La Technique navale au XIXe
siècle
Vaste sujet, car le siècle
de la vapeur recèle également un grand nombre
de progrès dans le domaine de la construction navale,
et au pourtour des questions militaires.
Sidérurgie: La grande
révolution:
La
sidérurgie par exemple, embryonnaire, devient aboutie
au point de voir permis la fonte de plaques de métal
de grande dimensions, rendant possible des coques plus vastes,
mais aussi l'usinage de toutes les pièces spécifiques
liés au machinisme, que le bois ne pouvait satisfaire
du fait de ses limites propres d'endurance aux charges, à
la chaleur, à l'humidité... La sidérurgie
rendait aussi possible de concevoir des plaques composites
de différents métaux et alliages, à l'origine
des premières plaques de blindage abouties. Mais surtout,
les techniques de fontes plus modernes aportaient une nette
hausse de la qualité. Ainsi, il était fréquent
que les canons se fendent et explosent au XVIIIe siècle.
On estime même que selon la qualité de leur usinage
originel, il ne pouvaient tirer qu'un certain nombre de bordées
avant d'atteindre leurs limites de résistance et de
devenir dangereux pour leurs utilisateurs. Avec la science
de la sidérurgie moderne, on pouvait construire des
canons bien plus longs tout en étant bien plus fiables
et résistants, jouer sur l'assemblage des pièces
pour créer déjà un frein de recul intégré
à la structure même du canon, d'y adjoindre une
âme en alliage plus résistant à la chaleur,
et surtout de créér un mécanisme de chargement
par la culasse.
Le passage du chargement par
bouche en vigueur depuis l'origine du canon, à en effet
pris fin autour de 1850. A cette date, les premiers canons
se chageant par la culasse étaient encore sujet à
caution et baucoup de canonniers s'en méfiaient. Mais
le conservatisme à pris fin avec le perfectionnement
de ces derniers, qui de minoritaires et embarqués aux
côtés des canons se chargeant par la gueule,
sont devenus majoritaire, puis en 1865, exclusifs. L'usage
des canons rayés par contre était déjà
ancien et avait pour fonction de donner au projectile une
rotation très rapide qui engendrait une meilleure pénétration
dans l'air: Le résultat en était que le tir
d'une pièce de même longueur et même calibre
devenait supérieure tant au point de vue de la portée,
sensiblement augmentée, que de la précision,
bien meilleure que les canons à âme lisse.
Les canons classiques
Le canon classique en usage
depuis l'époque de la renaissance était construit
d'une pièce de fonderie brute en bronze ou en fer,
garnie de poignées latérales généralement
qui servaient en fait à sa manutention par poulies.
L'âme était parfois contituée d'un métal
différent, traité pour être plus réistant.
Le canon reposait sur un affût mobile ( en profondeur
) composé d'un socle de bois monté sur roues
sur lequel s'appuyaient deux supports encadrant le tube, reposant
sur des renflements cylindriques à la base du canon.
Le canon disposait de hausse primitif grâce à
l'insert d'un coin de bois à sa base ( la culasse ).
Le recul du canon était diminué grâce
à la combinaison de l'affût sur roues et de sa
solidarisation de la paroie de batterie par un système
de poulies ( brague à palans ) qui amortissait l'énergie
dégagée.
Le recul du canon était
calculé pour que l'équipe des canonniers puisse
les recharger par la gueule, opération qui nécéssitait
de mollir les palans pour le reculer encore au milieu du pont
de batterie, un nettoyage préalable grâce à
l'écouvillon, un "ramonage" du tube pour
en extaire la suie et les dépôts consécutifs
à la combustion, puis la pose de la bourre, poudre
enveloppée dans un sac en serge poussé à
fond de tube par le repoussoir, le chargement du boulet de
la même manière, la remise en position sur la
paroie, la volée du canon dépassant le sabord
en tirant sur les palans de bragues et enfin le rechargement
du chien ( les canons sont passés de la mêche
au chien avec pierre à fusil, système de percussion
issu des armes à fau légères ). Du fait
de la dangerosité de la percussion pour l'officier
de tir, ce dernier, après le réglage de la hausse,
en enfonçant le coin à la profondeur voulue
au maillet, reculait et tirait sur la corde qui libérait
le chien. On oubliait pas non plus lors d'un tir nourri de
jeter des seaux d'eau sur les fûts de canons, opération
qui étit dangereuse car ce dernier pouvait se fendre
sous le choc themique et exploser à la face de ses
servants au prochain tir. On avait aussi l'habitude de répandre
du sable sur le pont de façon à ce que les hommes
ne glissent pas sur le sang des victimes d'éclats de
bois...
L'opération totale
prenait une vingtaine de secondes en moyenne, mais bien des
officiers de batteries tentaient de ramener ce chiffre à
quinze ou même douze afin de répliquer plus rapidement
aux bordées adverses. On recourait aussi à des
procédés comme l'enlêvement des roues
arrières de l'affût pour augmenter encore la
hausse, particulièrement lorsqu'il s'agissait de tirer
pour démâter ( faire feu au-dessus de la batterie
sur la base des mâts ). On pouvait aussi remplacer en
ce sens les boulets par des pièces de fer spécifiques,
des grappins, ou de la mitraille contre les troupes de marines
ennemies. Pour chaque canon, de cinq à dix hommes étaient
nécéssaires, ce qui explique l'importance des
équipages qui s'entassaient sur les soixantes mètres
d'un vaisseau. Ce type de bordée par le travers était
limité, le pointage latéral des pièces
n'existant pas, on orientait le navire entier vers le but,
et l'on perdait l'usage de la batterie de l'autre bord. Ceci
explique la tactique de la "ligne" de bataille,
ligne de file de bâtiments qui combattaient à
faible distance ( moins de 500 mètres du fait de la
portée dérisoire des pièces ), et à
l'origine de l'expression "vaisseau de ligne", passé
ensuite pour les "navires de ligne" plus modernes,
façon dont on désignait les cuirassés
encore durant la seconde guerre mondiale. La tactique favorite
consistait à tenter de déborder l'arrière
ou l'avant de la file adverse pour passer de l'autre côté
et faire ainsi usage de son autre batterie intacte. Passer
sur l'arrière d'un navire était aussi une tactique
visant à détruire son gouvernail, le paralysant
par la même occasion. La tactique favorite de Nelson,
qui avait pourtant l'infériorité numérique,
était de créér une supériorité
numérique locale en envoyant ses vaisseaux en deux
lignes parallèles de chaque bord de la ligne adverse.
Les canons modernes: Des affuts
orientables aux tourelles et barbettes.
Avec les progrés de
l'ère industrielle, le canon va évoluer considérablement
avec au cours des années 1870, plusieurs révolutions
successives: D'abord, grâce à de nouveaux alliage,
dont l'acier, on pouvait usiner des canons équipés
d'une culasse ouvrante. Cette pièce mobile permettait
en effet ni plus ni moins que de charger des projectiles par
la culasse. L'opération de chargement était
ainsi sensiblement facilité et le recul de la pièce
n'avait plus besoin de consommer une place considérable
dans le pont de batterie. Mais il avait encore nombre de détracteurs
et ne s'imposa vraiment que vers 1890. Une autre innovation
consista à placer le canon sur un affût métallique
orientable latéralement. On posait en effet cet affût
sur des rails en demi-lune, qui permettaient de le faire rouler
en position à angle de 80 à 90° degrés,
à comparer avec l'angle nul des canons précédénts.
Les canons orientables permettaient ainsi au navire de conserver
sa route et de faire feu ou que soit le but à atteindre.
On s'orienta ainsi vers un nombre de canons plus faible, mais
orientables et de plus gros calibre, ce qui allait donner
les cuirassés à batterie centrale.
On doit au chantier Britannique
Elswick-Armstrong et à l'ingénieur Anglais Ericsson
l'invention d'un nouveau type de frein de recul mieux adapté,
consistant en des bandes de métal posées sur
les rails parrallèlement et en friction avec d'autres
bandes verticales constitutives de l'affût et un mécanisme
à chaînes permettait de remettre l'ensemble en
position, mais le tout fonctionnait encore à la force
des bras. Avec des canons dépassant les douze tonnes,
il convenait d'examiner une autre solution: On s'orienta alors
vers le frein hydraulique, et non plus mécanique, et
d'autre part, pour le pointage, à la solution de l'affût
mobile tournant, ancêtre de la tourelle. En 1861, aux
USA, les frères Stevens avaient imaginé une
batterie de haute mer dotée entièrement de canons
sur affûts orientables dans toutes les directions. Ce
brillant précurseur ne fut pas suivi. Par contre John
Ericcson proposa aux Américains une "tourelle"
avant-gardiste puisque canon, affût et blindage tournaient
ensemble. On aboutit à ce navire minimaliste qui devient
universellement célèbre: Le monitor. Ce système
était toutefois assez lourd, car la tourelle était
posé sur un axe et reposait sur le pont, il fallait
un puissant mécanisme hydraulique pour la lever et
la faire tourner à l'angle voulu. De son côté,
l'Anglais John Coles, commandant d'active conçut et
proposa un système de tourelle amélioré.
Le principe restait le même, mais la tourelle reposait
en permanence sur des roulements, ce qui simplifiait sa rotation.
Devant le scepticisme de l'amirauté Britannique ( de
courte durée ), Coles proposa son invention aux Danois
qui l'adoptèrent pour leur monitor Rolf Krake en 1864.
Les Français de leur côté, utilisaient
un système également tournant mais en barbette,
le blindage étant assez bas et les canonniers n'étant
pas protégés. Mais ce système conut longtemps
le succés grâce à sa simplicité
notamment pour assurer les manoeuvres de chargement.
Le chantier Armstrong-Elswick
allait ensuite permettre de simplifier et affiner encore les
manoeuvres de pointage, de chargement des canons, en inventant
tout un système entièrement basé sur
l'énergie hydraulique plutôt que sur la vapeur.
Vers 1890, ce système était devenu majoritaire,
et le rayonnement technique ( et commercial ) du chantier
allait lui donner une position largement majoritaire dans
la production de l'artillerie navale, puis de la construction
navale proprement dite. La qualité de la sidérurgie
Britannique allait aussi profier à la fonte de pièces
bien plus longues: Le "calibre" est la mesure de
longeur comparative entre la volée ( longueur du tube
du canon de la base de la culasse à la bouche ), et
son diamètre. Ainsi des canons de 1850 ayant de 6 à
8 calibres, on passa à 20 calibres aux alentours de
1875. Cela siginfiait aussi, grâce à l'introduction
des obus, une portée largement supérieure, passant
de moins de 1000 mètres à plus de 5 000. Avec
les canons lourds se chargeant par la bouche qui survivaient
encore, restait le problème du chargement, qui fut
résolu avec des solutions originales et variées:
On orientait par exemple l'affût en position transversale
fixe, et on faisait basculer la volée vers le bas de
façon à ce que la culasse se trouve en l'air
et la bouche dans le pont de batterie. on mit également
au point un système d'ascenceur, ou l'ensemble culasse-canon-tourelle
étaient descendus d'un niveau...
Vers 1895, on commença
à délaisser les barbettes, mal protégées
contre les tirs obliques pour des tourelles intégrales
et surtout on se concentra sur un système de chargement
permettant d'effectuer cette opération quelque soit
son angle de tir. La mahine à charger se situait derrière
l'affût, mais les obus étaient montés
de la soute à munition par un système d'escenceur
situé dans l'axe de la tourelle. L'obus et sa gargousse
( charge de poudre entourée de papier ) était
ensuite amené à poste par un chariot ou un tapis
renforcé. Ensuite, au début du siècle,
on innova encore en permettant ce hargement quelque soit l'angle
de hausse des pièces, en agrandissant vers le bas l'ensemble
affût-tourelle. Ce système est toujours celui
en usage sur les tourelles automatisées modernes. Une
autre innovation fondamentale, initiée dès 1860
concernait les munitions: On délaissa le boulet et
ses dérivés explosifs spéciaux comme
la grenade Paixhans.
Cette dernière, inventée
par l'ingénieur polytechnicien Henri-Joseph Paixhans
n'est ni plus ni moins que le précurseur de l'obus
moderne. Il fut défini dès 1819 et proposé
à une commission d'officiers et techniciens de l'armée.
( Voir "ingénieurs" ). Mais ce n'est qu'en
1854 que napoléon III, après la mort de l'intéressé,
décida de construire trois batteries cuirassées
illustrant ses théories, avec succés. Bien avant
Paixhans, Carron inventa la fameuse "carronade",
pièce de marine de tir oblique tirant des boulets explosifs.
Il nse sagissait ni plus ni moins que de la généralisation
des mortiers de marine en usage sur les galiotes depuis le
XVIIe siècle. Il n'empêche que Paixhans apporte
au pouvoir explosif des projectiles une forme étudiée
et la capacité de ces canons à tirer horizontalement.
Des "bombes" plus ou moins sphériques et
creuses, on en viendra aux obus de forme ballistique étudiée
vers 1870 seulement. Ce sont ces derniers, qui combinés
à un rayage de l'âme du canon et à la
longueur plus importante de la volée permettra de passer
progressivement de 20 000 mètres de portée à
40 000 de la première à la seconde guerre mondiale.
Les obus modernes des grosses pièces sont dotés
d'ailettes déployables et pourvus de charges additives
qui ont porté cette distance à plus de 100 km,
sans compter les projets de canons géants réccurents
depuis le début du siècle et même du XIXe
siècle ( le canon lançant la fusée de
"de la terre à la lune" de Jules vernes ).
Révolutions de la vapeur:
( A venir )
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