La bataille de l'Atlantique ( sept. 1939-mai 1945 )

Passerelle d'un escorteur de convoi en Atlantique ( photo wikipedia LDD. ).

La fameuse "bataille de l'Atlantique" n'en est pas une au sens classique mais bien entendu un théâtre d'opération maritime vital corespondant au ravitaillement de la métropole Britannique par ses précieux convois venant d'amérique ( Nord, Sud, Canada, et routes vers l'Afrique ). En fait une immense zone où ont patrouillé inlassablement pendant toute la durée de la guerre, des milliers d'escorteurs du côté des alliés, et un millier de submersibles du côté Allemand. C'est la réédition, et ce dès l'ouverture de la guerre en septembre 1939, de la guerre submersible à outrance déjà entreprise par Von Tirpitz et approuvée par Guillaume II. Toutefois, il convient d'étudier les différentes stratégies mises en oeuvre par l'axe et les alliés durant la seconde guerre mondiale, les enjeux, les moyens, les chiffres, avant d'entrevoir un bilan général:

I-Un précédent: La guerre sous-marine Allemande en 1914-18:

Lors de la grande guerre, les Allemands avaient à la fois de nombreux submersibles de qualité, issus du concept Français ( Gustave Laubeuf, voir NAVIS1GM ) de torpilleur submersible à double coque, et une puissante flotte de surface, riche en bâtiments récents et de qualité, et pouvant prétendre battre en brêche la supériorité écrasante de la Royal Navy depuis un siècle. Le U1 fut opérationnel dès 1906, et environ 400 submersibles suivront, qui infligeront des pertes effroyables aux alliés, aussi bien en tonnage militaire que civil. Un tel traumatisme les fit purement et simplement interdire à jamais aux Allemands dans une clause du traité de Versailles. Cette guerre submersible n'était qu'un moyen de renouveler le concept de "guerre de corsaire" pratiqué depuis l'antiquité avec des moyens modernes bien adaptés. La Hochseeflotte ayant les moyens de s'opposer à la Royal Navy, mais non de la vaincre, fit que la Grande-Bretagne put tenter d'infliger un blocus à l'Allemagne, sans que celle-ci ( qui cherchait tout comme l'Angleterre la bataille décisive tout en évitant de risquer le gros de ses forces ) ne puisse trouver de réponse qu'en 1916 au Jutland, un "match nul" qui conduisit finalement cette formidable flotte presque intacte à une humiliant sabordage à Scapa Flow suite à la capitulation.

Le U-16 ( photo Wikipedia LDD )

Mais dès 1914, il était question d'engager les U-Bootes dans une traque au commerce Britannique, vital avec ses colonies. Les Alliés étant alors dépourvus de réponse aux submersibles ( l'adversaire le plus à craindre depuis 1905 était en effet le torpilleur ), ils ne commencèrent qu'à partir de 1916 à expérimenter des moyens spécifiques, avec la réactivation du système des convois, pratiqué de longue date: Il s'agissait de regrouper les navires marchands et de les faire escorter, d'abord par des destroyers, pas vraiment adaptés et manquant à la flotte de ligne, puis par des avisos et frégates d'abord simplement armées de canons, puis en 1917, d'hydrophones et de grenades ASM, tandis que le camouflage et les leurres en tout genres constituaient une parade visuelle courante. On testa par exemple les Q-Ships, "bateaux-pièges", loups camouflés en moutons ( cargos équipés de pièces d'artillerie cachées sous des masques de tôle rabattables ), des escorteurs imitant la forme "trois îles" des cargos, des escorteurs construits dans des chantiers civils et dérivés de chalutiers ou de baleiniers... Quand au camouflage, encore expérimental ( jusqu'en 1916 on utilisait exclusivement une livrée quasi uniforme de gris de différents tons, et la livrée "civile" classique, héritée de la marine à voile était composée d'une coque noire et de superstructures blanches et chamois. ), il fut commandés à des artistes contemporains, ce qui explique le côté à la fois cubiste et flamboyant de ces expérimentations, ce que les Britanniques vont nommer le "Razzle Dazzle". Ce dernier n'avait qu'un but: Multiplier les effets d'ombres et de lumières, destructurer es volumes, travestir la silhouette et la rendre inintelligible à son observateur qui ne pouvait se faire une idée claire du type de bâtiment auquel il avait affaire, de sa vitesse et de sa direction.

Si dans un premier temps le nombre de U-Bootes engagé était relativement faible, les succés qu'ils engrangèrent jusqu'en 1916 étaient proprement stupéfiants. La meilleure illustration reste le tableau de chasse du commandant Lothar Von Arnault de la Périère, d'origine Française Huguenote, qui durant sa carrière d'active coula à lui seul 231 bâtiments - civils et militaires confondus -, et reste le seul véritable "as" de la catégorie. Les Français comme les Anglais, dont les vieux croiseurs étaient mal protégés sous la ligne de flottaison, enregistrèrent en un temps record un nombre de pertes considérables. Celle par exemple du Hogue, du Cressy et de l'Aboukir en quelques heures par le même submersible reste en soit une formidable démonstration, inégalée. L'Atlantique tout comme la méditerranée devinrent des "plaines à gibier" pour des U-Bootes alors sans crainte. Un seul d'entre eux pouvait en effet couler une trentaine de navires durant sa carrière d'active, à la torpille mais aussi au canon, ( et parfois à l'aide de charges d'explosif apportée par l'équipage de prise! ).

A partir de 1916, de la bataille de Jutland restée indécise, et de la destrution des derniers navires Allemands opérant hors de la Baltique à travers le monde, Tirpitz conseille à Guillaume II, au vu des succés des U-Bootes, et des parades trouvées par les alliés, notamment les accords commerciaux et les artifices permettant de transporter des cargaisons Britanniques dans des navires neutres, de déclarer la "guerre submersibles à outrance", à savoir sans restrictions. A partir de ce moment, les navires neutres eux-mêmes pouvaient êtres suceptible d'êtres coulés si ils étaient suspectés de transporter une charge destinée aux alliés. C'est précisément ce qui provoqua le torpillage du Lusitania, dont la propagande Allemande s'empara tout comme la propagande Britannique et provoqua un scandale aux USA, le paquebot transportant - outre des munitions Britanniques à destination du front de la Somme - un grand nombre de passagers Américains. Malgré les excuses officielles du Kaiser, rien n'y fit, et Washington déclara la guerre à Berlin.

Ceci eut sur le plan naval deux conséquences d'importance: La fin du maigre commerce avec l'Allemagne, menée avec des "forceurs de blocus", des cargos neutres camouflés, et un unique "cargo sous-marin", le Deutschland, mais aussi et surtout de lancer l'énorme capacité industrielle des USA, avec comme première décision la construction de plus de 400 destroyers et de près de 800 chasseurs de sumersibles. Ce poids décisif fut jeté dans la balance assez tardivement, fin 1917 et courant 1918, au moment même ou toute la capacité industrielle du Reich était mobilisée pour la production de nouveaux types de submersibles, allant des minuscules UC côtiers poseurs de mines aux énormes submersibles à grand rayon d'action armés de canons de croiseurs. Une ou deux années de guerre supplémentaire aurait certainement fait définitivement pencher la balance du côté allié, mais l'armistice arriva assez tôt suite aux évênements politiques de Berlin et à l'abdication de l'empereur, laissant aux Allemands le souvenir d'une arme d'une exceptionelle efficacité et aux alliés un goût particulièrement amer.

II-La première phase de la bataille de l'atlantique ( 1939-42 ):

En 1939, l'équilibre des forces avait bien changé: La Kriegsmarine autorisée par la bienveillance Britannique suite au traité de Londres n'avait pas le poids, et de loin, de la Hochseeflotte en 1914. Face à une confrontation classique avec la Royal Navy, elle aurait étée balayée. Le choix de Raeder et de Hitler fut donc de faire de cette maigre flotte une escadre de corsaires, individuellement supérieurs à leurs antagonistes, tout en développant, sous l'actif lobbying de Dönitz, l'arme sous-marine dans une optique directement calquée sur celle de 1917. Bien que le traité de Versailles avait interdit ce type de navires à l'Allemagne, cette dernière avait continué à vendre le brevet de ces équipements et notamment ses batteries et ses fameux diesels MAN, exportés dans le monde entier. Elle conçut également ses nouveaux U-Bootes en usant du double paravent d'un bureau d'étude et de construction basé à la Hague en Hollande, et des exportations à l'étranger. Le traité de Londres leva implicitement cette permission et à partir de 1936 les alliés n'étaient plus en mesure de contrarier Hitler: Les premiers U-Bootes officiels de la Kriegsmarine furent donc acceptés en service en 1936. Environ 150 étaient en service au début des hostlités, pour la plupart de défense côtière, et quelques océaniques que l'on comptait utiliser comme en 1916, par croisières isolées et encore sans coordination.

Cependant les alliés étaient à ce moment plus ou moins préparés à une guerre sous-marine avec l'Allemagne et dès la déclaration de la guerre, le système des convois fut réactivé et un bureau d'opération et de coordination des moyens d'escorte créé à l'amirauté de Londres. Tout comme au début de la grande guerre, des capitaines risquaient leurs submersibles dans des exploits individuels, comme le fameux Gunther Prien, qui en envoyant par le fond le cuirassé Royal Oak, au coeur même du sanctuaire de la Royal Navy - Scapa Flow - infligeait une sérieuse défaite psychologique aux Britanniques parfaitement dans l'optique d'un Hitler qui redoutait le "vieux Lion" et à la veille de la bataille d'Angleterre cherchait encore à négocier tout en ayant l'idée de pousser le peuple Britannique à la paix par la démoralisation. Contre les U-Bootes, mais pas seulement ( les mines magnétiques posées par la Luftwaffe et qui enregistrèrent très vite de spectaculaires succés, les "chasse à courre" pratiquées par les Corsaires individuellement, comme le Graf Spee et ses deux Jumeaux ), l'Angleterre semblait encore un moment désarmée. Mais rapidement, des parades furent trouvées. Le Graf Spee fut retrouvé, traqué, et finalement se saborda, les autres corsaires de la même classe furent plus prudents. Les mines magnétiques furent sans effets à partir de la généralisation du dégaussage des navires. Toutefois, en juin 1940, 585 000 tonnes avaient étés envoyés par le fond.

En 1940, la Royal Navy ( commandemant atlantique: Rodger Winn et Kenneth Knowles ) dispersait ses efforts et notamment ses destroyers, qui disparaissaient assez rapidement, plus souvent victimes de la Luftwaffe ( qui provoqua en fin de compte presque plus de pertes de navires militaires que les Submersibles ). A mesure que le plan de construction de submersible arrivait à maturité et que le nombre d'unités devenait suffisant, Dönitz allait développer à côté de la vieille tactique des "corsaires" individuels, une tactique plus adaptée à la destruction des convois, encore peu défendus faute d'escorteurs ( il y en avait en fait assez peu en service en 1939 au sein de la RN, mais beaucoup de destroyers ), et plus tard, en octobre 1940, la "Rüdeltaktik" ou tactique de la meute. Le principe était de coordonner une nombre suffisamment important de U-Bootes vers une cible unique ( le convoi ) pour surpasser le nombre d'escorteurs: Quelques U-Bootes attiraient les escorteurs sur eux, laissant le champ libre aux autres pour torpiller à loisir les lents cargos alliés, avec une attaque de nuit en surface et une éventuelle diversion. Cette tactique sous-entendait trois choses: Un centre d'opération ( basé à Lorient pour la zone de l'Atlantique central, le plus important à partir de 1940 ), des avions à long rayon d'action pour repérer et signaler les convois, et des U-Bootes équipés de systèmes de transmission TSF codés ( Enigma ) pour recevoir instructions et coordonnées pendant leur croisière de surface.

Du côté allié, on n'allait pas assister impuissant à la destruction des convois, nommés rapidement PQ ( suivi d'un chiffre ) ou QP suivant leur provenance et leur destination. Les USA n'étaient pas en guerre officiellement mais comptaient bien protéger le trafic marchand dans leur secteur de l'Atlantique et mirent sur pied dès février 1941 une flotte de l'Atlantique ( commandée par l'amiral King ), également dans l'intêrét de l'économie nationale: En mars, les accords prêt-bail étaient signés. On mobilisa d'abord pour l'escorte toute sorte de bâtiments de guerre: Des avisos ( "sloops" ) mais aussi des destroyers, rapides, des croiseurs et même des cuirassés: En effet Raeder considérait avant tout la flotte de surface comme le premier instrument de destruction des convois, et alignait pour ce faire au début de la guerre 6 bâtiments blindés ( les trois Graf Spee et les deux Scharnhorst ), attendant de recevoir le premier de ses deux énormes cuirassés de la classe Bismarck, ainsi que 3 croiseurs lourds et 6 légers. Avec la défaite de la France, les bases navales de l'Atlntique tombaient aux mains des Allemands et avec elles un formidable débouché sur l'Atlantique. Même après la perte du Graf Spee, Hitler ne remit pas en cause les concepts tactiques de Raeder, foncièrement optimiste: La flotte Allemande, grâce à ses conquêtes territoriales, n'étaient plus cantonnées à la Baltique et menacer la Royal Navy sur de nombreuses zones, l'obligeant à disperser ses forces - et affaiblir la défense de ses convois.

L'U-995, de 1944, conservé à Laboe en Allemagne. ( image Wikipedia LDD ).

Remis dans le contexte des nombreuses pertes enregistrées au début de la guerre, la décision abrupte de neutraliser - y compris par la force - la flotte Française, de loin supérieure à la Kriegsmarine en 1940 - se comprend mieux. Quand aux succés des navires de surface de Raeder, ils commençèrent à diminuer en proportions des pertes enregsitrées par les U-Bootes. L'un des facteurs qui contribua grandement Hitler à changer d'avis et à se rallier aux vues de son futur dauphin, Dönitz, fut la sortie finalement sans résultat tangible du Bismarck, alors le fleuron de la flotte. Ce dernier avait été conçu dans le but très simple de s'en prendre aux cuirassés d'un convoi qu'il réduirait ensuite à néant, une fois l'escorte détruite. Surclassant n'importe quel navire de guerre dans le monde alors, il était en effet une sérieuse menace, jugée prioritaire lors de sa sortie en mai 1941. Cette action s'inscrivait dans le mouvement continu destiné à faire plier l'Angleterre après l'échec de la bataille du même nom. Emporté par ses succés sans précédents en Europe occidentale, on escomptait faire traverser le mince ruban de mer qu'était la manche aux panzerdivizionen. Ces dernières, une fois sur le sol Anglais n'aurait trouvé qu'une poignée de soldats résolus mais désarmés après le gâchis de Dunkerque. Avant toute chose, les moyens de débarquement Allemands étaient sous la menace de la Royal Navy, et cette dernière protégée par la RAF, il s'agissait de mettre celle-ci hors de combat en un mois au plus. On sait ce qu'il advint.

Devant l'échec de faire plier l'aviation Anglaise, Hitler entama une nouvelle phase d'action, confiant tous ses espoirs dans la Kriegsmarine, pour comme en 1914, asphyxier la Grande-Bretagne en la coupant de son empire. L'alliance à l'Est avec l'URSS et la neutralité des USA à l'ouest rendait cette tâche en effet possible. Comme on le sait, cette vaste entreprise ne fut pas seulement cantonnée à l'Atlantique, mais se mua en offensive terrestre contre l'Egypte, Suez étant une artère vitale, autre point de passage, et la méditerranée verrouillée par Malte en son centre et Gibraltar à l'ouest. La Luftwaffe joua donc un rôle également crucial dans ces opérations. Les "Stukas" furent - au titre des pertes de la RN - les plus redoutables bombardiers en piqué de la guerre, alors qu'au-dessus des terres ils étaient trop vulnérables au chasseurs modernes. Mais leur utilisation était limitée par leur ciurt rayon d'action. Un autre bombardier en piqué, bien plus prolifique enregistra un nombre de pertes encore supérieur: Le junkers 88 bimoteur. Très rapide, et doté d'un bon rayon d'action, capable d'emporter des torpilles et des roquettes, il constitua l'un des plus redoutables moyens de la Luftwaffe en zone côtière. Par contre la Luftwaffe manquait d'avions d'attaque pour l'Atlantique. Il fallait pour cela un appareil à très long rayon d'action, un quadrimoteur, et tous les projets en ce sens s'étaient révélés des insuccés. Sauf un unique appareil, développé dès 1936 pour assuer un service quotidien au-dessus de l'Atlantique: Le Focke-Wulf 200 "Condor". Ce dernier fut naturellement reconverti en livrée militaire, armé et devint un appareil tout à la fois destiné à la lutte antinavire et la reconnaissance ( il pouvait en effet patrouiller jusqu'au milieu de l'Atlantique ) sous le nom de "Kurier".

Dans la zone côtière enfin, la Kriegsmarine pouvait compter sur une flotte assez importante de S-Bootes, des vedettes lance-torpilles long rayon d'action, sans doute les meilleures de la guerre bien que peu versatiles, et les R-Bootes, tout à la fois mouilleurs et dagueurs de mines rapides. Au début de l'été 1941, le nombre de U-Bootes en service avait doublé et la tactique des meutes commençait à porter ses fruits. Les Italiens envoyèrent leurs propres submersibles renforcer ces effectifs, sans succés. Les saignées opérées dans les escadres de destroyers avaient étées telles que l'acquisition de 50 "four-pipers" Américain au titre du plan "Lend-lease" fut considéré comme une véritable bouffée d'oxygène au moins provisoirement. L'Angleterre faisait en effet travailler à plein ses chantiers pour remplacer les pertes, y compris ceux du Commonwealth. Mais à ce moment, Hitler avait pris la décision d'envahir l'URSS. La principale de ces raisons était d'éliminer un adversaire potentiel à l'est, d'isoler encore plus la Grande-bretagne ( la prise de l'URSS aurait donné aux forces Allemandes la possibilité de mettre la main sur le moyen-Orient et d'en finir avec l'Egypte et Suez ), mais aussi de donner un "territoire vital" au peuple Allemand, ainsi et surtout de mettre la main sur de considérables ressources; humaines (: main d'oeuvre corvéable de qualité en quantité - le Russe était considéré comme fruste mais dur à la tâche dans l'idéologie Nazie ), mais aussi naturelles ( métaux, blé, et surtout pétrole ), et ainsi de gagner la guerre industrielle lancée contre l'Angleterre. En avril 1941, 688 000 tonnes de navires marchands avaient étés coulés, mais les alliés réussissaient en août à décrypter le code Enigma.

La conséquence de cette décision, suite à l'arrêt brusque de l'offensive de l'opération "barberousse" devant Leningrad, Moscou et Stalingrad, et le "Général Hiver", déja vainqueur par le passé de Napoléon et de sa grande armée, fut d'engloutir d'avantage de ressources et d'hommes que toutes les offensives passées. La Blitzkrieg avait échoué face aux rudes immensité de la Russie, et le peuple Russe, sous-estimé. Passant d'un camp à l'autre, le vieil ennemi de 1919, "l'homme au couteau" devenait pour la plus capitaliste et impérialiste des démocraties d'europe l'allié de circonstance. Un allié que l'on allait aider par l'ouverture d'un second front et par le ravitaillement de ses forces par une nouvelle route, celle de l'Arctique. De 1942 à 1944, la "bataille des convois de l'Arctique", considéré parfois comme un sous-théâtre d'opération de l'Atlantique, à mobilisé les moyens de la Royal Navy, et les Allemands y ont opposé, grâce à la facade Norvégienne, la menace de la luftwaffe ( dont des hydravions-torpilleurs Heinkel 115 ), le gros des forces de surface de raeder repliées dans les fjords, menacant également l'Atlantique Nord, et les U-Bootes, peu à l'aise dans les mers démontées du cercle polaire. Malgrés des succés défensifs ( destruction du Scharnhosrt et du Gneisenau ) et des déconvenues ( mises en pièces du convoi PQ17 ), l'aide matérielle à la Russie arriva à bon port et participa à la résistance puis à la contre-offensive sur tout le front de l'est.

III-Le grand tournant de 1942:

Cette année clé de la seconde guerre mondiale l'a été aussi dans le cadre de la bataille de l'Atlantique. Après l'invasion de l'URSS, l'autre évênement de la fin 1941 fut l'attaque Japonaise de Pearl Harbour et de la flotte Américaine du pacifique, l'ouverture d'un second front dans le pacifique. La conséquence première de l'intervention des USA dans la guerre, contre l'Allemagne et l'Italie à la suite du Japon, fut de mobiliser sa capacité industrielle très supérieure à celle de la Grande-bretagne et du Commonwealth, arrivée à leur summum de productivité. Le général Tojo poursuivait dans le pacifique le même but qu'Hitler en URSS: Celui de s'assurer un vaste panel de ressources naturelles qui lui manquait, puis le protéger par un glacis défensif, entamer une guerre d'usure qui pensait-t'on, userait la patience des Américains. Comme en 1917, les Américains jetèrent leurs forces dans la bataille de l'Atlantique.

Cette flotte de l'ouest avait étée cependant amputée largement par les transferts de navires vers le pacifique, priorité première de la politique navale Américaine. Puis un plan d'urgence fut monté et trois types de bâtiments spécifiquement destinés au front de l'ouest créés: De nouveaux destroyers, de très nombreux destroyers d'escorte et des chasseurs de submersibles. Malgré tout, il y eut début 1942 une période de flottement: Les ports étaient éclairés généreusement comme en temps de paix et les navires civils naviguaient tous feux allumés, le lobby du transport marchand et le haut commandement faisaient obstacle au système des convois. Durant les quelques mois de l'opération Paukenschlag, les U-Bootes s'en donnèrent à coeur joie. De plus, en février, la Kriegsmarine ajoutait un système de rotors à la machine de décryptage d'Enigma: Les alliés n'avaient pas la parade et furent privés quelques mois d'informations sur les mouvements et objectifs de la flotte Allemande. Mars fut un sombre record: 834 000 tonnes envoyés par le fond. Si les pertes Allemandes étaient également fortes, il y avait une centaine de U-bootes simultanément en service sur l'Atlantique, et bien d'autres en méditerranée, mer du nord, d'Irlande, océan Indien, côtes Africaines, et jusque dans le golfe du St Laurent et du Mexique, dans les Caraïbes.

En octobre, un autre évênement, très discret mais pourtant d'une importance capitale, bouleversa les moyens de lutte contre les U-Bootes par la Royal Navy: Les clés du fameux code de transmissions radio Enigma avaient étées cassées de nouveau, et jusqu'à la fin de la guerre, mathématiciens talentueux et ordinateurs primitifs avaient étés mis en oeuvre pour garder une longeur d'avance sur les encodages Allemands, lesquels ne se doutèrent jamais de la possession par les Anglais de ce code de la Kriegsmarine. Deux autres gadgets électroniques furent ajoutés au panel de moyens dont disposaient les escorteurs: Le radar à courte portée ( centimétrique ), plus fin dans sa détection ( capable de répertorier un petit canot de sauvetage et à fortiori une baignoire de submersible, voir un simple périscope à la fin de la guerre, arrivé en mars 1943 ), le détecteur de transmission courtes Metox, un sonar électronique, bien plus performant que les simples "pots de yahourt" hydrophoniques utilisés en 1916 à fond de cale, et enfin l'antenne huff-duff, capable d'un fin calcul trigonométrique pour détecter la position exacte d'un imprudent U-Boote qui utilise sa TSF pour prendre ses instructions du QG.

Une Corvette de la classe Flower, instrument de choix de la bataille de l'Atlantique ( image LDD ).

Autre atout dans la manche de l'amirauté Britannique, sa construction en masse d'escorteurs bon marché: Pour pallier à l'encombrement des chantiers militaires, on fit appel à des dizaines de chantiers civils pour produire en masse les corvettes du type "Flower" et dérivés, et ceci dans tout le Commonwealth, principalement au Canada. Outre les destroyers classiques, les chantiers délivrèrent de grands quantité de destroyers d'escorte du type Hunt et des frégates du type River. Ces navires disposaient d'un armement encore limité en 1940, canons à tir rapide et grenades ASM, mais deux autres moyens d'actions allaient bientôt êtres adoptés: Les roquettes ASM, du type "Hedgehog" Britanniques ou Mousetrap américaines, et les nouvelles grenades ASM réglables en profondeur et à plus grande puissance, couplées avec les paramètres de détection du Sonar.

Mais le plus grand adversaire des U-Bootes fut sans doute également le plus efficace de la guerre: L'avion. Ce dernière devait son efficience au pont faible des submersibles, inscrit dans l'ordre naturel des choses: Les plus grands prédateurs des poissons hors les mammifères marins sont les oiseaux, pour la raison essentielle que ce qui se trouve immergé ne se voit pas sur un plan de profil mais du ciel. Un submersible, pérsicope rentré, était invisibles aux premiers escorteurs de 1914 privés de moyens d'écoute, et le restait pour des bâtiments de 1942 privés de leur Sonar. Aussi aiguisés que soient les yeux des guetteurs sur leur hune de mât, ils ne valaient pas la vision de très haut des pilotes. Ces derniers pouvaient, particulièrement par temps calme, repérer la forme noire d'un U-Boote immergé à plus de dix mètres.

Aussi c'est tout naturellement que l'avion, efficace dans la reconnaissance et les missions d'attaque et d'appui, devint le plus redoutable des moyens anti-sous-marins. Il y avait les appareils basés au sol dérivés de bombardiers lourds et les hydravions multimoteurs du Coastal command, à long rayon d'action, qui pouvaient patrouiller juqu'au milieu de l'atlantique. Pour augmenter leur rayon d'action, on imagina des ravitailleurs dédiés, et même une base aéronavale flottante, ancêtre du concept de base mobile en béton développé actuellement. Le pore-avions de son côté était capable de mettre en ouvre à proximité du convoi une couverture aérienne intense. C'est ainsi que l'on créa, à côté de la catégorie traditionnelle du porte-avions d'escadre, rapide et destiné à assurer la couverture des flottes, le porte-avion d'escorte. La Royal navy en construisit environ une quarantaine et en reçut une quinizaine d'autres, les USA en mirent plus de 150 en service pour les deux océans. Très important également, on développa en juin 1942 un puissant projecteur pour les avions à long rayon d'action patrouillant à basse altitude de nuit. Couplé à un radar, il obligeait les U-Bootes à garder la tête sous l'eau de nuit alors que cette période était mise à profit pour recharger les batteries et renouveler l'air.

Enfin, de manière indirecte, la bataille de l'Atlantique fut gagnée en ne remplaçant pas uniquement les escorteurs, mais les cargos eux-mêmes. Dès 1941, l'amirauté Américaine et l'amirauté Britannique avaient dans leurs cartons des projets de cargos construits en masse. On effectua la synergie de ces projets et on aboutit de part et d'autres à deux types de cargos. Le P4, un grand cargo rapide, destiné à naviguer plus vite que les U-Bootes, ce qui réglait une partie du problème, et le fameux "Liberty-Ship", moins rapide, mais plus simple, à grande capacité, et à double coque et ballastages. Ce dernier connut une production unique dans l'histoire, de près de 3000 navires, avec des records absolus en matière de rapidité de construction, notamment aux chantiers Canadiens du richissime Henry J. Kaiser. De nombreux Liberty-Ships naviguent encore de nos jours sous pavillons souvent de compaisance, dans un état de délabrement facilement imaginable. Une longévité qui s'explique difficilement par la rapidité de construction. De nombreux Liberty Ships furent armés, parfois même lourdement. Le cap symbolique fut atteint en juillet 1943: Le tonnage construit était désormais largement supérieur à celui coulé par l'axe.

Au final, tous ces moyens mis en oeuvre, avec une supériorité numérique manifeste, fit pencher la balance définitivement du côté allié: Dès mars 1943, les pertes avaient dimiuées de moitié dans l'Atlantique. Malgré une production de U-Bootes ( auxquels la Kriesgsmarine allait consacrer tout son budget après la disgrâce de Raeder ) record ( plus de 1300 au total jusqu'à la capitulation ), les U-Bootes Allemands héritaient d'un concept qui pour la première fois montrait ses limites. Malgré des succés répétés parfois considérables ( des convois entiers dispersés et anéantis comme le PQ17 fin 1942 ), les U-Bootes avaient à présent besoin d'évoluer vers de nouveaux concepts, afin de pallier aux moyens modernes massivement mis en oeuvre par les alliés. En effet, limité à 14-15 noeuds en surface, vitesse deux fois inférieure à celle des destroyers, elle tombait à 4-8 noeuds en plongée, limitée par ailleurs à 250 mètres sous peine d'implosion. Le principal talon d'achille de ces submersibles étaient leur appareil propulseur mixte diesel-électrique. Une solution bâtarde et provisoire qui était devenue la norme par sa souplesse et sa longévité. En novembre 1944 le Schnorchel, qui pemettait de renouveler l'air en immersion réduite, fut généralié à tous les U-Bootes. Dès avril, l'effectif engagé en Atlantique avait atteint son summum, mais les pertes étaient déjà effroyables.

On chercha donc à développer le principe du moteur à combustion interne, ne dégageant pas de gaz. Diverses solutions chimiques furent essayées, des systèmes de compresseurs, et même, par quelques scientifiques hardis, le nucléaire, encore à cette époque limité à l'usage explosif. Fnalement la solution du pofesseur Walter restait la plus praticable bien que demandant un temps d'adaptation industrielle. La solution avait étée testée et existait de manière pratique depuis 1941. Divers submersibles expérientaux avaient vu le jour. Mais aucun ne donna satisfaction avant que l'in se décide à brusquer les choses en utilisant la solution de compromis que constituait le Type XXI. Ce dernier combinait toutes les améliorations - souvent révolutionnaires - prévues por le sous-marin Walter, mais pas son appareil moteur à combustion interne, encore trop compliqué à produire. On préféra opter pour de "super-batteries" couplées à un diesel doté d'un Snorchel qui donnait à ce nouveau type d'unité la capacité de rester en plongée bien plus longtemps, d'avoir une bien meilleure vitesse également en plongée, une moindre signature acoustique et un excellent profilage hydrodynamique. Mais le Type XXI, qui aurait sans nulle doute obligé les alliés à reprenser une nouvelle fois leur tactique de défense, arriva trop tard - malgré une producution massive à la chaîne - et les exemplaires produits et opérationnels n'eurent pas l'occasion de prouver leur efficience, mis en oeuvre par des équipages novices, encadrés par des officiers qui ignoraient tout d'eux et une amirauté dépassée par les nouvelles orientations tactiques qu'ils suscitaient, sans compter que début 1945, les Britanniques mouillèrent des champs de mines dans le détroit de Skargerrak, seul passage de la Baltique à l'Atlantique.

IV- Les chiffres de la bataille de l'Atlantique:

Au total, 23 000 000 de tonnes de navires marchands coulés, et 3500 navires Britanniques, 2000 alliés, 1000 neutres. 45 000 marins dont 30 248 Britanniques y perdirent la vie. Les Allemands engagèrent environ 1000 U-Bootes ( sur 1150 construits mis en service, et 1300 construits ou entamés environ ), et enregistrèrent 783 pertes, ce qui représentait les 2/3 des effectifs engagés, de même que presque toute la flotte de surface, avec 28 000 morts.

 
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