Jangada (4-5000 av.jc.)


Jangada
La Jangada est sans doute le plus vieux type de navire connu, et sans aucun doute le premier navire composite (fait de plusieurs pièces) à l'origine d'une lignée qui continue de nos jours et représente des centaines de milliers de types d'embarcations depuis lors. La pirogue, faite d'une seule pièce creusée, n'a laissé aucune descendance si ce n'est les pirogues à balancier, mais qui déjà se classent parmi les composites. Pirogue et radeaux sont en effet les premiers types de navires en bois, en coccurence avec les paniers tressés qu'étaient les navires en jonc.

Le radeau, fait de la simple découverte de la flottabilité du bois brut, est la conséquence logique de l'assemblage de plusieurs branches, rondins, traités ou non. On lui ajouta très vite un accessoire indispensable, la gaffe, puis lorsque les fonds étaient trop hauts, l'aviron. Les techniques de construction du radeau étaient à certains égards moins pointues et moins contraignantes que celles d'une pirogue. De plus, sa stabilité était bien meilleure. Par contre sa vitesse était inférieure à celle de la pirogue et il était bien plus difficile à manipuler ou manoeuvrer, sa grande surface étant source d'inertie. Néammoins, les radeaux se sont rapidement étendus sur toutes les surfaces liquides continentales, lacs, étangs, rivières et fleuves, car la structure un peu lâche et basse sur l'eau de ce type d'embarcation le rendait en principe impropre à affronter la mer. Des évolutions ont amené à son perfectionnement avec la jangada moderne, qui elle était en mesure de devenir un navire de pêche côtière.

C'est au brésil, sur la côte nord restée longtemps isolée, que l'ont voit ces radeaux de balsa aux formes caractéristiques, tant la construction et l'équipement n'ont sans doute guère varié depuis son invention, vers 2500-3000 ans av.jc. ou plus. Les vestiges d'un tel navire sont rares voires introuvables du fait de la putrescibilité du balsa, servant à confectionner le radeau lui-même, du climat, de la nature des sols (pas de sols acides, pauvres en bactéries comme en scandinavie)... La jangada est composée d'un plancher fait de troncs de balsa de taille réduite (les jangadas de pêche ne dépassent pas six mètres), d'une dérive escamotable passant à travers un des troncs, d'un gouvernail léger associé à un banc, et un mât unique avec voile au tiers, fruit d'une évolution emprique. La première voile devait être probablement carrée.

Les radeaux de balsa n'étaient propres à la côte est, on les trouvaient aussi sur la façade pacifique de l'amérique du sud, Thör Eyerdahl tentant de démontrer avec son Kon Tiki, une sorte de jangada de grande taille, que ces navires pouvaient voyager au long cours. Il est certain que le balsa avait de avantages par rapport aux ajoncs tressés, mais c'était un matériau poreux qui s'imbibait à la suite d'une longue exposition à l'eau de mer, ce qui arriva au Kon Tiki et faillit coûter cher à son équipage. les jangadas sont donc plutôt des embarcations côtières faites pour des campagnes de pêche d'une dizaine d'heure au plus, le bois séchant ensuite au soleil. Les radeaux sont nés sur les fleuves de continents et ont étés adoptés par les Chinois (à l'origine des jonques), les Egyptiens (radeaux nilotiques, à l'origine des gayassas), et devait également probablement être utilisé comme bac de passage et embarcation dans tout le nord de l'europe.