L'Emden:
l' Histoire vraie du Corsaire blanc du Pacifique.
L'Emden
en 1914 - Image libre de droits - Wikipedia
Le
croiseur Allemand KMS Emden, vécut en 1914 une odyssée qui
mériterait largement d'être portée à l'écran.
Le
périple fabuleux de l'Emden et de son équipage commença peu
après son entrée en service en 1909. Envoyé pour soumettre
la colonie de Ponape, une des île Carolines, il représente
dans ces contrées lointaines l'autorité du Kaiser. L'année
1914, il est détaché sur la colonie de Tsing-Tao en Chine,
l'ancien comptoir historique Germanique de l'empire du milieu.
Le jour de la déclaration de guerre en 1914, son commandant
Von Müller décide de quitter précipitamment la base pour ne
pas y être acculé par un ennemi supérieur. D'autres colonies
adverses sont toutes proches; Russes, Français et Anglais
y patrouillent. En rejoignant l'escadre de Von Spee dans le
pacifique, en passant par le détroit de Corée, il arraisonne
le paquebot Russe Riasan, dont l"équipage est fait prisonnier.
cependant l'amiral Jerram et son escadre sont arrivés au large
de Tsing tao et en interdisent à présent l'accès. Von Spee
décide alors de tenter de rentrer en métropole et d'abandonner
le pacifique. Fuyant plus au sud l'entrée en guerre des Japonais
le 23 août, l'Emden obtient de pouvoir rester et tenter une
guerre de course dans l'océan Indien.
Il
est vrai aussi qu'en se faisant remarquer ici par une diversion,
l'Emden permettait à l'escadre de Von Spee de fuir vers le
cap Horn sans trop attirer l'attention. Ainsi parcourt-il
les rivages de l'Indonésie, avec une quatrième cheminée Factice
pour qu'on le prenne pour un bâtiment Anglais de la classe
Weymouth, comme le Yarmouth qui croise justement dans ces
eaux. Ne voyant assisté de son ravitailleur le Markomannia
que de modestes Jonques et caboteurs, le 8 septembre, il arraisonne
le charbonnier Grec Pontoporos, neutre, et contraint moyennant
finances de dissuader le capitaine de ce dernier d'aller livrer
sa cargaison à Bombay. Il devint donc le second ravitailleur
de l'Emden. le 10 septembre, il prend le cargo Indus, chargé
de vivres, une aubaine. son équipage transféré sur le Markomannia,
le navire est coulé. Le lendemain, le cargo Lovat subit le
même sort. Plus tard dans la journée, c'est au tour du Kabinga,
battant pavillon Anglais mais sa cargaison est américaine,
comme peuvent le constater amèrement l'équipage de prise en
consultant le livre de bord. De fait, il ne doit pas être
coulé, mais servira à recevoir tous les équipages de prise,
ainsi plus tard, que la cargaison du petit Charbonnier Killin,
également capturé dans la nuit du 14. "L'escadre" de Von Müller
compte alors 4 cargos et l'Emden lui-même. Le Killin, après
transfert de sa cargaison sur le Kabinga, est coulé. Le 14
dans la journée, c'est au tour du gros cargo Diplomat d'être
pris et coulé.
Cependant
l'impunité qui jouait jusque là cesse le même jour. Prenant
le cargo Italien Loredano, et du fait de la triple alliance,
qui fait encore des Italiens des alliés de l'Allemagne, le
commandant est obligé à regret de le laisser partir. A présent
sur ses gardes, il fait poursuivre sa route à sa petite escadre.
Peu après avoir envoyé par le fond le petit roulier Trabboch,
Von Müller intercepte enfin le message de TSF qu'il redoutait:
Le capitaine du Loredano à parlé, la chasse va commencer maintenant
que la position de son navire est connue. Il laisse donc repartir
le Kabinga avec tous les équipages de prise à bord. La nouvelle
va provoquer l'arrêt du trafic maritime sur ces routes. L'Emden
va alors tenter d'attaquer les ports Anglais de la côte Indienne.
Le 22 Septembre, il bombarde de 3000 mètres les réservoirs
de mazout de Madras. La faible artillerie Anglaise ne peut
le gêner, et il repart, et recommence son exploit devant Colombo.
Il va jusqu'à couler un grand transport de sucre en rade du
port.
Mais
un tel tapage attire sur lui comme prévu l'escadre
Anglaise. Le commandant décide alors de jouer profil bas en
rejoignant la petite île Britannique de Diego-Garcia, une
des îles Maurice, très isolée. Comme sur l'île, dont les dernières
nouvelles remontent bien avant la guerre. Aussi Von Müller
se garde bien de lui annoncer l'état de guerre, et vient en
"visite de courtoisie", arborant le pavillon National de paix,
et est fort bien accueilli par le gouverneur. Il peut s'y
ravitailler sereinement au grand bonheur de l'équipage. En
bassin de carénage, il commence à faire peau neuve quand la
TSF du bord capte l'arrivée imminente de navires anglais.
Il quitte l'île précipitemment, et au cours de l'accrochage
qui suit, il perd le cargo Markomannia. Il va alors s'embusquer
derrière l'île de Minnikoï, surprendre et couler pas moins
de cinq vapeurs Anglais. Les équipages de prises sont transférés
sur le sixième.
L'Amirauté
Britannique est alors aux abois, car la presse nationale se
déchaîne contre les faits d'armes Allemands à
l'autre bout du monde. De très nombreux navires de guerre
patrouillent sans cesse dans ces eaux que Von Müller décide
de quitter et de rallier le détroit de Malacca. Il se présente
le 28 octobre avant l'aube devant Georgetown, tous feux éteints.
Là, il y a quatre navires Français, l'aviso-torpilleur d'Iberville
et trois destroyers. L'un d'eux, le Mousquet, qui patrouillait,
ne s'est rendu compte de rien. Il y a aussi dans la rade le
croiseur Russe Jemtchoug. Arrivé à bout portant au
milieu de la rade, le commandant de l'Emden fait hisser le
pavillon de guerre. Alors que les équipages dorment encore,
une torpille vient éventrer le Jemtchoug. mais ce dernier
restant à flot, toutes les pièces d'artillerie entrent alors
en action et le navire de retrouve bien vite incendié de la
proue à la poupe. Son équipage parvient cependant à mettre
en batterie ses pièces de 120 mm et riposte. L'Emden va alors
lui décocher une seconde torpille qui le touche au niveau
de la soute à munition. Le croiseur Russe saute et coule en
quelques dizaines de secondes. Ayant fait descendre son pavillon,
le commandant de l'Emden fait croire par morse au D'Iberville,
en révision, que la canonnade est une méprise, et il n'est
pas inquiété. Mais lorsque le feu reprend sur le Jemtchoug,
le capitaine qui observe la quatrième cheminée factice du
croiseur blanc se rend compte avec effroi de son erreur et
sonne le branlebas. Mais l'Emden est déjà trop loin pour les
canons de l'aviso. En s'éloignant de la rade, il devait arraisonner
le paquebot Glen Turret lorsque le Mousquet rentrant de sa
patrouille le surprend. La disproportion des moyens offensifs
fait que le Mousquet est en très mauvais posture. Trop près
pour fuir et trop loin pour agir efficacement, son capitaine
décide de courir à distance de torpillage. Le feu Nourri de
l'Emden ne va pas lui laisser le temps d'approcher. Après
un quart d'heure de lutte, le Mousquet sombre au large du
port. Pendant ce temps, on active les feux du second destroyer,
le pistolet. Lorsque celui-ci parvient à quitter la
rade, il est trop tard, l'Emden à disparu, et au bout de quelques
heures il doit renoncer à sa poursuite.
L'Emden
rejoint ensuite les îles Cocos. Il y a là une île qui possède
une station de TSF que Von Müller veut détruire afin de se
ravitailler sans être inquiété. Mais un message à le temps
d'être lancé lorsque le croiseur Allemand se présente. Son
signalement est donné aux croiseurs Australiens Melbourne
et Sydney, qui escortent un convoi non loin de là.
L'Ibuki qui les accompagne reste pour garder le convoi.
Fonçant à tout vapeur, les deux navires arrivent en vue des
Cocos à peine une demi-heure plus tard. Alors qu'une compagnie
d'infanterie Allemande débarquée tente de couper
les câbles de TSF sur l'île Direction avec les moyens du bord,
le croiseur Australien Sydney se présente et tire une première
salve de ses pièces de 152 mm, trop longue. Largement supérieur
en artillerie, il ne peut que terrasser l'Emden qui n'a d'ailleurs
pas la ressource de fuir. Ce dernier va alors tenter de se
rapprocher pour ouvrir le feu de ses pièces principales à
la portée inférieure, et font mouche mais sans graves conséquences
pour le navire Australien qui riposte très efficacement. La
salve qui suit fauche le poste de télémétrie de l'Emden dont
les tirs se dérèglent. Lorsque l'Emden tente à nouveau de
se rapprocher, le Sydney se dérobe à ses canons par sa vitesse
et peut répliquer sans être inquiété. Mais à chaque salve
qui affaiblit l'Emden, les pertes ne sont pas remplacées.
En effet, la compagnie de Von Mücke, le second débarqué avec
ses cinquante hommes sur l'ïle, n' a pas eu le temps de rembarquer
et c'est avec rage et impuissance, qu'ils suivent de la plage
ce combat inégal au large. Lorsque toute l'artillerie de l'Emden
est neutralisée, ses cheminées culbutées, ses machines percées,
sa barre bloquée et sa vitesse quasi nulle, le corsaire Allemand
est condamné. Faisant eau de toute part, son commandant décide
de le faire échouer sur les récifs de North Keeling. Le commandant
Glossop, du Sydney, se rapproche encore, et après une première
injonction de se rendre, d'abord refusée, et deux salves encaissées,
il voit enfin avec satisfaction le pavillon blanc amené à
la place de celui de guerre.
Mais
le Sydney ne reste pas. Il repart vers l'île de Direction
afin d'y envoyer une compagnie de fusiliers en découdre avec
les hommes de Von Mücke. Mais ces derniers ne l'ont pas attendu:
Peu avant, ils ont pris d'assaut la goélette du gouverneur,
et ont fait voile avec toutes les vivres embarquées vers l'île
de Sumatra qu'ils rejoignent le 24 novembre. Tandis que les
hommes restés sur l'Emden sont fait prisonniers, ceux de la
goélette Ayesha se voient refuser toute aide par les Hollandais,
mais embarquent dans un vapeur Allemand qui y fait halte.
Ce dernier les débarque quelques jours plus tard près de Bab-el-Mandeb,
et la compagnie de Von Mücke part pour un extraordinaire voyage
à pied et en chameau en traversant toute l'Arabie en réussissant
au bout de plusieurs semaines à joindre Constantinople. De
là, c'est en train qu'ils peuvent enfin, au début de 1915,
rejoindre l'Allemagne...