La
bataille du Jutland ( 1er juin 1916 )
De gauche à droite: Le contre-amiral
R. Arbuthnot, l'amiral D.Beatty, le contre-amiral H. Hood,
et l'amiral John R. Jellicoe, commandant de la Grand Fleet.
Du côté Allemand, l'amiral
Reinhard Scheer, commandant l'escadre principale de la Hochseeflotte,
et l'amiral Franz Hipper, l'escadre des croiseurs de bataille.
Cet
épisode naval de la grande guerre est sans doute de loin le
plus fameux, et c'est aussi la dernière grande bataille navale
en ligne ou l'aviation ne joua aucun rôle. Ce fut enfin la
seule grande confrontation entre les deux grandes flottes
adverses de la mer du Nord, la Royal Navy et la Hochseeflotte,
et ce fut également la pleine et entière démonstration des
faiblesses comme des qualités des croiseurs de bataille. ce
fut enfin, de l'avis de tous les historiens et experts navals,
la plus grande bataille navale du XXe siècle, et pour beaucoup,
la plus grande bataille navale de l'histoire.
Les
prémices ( janvier-mai 1916 ):
Dans les racines de cette
"bataille décisive" au sens d'Alfred Mahan, le stratège Américain,
qui eut une influence certaine sur les Etats-majors des marines
à cette époque, peuvent êtres trouvées dans le blocus imposé
par la Grande-Bretagne depuis 1914 à l'Allemagne. La manche
avait été ceinturée de mines, tandis que destroyers et torpilleurs
étaient rassemblés dans les ports du sud de la Grande-Bretagne,
tandis que l'accès au Nord, autrement plus large, était verrouillé
par la présence du gros de la "Home Fleet", dans les ports
Ecossais de Rosyth, Edinburgh, Cromarty et naturellement Scapa
Flow, fief traditionnel de la flotte depuis le début de sa
rivalité avec l'Allemagne.
Ce
blocus à distance avait jusque là porté ses fruits, notamment
grâce à la supériorité numérique des forces Anglaises, permettant
des rotations permanentes des navires pour charbonnage en
assurant une présence massive à la mer. L'Allemagne y avait
répondu par ses U-Bootes: Les militaires, qui renversaient
le blocus à destinations cette fois de l'Angleterre, en compromettant
ses lignes commerciales, vitales, et pour son propre ravitaillement,
en concevant le Deutschland, un énorme submersible cargos
non armé qui fit la une des journaux en traversant l'Atlantique
et ramenant une chargement de New York. Les marchandises transportées
étaient toutes symboliques, mais il redonna espoir aux Allemands
qui commençaient à souffrir de la pénurie. Toutes ses escadres
non métropolitaines avaient été traquées et mises hors d'état
de nuire: Le Königsberg à Dar-el-Salaam en Afrique, les Goeben
et le Breslau à Port-Saïd en Egypte, parvenus en Turquie,
ou la flotte du Pacifique de Von Spee, basée à Tsing Tao,
et qui dut fuir une coalition Nippo-Australo-Franco-Britannique
jusqu'en Amérique du sud. Après une victoire remportée aux
Falklands, son aventure se termina au même endroit. L'Emden,
qui mena sa guerre de corsaire dans tout le pacifique et l'océan
indiens pour faire diversion, fut lui aussi coulé. Ainsi,
fin 1914, toutes les forces navales Allemandes hors de la
mer du Nord avaient été anéanties ou immobilisées.
Les
"batailles de dégagement" qui furent le propre des actions
avant Jutland, comme Heligoland et le Dogger Bank, furent
motivées par le souci d'attirer le gros des forces Britanniques
dans les eaux Allemandes, ou mines, submersibles côtiers et
torpilleurs auraient rétabli la balance avant l'affrontement
décisif. Les Allemands comptaient sur leur technologie plus
aboutie et leur blindages épais pour faire la différence.
De leur côté les Britanniques comptaient bien attirer la Hochseeflotte
en pleine mer. L'Amiral Von Pohl, jugé trop timoré, fut remplacé
par Von Scheer. Devant la pression des officiers comme de
l'opinion publique, jugeant l'amirauté Allemande, soutenue
par le Kaiser, trop attentiste, ce dernier décida en février
1916 de le remplacer par Von Scheer, dont les vues étaient
tout à fait différentes.
Fin
mai 1916, Scheer jugea qu'on ne pouvait continuer à garder
la flotte dans une inaction pesante. Il fit appareiller Hipper
le 30 avec un "appât" de 40 navires rapides, dont les croiseurs
de bataille Allemands, avec ordre de cingler vers le côtes
Danoises, et d'attirer ainsi la Royal Navy en Baltique, où
à quelques encablures se trouvait Scheer avec toute la Hochseeflotte.
Les Allemands préparaient leur sortie lorsque les signaux
furent interceptés par l'espionnage Britannique, et la Royal
Navy fut informée de la sortie de Hipper. Cependant elle resta
dans l'ignorance de la position de Scheer, le croyant au port.
de son côté, Hipper et Scheer ignoraient totalement la présence
toute proche du gros de la Royal Navy...
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