En 1945, l'Amérique est devenue la première
puissance navale au monde. Engagée en 1941
aux côtés de l'Angleterre, elle va
devenir l'arsenal des démocratie et ses chantiers
délivrer plus de navires, -civils et militaires-
que l'on en vit jamais dans l'histoire. Plus de
2000 cargos "liberty ships", environ 100
porte-avions, plus de 250 destroyers, 350 destroyers
d'escorte, 10 cuirassés (plus la reconstruction
de 10 autres), plus de 50 croiseurs, 226 submersibles.
Un rouleau compresseur qui permit de supporter le
choc de la bataille de l'atlantique et d'écraser
la flotte Nippone. Or, en 1947, l'équilibre
géopolitique bascule: Le péril est
désormais à l'est. Le monde devient
bipolaire et dans le camp occidental, l'OTAN dispose
de cette force navale considérable, apte
à soutenir tout affrontement contre l'URSS.
Du fait de cette immense flotte développée
en 1942-46, l'US Navy conservera sa flotte conventionnelle
jusqu'en 1960, puis évoluera avec l'entrée
en service des premiers navires lance-missiles et
du nucléaire comme moyen de propulsion ou
comme vecteur de charge offensive. Elle ouvrira
la voie avec ses submersibles à propulsion
nucléaires, à partir du célèbre
Nautilus (1954).
Rappel des abbréviations
pour les sous-marins:
SNA: sous-marin nucléaire d'attaque
SA: sous-marin d'attaque (diesels-électrique)
SNLE: sous-marin nucléaire lanceur d'engins
balistiques
SPQ: sous-marin piquet radar (diesels-électrique
ou nucléaire)
|
L'amiral Hyman G. Rickover
(1900-1986), fut le principal artisan de la
propulsion nuléaire au sein de la US
navy. Il développa notamment le USS
Nautilus. (img. Wiki DP)
|
L'US navy de 1960 est une force encore très
conventionnelle, composée de bâtiments
sortis des grandes séries de la dernière
guerre en majorité; mais ses productions
nucléaires la placent d'emblée à
l'avant-garde technologique dans le monde. L'URSS
tentera de rattraper son retard au prix de nombreuses
erreurs mais de belle réussites (comme le
November et l'Alfa).
-Porte-avions:
Le principal atout de l'US navy à la sortie
de la guerre, sont ses porte-avions. Le "capital
ship" fait de cette flotte la "capital
fleet" du monde libre. La Royal navy est certes
aussi imposante, mais face à un budjet d'après
guerre imposant des coupes drastiques, elle se voit
vite rétrogradée au niveau d'une flotte
montante, celle de l'URSS. Le porte-avions est à
l'US Navy de cette époque ce qu'était
le Dreadnought à la Royal Navy au début
du siècle. C'est le centre du groupe aéronaval,
le "Task-Force", force de projection à
vocation planétaire, et tous les bâtiments
de surface développés auront pour
but d'escorter et de protéger les porte-avions.
On estimait également que l'aviation embarquée
était de son côté la seule protection
dont un bâtiment avait besoin et bien des
plans supprimaient les armements des porte-avions
des années 60.
En 1945, l'US Navy comptait plus de 100 porte-avions.
Sur ce total, Environ les trois quart étaient
des bâtiments d'escorte légers, bien
peu adaptés pour recevoir des jets. De fait,
il s'agissait des 46 Casablanca, 10 Bogue,
4 Sangamon, 2 Long Island, et 15 Commencement
Bay. Trois de ces derniers étaient en
construction. La mise à la retraite sera
rapide pour certains (en particulier les Casablanca,
dès 1947-48). Toutefois, la plupart serviront
encore en Corée ou l'avion à piston
était encore majoritaire et l'hélicoptère
trouvant l'usage des ces ponts d'envol réduits,
et ainsi en 1960 on dénombrait 27 Casablanca,
19 Commencement Bay, 4 Sangamon, et
10 Bogue. Dès cette année 1960
la moitié de ces effectifs allait être
rayé des listes, le reste suivra en 1970
et seule une poignée était encore
opérationelle durant les dernières
années de la guerre du Viet-nâm. Ils
pouvaient alors encore opérer des hélicoptères
et des avions à piston tels le polyvalent
Douglas Skyraider.
Les porte-avions d'escadre étaient en partie
des bâtiments récents et assez vaste
pour l'ère des jets comme les Essex,
dont 19 unités étaient en service
en 1945 et 5 en achêvement. Le dernier, USS
Oriskany, n'arrivera qu'en 1950 et servit de
prototype pour les nouveaux ponts d'envol élargis,
et tous ces excellents porte-avions rapides furent
reconstruits selon deux normes administratives successives,
SBC24A et SBC24C. En 1960 il y en avait 24 en service.
Ils servirent en corée, certains au Viet-nâm,
étant réformés entre 1966 et
1980. Les derniers étaient en réserve
jusqu'en 1990. Outre ces bâtiments qui formaient
l'ossature de la flotte, il y avait les trois grands
Midway, parfaitement
adaptés au jets. Le premier était
opérationnel en septembre 1945 au moment
de la capitulation Nippone, les deux autres (USS
Franklin D Roosevelt et USS Coral Sea)
opérationnels en octobre 1945 et octobre
1947. Ils furent modernisés et étaient
naturellement en service en 1960, deux d'entre eux
étant toujours actifs en 1990.
Outre ces grands bâtiments, l'US navy comptait
les 8 Independance, rapides mais trop petits
pour mettre en oeuvre efficacement des jets. Deux
furent vendus (1953 et 1967), d'autres mis en réserve
et il ne restait que deux unités en 1960.
Les deux Saipan
(1946-47), construits sur le même principe
étaient un peu plus vastes et restèrent
en service jusque dans les années 75-77 après
les deux grandes campagnes de l'US Navy (Corée
et Viet-nâm). Il y avait enfin les vétérans:
En 1945, l'US Navy possédait encore trois
vieux bâtiments héroïques: Le
USS Enterprise (1936), de la classe Yorktown,
seul survivant de sa classe, le USS Ranger
(1933), et le USS Saratoga (1925). Si les
deux derniers furent ferraillés rapidement
car ne répondant plus aux normes de l'aéronavale
moderne, le USS Enterprise, décoré
de nombreuses fois resta en réserve jusqu'en
1958, et celui qui reprit son nom en son honneur
fut le premier porte-avions au monde à propulsion
nucléaire.
Les seuls porte-avions modernes construits durant
cet intervalle furent les quatre Forrestal
(1954-58). Bien plus vastes que les Midway, ils
inauguraient une nouvelle génération
dont les bases furent reprises pour les Kitty
Hawk en construction, l'Enterprise
et les Nimitz
actuels. Un projet de porte-avions d'escadre fut
spécifiquement développé à
partir de 1945 pour mettre en oeuvre des appareils
porteur de l'arme atomique: Il s'agissait de l'USS
United States. Son design était toutefois
rétrograde par certains aspects (comme l'artillerie
de défense et l'absence d'ilôt de commandement),
et son pont d'envol trop étroit pour mettre
en oeuvre efficacement un parc aérien polyvalent.
De plus son hangar n'hébergeait que les chasseurs
d'escorte, les bombardiers étant trop lourds
et vastes. L'une des ses innovations intérressantes
étaient par contre ses quatre catapultes,
reprises sur ses successeurs. Entamé à
Newport News en 1949, ce bâtiment fut annulé
à la suite d'un rapport de l'Air force spécifiant
le coût prohibitif du programme et son inutilité
devant le développement d'une aviation stratégique
intercontinentale.
-Navires de ligne:
En 1960 ne figurent plus sur les inventaires aucun
cuirassé. En 1945, il y avait encore les
"vétérans" survivants de
Pearl Harbor, les Wyoming, New York, Nevada,
Pennsylvania, New mexico, Mississippi, et Idaho,
qui tous seront désarmés et mis en
réserve en 1948. Les plus "récents"
Tennesse et les trois Maryland verront
encore du service jusqu'en 1959. Le California
fut désarmé en 1960 et le West
Virginia en 1961. Plus récents, les deux
North carolina (1940) seront également
rayés des listes en 1961, de même que
les quatre South Dakota (1941-42), entre
1962 et 1965. Dés 1948 ils avaient étés
placés en pré-réserve. Ne restait
plus que les quatre immenses Iowa
(1943-44), mis en réserve malgré tous
leurs mérites, en 1948, puis rapidement remis
en service actif pour participer aux opérations
de la guerre de Corée. En 1958 tous les quatre
étaient de nouveau en réserve. Cependant,
le USS New Jersey participa à des
bombardements côtiers durant la guerre du
Viet-nam (1967-69). Nul ne pensait plus les voir
sortir encore de leur réserve. Et pourtant...
-Croiseurs:
L'US navy disposait en 1945 de larges stocks de
croiseurs. Les plus vieux dataient des années
20, il s'agissait des Omaha, tous inactivés
en 1946-47. Les deux croiseurs lourds Pensacola
furent coulés en 1948, lors d'un test atomique.
Les 3 Northampton survivants furent désarmé,
l'un démoli en 1948 et les deux autres en
1960. Le Portland suivit en 1959, les 4 New
Orleans en 1959, 60 et 61. Des navires de la
classe Brooklyn, seuls le Savannah
et l'Honolulu survécurent en réserve
jusqu'en 1960. Les 6 autres furent vendus à
l'argentine, au Chili et au Brésil. Le USS
Wichita, prototype des Baltimore,
fut démoli en 1959. Les croiseurs légers
de la classe Atlanta
(1941-46) seront démolis de 1960 à
1966. Il y en avait encore 9 en réserve à
cette date.
Cleveland: Les
nombreux Cleveland,
dont certains furent terminés en 1946, étaient
tous en service en 1960. Cela représentait
une force de vingt-huit unités, armées
de 12 pièces de 152 mm. Six étaient
en réserve et seront désarmés
en 1960, les autres dans les années 60 et
les derniers en 1970-73. Certains survécurent
jusqu'en 1976 comme le USS
Little Rock, préservé comme
musée flottant, Les USS Providence
et Oklahoma city étant démolis
en 1978 et 1979. ces derniers, ainsi que 3 autres,
avaient étés transformés en
croiseurs lance-missiles mixtes. (Voir le détail
ci-après)
Baltimore: Les
18 croiseurs lourds de la classe Baltimore,
dont 4 entrèrent en service en 1946, étaient
encore en service en 1960. Ils furent transformés
en croiseurs lance-missiles pour certains et survécurent
ainsi jusqu'en 1980. Ils s'agissait des USS Boston
et Camberra. Trois autres furent totalement
reconstruits en 1960-62: il s'agissait des Albany.
(Voir plus loin). Les "conventionnels"
de la classe en 1960 étaient donc au nombre
de quatorze.
Derniers croiseurs
classiques:
Enfin les derniers croiseurs classiques américains
furent ceux de la classe Des
Moines (3 navires, dont 2 en réserve
d'active en 1980), les deux Worcester
(rayés des listes en 1970-72). Les premiers
furent terminés en 1948 et 49 et les seconds
en 1948. ils participèrent aux opérations
de la guerre de Corée et du Viet-nam. Les
3 croiseurs de bataille de la classe Alaska
(1943-45) existaient encore en 1960. Ils furent
démolis l'année suivante. Ils n'avaient
plus grand chose à voir avec les nouveaux
principes de stratégie navale issus de la
pratique de la guerre.
Reconversions en croiseurs
lance-missiles:
6 Croiseurs de la classe Cleveland
ont étés transformés en hybrides,
classiques à l'avant et disposant de lanceurs
à l'arrière. Ils s'agit d'une reconstruction
si complète que ces navires sont regroupés
dans une classe Galveston,
transformés en 1957-59 et remis en service
en 1958-60. Avant eux, deux de la classe Boston,
plus grands, avaient étés également
transformés de la sorte, remis en service
en 1955 et 1956 avec les premières rampes
au monde de ce type. La troisième vague de
reconstruction fut totale: Les trois Albany,
également de la classe Boston ont vu leur
armement classique supprimé. Ce sont les
premiers "vrais" croiseurs lance-missiles
américains. Cependant, ils ne figuraient
pas sur les listes en 1960, puisqu'ils étaient
en pleine reconstruction à cette date. Ils
ne seront opérationnels qu'en 1962-64. Ils
firent leurs armes pendant le Viet-Nâm et
le dernier à quitter le service fut le USS
Albany, en 1985.
|
Le
USS Albany reconverti en croiseur lance-missile
en 1962 (img. Wiki DP.)
|
-Destroyers:
Les constructions de masse de la seconde guerre
mondiale donnaient aux USA un "cheptel"
de destroyers sans commune mesure dans l'histoire:
Les Benson/Gleaves (96 navires) s'ajoutaient aux
célèbres Fletchers (175), Sumner (58),
et Gearing (104). En 1945 ils s'ajoutaient à
plus de 120 unités plus anciennes, allant
des antiques "four pipers" de 1917-19,
promptement mis hors service, comme ceux des 8 classes
datant des années 30. Cela faisait donc un
total d'environ 520 destroyers, une force en mesure
de faire face aux périls de la guerre sous-marine
comme à l'escorte de porte-avions. De cette
énorme effectif, en 1960, encore un grand
nombre étaient en service.
Ceux de la classe Benson représentaient
encore soixante navires, en réserve mais
peu modernisés, beaucoup ayant étés
transférés et revendus. Les cent-vingt-six
Fletchers
qui n'avaient pas étés revendus le
seront peu après 1960 et les derniers désactivés
en 1970-75. Ils étaient en service au standard
DDE comme
escorteurs ASM (voir fiche Fletcher
DDE). Les Sumner
et surtout les Gearing,
plus modernes, auront un destin plus intérressant:
Les 53 Sumners survivants au conflit étaient
en service actif en 1960, connaissant pour 31 une
modernisation FRAM II destinée à poursuivre
leur service jusqu'à la fin des années
70. Voir Sumner FRAM
II. Les Gearing furent convertis au standard
FRAM I dès 1958, destiné à
prolonger leur service de 8 ans. 77 navires furent
ainsi transformés de la sorte. Ils avaient
tous déjà étés mis au
standard DDR (escorteurs) peu avant, et certains
passeront directement à la modernisation
FRAM II. En 1960 cette conversion était en
cours, et au cours des années 70, un grand
nombre seront revendus à des pays amis. Les
derniers portaient encore la bannière étoilée
en 1980, en tant que navires d'entraînement
et de réserve. (Voir Gearing
FRAM I).
-Destroyers modernes:
Peu de temps après la sortie des derniers
Gearing on
commença à envisager une nouvelle
classe de destroyers adaptés au progrès
de l'électronique et aux nouvelles missions
d'escorte des Task-Forces. les petites dimensions
des destroyers étant peu compatibles avec
l'emport de missiles et des batteries de capteurs
et systèmes de guidage lourds qui les accompagnent
firent que leur conception fut remaniée plusieurs
fois avant que les Forrest
Sherman ne sortent. Ces 18 navires furent
construits de 1955 à 1958, et modernisés.
Ils furent tous retirés du service avant
1990. La classe Charles
F. Adams, radicalement nouvelle, était
en cours de construction en 1960. Aucun n'était
donc en service à cette date. A côté
des Forrest Sherman, leur version économique,
les grands destroyers d'escorte des porte-avions,
la classe Mitscher,
atteignait 4850 tonnes en charge. Il s'agissait
de 4 navires, construits en 1952. Ils seront relevés
par leur évolution, la classe Farragut,
dont aucun de ceux qui étaient en construction
ne sera en service avant 1960.
|
Le USS Forrest Sherman,
tête de classe, en 1959 (img wikimedia
commons)
|
-Frégates:
En 1945, l'US Navy bureau of ordnance recence plus
de 360 navires d'escorte en service, survivants
de la masse produite pour contrer les submersibles
du IIIe Reich. Il s'agit des destroyers d'escorte
de la classe GMT, TE, TEV, WGT, DET et FMR. En 1960,
ils servaient encore pour la plupart de ceux qui
n'avaient pas étés transférés.
Beaucoup le resteront jusqu'en 1972. Etaient en
service en 1960: -93 unités de la classe
TE, 99 TEV/WGT, et 103 DET/FMR. Ils seront retirés
du service entre 1966 et 1972. Certains bénéficieront
d'une modernisation pour la lutte ASM, le USS
Vammen (TE) et les USS
Tweedy et Lewis
(WGT), et les autres, de modernisations au standard
DEC ou DER (37 navires), modernisés avec
reconstruction partielle, moyens de lutte ASM améliorés,
équipements électroniques. Enfin les
frégates de patrouille de la classe Tacoma
(78 navires en 1945) furent transférés
aux pays amis pour l'essentiel et les derniers désactivés
en 1947-53. Les premières frégates
modernes construites seront celles de la classe
Dealey (1953),
à hauteur de 13 unités dont la dernière
entra en service en 1958. Ils constituaient une
évolution des DE de 1944-45. la classe Claud
Jones suivante (4 unités) était
en cours d'achèvement en 1960.
-Sous-marins:
Avec plus de 175 submersibles de la classe Gato
(Gato/Tench/Balao) en service en 1948, l'US navy
disposait d'un potentiel d'autant plus apte à
contrebalancer la flotte soviétique que ceux
ci étaient en outre des océaniques
de long rayon d'action, suffisament spacieux pour
se prêter aisément à des conversion
(les fameux"Guppy").
Sur le total de 159 unités non transférées
aux pays amis, en 1960, il y avait 8 Guppy I, 33
Guppy II et 7 Guppy III, évolution ultime
de cette modernisation. Beaucoup de Guppy III ont
étés des Guppy II. Ils ont étés
transférés ou rayés des listes
au cours des années 70. Les 110 autres portaient
le nom de "Fleet snorkels". Beaucoup servaient
de navires d'entraînement, d'autres étaient
inactifs. (Voir fiches sur les conversions Guppy
IA, Guppy II et IIA, et Guppy III.) D'autres furent
convertis en cargos ravitailleurs, en transports
de troupes, en pétroliers ravitailleurs,
en piquets radars ("Migraine",
voir plus loin), et en plates-formes de tirs de
missiles de longue portée.
Les premiers sous-marins diesels modernes de la
flotte seront ceux de la classe Barracuda
(1951), trois sous-marins d'attaque qui servirent
de "prototypes" pour tester les innovations
en matière de détection. C'étaient
des chasseurs de sous-marins destinés à
une production de masse, pour contrer les "Whiskey"
soviétiques. Cependant ils n'étaient
que des extrapolations des Gato, plus petits et
plus économiques, mais loin des performances
des U-Boote type XXI. La classe suivante des Tang
(1951) utilisaient par contre les technologies utilisées
sur les type XXI Allemands (un exemplaire capturé
était étudié par l'US navy
depuis 1946). Ces 6 unités survécurent
au-delà des années 80, utilisés
par l'Italie ou la Turquie. Le Darter
(1956) était un prototype, de même
que les deux petits Mackerel
(1953), ou le minuscule X-1
(1955), tous armés, et de sous-marins civils
destinés à tester des formes de coque,
comme l'Albacore
(1953) et le Dolphin
(1956). Le premier était destiné
à tester des vitesses exceptionnelles sous
l'eau (33 noeuds et d'avantage aux essais, record
tenu jusqu'à l'apparition des "Alfa"
soviétiques), et de plongée très
profonde pour le second. Les derniers sous-marins
"classiques", les 3 SA de la classe Barbel,
seront lancés en 1958 et terminés
en 1959.
|
Le
USS Nautilus (1954), premier sous-marine nucléaire
au monde. (img wiki DP)
|
Mais la révolution arrive en 1954 avec le
lancement du Nautilus,
premier sous-marin à propulsion nucléaire
au monde. Largement utilisé en essai, il
prouva la fiabilité du système et
fut suivi de l'USS
Seawolf, second SNA en 1955. L'US Navy prend
alors une longueur d'avance sur la bloc communsite
qui répond avec la série des "November",
d'une fiabilité toute autre... La première
série de SNA date de 1957-58: Ce sont les
4 Skate, suivis
des 6 Skipjack.
Mais ces derniers entrent en service en 1960-61
et seul le USS Skipjack était sur les listes
en 1960.
La stratégie nucléaire invitait à
des études de lancement de missiles ballistiques
par des sous-marins, et en 1954 fut lancé
le USS Grayback, un prototype à propulsion
classique (SLE) emportant 2 rampes pour 4 fusées
Regulus-1. Il fut suivi par le USS Growler (1957)
et le USS Halibut (1959, terminé en janvier
1960), premier SNLE de l'US Navy. La première
classe de SNLE moderne, les Georges Washington,
seront terminés au cours de 1960-61. Il avaient
étés précédés
par deux conversions de "fleet-snorkels"
à des tirs de missiles dérivés
des V-1 allemands, les USS Cusk et Carbonero, suivi
des USS Barbero et USS Tunny, des Guppys convertis
au tirs de fusées Regulus.
Enfin, l'US Navy développa l'idée
de piquets-radars sous-marins. Elle s'y essaya
avec des "Gato" convertis, 10 en tout,
sous le nom de code-programme de "Migraine",
en trois phases. Ils revinrent tous au service normal
en 1959. Elle construisit sur cette base d'essais
deux SA de ce type, la classe Sailfish
(1955), suivi du SNA USS
Triton en 1958, un bâtiment de très
grande taille (136 mètres et 7700 tonnes).
|
Le
USS Greenfish, reconverti selon la norme GUPPY
III (1960). (img wiki DP)
|
-Divers:
En 1945, la flotte comptait encore 10 dragueurs
de mines (classe Admirable),
mais 42 autres seront réactivés pendant
la guerre de Corée et en service en 1960.
Les dragueurs de mines côtiers (YMS) étaient
pour leur part au nombre de 47 en activité
en 1960. Une dizaine de vieux patrouileurs du type
PC l'étaient aussi, en cours de mise hors
des listes. 5 navires de commandement du type AGC
étaient encore en service en 1960, et firent
la guerre du Viet-nâm. Enfin, l'immense flotte
de navires de débarquement utilisés
durant la campagne du pacifique avaient étés
mis au rebus après la guerre de Corée
pour la majorité, mais il restait sur les
listes encore une centaine de LST, une centaine
de LSM, 80 LMR, 100 LSSL de support de feu, 100
LSIL, 120 LSU, 30 cargos d'assaut, 57 "Victory",
70 "C3", tous en réserve.
Les constructions neuves comprenaient le USS
Northampton (1951), bâtiment de commandement
pour l'atlantique, 8 navires d'assaut (LSD) de la
classe Thomaston
(1954), les premiers à disposer d'un radier
et d'un pont d'envol pour hélicoptères,
les 7 LST de la classe County
(1957), les 3 cargos d'assaut de la classe Tulare
(1953), et le USS
carronade (1953), un LST ancien reconverti
en navire d'appui-feu spécialisé.
4 vedettes lance-torpilles furent également
construites pour digérer les leçons
de la seconde guerre mondiale en 1950-51 (classe
PT809). La production de navires de débarquement
légers de la dernière guerre allait
rependre à partir de 1954, et des LCU (143)
seront construits jusqu'en 1957 et en service en
1960, de même que plusieurs centaines de LCM
à partir de 1949 et jusqu'en 1967. 1552 LCVP
(fantassins seulement) seront également produits
jusqu'en 1966, et une centaine de LCPL en service
en 1960. Pour les services de draguages de mines,
on construisit entre 1952 et 1956, 62 navires de
la classe Agile,
3 de la classe Ability
(1956) et bien d'autres pour les flottes alliées.
24 dragueurs côters de la classe Adjutant,
très inspirés des YMS de la guerre,
seront également mis en service au cours
des années 50, mais aussi deux dragueurs
fluviaux de la classe USS
Cove (1958) et un chasseur de mines, le USS
Bittern (1956).
En 1960, date-clé puisqu'elle signe la disparition
des derniers navires conventionnels et l'apparition
des premiers lance-missiles et la propulsion nucléaire,
et aussi celle d'une certaine "maturité"
(s'il on peut dire) de la dissuasion nucléaire,
qui trouve dans les SNLE leur principal porteur.
Pratiquement tous les navires lancés en 1960
sont en service trente ans plus tard. La suite du
développement de l'US Navy, qui est clairement
confronté à la marine Soviétique
dans une guerre froide à l'échelle
planétaire, est fonction d'un budget considérable,
comptant toujours sur la construction de masse pour
se maintenir avec les plus grands effectifs en réduisant
les coûts. Les noms de ces mêmes navires
reflètent bien entendu, outre les célèbres
batailles et amiraux de la courte histoire Américaine,
celui des sénateurs qui firent pression pour
le vote de lois navales ambitieuses, le Congrès
détenant toujours les cordons de la bourse
du contribuable...(Voir US Navy 1990).
Tonnage 1960:
|
Types
d'unités |
Nombre
d'unités |
Tonnage |
|
Porte-avions |
19 |
|
|
Navires de ligne |
98 |
|
|
Croiseurs |
19 |
|
|
Destroyers |
98 |
|
|
Sous-marins |
400 |
|
|
divers |
90+1296+832 |
|