Le sabordage de la Hochseflotte
(23 avril 1918).
Les restes de deux
croiseurs Britanniques dans la rade (Photo Wikipedia TDP)
La guerre s'achevait en novembre
1918 alors que la marine Allemande de haute mer (la Hochseeflotte) n'avait pas réussi à emporter les décisions
face à la Royal Navy. Les ubmersibles s'étaient
révélés bien plus efficaces que les orgueilleuses
escadres de cuirassés et croiseurs de batailles déployés
durant la guerre. La bataille du Jutland s'était achevées
sur un goût d'inachevé. En fait, les navires
de ligne Allemands n'eurent plus, en dehors de la baltique,
d'occasion d'effectuer une sortie en masse en mer du nord.
Pourtant en 1918, de nouveaux croiseurs étaient venus
remplacer les effectifs coulés en 1914, deux nouveaux
Dreadnoughts cette fois à la hauteur des cuirassés
Anglais (Bayern), et le Hindenburg, croiseur
de bataille si bien protégé qu'il passa plus
tard comme l'un des premiers "cuirassés rapides".
Mais ces instruments restèrent
prudemment cantonnés dans leurs bases et les rares
sorties de "provocation" à l'égard
de la marine Anglaise tournèrent court. De ce fait,
cette formidable flotte, la plus puissante qu'ai jamais possédée
l'Allemagne de son histoire, restait un problème pour
les alliés. Après discussion, une petite partie
de ses effectifs furent ventilés en dommages de guerre
(dont ces U-Bootes abhorrés, que les alliés
étudièrent en détail). Quand au gros
effectifs de la Hochseeflotte, dont ses bâtiments les
plus récents, l'article XXIII du traité stipula
finalement que ceux-ci ne devaient pas être directement
"saisis" par les Britanniques, mas ventilés
entre des ports neutres d'internement. Et il s'agissait quand
même de deux escadres de ligne composées des
dreadnougts les plus récents, 5 croiseurs de bataille,
8 croiseurs et 45 destroyers.
A ce moment cependant, la flotte,
sous le commandement du vice-amiral Von Reuter, est
depuis près d'un an gangrenée par des éléments
Bolchéviques qui attendent leur heure. Lorsque les
officiers débarquèrent, la Hochseeflotte était,
de facto, mutinée, des drapeaux rouges montant à
la pomme des mâts... Les négociations des officiers
avec les comités de mutins qui s'ensuivirent n'eurent
pas d'autre but que de faire accepter - à contrecoeur
- les termes du traité. Le retour des officiers, dicté
également par la nécéssité, se
heurta bientôt à une nouvelle brutale émanant
de l'amirauté Britannique: Toute la flotte devait être
internée à Scapa Flow pour que la commission
de désarmement puisse vérifier son bon déroulement.
Le 19 novembre 1918 à l'aube, la flotte pousse ses
feux, relève ancres et amarres. Chez les anglais, c'est
la fébrilité: Pour la première fois en
4 ans, toute la flotte Allemande est à leur merci.
La Royal Navy mobilise ses plus importants effectifs de la
guerre pour l'opération ZZ. Il s'agit d'escorter la
Hochseeflotte jusqu'en Ecosse, dans le Firth of Forth. Von
Reuter espère encore qu'après l'inspection,
ses navires pourront gagner leurs ports d'internement.
A la veille du départ,
les discussions von bon train: Les officiers sont priés
d'éviter les provocations, ou d'encadrer trop directement
les équipages: Officiellement tous, jusqu'au plus gradés,
sont de simples "conseillers techniques" des commissaires
des soviets de marins embarqués. Ces denriers veulent
que le pavillon rouge reste à la tête des mâts
pendant toute la travsersée, mais Von Reuter et les
officiers arrivent à convaincre les équipage
de dresser le drapeau standard de la marine: Les mutins n'ayant
pour l'amirauté Britannique aucune légitimité,
il fallait s'attendre à ce que la Royal Navy considère
les navires Allemands comme des "pirates", les traitant
comme tels... A 14 heures, l'escadre, encore peu encadrée,
fait route vers la mer du Nord et l'écosse. Passant
près de Héligoland, elle perd un torpilleur,
victime d'une mine oubliée. Le 21, une armada de 370
navires alliés arrivent à sa rencontre et l'escortent
comme prévu. Le gros de cette armada est composé
de bâtiments de ligne de la Royal Navy, aux postes de
combat: On craint en effet à tout moment que les officiers
Allemands et leurs équipages tentent une dernière
action. Pourtant la flotte avance à 11 noeuds seulement,
et ses navires manquent d'entretien et son mal manoeuvrés.
En fi d'après-midi l'amiral
Beatty ordonna à Von Reuters de descendre les pavillons,
définitivement, d'éviter des contacts entre
les navires, par TSF, projecteurs ou chaloupes, sous peine
de destruction immédiate. Le 22, toute la flotte prend
position et jette l'ancre dans , uune des baies du Firth of
Forth, et l'inspection commence, sans hâte. Les quelques
contacts des soviets de marins Allemands avec les marines
Britanniques restent sans échos. Mais informé
des mauvaises conditions météo à venir,
il est décidé de conduire toute la flotte dans
l'immense rade glaciale et désolée de Scapa
Flow, le "saint des saint" de la plus puissante
marine au monde. Là, la Hochseeflotte se prépare
à des mois d'inaction. On prévoit dévacuer
une bonne partie des équipages vers l'Allemagne et
par mesure de sécurité, une escadre Britannique
mouille à portée de tir. Pour les marins restants,
leurs navires deviennent alors des prisons glaciales, car
l'hiver est déjà là. Leurs approvisionnements
viennent de Wilhelmshaven, les Anglais refusant tout contact
avec la terre. Le désoeuvrement guette, et pire, les
nouvelles venues d'Allemagne (insurrection de Berlin, mort
de Rosa Luxemburg et Karl Liebnecht) provoquent le remplacement
les plus modérés par des milices spartakistes.
Von Reuter, à son retour
d'Allemagne, prend la mesure du péril et, en étroite
collaboration avec l'amiral Anglais présent réussit,
grâce notamment à l'intervention d'un destroyer
Anglais aux postes de combat, à faire évacuer
les éléments les plus virulents du cuirassés
Friedrich der Grösse, en février. Peu à
peu, d'autres éléments extrémistes sont
priés de quitter le bord et repartent pour l'Allemagne.
Le vice-amiral Allemand est en train de reprendre la main
sur sa flotte. Son plan prévu depuis l'origine est
de saborder la flotte. Le 17 juin, il sent que ses oficiers
sont prêts et il leur fait distribuer dans le plus grand
secret les ordres de sabordage. Pendant ce temps, à
Berlin, les négociations continuaient quand au devenir
de la flotte, les Allemands espérant s'en servir de
monnaie d'échange contre une région occupée.
Comme il est hors de question de mener un combat contre la
Royal Navy avec ses équipages amputés, il n'a
d'autre choix que de préparer les navires avec des
charges et mettre des hommes sûrs à poste aux
vannes de purges. Il apprend par le Times, le 20, que la Britanniques
ont adressé un ultimatum de 5 jours pour l'acceptation
des termes du traité de Versailles aux Allemands, et
Von Reuter sent que le moment est venu. Durant la nuit, il
lance l'ordre de sabordage, qui éxécuté
méthodiquement et sans heurts. Les un aprs les autres
les grandes carcasses grises se penchent et coulent sur les
hautes fonds. Les chaloupes sont mises à l'eau.