Le Vasa, tel qu'il fut reconstitué d'après l'épave. Cliquez p. agrandir.
Le Vasa est l'un de ces grands vaisseaux (on ne les dénomme plus galions, mais ils font bien partie de cette famille née au début du siècle précédent) qui portait toute la magnificience Royale en même temps qu'un bâtiment militaire, destiné à dissuader son voisin. En l'occurence il s'agissait originellement du Nya Wassan, grand voilier de 1400 tonneaux et brassant 1150 m2 de voilure. La pomme de son grand mât culminait à 50 mètres pour une longueur de 66,50 m du fanal du tableau de poupe au bord de la hune de perroquet. Il embarquait 133 hommes d'équipage et 300 soldats et servants de pièces, pour 64 canons de bronze répartis en 48 de vingt-quatre livres, 8 de deux livres, 2 d'une livre, et 6 mortiers. Pas moins de 80 tonnes sur trois ponts, le plus bas étant 1,20 m au-dessus de la ligne de flottaison. Il fut construit dit-on sur les instructions personnelles du Roi Gustav Adolf (Qui régna de 1611 à 1632), alors en guerre avec Ferdinand II de Habsburg.
Il fut construit et lancé en 1627 dans l'île Blasieholmen, et achevé au printemps 1628, la cérémonie ayant étée célébrée avec faste. Le roi aurait même prononcé ces mots: "Après Dieu, c'est la flotte qui décide de la prospérité du Royaume". Toujours-est-il que le Nya Wassan était remorqué jusqu'à quai de l'artillerie navale non loin du palais des trois couronnes ( "Tre Kronor" ). Là, il devait être armé, c'est à dire recevoir naturellement son artillerie mais aussi son lest et son équipage, en gros être préparé pour rejoindre la flotte. Le 10 août 1628, il entama sa première traversée "en service" pour rejoindre Alvsnabben ( Archipel de Stockholm ), ou se trouvait le reste de la flotte, vers 3 heures de l'après-midi.
La foule en liesse s'était massée sur les quai pour assister au départ du célèbre et magnifique navire. Pas un qui ne se disait pas alors, fier d'être Suédois... Le temps était au beau,avec un soleil radieux, et le vaisseau ne déploya sa voilure qu'après avoir été remorqué jusqu'à Södermalm. Ses gabiers firent descendre la misaine, la brigantine, le grand et le petit hunier. Une légère brise sud-sud-est soufflait alors. Mais c'est alors qu'après avoir parcouru à peine un mille, une brusque rafale coucha littéralement le navire, qui roula jusqu'au niveau de la batterie basse dont les sabords étaient grands ouverts... Lorsque le "coup de tabac" cessa, le Vasa, loin de se redresser, vie sa gîte augmenter jusqu'à ce que l'eau pénètre à gros bouillons par les sabords. la suite était prévisible: Il chavira complètement en quelques instants, sa voilure prenant l'eau, ses cales se remplirent très rapidement. Il coula, car il avait été lourdement lesté pour compenser le poids de son artillerie...
Le Vasa qui sombrait, devant un public incrédule, c'était une catastrophe nationale: Une cinquantaine de personnes se noyèrent, de l'équipage, des artilleurs, mais aussi des officiers et notamment des hauts gradés de l'armée Suédoise qui voyageaient ainsi avec femme et enfants... Le navire ayant coûté la bagatelle de 100 000 Riksdaler ( 60 millions d'Euros d'aujourd'hui ), une commission d'enquête fut réunie dès le landemain afin de statuer sur les reponsabilités de chacun. Le maître d'équipage, Jöran Matsson, qui fut accusé le plus gravement, se défendit avec aprêté et convainquit le jury que le navire avait été trop lourdement chargé dans les hauts et à son avis - il n'était pas ingénieur ni charpentier naval - la coque était trop étroite pour sa haute voilure. Il confirma le fait que lors d'essais de roulis le navire s'était déjà mal comporté.
Quand à Hein Jacobsson, le maître d'oeuvre final du bateau, il affirma que les plans définitifs avaient étés dessinés sur le cahier des charges étroit et précis du Roi en personne... L'enquête interrogea également l'intendant d'artillerie Erik Jönsson, le lieutenant Gierdsson, chargé du gréément, et finalement cocluèrent à un non-lieu. Le Vasa ne pouvait être récupéré, on fit donc son possible pour démonter son grand-mât qui dépassait de l'eau afin de dégager la navigation.
En 1664, une opération de renflouage effectué par Hans A. Von Treileben ne fut que partiellement menée en envoyant des plongeurs vider le contenu du navire, dont 50 canons. Mais l'histoire ne s'arrête pas là: En 1956, un archéologue maritime, parvint à retrouver la trace du navire, enfonçé sous des tonnes de vase. Cette fameuse guangue naturelle, la vase scandinave, était réputée acide, antibactérienne, et de plus les tarets, ces vers du bois, habituels fossoyeurs et recycleurs naturels des coques, ne supportaient pas les eaux glacées de la Baltique. C'est le miracle qui permit antérieurement de tirer de la mer des verstiges archéologiques sans prix, comme les fameux bateaux Vikings, et permit encore un véritale miracle: 4 ans de durs travaux furent nécéssaires, financés en grande partie par le gouvernement, et finalement en 1961, le Vasa fut retiré pratiquement intact de son linceuil... Seules les peintures avaient disparues. L'archéologue Anders Franzén en retrouva la trace plus tard avec des pigments incrustés dans les veines du bois.
Il fut entièrement sorti de l'eau, et soigneusement lavé et traité au polyéthylène glycol. On construisit rapidement un hangar pour l'isoler complètement de l'extérieur, qui devint le musée provisoire de Djugarten à Stockholm. C'est maintenant le Vasamuseet, un grand édifice abritant outre le vaisseau, neuf expositions dédiés aux 14 000 objets en bois, intacts, récupérés dans le navire et notamment ses voiles d'appoint, les seules récupérées de cette époque dans le monde. Le Vasa est actuellement l'une des attraction touristiques les plus courues de Suède, et sa visite est incontournable pour qui passe par Stockholm. Le Vasa à permis de progresser à pas de géants pour la connaissance des techniques de l'époque, et nombre de reconstructions s'appuient très largement sur son étude.