La bataille des Malouines (
8 décembre 1914 ) - suite et fin.
Le HMS Invincible ( Image Wikipedia
TDP )
Mais si la bataille des Malouines
semble terminée, pour Sturdee, "the job is'nt
done". Il reste encore deux croiseurs légers
à retrouver et à envoyer par le fond ( Le Dresden
à obliqué très tôt cap au sud-ouest
). Trois bâtiments sont à leur poursuite, dont
deux croiseurs cuirassés anciens. Les Allemands ont
bon espoir: Ils ont 12 milles d'avance et la nuit va tomber.
Le Kent cependant, qui poursuit le Nürnberg,
est moins récent que lui, mais fait marcher ses machines
au-delà de leur régime maximal. Les chauffeurs
transforment en fournaises les chaudières, et le navire
atteint 25 noeuds, pour une vitesse "normale" de
23... De son côté le croiseur Allemand ne peut
lutter contre l'usure de ses machines soumises à rude
épreuve depuis le mois d'aôut, et l'épuisement
de ses hommes.
A 17h30, les jeux étaient
faits, le commandant estimant que son navire ne pouvait continuer
à fuir d'avantage un ennemi qui commençait à
le pilonner. Il changea de cap et engagea le combat. Le duel
était à l'avantage du croiseur-cuirassé
Anglais, mieux armé et protégé. Malgré
cela, le Nürnberg se rapprocha jusqu'à
2700 mètres - c'est à dire à bout portant
- pour faire donner toutes ses pièces. En une heure
et demie, le navire mit 40 coups au but, mais le bâtiment
Anglais bien protégé n'eut que quelques blessés
et un mort à déplorer, tandis que le Nürnberg
était dévasté.
A 18h30, il avait souffert de
deux explosions de chaudières et sa vitesse était
tombée à quelques noeuds seulement, tandis qu'il
était ingouvernable. A 19h00, il avait épuisé
toutes ses munitions et flambait de la proue à la poupe.
Le commandant fit amener les couleurs tandis que ses hommes
l'évacuait. Le croiseur donnait une bande inquiétante
et effectivement à 19h27 il chavira et sombra rapidement.
Les survivants, peu nombreux car le duel avait étée
une boucherie, ne furent que 17 à prendre place à
bord des deux chaloupes restantes du Kent... Ses autres chaloupes
avaient étées criblées d'obus pendant
le combat et n'étaient pas utilisables...
Le Leipzig avait de son
côté à ses trousses le Glasgow,
survivant de la bataille de Coronel, qui rattrapa le vieux
croiseur Allemand et le pilonna de son unique pièce
de 150 mm en chasse. Le commandant du navire Allemand décida
alors de laisser tomber volontairement la distance afin de
l'engager avec ses propres pièces de 105 mm. Un duel
d'artillerie chassant-chassé s'engagea alors, mais
grâce à sa vitesse, le navire Anglais parvint
à remonter le Leipzig et à se retrouver
parralèle à lui, lui offrant toute sa batterie
de flanc. Le duel fut rapidement en défaveur de l'Allemand
qui encaissa des obus de 152 mm, et encore plus lorsque le
Cornwall arriva à son tour. Ce dernier ne disposait
pas moins de 14 pièces de 152 mm, et le combat inégal
devint une véritable éxécution.
Très vite, le Leipzig
perdit sa hune de visée avant puis d'autres organes
essentiels comme le central de direction, le poste de barre
ne recevant plus que des ordres vocaux relayés en chaîne
jusqu'à la fin. Ses pièces furent également
"mouchées" les unes après les autres.
Mais le Leipzig tint bon devant la pluie d'acier et
le duel d'artillerie se poursuivit vaille que vaille pendant
encore deux heures... A 19h00, il ne lui restait plus que
ses torpilles, mais il ne manoeuvrait plus qu'à 16
noeuds et elles manquèrent leur cible. Le commandant
décida alors le sabordage et l'équipage survivant
monta sur le pont.
A travers les objectifs du Glasgow,
on s'interrogeait: le croiseur n'avançait plus, son
équipage, caché par la fumée des incendies,
était invisible sur le pont, et aucun pavillon ne montait
à la pomme de son seul mât restant... De plus
les Anglais ignoraient que le Leipzig avait lancé ses
torpilles et qu'il était sans défense. Dans
le doute, ils décident d'ouvrir le feu, et y font un
carnage. Aussitôt, faute de pavillon, sans doute carbonisé
dans sa caisse sur le pont, deux fusées de détresse
sont tirées. Les tirs Anglais cessent et des embarcations
sont mises à l'eau. Mais avant d'arriver elles voient
la carcasse du Leipzig se retourner et sombrer à
toute vitesse. Il n'y aura que 18 survivants.
Le Dresden fut en fait
le seul à s'échapper. ll parvint à rejoindre
la terre de feu et s'y cacha. Il ne sera débusqué
que le 14 mars 1915 et sans ordres, sans espoir de faire route
sur l'Allemagne ou de trouver une base de départ pour
tenter des raids dans l'Atlantique, n'eut d'autre alternative
de présenter le drapeau blanc. Le commandant épargna
ainsi la vie de ses hommes, évitant un ultime sacrifice
inutile. Pour les Britanniques, qui ont lavé l'affront
de Coronel, la victoire est totale. Ils n'ont à déplorer
que quelques morts et blessés sur l'Invincible,
le Kent et le Glasgow et pas une seule perte
sur l'Inflexible et le Cornwall. Mais surtout
la présence Allemande ailleurs qu'en mer du Nord prend
fin, et toute menace sur les lignes de communication de l'empire
écartée avant longtemps. Le peu d'unités
isolées restantes seront débusquées et
coulées, et avant la mi-1915 les seules forces navales
restantes seront définitivement confinées à
la Baltique et au Skagerrak. Seuls les submersibles tenteront
de renverser la situation, avec un bilan discutable puisque
la perte du Lusitania entraîna les conséquences
que l'on sait...