Dunkerque L'incroyable retraite Le naufrage du Bourrasque. Comme la plus extraordinaire des tragédies, l'aventure des forces françaises et du corps expéditionnaire Anglais prennent fin devant la manoeuvre incroyable de la wehrmacht, qui entre la poussée au nord et la manoeuvre par surprise depuis les ardennes, prend au piège près d'un million d'hommes: Le 20 mai, les panzers de Heinz Guderian atteignent Abbeville, et referment la nasse... Les forces alliées se replient, bombardées par la Luftwaffe sur des routes encore encombrées de civils, vers le seul grand port du nord de la France, en face de la grande-Bretagne: Dunkerque. Appelée Dunkirk par les Britanniques et que l'on peut traduire comme "l'église dans les dunes" en Flamand, ce port était déjà célèbre en 1914-1918, par ses épreuves et sa position stratégique en mer du nord. Au milieu de cette retraite terrible, un répit inespéré arrive de la part du Führer lui-même, par l'intermédiaire du général en chef Von Runstedt... Ce dernier est soucieux, voir effrayé de la fantastique course à la mer de Guderian, plus préoccupé par la prise de Paris et lui donne l'ordre de stopper. Ce répit permet aux troupes Allemandes de se reposer en attendant l'arrivée du carburant, et aux alliés de dresser un véritable corridor d'évacuation entre Lille et Dunkerque, toujours sous la menace de la Luftwaffe: L'armée de l'air est pratiquement hors-jeu et la Royal Air Force à étée en grande partie sauvegardée de la tourmente, pour le bénéfice que l'on sait. Weygand est partisan d'une contre-attaque pour que ses forces descendent au sud et fassent leur jonction avec les divisions encore préservées, mais Lord Gort s'y oppose et reçoit rapidement l'assentiment du war cabinet. c'est le 26 mai que la décision tombe, et que l'on décide une évacuation à partir de Dunkerque. Mais cette ville s'apprête vers le 25 mai, au moment ou s'engage la "bataille de Dunkerque", à vivre le pire moment de son histoire. L'amirauté Britannique, sous la direction du vice-amiral Ramsay, et sous les instances pressantes de Lord Gort, met au point une opération de sauvetage et d'évacuation encore inédite dans l'histoire: Ce sera Dynamo. Il s'agit de sauver, à défaut du matériel, abandonné faute de temps et par priorité, les hommes, à commencer par les 300 000 du corps expéditionnaire Britannique, soldats de métiers, la fine fleur de l'armée et de l'empire. En sauvant les "Tommies", par tous les moyens, Ramsay et Churchill préparent l'Angleterre à repousser une future invasion. Une colonne de "Tommies" en train d'embarquer Mais très vite, l'opération prend une tournure dramatique: Malgré la proximité des côtes Britanniques, Douvres, le principal port Anglais, se trouve à 60 km, mais la "route Z" passe devant l'artillerie Allemande à hauteur de Calais. Les deux autres routes sont soit menacées par les mines, encore en cours de dégagement, soit par les S-Bootes qui opèrent depuis la Belgique, et bien sûr la Luftwaffe, fraîchement installée sur les aérodromes du nord-ouest de la France. Les Britanniques ont encore deux atouts: La Royal Navy pour effectuer l'évacuation et la Royal Air Force pour la protéger. Et il y a une autre difficulté: Le port de Dunkerque à une capacité limitée, et bientôt les bombardiers de la Luftwaffe y sèment la mort et la destruction: Le 28 mai, un premier raid massif de 400 appareils, complété par 180 Stuka transforme le port en brasier: Les immenses réservoirs de mazout sont en feu, et une "nuit" âcre enveloppe la ville durant plusieurs jours. Les jetées sont bondées, des cargos sont coulés dans la rade, seul reste libre le môle est, et le gros des troupes doit embarquer depuis les plages. Mais celles-ci ont une faible déclivité, et les navires de gros tonnage pressentis doivent se contenter d'attendre au large qu'une noria de petites embarcations fassent la navette. Bientôt les plages du Dunkerque, autrefois réputées, se constellent de colonnes d'hommes hagards avançant dans l'eau jusqu'au cou pour accéder aux navires, sous la mitraille des Stukas et le fracas des tirs des pièces d'artillerie ramenées autour du périmètre de la ville. La défense est assurée par l'arrière-garde, des Français. Ces derniers sont aussi évacués, mais sur les presque 500 000 hommes du début, moins de 123 000 auront cette chance. la flotte française n'y risquera pas tout comme la Royal Navy ses unités lourdes trop précieuses, mais des destroyers et dragueurs de mines. Malgré les efforts de la RAF, faut de DCA suffisante, la Luftwaffe à presque les mains libres et fait un carnage: 39 destroyers Britanniques sont dépêchés sur place, et le 27, le 29 mai et le 1er juin, date des grandes sorties de la Luftwaffe, une dizaine sont envoyés par le fond, et quatre pour les Français, qui perdent dès le 27 le Sirroco et le Jaguar. Les pertes sont encore plus lourdes pour les cargos et ferries, mais aussi pour les centaines d'unités légères dépêchées sur place, des yachts, des chalutiers, des bacs, des péniches, parfois de simples barques à rame... Mais l'opération Dynamo se prolonge sur 9 jours, prenant fin le 4 juin en pleine nuit, le temps de mener à terme l'évacuation des Britanniques, mais pas celle des Français, qui sont restés en majorité en arrière-garde pour défendre le périmètre de Dunkerque. L'immense majorité ( 35 000 ) se rendra le 4 juin après 11 heures, et l'arrivée des Allemands qui occupent la ville à la grenade, et sera faite prisonnière, envoyée en Allemagne dans les camps. Les français en garderont une certaine amertume, d'autant que peu de temps plus tard, ces mêmes troupes françaises se voyaient cantonnées sous bonne garde, et les navires Français capturés. Après l'armistice, ce sera l'opération "catapult", qui achêvera de tendre les rapports en français et Britanniques. Toutefois, pour les Anglais, qui réussirent leur pari, Dunkerque reste une bataille historique et une victoire, quoique que Churchill en dise à ce moment ( "les guerres ne se gagnent pas avec des évacuations" ). Ce sera aussi un mot d'ordre pour tous les soldats britanniques engagés ( "remember Dunkirk" ) en particulier je jour J en juin 1944. Bien que menée avec une improvisation totale et beaucoup de flegme, cette évacuation signait la fin de la résistance militaire des démocraties en Europe continentale, et annonçait de lourds nuages pour l'avenir... |
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