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La campagne des Dardanelles ( 1915-16 )


-L'origine:
La campagne effective des Dardanelles ne se conçoit qu'après l'entrée en guerre de la Turquie aux côtés des empires Centraux. La saisie des navires Turcs en construction en Grande-Bretagne sans contrepartie et l'apport de l'escadre Allemande de méditerranée ( Contre-amiral Souchon ) à la flotte Turque allaient décider entre autres la "sublime porte" à entrer en belligérance contre les alliés. Le ressentiment contre la Grande-Bretagne, qui avait des intêréts stratégiques au moyen-Orient, fut grandement aidé par les relations privilégiées qu'entretenait le Kaiser avec le sultan Mohammed et Mustafa Kemal. Cela commença par la fermuture du détroit au trafic civil allié en octobre, après l'arrivée des navires Allemands à Constantinople. Le 28, ces derniers, désormais baptisésYavuz Sultan Selim et Midilli, effectuèrent un raid côtier contre la Russie, s'en prenant à Sébastopol et Odessa, coulant plusieurs bâtiments légers. La réponse fut la déclaration de guerre de la Russie aux Turcs le 2 novembre suivis par les Britanniques le 6. Une offensive terrestre Turque fut entreprise en décembre dans le Caucase, stoppée par les Russes, mais au prix d'une évidente ponction sur les effectifs opposés aux Allemands à l'ouest. En conséquence, le Tsar demanda officiellement l'aide de la Grande-Bretagne en Janvier. Sir Winston Churchill, qui avait déjà étudié les éventualités d'une prise du détroit, estimait faibles les troupes Turques, et par conséquent la facilité d'une opération navale. Il trouva donc le prétexte recherché pour monter l'opération.

Le Vice-Amiral Carden, qui dirigeait l'escadre de méditerranée, fut diligenté le 11 janvier par Churchill d'établir un plan précis d'attaque des Dardanelles. Ce dernier élabora une stratégie basée sur un triptyque cuirassés/dragueurs de mines/submersibles. Les premiers devaient, comme pendant la campagne de crimée 60 ans plus tôt, museler les forts Turcs et ainsi permettre aux frêles dragueurs de mines de dégager la route du détroit. Quand aux submersibles, ils devaient autant que possible, traverser les défenses du détroit et pénétrer en mer de Marmara pour y perturber le trafic Turc, pousser sur Constantinople, couler les unités de la flotte qui tenteraient une sortie contre les alliés, et dans l'idéal torpiller le Yavuz...
Le 13 Janvier, l'opération était aprouvée pa le conseil de guerre et Carden recevait en renfort 14 cuirassés pré-dreadnoughts ( les plus modernes restaient au sein de la Grand Fleet ), mais également le très moderne Queen Elisabeth, et le croiseur de bataille HMS Inflexible. La France fut sollicitée naturellement, et envoya un escadron de quatre autres pré-dreadnoughts, les Gaulois, Bouvet, Suffren, et Charlemagne. La Russie de son côté mobilisa un croiseur, l'Askold. Tout le dispositif était complété par de nombreux bâtiments légers et totalisait une flotte de 90 navires. Les allié s'établirent à Lemnos, mais lors des opérations, rejoignaient Imbros, à quelques encâblures du détroit, et protégé des tirs Turcs. Des forces terrestres furent également mises en place en Egypte pour une opération amphibie sous le commandement du chef de corps d'armée John. S. Keyes, et qui comprenait plusieurs contingents de Royal Marines, la 29e division d'infanterie régulière, et un fort contingent Néo-Zélandais et Australien ( les célèbres ANZAC ), stationnés en Egypte.

-Les premières opérations ( 19 février 1915 ):
En fait, un test fut mené avant même toute déclaration formelle de guerre par une action le 3 novembre avec les deux croiseurs de bataille Indomitable et Indefatigable assistés des cuirassés Français Vérité et Suffren. Chaque cuirassé devait viser un fort en particulier. Le fort de Sedd-ul Bahr fut mis hors de combat au bout de 10 minutes de bombardement. Après ces résultats encourageants, Carden fut autorisé à continuer le développement de son plan. ( Mais d'un autre côté la surprise était perdue et les Turcs, bien secondés par des artilleurs Allemands dépêchés sur place, étaient aux aguets. La première phase commença le 19 février 1915 à 7h30 du matin. Quatre destroyers aux côté des cuirassés Cornwallis ( qui fut le premier à tirer ), et du Vengeance, furent pris à partie par les forts Oranhiye Tepe et Kum Kale sur la pointe sud de l'entrée du détroit ( voir carte ci-dessous ). Ces derniers faisaient appel à des pièces Krupp de 240 mm aux tirs très efficaces.

Comme on peut le constater sur cette carte, le gros des défenses Turques étaient étagées en profondeur, ce qui leur donnaient une parfaite défense des passes du détroit comme de la côte Nord de Galipolli. Ces forts totalisaient 80 pièces lourdes dont 6 de 355 mm, 6 Howitzer de 150, et d'autres de 240 et de 280 mm. Pas moins de 10 champs de mines ( pour un total de 370, qui augmenta par la suite ) barraient le fond de la baie d'Erin Keui et la baie de Sari Sighlar, dans le passage le plus étroit. Deux filets anti-submersibles barraient l'entrée et la sortie du dispositif, le tout sous le feu des forts, dont seuls les plus importants figurent sur la carte.

Le 19 février donc, trois cuirassés Anglais et le Suffren, tirant à 10 000 mètres pendant un quart d'heure parvinrent à museler provisoirement les forts de Kum Kale, Oraniye Tepe, Ertrugul et Sed-Ul Bahir, qui avaient étés déja singulièrement mis à mal. Mais les résultats attendus se firent attendre. L'offensive recommença le 21, s'interrompit à cause de la météo et repris le 25, mais les Turcs avaient évacué les forts de défense à l'entrée du détroit pour se concentrer sur les forts de la passe entre Dardanos et Canakkale. En toute éventualité, les Royal Marines débarquèrent et prirent définitivement les forts, recontant peu de résistance. Mais le bombardement allait reprendre du 26 au 31 février et de plus belle dans la baie d'Erin Kui le 1er mars...


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