saisis par les Allemands avant la
capitulation de novembre 1918.
Le sort de la flotte Russe fut
ensuite cruel: Avec la guerre civile entre blancs ( grands
propriétaires ( Koulaks ), anciennes noblesse Tsariste,
Ukrainiens et de manière générale la
plupart des officiers de haut rang fidèles à
l'ancien gouvernement ) et rouges ( Soviets de paysans et
ouvriers, avec de nombreux soldats ), la Russie allait faire
face à une offensive combinée des pays de
l'ouest ( Grande-Bretagne et Allemagne notamment ), mais
aussi la menace du Japon et même des USA dans le secteur
pacifique. Presque toute la flotte de la mer noire fut capturée,
et d'autres vaisseaux sabordés à Novorossisk.
Avec la capitaulation Allemande, les alliés avaient
les mains libres pour une offensive dans divers secteurs
du front en support des blancs. Un raid sur Kronstadt en
juillet 1919 mit fin par la Royal Navy à la menace
de l'escadre "Rouge" mise sur pied en Baltique.
Une autre escadre faite de bâtiments capturés
fut opérée par les blancs et l'amiral Wrangel
en mer noire, lorsque la Crimée fut reprise par les
rouges.
Toutefois, l'intransigeance
et la division des blancs, de même q'un engagement
des alliés tout relatif fairent que progressivement
les rouges reprirent le terrain perdu. La flotte de Wrangel
fut contrainte de se replier à Constantinople, puis
Bizerte avant d'être internée par les Français
et des armées entières lâchées
par les alliés se retournèrent au profit des
rouges. A la fin de 1920, la périlleuse contre-révolution
arrivait à sa conclusion. En 1922, les Japonais se
retirèrent du Kamchatka et une république
"rouge" y fut créée. Par ailleurs,
le durcissement des Soviets qui allaient aboutir au parti
unique et à la création d'une police politique
provoquèrent la rupture des marins de Kronstadt qui
en 1921 se mutinèrent contre la nouvelle orientation
des Bolchéviques. En 1923, la situation en Russie
était épouvantable, tant du point de vue des
réserves de vivres que des industries et voies de
communications dévastées...