La
classe Revenge ( ou Royal Sovereign ) succédait
immédiatement à la célèbre série
des Queen Elisabeth, mais l'amirauté voulait
un type de cuirassé plus économique, tout
en gardant la même puissance de feu, et en ne sacrifiant
pas la protection. C'est la vitesse qui devait être
en fait l'élément sacrifié ( 21,5 noeuds
) , en tablant sur des machines plus modestes avec moins
de chaudières, et une chauffe revenue au charbon/mazout.
Le résultat final était pourtant une vitesse
de pointe de 23 noeuds, grâce avant tout à
l'excellence des nouvelles turbines et à des dimensions
moins généreuses mais un tonnage finalement
à 28 000 tonnes en standard, soit autant que les
Queen Elisabeth. Le programme de 1913, du fait de
coût d'étude et de construction réduits,
tablait d'abord sur 5 cuirassés, dont trois ( Ramillies,
Resolution et Revenge à Beardmore,
Palmers et Vickers ) furent mis sur cale en novembre-décembre
1913 et les deux autres ( Royal Oak, Royal Sovereign
à Devonport et Portsmouth ) en janvier 1914. Trois
autres bâtiments, nommés Renown, Repulse
et Resistance furent ordonnés au titre
du plan de 1914 mais deux furent suspendus et un annulé
le 26 août 1914.
Le
design fut en fait modifié en court de route ( janvier
1915, alors que le Resolution était sur le
point d'être lancé ) sur les autres bâtiments,
en revenant à la solution du tout-pétrole
et à une puissance finale plus élevée
que prévue, une autonomie augmentée par l'ajout
400 tonnes de mazout du fait de l'espace gagné ainsi
que le replacement des canons de 152 mm à l'arrière
du rouf du pont de batterie sur le rouf supérieur
de part et d'autre de la cheminée. Les autres pièces
en barbettes étaient à environ 6 mètres
de la ligne de flottaison, et également sujets à
des voies d'eau et à la rouille malgré leurs
jointures en caoutchouc. Cette configuration en barbettes
fut la dernière. Sur les croiseurs de bataille qui
suivirent, cette artillerie était en tourelles ou
réhaussée et sous masques. En mars 1915, non
encore lancé, le Ramillies reçut à
titre expérimental des ballasts ( le terme français
impropre pouvant décrire les "Bulge" Anglais
). Ces derniers avaient une forme parfaitement étudiée
pour diminuer la traînée hydrodynamique, mais
avaient pour fonction de remplacer les pesants filets anti-torpilles
de manière satisfaisante, ces derniers ne servant
qu'au mouillage. Ces "Bulges", partiellement remplis
de bois, comprenaient des centaines de tubes remplis de
mazout, d'eau ou d'air, censés restreindre l'effet
de l'explosion d'une torpille au niveau de la ligne de flottaison.
Son poids additionnel était de 2500 tonnes et ils
rajoutaient 2,10 m à la largeur totale du bâtiment.
La déperdition de vitesse aux essais fut sensible,
mais inférieure aux prévisions.
Ces navires furent lancés successivement en novembre
1914 ( Royal Oak ), janvier, mars, avril 1915 ( Resolution,
Royal Sovereign, Revenge ), et septembre 1916 ( Ramillies,
modifié en cours de route avec des "Bulges"
). Ils furent acceptés en service après essais
en mars ( Revenge ), mai ( Royal Oak et Royal
Sovereign ), décembre 1916 ( Resolution
) et mai 1917 ( Ramillies ). Ce dernier, en plus
de l'adaptation des "bulges", subit en effet de
graves dommages à son gouvernail lors de son lancement
et ses réparations furent longues. Ces navires faisaient
d'ailleurs appel à une nouvelle cofiguration en la
matière, avec deux gouvernail axiaux, le second plus
petit étant susceptible de fonctionner manuellement
en cas de défaillance du premier. Il fut jugé
peu utile et démonté lors des mises en cale
sèche de ces bâtiments. Avec un haut point
métacentrique, les Revenge étaient
encore de bonnes plate-formes de tir mais avaient tendance
à "embarquer" légèrement
lors de changements de cap serrés. Cette gîte
devenait excessive sur le Ramillies, alourdi par
ses bulges, notamment par gros temps.
Leur blindage était mieux réparti, notamment
avec une protection directe du pont principal, une meilleure
protection des blindages de soutes à munition et
de salle des torpilles, des installations améliorées
de pompage et de protection en cas de voies d'eau, et ce
qui se faisait de mieux et de plus récent en matière
de direction de tir, différenciée pour l'artillerie
principale et secondaire. Du fait de leur arrivée
relativement tardive en opération, les Revenge eurent
une carrière plutôt modeste durant la grande
guerre:
Le Ramillies entra dans la 1ere escadre de ligne
de la Grand fleet, comme les autres bâtiments de la
classe. Rien de notable n'est à retenir de ses missions
durant ce temps. En 1918, il reçut comme les autres
des déflecteurs et des projecteurs additionnels,
ainsi que deux plate-formes pour avions installés
sur les tourelles B et X. En 1920, on l'envoya à
Izmid durant la guerre Gréco-Turque, puis il servit
en Atlantique en 1924 au sein de la 2e escadre. Il subit
une refonte avant la seconde guerre mondiale auquelle il
participa acivement.Le Resolution ne fut affecté
à la 1ere escadre de ligne qu'en décembre
1916. En 1919 il était à la 2e escadre servant
en Atlantique, puis en 1920 devint le navire-amiral de la
flotte Anglaise à Gibraltar. Il servit également
durant la seconde guerre mondiale après une refonte
partielle, comme les autres unités de la classe,
moins privilégiés que les Queen Elisabeth
plus anciens.
Le Revenge était affecté à
la 1ere escadre dès mars 1916. il combattit ainsi
au Jutland, recueillant le vice-amiral Burney à la
suite du torpillage de son navire, le cuirassé Marlborough.
Il fit également feu sur un Zeppelin. Il porta la
marque de l'amiral Madden, du commandement en second de
la Grand Fleet. Il fut ensuite envoyé aux côtés
du Ramillies en méditerranée lors de la guerre
Turco-Grecque après la guerre. Il servit ensuite
en Atlantique. Le Royal Oak combattit au Jutland,
sans dommages. Il fut affecté en 1919 à la
2e escadre de la flotte Atlantique. Il fut l'une des permières
pertes importantes de la Royal Navy en octobre 1939 après
son torpillage par l'U47 du commandant Prien. Enfin le Royal
Sovereign rata de peu la bataille du Jutland, mais servit
dans la Grand fleet jusqu'en 1919, avant de rejoindre la
2e escadre en Atlantique. Il prit part à la seconde
guerre mondiale, et en 1944 fut transféré
à l'URSS, prenant le nom d'Arkhangelsk. (
Voir navis2GM ).