Type emblématique de la monère des âges anciens du bassin méditerranéen ( du XIVe siècle, Xe siècle avant nôtre ère ), L'Argo de la légende de Jason et de la Toison d'Or, navire et parcours mythique reconstitués à la fin des années 80 par une équipe Gréco-Turque.
Les premières galères à un niveau de rames ( monères - monorèmes pour les Romains ), les plus anciennes, étaient globalement des barques non pontées mais disposant d'un petit gaillard d'avant et d'arrière, éventuellement une faible cale. Elle était construite "à coque première", une technique plus élaborée que celle des navires premiers navires égyptiens et apparue aux alentours du XIIIe siècle avant notre ère. Elle consistait à placer sur une structure de base avec quille et couples, un bordé fait de plaques de bois ( les vaigres ), assemblé et maintenu en place par des mortaises enfoncées dans des encoches verticales et solidarisées par des tenons enfoncés au maillet. Pour imperméabiliser le tout, on faisait appel au calfatage, consistant à appliquer sur la coque de la toile de lin fin, enduite de poix chauffée, puis de bitume. Plus tard, vers le Xe siècle av. J.C., on utilisera de petites plaques de cuivre pour achever cette imperméabilisation, notamment du fait de la décomposition relativement rapide du bitume dans l'eau de mer.
L'Argo de la légende était probablement, d'après les descriptions qu'en donne Ovide, une monère de 18 rameurs : 9 rameurs par bordée, avec un homme de barre, et un "officier". Les rameurs participaient à toutes les manoeuvres du bord, dont le brassage de la voile. Les avirons reposaient sur des tolets (anneaux de bois fixés dans les flancs du pavois). Il semble aussi que ce navire possédait un petit éperon, plus une particularité traditionnelle qu'une arme de guerre. Les rostres employés dans un rôle offensif n'ont pris corps qu'avec des navires plus massifs, Dières, Trières et Pentecontores. L'Argo reconstitué est un exemple de ce que pouvait être un "navire de guerre", avec ici une longueur de 15 mètres, une largeur de 3,20 ce qui lui donnait un rapport de 1/5, et en faisait un navire relativement large et polyvalent, à mi-chemin entre un cargo et une véritable unité militaire. Les monères qui en sont dérivées, le Cisocontore, n'avait guère que deux rameurs de plus par bord (20 en tout), la Tricontère 30. ces derniers étaient nettement plus longs et avaient un rapport de 1/6, plus favorable à la vitesse. Ces dernières sont apparues vraisemblablement au cours du XIIIe siècle avant notre ère.