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Croiseurs de bataille classe Renown ( 1916 )

Le HMS Renown en novembre 1917. Cliquez pour agrandir.

Ce ne fut pas la dernière classe de croiseurs de bataille Anglais, mais incontestablement, les Renown marquaient un nouveau jalon dans l'évolution de ce concept si controversé. Sur le plan du tonnage, ces navires étaient équivalents voire inférieurs à celui des dreadnoughts récents, mais pour la taille, il dépassaient tout ce qui avait pu être construits jusque là. Il s'agissait des plus grands bâtiments de guerre jamais vus à l'époque, statut qu'ils gardèrent jusqu'à la sortie du Hood en 1920. Ils marquaient aussi une évolution logique vers le calibre de 15 pouces ( 381 mm ) en parallèle avec les dreadnoughts des classes Revenge et Queen Elisabeth. Alors que l'amirauté ne voulait plus entendre parler d'autres croiseurs de bataille, affirmant que le Tiger était le dernier, le retour de Lord Fisher en octobre 1914 comme premier Lord de la mer remit ce positionnement en question. Comme escompté, ce dernier ne ménagea pas sa peine pour demander la construction de deux nouveaux bâtiments de ce type, capitalisant sur les victoires remportées par les bâtiments de la classe Invincible aux Malouines contres Von Spee.

On lui rétorqua que ces navires complexes ne seraient pas terminés avant la fin de la guerre, notamment du fait que la priorité de l'amirauté était alors d'achever ses dreadnoughts et d'assurer une production massive des destroyers. Ce dernier affirma qu'il était possible de rationnaliser la production afin de parvenir à des délais d'étude plus courts et à une construction rapide. Il espérait même une mise en service début 1916. Pour gagner du temps il se proposa de récupérer les tôles et matériels engagées dans la fabrication des deux dreadnoughts de la classe Revenge portant le même nom, ces derniers étant littéralement cannibalisés et leurs tourelles de 381 mm récupérées. Comme encore une fois la vitesse devait être déterminante, Fisher tablait sur 32 noeuds, et pour l'établir, il escomptait de nouvelles machines plus légères avec des chaudières à tubes fins et des turbines allégées, mais les délais firent qu'on se rabattit sur l'adoption des machines du Tiger, avec quatre chaudières supplémentaires aménagées dans l'espace disponible. Enfin et surtout la protection était une nouvelle fois sacrifiée, reprenant le schéma adopté sur les deux Invincible - ( Jutland n'avait pas encore eu lieu, et Fisher restait fidèle à son credo, la vitesse est la meilleure protection ). De fait, en sortant des chantiers, ces navires dont le poids avait augmenté en cours de construction, ne purent atteindre les 32 noeuds sécifiés qu'en forçant leurs chaudières bien au-delà de 120 000 cv, au prix d'une consommation monstre de mazout. Leur vitesse normale était de 30 noeuds pour 112 000 cv, ce qui était déjà exceptionnel en soit, et bien meilleur que le Hindenburg Allemand ( à contrario bien mieux protégé ). Elle resta le record des navires de ligne jusqu'à l'arrivée rapide des croiseurs de bataille légers Furious et Courageous ( 32 noeuds ) et naturellement du Hood ( 31 noeuds ).

La coque était dotée dès l'origine de légers "Bulges" de protection courant sur toute la ceinture. Pour finir, on adopta des pièces secondaires d'un calibre léger, revenant à la solution des bâtiments précédents, mais au lieu de barbettes, on choisit de les surélever et de les grouper en affûts simples ou triples sous masques. Cette configuration triple pour cinq de ces affûts était d'ailleurs une étrangeté qui ne fut pas des plus heureuses: Les trois pièces de chaque groupe était indépendante et nécéssitait à elle seule plus de 10 hommes pour leur fonctionnement, ce qui au total représentait 32 servants, dans l'espace confiné du masque de blindage. La complexité du système de chargement fut également critiquée. Bien que l'arc de tir de cette artillerie était en théorie excellent, meilleur que les barbettes gênées dans le gros temps, leur faible calibre les rendaient peu efficaces. Ce concept se révéla médiocre au final et ne fut jamais repris. Ces deux bâtiments furent mis en chantier à Fairfield et J. Brown le 25 janvier 1915, lancés en janvier et mars 1916 et achevés en août et septembre 1916, le Repulse précédant le Renown. Cette construction avait en effet pris un an et 8-9 mois, plus que prévu, mais moins que le Tiger ( deux ans et quatre mois ).

Lorsqu'ils entrèrent en service au sein de la Grand Fleet, la bataille du Jutland venait de se terminer et les croiseurs de bataille avaient perdu toute crédibilité. Les remous provoués par ces pertes étaient tels que certains au gouvernement se proposaient purement et simplement de mettre en réserve ces unités. L'amirauté, lorsque le calme fut revenu, décida par la voix de John Jellicoe de reprendre en main ces deux bâtiments et de leur ajouter 500 tonnes de blindage au dessus principalement des soutes à munition et de la salle du gouvernail et des systèmes de direction. Leurs cheminées avant avaient étées réhaussées dès novembre 1916 du fait de la gêne occasionnée par la fumée sur la passerelle. A l'automne 1917, une passerelle de décollage fut adaptée sur la tourelle B, une première en Angleterre. Les USA avaient montré la voie sur l'un de leurs croiseurs. Cette petite plate-forme ( environ 20 mètres ) prenait appui sur la tourelle et les canons, ce qui n'était pas sans poser problème en cas de tir avec une hausse importante. Inclinée, celle-ci était jugée suffisante pour lancer un Sopwith Pup, léger chasseur utilisé en l'occurence comme appareil d'éclairage, lancé simplement en enlevant les cales maintenant les roues, moteur à plein régime. On eut recours aux hydravions embarqués durant les années 20-30.

La solution fut reprise peu après sur le Repulse, puis adoptée par tous les autres bâtiments de ligne récents de la Royal Navy. Courant 1918, on eut recours à de nouvelles modifications, pose de déflecteurs, pose de nouveaux projecteurs dans des tours blindées, tandis que la structure de la longue coque, trop légèrement construite pour résister aux puissantes bordées de ses six pièces, était renforcée, et le poste de direction de tir reconstruit. La protection restant toujours problématique, on décida de renforcer le Repulse avec le blindage enlevé de l'ex-cuirassé Cochrane tranformé en porte-avions. Fin 1918, le Renown de son coté devait attendre la disponibilité d'un nouveau blindage, reçut seulement en 1923-26. Leur carrière durant la grande guerre fut insignifiante du fait notamment que l'amirauté craignait tout simplement de les exposer au feu ennemi. En 1918 encore, certaines parties vitales du navire povaient être traversées par des projectiles de 152 mm. En attandant le Renown hébergea le Prince de Galles durant sa tournée asiatique et Australienne.

Ces deux navires furent une nouvelle fois modernisés, recevant une DCA moderne ( avec le retrait de leurs pièces de 102 mm ) et de nouveaux systèmes de direction de tir. Mais seul le Renown bénéficia d'une refonte totale, doublée d'une reconstruction étalée sur trois ans, de 1936 à 1939. Le Repulse devait être reconstruit de la même manière, bien que la guerre l'en empêcha. Il rejoignit l'escadre de Singapour avec le Prince of Wales et fut coulé en décembre 1941 par l'aviation Nippone. Le Renown de son côté reprit du service le 2 septembre 1939 dans l'escorte des porte-avions, totalement méconnaissable, et avec un blindage cette fois bien plus conséquent, son tonnage atteignant 36 000 tonnes. Sa carrière durant la seconde guerre mondiale bien fut plus riche et il fut finalement démoli en 1948, après de trente-deux ans de bons et loyaux services à la couronne... ( Voir aussi Renown et Repulse sur Navis2GM ).

 Déplacement & Dimensions

 27 600 t, 30 800 T PC, 242 x 27,4 x 7,8 m

 Propulsion  4 hélices, 4 turbines Brown-Curtis, 32 chaudières B&W, 112 000 cv. et 30 n. max.
 Blindage  Ceinture 150, coffrage 100, barbettes 180, tourelles 280, blockhaus 250mm, ponts 75 mm.
 Armement  6 pièces de 381 (3x2), 17 de 102 (5x3, 3x1), 2 de 76 AA, 4 de 47, 2 TLT de 533mm ( SM ).
 Equipage  950


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