La
bataille des Malouines ( 8 décembre 1914 )
Lorsque la bataille de Coronel
s'achevait, Von Spee avait infligé à la Royal
navy une défaite cinglante, quoique aux implication
peu évidentes. Le but de l'amiral Allemand était
de faire passer son escadre en Atlantique sud où il
comptait attaquer le trafic commercial de la Grande-Bretagne
avec les pays sud-américains et notamment l'argentine
( viande ) et le Chili ( nitrate ), ainsi éventuellement
de rejoindre la flotte métropolitaine. La flotte des
malouines de l'amiral Cradock ayant étée détruite,
la route était libre pour Spee, qui après un
court arrêt à Valparaiso où il embarqua
de nombreux Allemands expartiés ( pour un retour en
Allemagne ? ), et après avoir consulté le commandement,
par l'intermédiaire de l'ambassade, qui le mit en garde
contre son projet, il mettait cap au sud. Chemin faisant,
il captura quatre grands voiliers, avant de passer le cap
Horn avec toute son escadre le 2 décembre. La route
initiale passant à 100 milles au sud pour éviter
d'être repéré depuis la côte dût
être abandonnée du fait que les croiseurs légers
encaissaient de très rudes coups de mer, au poinr que
l'on dût jeter par-dessus bord des tonnes de charbon
pour alléger les coques et éviter les effets
"soc de charrue". L'escadre revint donc à
20 milles de la côte, et passa par un temps moins agité.
Pendant ce temps, le tollé
provoqué par la défaite de Coronel provoqua
un changement de personnes dans l'amirauté: Fisher
en prenait la tête comme premier Lord, établissant
immédiatement un plan consistant à rejoindre
les Malouines avec des forces supérieures. Il mobilise
pour ce faire les deux croiseurs de bataille Invincible
et Inflexible, plus le Queen Mary qui est envoyé
aux Antilles afin d'intercepter Von Spee q'il réussissait
à passer au travers du dispositif Britannique. Enfin,
la flotte de la méditerranée, tout au moins
la part basée à Gibraltar, opérations
aux Dardanelles oblige, est mobilisée pour intercepter
les forces Allemandes en cas d'une tentative de passage en
Atlantique Nord... La Royal Navy sollicite donc la moitié
de ses croiseurs de bataille, et les deux précités,
commandés par le vice-amiral Sturdee, mettent le cap
sur les Malouines. Fisher pense en effet que Von Spee doit
probablement essayer de prendre les malouines pour s'y établir
afin de lancer des raids sur le trafic Anglais. Il est donc
vital d'y arriver avent lui. De plus, les autorités
sur place envoient un message de TSF, capté par Spee,
confirmant le départ du cuirassé Canopus
pour l'Afrique du sud où aurait éclaté
une révolte. Le message est un faux, et Spee, après
avoir traversé le cap Horn, et capturé un voilier
Britannique pour se ravitailler en charbon, perdant trois
jours et laissant la flottille de vapeurs auxiliaires dans
le dédale des îles de la terre de feu, mit le
cap sur les Malouines qu'il pensait effectivement pouvoir
dévaster et prendre Port Stanley grâce à
un corps expéditionnaire.
Or, le 7 à 10h30 du matin,
l'escadre de Studee arrivait aux Falklands, avant Spee, qui
courut, sans le savoir, dans un piège. Aussitôt
les navires charbonnent car Sturdee se voit demander par Fisher
de reprendre la mer à la recherche de l'escadre Allemande
dès que possible. Ce que Spee sait par contre, c'est
qu'une escadre Japonaise est à ses trousses depuis
le Pacifique, et qu'il n'y a pas de retour possible. Sturdee,
qui ignore le passage de Spee le 2, pense encore le trouver
avant son passage du cap Horn. Il fait encore procéder
au charbonnage de ses navires lorsqu'à 7h30 du matin
le 8 décembre, les fumées noires de l'escadre
Allemande sont repérées par une vigie Anglaise.
Aussitôt c'est l'alerte, mais les navires sont en fâcheuses
posture, leur charbonnage n'est pas terminé, leurs
machines sont froides, des barges sont à couple...
Mais Von Spee n'avait à ce moment que son avant-garde
engagée, avec le Gneisenau et le Nürnberg,
et doit encore attendre le reste de ses unités. de
plus, du lage, il ne voit pas quels navires sont présents.
Du côté Britannique, seul le HMS Canopus
est disponible immédiatement pour l'action, les croiseurs
légers Bristol et Glasgow et les croiseurs-cuirassés
Carnarvon, Cornwall et Kent, charbonnant. A
9h20, le Canopus, que l'on avait volontairement échoué
sur un banc de sable avec la marée pour profiter de
la stabilité, ouvrait le feu à 11 000 mètres
tandis que partout ailleurs, on se préparait fébrilement
à l'action... Spee avait là une occasion unique
changer les choses en coulant le Kent, charbonnant
parrallèlement à la sortie de la rade, qui aurait
pu bloquer Port Stanley. Rejoint par le reste de ses forces,
il aurait pu bombarder l'escadre Anglaise prisonnière
tout en gardant sa mobilité.
Néanmoins les choses ne
se passèrent pas ainsi: Hans Pochammer, capitaine de
vaisseau à bord du Gneisenau, signala à
Von Spee la présence des deux croiseurs de bataille
Anglais, reconnaissable à leurs mâts tripodes.
Il faisait un temps superbe et la visibilité était
parfaite. Désormais, tous les navires s'étaient
libérés de leurs amarres et remontaient lers
ancres, tandis qu'une fumée noire montait au-dessus
d'eux. On peut imaginer l'effet produit par septs panaches
noirs, alors que Von Spee avait escompté ne pas trouver
un seul navire à Port Stanley ! L'amiral Allemand savait
que ses unités n'étaient pas de taille à
affronter le croiseurs de bataille nettement plus puissants
et plus rapides que lui. Le Canopus tirait de derrière
une colline, il était donc invisible aux navires de
Spee, et fit gagner un temps précieux à Sturdee.
Lorsqu'enfin le Kent mit le cap sur la sortie du port,
toute l'escadre le suivit. A 10h00, le pavillon "chasse
générale" montait au mât de l'Invincible,
et l'escadre Britannique allait croisier le fer avec le reste
des navires de Spee, arrivée entre-temps. Ce dernier
avait renoncé à engager le fer avec le Kent.
Conscient de ce qu'il restait à faire, il ordonna aux
croiseurs légers de s'échapper. Il allait livrer
combat, tout en s'éloignant au large des Malouines
avec ses deux croiseurs-cuirassés.
Sturdee dont les deux navires
de lignes atteignaient 25 noeuds contre 22 pour les Allemands,
rattrappa ces derniers à 12h47, et ouvrit le feu grâce
à la portée supérieure de leurs pièces
de 305 mm. Les premières gerbes tombent près
du Leipzig, mais malgré la vue excellente et
la mer d'huile, les télémétristes Anglais
son gênés par les torrents de fumée grasse
qui sortent des machines poussées à pleine régime.
Néammoins, il est plus de treize heures quand le Gneisenau
reçoit trois gros calibres. Le toit de la casemate
de 210 mm tribord arrière, le pont milieu, et un éclat
dans la soute aux munitions que l'on dût noyer en catastrophe...
Bien que la distance le permettait, les Allemands ne pouvaient
répliquer, leurs cibles étant masquées
par la fumée. Ils parviennent cependant à tirer
et toucher le HMS Invincible, qui n'eut que des dégâts
légers. Plus tard, les deux croiseurs tentent de changer
de cap, et les Britanniques semblent ne pas les apercevoir.
Les Allemands furent trahis par le HMS Carnarvon qui signala
leur nouvelle position. Le combat s'engagea de nouveau, les
Anglais tirant à grand angle. Les obus suivaient une
trajectoire parabolique, pénétrant les ponts
mal protégés. Pendant que les navires principaux
en venaient aux mains, Sturdee avait détaché
ses trois croiseurs pour chasser le Leipzig et le Nürnberg.
En remontant en parralèle
de la ligne Allemande, vers 15 heures, les deux croiseurs
de bataille présentaient toute leur batterie, et Spee
ne pouvait faire autre chose que de se rapprocher pour pouvoir
répliquer, l'exposant encore plus... Vers 15h30 cependant,
Spee bénéficie d'un répit inespéré
et presque surnaturel: Un grand trois-mâts blanc croise
la route des croiseurs de bataille Anglais, qui - code maritime
oblige - abattirent pour laisser passer le voilier, qui avait
priorité. Ce dernier les remercia courtoisement comme
en temps de régate !. Mais quelques minutes plus tard,
le tir reprenait de plus belle, Sturdee voulant en finir avant
la tombée du jour. A 16h00, les deux croiseurs-cuirassés
Allemands sont malmenés, et la proie des flammes, en
particulier le Scharnhorst qui porte la marque de l'amiral.
Celui-ci, reçevant le tir des deux navires Britanniques,
est dévasté, et signale par projecteur au Gneisenau
de chercher à s'échapper. A 16h04 sa gîte
s'accentue, ses cheminées ont étées toutes
abattues et son artillerie muselée...
On ne sait ce qui passa par la
tête de Spee à ce moment mais il fit rapprocher
son navire-amiral comme pour tenter de lancer des torpilles
ou même un éperonnage... Le tir Anglais ( toutes
les pièces ), mettent un terme à sa manoeuvre:
A 16h17, il s'enfonça par l'avant et disparut avec
ses 795 hommes d'équipage dont les deux fils de l'amiral.
Les éventuels survivants furent condamnés à
mourir de froid ou à se noyer: Dans leur hâte
d'en finir, les navires Anglais continuèrent à
pourchasser le Gneisenau. Vers 17h15 ce dernier avait
épuisé toutes ses munitions tandis que les coups
pleuvaient: Il ne pouvait plus tenir que 16 noeuds et ldes
deux croiseurs de bataille se séparèrent, l'Invencible
passant par l'avant à 10 000 mètres pour prendre
place de l'autre côté du navire Allemand. A 17h20,
il était littéralement désarmé
et immobilisé, ses soutes submergées. Le commandant
Maerker décida de l'évacuer et de le saborder.
Le bâtiment Allemand chavira à 17h35, et ses
190 survivants seront repêchés à temps
des eaux glaciales, dont le capitaine de vaisseau Pochammer
qui racontera la bataille du côté Allemand...