Cuirassé
Dreadnought HMS Agincourt ( 1913 )
Le HMS
Agincourt en 1914. ( cliquer p. agrandir ).
Ce
navire singulier au destin mouvementé avait à
l'origine été un dreadnought commandé
par le Brésil sous le nom de Rio de Janeiro afin de
contrer l'Argentine qui venait de commander aux USA ses deux
dreadnoughts de la classe Riachuelo. Les deux Minas Gerais
étaient en leur temps les plus puissantes bâtiments
de guerre du monde, le Brésil souhaitait don rééditer
la chose et dès la conception le nouveau dreadnought
donnait dans la démesure. Rien de moins que 30 000
tonnes à pleine charge, plus de deux cent mètres
de long, et surtout une batterie en ligne de 14 pièces
de 305 mm, soit quatre de plus que le standard de l'époque.
Il fut commandé aux chantiers Armstrong. Un changement
de gouvernement intervint cependant en cours de design, et
le navire fut mis en chantier en septembre 1911 mais annulé
par la nouvelle majorité. En juillet 1912, le gouvernement
qui avait subi une crise économique sérieuse
cherchait à le revendre.
Le
navire resta en vente alors que sa construction se poursuivait.
Il fut lancé le 22 janvier 1913. Finalement, le Rio
fut achevé en février 1914, au même moment
la Turquie qui sortait de la guerre des Balkans privée
d'un certain nombre de bâtiments cherchait à
contrer les Grecs avec un nouveau cuirassé. C'est ainsi
que le grand navire devint le Sultan Osman I. En août
1914 il était en achèvement et fut réquisitionné
par l'amirauté pour la Grand Fleet. Cette réquisition
rendit furieux le gouvernement Turc et participa à
leur décision de rejoindre la triple alliance des empires
centraux. Le nom fut une nouvelle fois changé, cette
fois définitivement, pour HMS Agincourt, du nom d'une
célèbre bataille de la guerre de cent ans.
L'Agincourt
était singulier à plus d'un titre et ne fut
pas particulièrement apprécié par l'amirauté.
D'une part, ses 14 pièces de 305 mm étaient
d'un modèle spécifique ( et les tourelles nommées
selon les jours de la semaine ), et non au standard, ce qui
posa des problèmes d'entretien. D'autre part la protection
avait étée sacrifiée pour éviter
un surpoids, mais la vitesse n'était que de 22 noeuds.
Ensuite, toutes ces ouvertures et ces magasins et mécanismes
de chargement fragilisaient la structure de la coque. De plus,
En contrepartie de la formidable volée qu'elle pouvait
offrir en bordée, on ne pouvait les faire tirer en
même temps de crainte de provoquer un tel roulis que
le navire risquait de chavirer... L'officier de tir qui commandait
le "Gin palace" ( surnom de la pleine bordée
latérale dans la Royal Navy ) décalait légèrement
leur feu, qui restait inégalé. En chasse comme
en retraite, 4 pièces d'un calibre déjà
dépassé ( 305 mm ) n'était pas une prodige
et restait en deçà des capacités des
nouveaux Dreadnoughts Britanniques et Allemands contemporains.
Au final, l'Agincourt resta un prototype, qui combattit au
sein de la Grand Fleet. On le vit au feu au Jutland, tirant
144 obus. Les observateurs Allemands crurent lors de ses salves
qu'il s'agissait de l'explosion d'un croiseur de bataille
tant l'effet était saisissant. Il fut ensuite modifié,
équipé de DCA tandis qu'il perdait ses lourdes
passerelles centrales et son mât tripode arrière
afin de gagner en stabilité. Il fut réformé
en 1921 et démoli en 1922.
Caractéristiques:
Déplacement
& Dimensions |
27
500 t, 30 250 T PC, 204,7 x 27,1 x 8,2 m
|
Propulsion |
4 hélices, 4 turbines Parsons, 22 chaudières
B&W, 34 000 cv. et 22 noeuds max. |
Blindage
|
Ceinture
230, Batterie 200, Barbettes 230, tourelles 300, blockhaus
300mm, ponts 65 mm. |
Armement |
14
canons de 305 (7x2), 20 de 152, 12 canons de 76 ( 2 AA
), 3 TLT de 457mm (poupe, flancs). |
Équipage |
1115 |