Pearl Harbor, 7 décembre 1941 : La guerre devient mondiale. (img archive US Navy)
Ici, vous trouverez toutes les batailles, et au sens large toutes les confrontations navales d'importance de la seconde guerre mondiale, ainsi que des articles sur des évènements s'étalant sur plusieurs années comme la bataille de l'Atlantique, la campagne du pacifique, ou l'escorte des convois de Mourmansk...
La bataille du détroit de Macassar (24 janvier 1942)
Bataille de la mer de Java (27 février 1942)
Bataille de la grande Syrte (22-23 mars 1942)
Le Raid de Doolittle (18 avril 1942)
Bataille de la mer de Corail (Sud des îles Salomon 7-8 mai 1942)
Bataille de Midway (4-7 juin 1942)
Bataille de Pantelleria (15 juin 1942)
Bataille du fond de ferraille (Guadalcanal, îles Salomon - 8 août 1942)
L'Opération "Pedestal", convois sur Malte (11-12 août 1942)
Première bataille de Guadalcanal (Salomons orientales, 24-25 août 1942)
La bataille des îles Santa Cruz (archipel Salomon, 26 octobre 1942)
Seconde bataille de Guadalcanal (îles Salomons12-13 novembre 1942)
Bataille de Tassafaronga (îles Salomons, 30 novembre 1942)
Les "maïales" en opérations, sur Gibraltar, Alexandrie... (1940-43)
Bataille de la mer de Bismarck (îles Salomon, 3-5 mars 1943)
Bataille des îles du commandeur (26 mars 1943)
Le "Tokyo night Express" (îles Salomon, bataille de Vella Lavella, 6-7 octobre 1943)
Les Opérations amphibies (Italie, Pacifique, France...)
Bataille de la baie de l'impératrice Augusta (îles Salomon, 2 novembre 1943)
Tarawa
Bataille de la mer des Philippines (20 juin 1944)
La grande bataille aéronavale de Leyte (24-25 octobre 1944)
Okinawa
Pologne 1939 : Le Schleswig-Holstein à Dantzig et l'opération Fall Weiss
Ci-contre : Le Schleswig-Holstein bombarde les installations de la Westerplatte.
1er septembre 1939: le Fall Weiss ("plan blanc") en préparation depuis des mois est lancé. Les arrières assurés par un pacte avec l'URSS de Staline, et mieux, un accord secret pour un dépeçage en commun de la pologne, et l'attentisme couard des démocraties de l'ouest en poche, Hitler lance ses forces contre un pays longtemps meurtri et au passé glorieux, dont la constitution politique ne date que de 1920.
Contre la marine Polonaise, forte de quelques destroyers seulement, et sous la domination totale de la luftwaffe, la Kriegsmarine à les coudées franches. Et c'est le vénérable Schelswig-Holstein que l'on envoie, un bâtiment-école, issu de la série de cuirassés pré-dreadnoughts de 1905, et épargné par les alliés du fait de son caractère peu inquiétant.
Dès la fin août 1939, le commandant du cuirassé savait quel était son objectif: Neutraliser l'arsenal de la Westerplatte, ou se trouvent concentrés les canons et munitions des bâtiments de la flotte Polonaise. Cette dernière n'est pas présente, et pour cause: Sous la menace de la Luftwaffe, on préfère sans tarder l'envoyer en Grande-Bretagne plutôt que de se voit tailler en pièces dans un combat inégal. C'est "l'opération pékin".
C'est donc sans opposition aucune que le vieux bâtiment navigue tranquillement pour venir se positionner dans les eaux Polonaises la nuit du 31 août au 1er septembre, ouvrant le feu dès les premières lueurs de l'aube sur les fortifications qui défendent l'arsenal. Celles-ci sont réduites à quelques pièces de 150 mm en casemate, que les 305 mm du cuirassé Allemand réduisent au silence l'une après l'autre en trois heures de temps.
Le cuirassé se rapproche ensuite et pilonne les installation et entrepôts jusqu'en début d'après-midi. Il appareille ensuite, les soutes vides, en direction de Kiel. La marine Polonaise est en fuite et n'a plus de base arrière. Etant hors-jeu le premier jour, la défense Polonaise repose exclusivement sur le courage de ses troupes. La marine se battra, toutefois, avec un courage exemplaire tout au long de la guerre. Elle reçut en renfort notamment deux destroyers Britanniques, rebaptisés et passés sous pavillon Polonais, dont les équipages furent formés de jeunes recrues, marins Polonais fuyant leur pays occupé.
Il est troublant de constater à quel point l'état-major considérait avec désinvolture la flotte Polonaise, pour lui envoyer un bâtiment qui aurait été réformé partout ailleurs, qui plus est avec un équipage en majorité d'élèves-mariniers et d'officiers faisant leurs classes. Sachant la menace polonaise insignifiante, on avait considéré la sortie du bâtiment comme un simple "exercice de tir"...
L'affaire du "Graf Spee" le Corsaire de l'Atlantique sud (1939)
19 Décembre 1939 : Epilogue de l'affaire du Graf Spee. Le croiseur Allemand se saborde dans la baie du Rio de la Plata. Son commandant, Hans Langsdorff, se suicide quelques heures plus tard. C'est la fin d'une infernale course-poursuite sur toutes les mers du globe. Cette affaire commence avec l'appareillage de Kiel du Graf Von Spee, troisième croiseur de la classe Deutschland, injustement qualifié de "cuirassé de poche" en Français, mais de "pocket battleships" (navires de ligne de poche) par les services de renseignements alliés.
En effet, la méprise venait du fait que ces bâtiments, conçus dans l'optique d'une guerre de corsaire étaient conçus comme des "navires de ligne"et même navires blindés ("panzerschiff") sur les registres de la flotte, capable d'affronter et de surclasser des croiseurs lourds tout en étant assez rapides pour échapper aux cuirassés classiques. Ils seront opérationnels au début des années trente et constituaient un tour de force technique car l'Allemagne était à cette époque condamnée à ne pouvoir mettre en service aucun bâtiment de plus de 10 000 tonnes en standard. Sur cette base, les ingénieurs greffèrent à une coque de croiseur six pièces de 280 mm, calibre à même de surclasser celui des croiseurs lourds de l'époque, mais ni en protection ni en puissance de feu ces navires ne pouvait rivaliser avec des cuirassés. Ils avait été conçus pour mener une guerre de corsaire au trafic allié, disposant de machines Diesel-électrique - une première pour des navires de ce tonnage, d'une salle dédiée au recueil des marins des navires coulés, de ravitailleurs propres - celui du Graf Spee était l'Altmark (voir plus loin) - et de matériel (tôles, chalumeaux et peintures) pour changer leur apparence ainsi que le feraient des cargos corsaires.
Le nom même de Graf Spee était celui du comte et amiral de la flotte du Pacifique qui mena avec ses navires une guerre impitoyable au trafic Britannique en 1914 depuis les côtes de la Chine jusque dans l'atlantique sud, héros de la première bataille des Falklands, ou il écrasa l'escadre de Sir Charles Cradock, il périt avec ses bâtiments lors de la seconde bataille des Falkands.
Le Graf Spee, ainsi que ses jumeaux, le Deutschland et le Scheer, avaient pris position dans des secteurs stratégiques avant le début ses hostilités. Le Graf Spee se trouvait avec le Deutshland et des U-Bootes bien placé pour menacer le trafic de l'Angleterre avec les Etats-unis, et il coulera, comme ses jumeaux un grand nombre de bâtiments civils Britanniques, avec parfois des cibles de choix comme paquebot Clement le 30 septembre, ce qui cause un grand émoi (de nombreux civils noyés) en Grande-bretagne et rappelle la vielle haine du "boche" de la grande guerre et l'affaire du Lusitania. Une semaine plus tard, tous les bâtiments disponibles, y compris des navires Français et néo-zélandais, traquent le Graf Spee de l'atlantique au pacifique en passant par l'océan indien. A défaut du prédateur, qui continue à faire des victimes, on cherche également son ravitalleur, lui aussi masqué par des immatriculations factices.
La Bataille du Rio de la Plata
Kriegsmarine:
Kms Graf Von Spee
Royal Navy
HMS Exeter
HMS Ajax
HMS Achilles
Au 31 octobre, ce sont pas moins de 4 cuirassés, 14 croiseurs et 5 porte-avions qui traquent le corsaire Allemand. Le 2 décembre, il coule le grand cargo Doric Star. Mais la piste se précise et au dernier SOS capté la nasse se referme. Henry Harwood pense que le corsaire se tient à présent dans le périmètre de la baie de la Plata, ou le trafic est dense venant de montevideo. Le 13 décembre, à l'aube (6h14), l'escadre du commodore Harwood repère le navire Allemand dans l'atlantique Sud, au large de l'estuaire du Rio de la Plata, à 150 milles de Montevideo en Uruguay. L'escadre de Harwood comprend alors trois croiseurs, l'Exeter, sur lequel Harwood porte sa marque, l'Ajax et l'Achille, ce dernier de la marine néo-Zélandaise. A trois contre un la partie ne sera pas aisée pour autant car les grosses pièces du Graf Spee ont une portée largement supérieure aux 150 mm des deux croiseurs légers Anglais. Seul l'Exeter et ses 203 mm semble de taille à affronter le Graf Spee, avec l'aide de ses matelots.
Le Graf Spee
C'est la "bataille du Rio de la Plata": D'un côté Harwood ne dispose pas d'une supériorité écrasante, car il manque un de ses bâtiments, le croiseur lourd Cumberland, en train de se ravitailler aux Flaklands si proches. De l'autre côté, Langsdorff qui repère simultanément les bâtiments britanniques pense que les deux croiseurs légers sont en fait des destroyers qui escortent l'exeter. En confiance, au lieu de prendre du champ et de pilonner les navires à distance, il se rapproche, ne comptant pas laisser de chance au croiseur Britannique, tout en utilisant ses pièces secondaires de 150 mm contre ce qu'il croit être des destroyers.
De son côté, Harwood a minutieusement mis au point sa tactique: Il compte disperser les tirs du navire Allemand en séparant ses matelots de son navire l'Exeter, chacun se plaçant d'un côté du Graf Spee. A 6h17, au moment même ou Langsdorff ouvre le feu à 17 000 mètres contre les croiseurs légers et se rend compte de son erreur, l'escadre de Harwood riposte vigoureusement et les tirs de l'Exeter l'encadrent et certains font mouche. Le Graf Spee essuie des impacts sans grande gravité mais inquiétants pour la suite. Comprenant le danger, Langsdorff change de cap et fait route à l'estuaire du Rio de la plata, tout en se protégeant par un lâcher de fumigènes. Harwood, loin de rompre le combat le suit à toute force de machines.
Le Croiseur lourd Exeter en décembre 1939
Langsdorff entame alors une manoeuvre de retournement, et se rapproche délibérément de l'Exeter, concentrant son tir sur lui et ripostant aux croiseurs llégers avec ses 150 mm. Très vite, l'Exeter est durement touché par des impacts de 280 mm, avec une tourelle hors service et son gouvernail détruit. Un autre impact laboure sa passerelle à ciel ouvert et y fait un carnage d'officiers. La barre ne répond que par le relai de matelots du nouveau poste de commandement improvisé à la salle des machines. La situation devient critique, alors que le Graf Spee se rapproche encore et ajuste plus mortellement encore ses tirs. Depuis les ponts de l'Ajax et de l'Achille, on assiste impuissant à l'agonie de l'Exeter. Les ripostes de l'Exeter deviennent très sporadiques et sont gênées par la fumée.
Plus grave encore les télémètres sont hors d'usage. Décidant de jouer son va-tout Harwood se rapproche délibérément pour un torpillage, sans effet, les projectiles manquant leur cible. Il fait alors volte face pour présenter son autre flanc et tenter un autre torpillage, sans plus de résultat. De son côté, le Gaf Spee accumule les coups au but et l'Exeter, criblé et presque aveugle, donne de la bande. Pour les autres commandants, le bâtiment est perdu.
A 7h40, Il s'éloigne vers le sud et perd contact, mais l'Ajax et l'Achille le suivent à distance. Langsdorff décide de poursuivre sa route vers Montevideo afin de faire réparer ses avaries rapidement. Mais sur place, il se voit opposer une obligation de quitter les lieux sous 72 heures, selon une loi en vigueur régissant les stationnements navires des bélligérants dans les ports neutres. Langsdorff confie ses blessés à un cargo Allemand qui se trouve dans le port et ses matelots entament des raparations de fortune, avec les faibles moyens du port. S'engage un bras de fer diplomatique pour décider de proroger (ou de mettre un terme immédiat) au stationnement du corsaire dans les eaux Uruguayennes. Le gouvernement Uruguayen ne plie pas, et Langsdorff se voit contraint à envisger une sortie de son navire dans l'Atantique sud, sortie qu'il redoute du fait que sa position étant connue, toutes les escadres alliés proches convergeront vers l'estuaire et ne lui laisseront aucune chance.
En effet, à la limite des eaux territoriales, se tiennent l'Ajax, l'Achille et le Cumberland, qui les à ralliés à toute force de machines. D'autres bâtiments sont attendus. Le théâtre d'opération (Actuellement, vu sur google earth) A terre, l'Ambassadeur reçoit de fausses dépêches annonçant l'arrivée imminente du Renown et du porte-avions Ark Royal. L'affaire prend un tournant médiatique innattendu, et un feuilleton commenté par toutes les agences de presse accourues pour suivre depuis le port, ou se sont massés des milliers de curieux, la suite des évênements.
Le Croiseur HMS Ajax vu du HMS Achilles en route pour la Plata, 1939
A 18h15, le 17 décembre, le délai est expiré, et Langsdorff fait appareiller son navire. Personne ne sait ce que son bâtiment va faire. On s'attend à une bataille navale sur l'horizon et beaucoup de gens commencent à s'installer sur la plage pour suivre le "spectacle" à la nuit tombée. Ce qu'on ne sait pas, c'est que Langsdorff n'a aucune illusion sur la suite des évènements. Son bâtiment n'a pas été remis en pleines conditions de combat, et il sait son infériorité totale. Il ne va donc pas à l'éxécution mais en secret, arrivé à un mille du port de Montevideo, fait transférer la plus grande partie de son équipage sur le cargo Allemand qui quitte également le port.
Il a demandé instamment à berlin l'autorisation de saborder son navire, mais on lui répond par la négative. Il préfère donc ne pas sacrifier ses hommes et met malgré tout son plan à éxécution, mobilisant une petite équipe pour se faire. Machines arrêtées, le navire de guerre a stoppé à 20h50 au milieu de la baie, et une petite vedette le quitte pour se mettre à couple du cargo Allemand, ancré non loin de là. Et soudain, une série d'explosions déchirent la moiteur tropicale du crépuscule. Les spectateurs, ravis, assistent au feu d'artifice des tonnes de munitions restantes dans les soutes du géant. Ravagé par la flammes, méconnaissable, le navire finit par s'enfoncer lentement. Le cargo ramenait l'équipage du Graf Spee vers d'autres affectations, mais son commandant, qui avait désobéi pour le salut de ses hommes, savait ce qu'il attendait à son retour au Reich. Pour, comme il l'écrivit, "éviter que le discrédit ne vienne entacher le salut de l'Allemagne", il se suicidera dans sa chambre d'hotel à Buenos Aires, première escale du cargo.
Opérations navale en Norvège (avril-mai 1940)
KMS Hipper landing troops.
Au moment où la campagne de Finlande s'achevait et où les préparatifs de la grande offensive vers l'ouest étaient réglés, l'état-major Allemand considérait avec intêrét la Norvège. Ce grand pays côtier et montagneux, pauvre et faiblement défendu constituait une position-clé sur l'atlantique Nord, face à la grande-Bretagne, ainsi qu'un appréciable réservoir de minerais, de pétrole, ainsi que la fameuse eau lourde nécéssaire aux recherches atomiques.
Ces préoccupations étaient récentes pour les Allemands, mais déjà anciennes pour les allliés qui cherchaient à affaiblir l'économie du Reich. Pour la première fois depuis la "drôle de guerre", alliés et Allemands allaient s'affronter directement. Un premier coup de semonce eut lieu le 16 février lorsque le ravitailleur du Graf Spee, l'Altmark, fut abordé et arraisonné comme au temps de la marine en bois par l'équipage et les commandos du destroyer Cossack dans le Jossing fjord ou il était en principe tranquille, la Norvège étant neutre. Le gouvernement Norvégien à Oslo protesta d'ailleurs aux autorités Britanniques, que Churchill qualifia en retour de "myopes". Cette affaire faillit tourner à un affrontement Britannico-Norvégien, car l'Altmark qui était venu trouver la protection de la neutralité Norvégienne vit s'interposer entre lui et ses poursuivants le torpilleur Kjell.
"L'incident" de l'Altmark en 1940 fut un malentendu entre la Grande Bretagne et le gouvernement Norvégien du fait des eaux neutres, et de la menace que faisait peser le pétrolier Allemand, belligérant, avéré être d'après les renseignements britanniques le ravitalleur du croiseur corsaire Graf Spee.
Ce fut aussi le dernier abordage "à l'ancienne" pour la Royal Navy, par des commandos du destroyer HMS Cossack. (crédits wikipedia)
L'opération reçut le feu vert de Churchill lui-même, n'hésitant pas à essuyer la réaction des Norvégiens. 300 prisonniers, marins civils capturés par le Graf Spee et transférés sur le pétrolier furent libérés par la même occasion, et l'Altmark dynamité. Hitler considéra que les eaux de la Norvège n'étaient plus sûres et ouvrit dès lors une possibilité d'invasion. Le 19 février, le plan Weserübung était dressé dans ses grandes lignes. Il comprenait l'invasion de la Norvège et aussi du Danemark pour fermer les accés à la Baltique. La Finlande était neutralisée et Quisling, le nouvel homme fort de la Norvège faisait preuve d'une neutralité complaisante envers le Reich.
narvik harbour 1939 (Le port de Narvik en 1939) Dès le mois de décembre 1939, avec la guerre Russo-Finlandaise qui commence, les alliés envisagent de faire de Narvik une base de ravitaillement au profit des Finlandais. Mais on craint à juste titre la réaction d'Oslo. Cela n'empêche pas le général Gamelin de former en janvier 1940 une brigrade Alpine formée à opérer en Scandinavie. Le 13 mars, les troupes alliées sont prêtes à partir sur l'insistance des Finlandais, qui depuis le 1er leur demandent leur aide. Mais en ce jour, la résistance du David Finlandais à trouvé ses limites et la paix est signée, l'opération alliée annulée.
Le 28 Mars, les alliés décident de miner les eaux Norvégiennes pour empêcher le trafic de fer vers l'Allemagne et d'occuper les ports principaux à partir du 5 avril, mais l'embarquement des troupes et la mise en ordre des convois est retardée jusqu'au 8. Le 7 en revanche, les bateaux de la Kriegsmarine quittent la baltique et se dirigent vers le sud de la Norvège. Cette campagne à la fois terrestre et maritime, du fait de la nature du terrain, vit quatre flottes belligérantes engagées (Royal navy, marine française, Kriegsmarine, marine Norvégienne), avec des faits d'armes et des pertes majeures de part et d'autres.
Lorsque la Kriegsmarine se présenta dans le but de s'engager dans les étroites passes de fjords pour y débarquer des troupes, elles se heurtèrent aux faibles capacités défensives Norvégiennes, mais ce ne fut pas la marine qui constitua le péril pour les Allemands, mais bien les batteries côtières. Ce même 8 avril, les alliés informaient Oslo que leurs destroyers avaient miné ses eaux territoriales (en l'occurence le Vestfjord, au sud de Narvik) pour empêcher la venue des Allemands.
L'une des photos les plus célèbres de la guerre : Le port de Narvik en flammes, témoignage de l'aprêté des combats. Le souvenir en est douloureux pour les troupes britanniques qui y vécurent un "dunkerque" avant l'heure... (crédits clife.co.uk) narvik on fire 1940
Dans la nuit du 7 avril, une flotte quittait Scapa Flow afin d'intercepter les convois de la Kriegsmarine. Les débarquements sur le sol Norvégien commencent le 9, en même temps que l'invasion rapidement consommée du Danemark. Les effectifs terrestres ne représentent que 7 divisions d'infanterie et 2 de montagne, avec quelques blindés, l'aviation 970 appareils, mais pour le coup toute la Kriegsmarine de Raeder est engagée. Les Forces déployées comptent 17 navires de guerre, mais se scindent en deux escadres. Celle de Trondheim parvient à fausser compagnie àl'escadre Anglaise en chageant fréquemment de cap, mais est repérée par un avion Anglais qui communique à la flotte cette position. Or il s'agissait d'une force-appât, qui attire la flotte Britannique et laisse un boulevard à l'escadre du groupe de narvik et d'Oslo. les opérations se déroulent comme suit: Le groupe qui se ditige vers Oslo doit d'abord passer le fjord défendu par de vieilles batteries mais bien placées.
L'escadre comprend le Lützow (ex-Deutschland), 2 croiseurs, 5 destroyers et 9 dragueurs de mines, qui précèdent le convoi. A 23 heures du soir, un torpilleur Norvégien défendant le fjord est envoyé par le fond, mais il donne l'alerte et les batteries côtières se mettent à tonner. En pleine nuit, elles parviennent à encadrer le Blücher et parviennent à le couler. Les marins Allemands sautent et nagent rapidement à la rive. Il n'y aura que peu de victimes. Néammoins, le plus précieux Lützow est à son tour touché et l'escadre renons à continuer plus avant. Elles débarquent leurs troupes qui progressent alors le long des berges du Fjord afin de neutraliser les batteries. Un raid de parachutistes achêve la conquête d'Oslo même.
Toutefois les Norvégiens des installations militaires se battent comme des lions et résistent jusqu'au 13 avril. La Résistance de Kristiansand sera tout aussi forte et la ville et le port ne tombent que le 9 au soir. Une opération aéroportée en simultané permet aux Allemands de se rendre maîtres de Stavanger. L'aérodrome local accueille bientôt d'importantes escadrilles de la Luftwaffe. Bergen est défendue également par des batteries côtières, mais les bâtiments Allemands parviennent à les faire taire rapidement et à continuer leur progression jusqu'au port. Là, ils débarquent et prennent la place sans difficulté. Cependant, des navires Britanniques s'engagent à leur tour dans la passe de Bergen, et c'est la Luftwaffe qui les fait renoncer.
A Trondheim, l'escadre Allemande passe devant les batteries sans dommage grâce à d'épais manteaux de fumée; Les forces débarquent au port qu'elles prennent sans coup férir, mais le groupe de montagne (Gebirgsjager) mettra trois jours à se rendre maître des batteries à revers. 2000 autres de ces hommes d'élite de la montagne sont embarqués par 8 destroyers flambants neufs qui s'engagent dans l'Ofotenfjord, là ou le gros de ce qui reste de "marine" à la Norvège et de puissantes batteries protègent l'accés à Narvik, port stratégique s'il en est. Ce 9 avril à 4 heures du matin, les troupes d'élite Allemandes s'emparent des batteries à revers, le reste des troupes chassant la 6e division Norvégienne de la ville. Les destroyers ont eu raison rapidement des quelques unités Norvégiennes présentes. Ce 9 avril, l'axe se rendait maître de la côte Norvégienne; désormais, les Franco-Britanniques allaient tenter de les reprendre.
La première action viendra de l'amiral Forbes, qui se dirige avec une flotille de destroyers sur bergen. Mais la Luftwaffe toute proche l'attaque et coule le destroyer Gurkha tout en endomageant d'autres bâtiments, obligeant Forbes à renoncer à son plan, faute de couverture. Malgré ces revers, le conseil militaire interallié décide d'envoyer trois autres flotilles d'invasion destinées à reprendre Bergen, Trondheim et narvik, les principaux ports du pays. Walburton Lee est envoyé dans l'Ofotenfjord à la tête d'une flotille de 5 destroyers et attaque par suprise les bâtiments présents: Deux destroyers sont coulés, deux endommagés, mais les 4 autres répliquent efficacement et le forcent à se replier: Deux destroyers sont coulés au cours de ce dernier, dont celui du courageux capitaine de vaisseau, tué sur sa passerelle.
Le destroyer HMS Bittern, frappé par la luftwaffe à Namsos, touché de plein fouet par un Stuka de la luftwaffe (crédits : wikipedia)
Avec cet échec de plus, l'amirauté décide d'employer les grands moyens: Elle met en place une véritable task-force centrée autour du cuirassé Warspite et du PA Furious, et 9 destroyers. Appelée "force B", cette flotte pénètre ce même Ofotenfjord et détruit 5 destroyers, les trois derniers se sabordant pour éviter la capture. Bien qu'ils ne débarquent pas de troupes, les Britanniques isolent les troupes du général Dietl dans le port même, qui ne peuvent plus recevoir de ravitaillement. La reconnaissance révèle cependant qu'il est impossible de reprendre Bergen, dont les deux aérodromes de la Luftwaffe contrôlent le secteur.
Face à la Luftwaffe et malgré des succès contre la kriegsmarine, la campagne de Norvège était perdu pour les alliés. (crédits : wikipedia)
Le retour des troupes Britanniques à Greenock en juin 1940.
On monte alors l'opération "hammer" (marteau) contre Trondheim. une force navale est mise en place, dont l'action directe dera assistée par deux diversions, à Namsos et Andalnes. Les combats continuent à l'intérieur des terres, les troupes Norvégiennes défendant vaillament Oslo. La 13 avril, une tête de pont à Andalnes est établie tandis qu'une brigade débarquée le 18 vient rejoindre les forces Norvégiennes commandées par le général Ruge, mais se heurtent vite dans sa progression vers Lillehammer, à des forces supérieures soutenues par la Luftwaffe. Le 22, elle quitte la ville et se replie sur le village de Dombas, important croisement stratégique. Elle maintiendra des opérations de retardement jusqu'au 30, se repliant de Dombas vers Andalnes et étant récupérées le 2 mai. Jusqu'au 30 mai, les dernières Forces Britanniques et Françaises, sous couvert des canons de la marine et de détachements de blocage, et pilonnés par la Luftwaffe, se repliaient. La route du fer restait ouvert à l'axe. Cet insuccès préfigurait ce qui allait suivre plus au sud sur le continent...
Dunkerque (juin 1940)
Le naufrage du Bourrasque.
Comme la plus extraordinaire des tragédies, l'aventure des forces françaises et du corps expéditionnaire Anglais prennent fin devant la manoeuvre incroyable de la wehrmacht, qui entre la poussée au nord et la manoeuvre par surprise depuis les ardennes, prend au piège près d'un million d'hommes: Le 20 mai, les panzers de Heinz Guderian atteignent Abbeville, et referment la nasse... Les forces alliées se replient, bombardées par la Luftwaffe sur des routes encore encombrées de civils, vers le seul grand port du nord de la France, en face de la grande-Bretagne: Dunkerque. Appelée Dunkirk par les Britanniques et que l'on peut traduire comme "l'église dans les dunes" en Flamand, ce port était déjà célèbre en 1914-1918, par ses épreuves et sa position stratégique en mer du nord. Au milieu de cette retraite terrible, un répit inespéré arrive de la part du Führer lui-même, par l'intermédiaire du général en chef Von Runstedt... Ce dernier est soucieux, voir effrayé de la fantastique course à la mer de Guderian, plus préoccupé par la prise de Paris et lui donne l'ordre de stopper. Ce répit permet aux troupes Allemandes de se reposer en attendant l'arrivée du carburant, et aux alliés de dresser un véritable corridor d'évacuation entre Lille et Dunkerque, toujours sous la menace de la Luftwaffe: L'armée de l'air est pratiquement hors-jeu et la Royal Air Force à étée en grande partie sauvegardée de la tourmente, pour le bénéfice que l'on sait. Weygand est partisan d'une contre-attaque pour que ses forces descendent au sud et fassent leur jonction avec les divisions encore préservées, mais Lord Gort s'y oppose et reçoit rapidement l'assentiment du war cabinet. c'est le 26 mai que la décision tombe, et que l'on décide une évacuation à partir de Dunkerque.
Mais cette ville s'apprête vers le 25 mai, au moment ou s'engage la "bataille de Dunkerque", à vivre le pire moment de son histoire. L'amirauté Britannique, sous la direction du vice-amiral Ramsay, et sous les instances pressantes de Lord Gort, met au point une opération de sauvetage et d'évacuation encore inédite dans l'histoire: Ce sera Dynamo. Il s'agit de sauver, à défaut du matériel, abandonné faute de temps et par priorité, les hommes, à commencer par les 300 000 du corps expéditionnaire Britannique, soldats de métiers, la fine fleur de l'armée et de l'empire. En sauvant les "Tommies", par tous les moyens, Ramsay et Churchill préparent l'Angleterre à repousser une future invasion.
Mais très vite, l'opération prend une tournure dramatique: Malgré la proximité des côtes Britanniques, Douvres, le principal port Anglais, se trouve à 60 km, mais la "route Z" passe devant l'artillerie Allemande à hauteur de Calais. Les deux autres routes sont soit menacées par les mines, encore en cours de dégagement, soit par les S-Bootes qui opèrent depuis la Belgique, et bien sûr la Luftwaffe, fraîchement installée sur les aérodromes du nord-ouest de la France. Les Britanniques ont encore deux atouts: La Royal Navy pour effectuer l'évacuation et la Royal Air Force pour la protéger. Et il y a une autre difficulté: Le port de Dunkerque à une capacité limitée, et bientôt les bombardiers de la Luftwaffe y sèment la mort et la destruction: Le 28 mai, un premier raid massif de 400 appareils, complété par 180 Stuka transforme le port en brasier: Les immenses réservoirs de mazout sont en feu, et une "nuit" âcre enveloppe la ville durant plusieurs jours. Les jetées sont bondées, des cargos sont coulés dans la rade, seul reste libre le môle est, et le gros des troupes doit embarquer depuis les plages. Mais celles-ci ont une faible déclivité, et les navires de gros tonnage pressentis doivent se contenter d'attendre au large qu'une noria de petites embarcations fassent la navette.
Le combat ne se menait pas seuement sur le périmètre défensif mais aussi et surtout sur les plages et en mer, contre le pilonnage incessant de la luftwaffe et de l'artillerie de campagne. (Crédits : wikipedia)
Bientôt les plages du Dunkerque, autrefois réputées, se constellent de colonnes d'hommes hagards avançant dans l'eau jusqu'au cou pour accéder aux navires, sous la mitraille des Stukas et le fracas des tirs des pièces d'artillerie ramenées autour du périmètre de la ville. La défense est assurée par l'arrière-garde, des Français. Ces derniers sont aussi évacués, mais sur les presque 500 000 hommes du début, moins de 123 000 auront cette chance. la flotte française n'y risquera pas tout comme la Royal Navy ses unités lourdes trop précieuses, mais des destroyers et dragueurs de mines. Malgré les efforts de la RAF, faut de DCA suffisante, la Luftwaffe à presque les mains libres et fait un carnage: 39 destroyers Britanniques sont dépêchés sur place, et le 27, le 29 mai et le 1er juin, date des grandes sorties de la Luftwaffe, une dizaine sont envoyés par le fond, et quatre pour les Français, qui perdent dès le 27 le Sirroco et le Jaguar. Les pertes sont encore plus lourdes pour les cargos et ferries, mais aussi pour les centaines d'unités légères dépêchées sur place, des yachts, des chalutiers, des bacs, des péniches, parfois de simples barques à rame, manoeuvrés par des civils courageux... En dépit de tous les obstacles, le "miracle" continue...
Une poignante photo aérienne qui vaut mieux que toutes les descriptions...
L'opération Dynamo se prolonge sur 9 jours, prenant fin le 4 juin en pleine nuit, le temps de mener à terme l'évacuation des Britanniques, mais pas celle des Français, qui sont restés en majorité en arrière-garde pour défendre le périmètre de Dunkerque. Ces derniers (35 000) se rendront le 4 juin après 11 heures, et l'arrivée des Allemands qui occupent la ville à la grenade, et seront envoyés en Allemagne dans les camps. Les français, bien qu'ayant fait leur devoir, en garderont une certaine amertume, d'autant que peu de temps plus tard, ces mêmes troupes françaises se voyaient cantonnées sous bonne garde, et les navires Français capturés. Après l'armistice, ce sera l'opération "catapult", qui achêvera de tendre les rapports en français et Britanniques.
Toutefois, pour les Anglais, qui réussirent leur pari, Dunkerque reste une bataille historique et une victoire, quoique que Churchill, lucide, en dise à ce moment ("les guerres ne se gagnent pas avec des évacuations"). Ce sera aussi un mot d'ordre pour tous les soldats britanniques engagés ("remember Dunkirk") en particulier le jour J en juin 1944. Bien que menée avec une improvisation totale et beaucoup de flegme, cette évacuation signait la fin de la résistance militaire des démocraties en Europe continentale, et annonçait de lourds nuages pour l'avenir...
Mers-El-Kébir (Aout 1940)
La rade de Mers-El Kébir sous le feu Britannique. (Wikipedia).
La défaite éclair de la France allait plonger les rédactions de presse du monde entier dans la consternation: Personne ne s'attendait à autre chose qu'une "redite" de la grande guerre, la France devant faire "tampon" à l'Allemagne, notamment vis-à vis de la Grande-Bretagne. Lorsque cette dernière tomba et que l'armistice fut demandée par le maréchal Pétain et un certain nombre de membres de la IVe république, l'Angleterre se trouvait livrée à elle-même face à l'axe aussi bien en atlantique, mer du nord que dans l'océan indien et en méditerranée. Dans ce dernier secteur, ses forces regroupées principalement à Gibraltar étaient inférieures à la regia Marina, car la marine Française était jugée autrefois suffisante localemement pour y faire face. Mais dès lors que l'armistice était demandé, et ce malgré l'opposition d'officiers dont de Gaulle, du président Paul Raynaud, et d'autres membres de la IVe république, malgré l'éphémère projet de continuer la lutte au sein du "réduit breton", puis au sein de l'empire, ou de l'alliance nationale Franco-Britannique, la France livrait matériel et prisonniers à l'Allemagne.
Après ces deux mois de campagne qui avaient coûté cher aux forces Françaises, la marine était absolument intacte, formidable instrument aux mains du futur gouvernement de Vichy. Les relations se tendirent entre les signataires dont Pétain et Churchill très tôt, et allaient trouver une rupture définitive qui allait faire basculer la France dans une neutralité collaborationniste, étant passée très prés de rejoindre ouvertement l'axe à l'ssue de ce qui va suivre. Pour diverses raisons, Churchill voyait le nouveau gouvernement Français d'un oeil méfiant, et encore plus le respect futur des conditions d'armistice par Hitler. Les clauses faisaient valoir un désarmement de la flotte sous contrôle Allemand et Italien. Son cauchemar fut de craindre la mainmise de l'axe sur la flotte. Ceci aurait eu des conséquences dramatiques pour l'équilibre des forces sur un théâtre d'opération vital pour l'Angleterre: La méditerranée. Le gros de la flotte y résidait en effet, outre des bâtiments stationnés à Alexandrie, les autres étaient au mouillage dans les bases de Dakar, donnant sur l'atlantique, Toulon, et Mers-el-Kébir en Algérie, près d'Oran.
Des trois armes dont disposait la France en 1939, la marine était de loin la plus belle : La rationnalisation drastique imposée au tonnage Français au traité de Washington, lui imposa de concevoir des bâtiments directement inspirées par les puissances navales rivales, en y aportant des solutions propres et novatrices. Au final, ce fut une marine revigiorée, homogène, avec des bâtiments de qualité et des équipages bien entraînés. Un formidable instrument qui, malheureusement du fait des vicissitudes de la situation Française, subit un sort infâmant. Seuls quelques rares bâtiments échappèrent à la destruction, soit du fait d'attaques des alliés (US et Britanniques) soit par sabordage. Aucun coup de canon ne fut échangé avec le véritable ennemi d'alors.
Le Richelieu (ci-contre) était le symbole de cette flotte, moderne et novateur, comme l'usage de tourelles quaduples semi-automatiques et son "mât-cheminée" qui fut repris bien des années plus tard, ou le dessin de sa proue. Les Britanniques ne pouvaient laisser le mondre espoir à l'axe de s'en emparer, et tentèrent tout, quitte à s'aliéner leurs anciens alliés...
Les bâtiments Français stationnés à Brest avaient appareillé en urgence vers la grande-bretagne ou des îles Françaises des caraïbes (Martinique), d'autres étaient présents dans la base de Saigon en indochine. Si d'une manière ou d'une autre, comme le scénario qui faillit se réaliser en novembre 1943, l'axe mettait la main sur la flotte de Toulon et celles stationnées allieurs, le déséquilibre en sa faveur en méditerranée aurait sans aucun doute chassé la Royal navy de ce secteur, avec pour conséquence probable la prise de l'Egypte (sans parler de Malte et Gibraltar). Empêchant tout renfort et fermant la route des indes et des colonies de l'est à la Grande-Bretagne, ainsi qu'à de précieuses ressources en carburant et matières premières. Devant ce scénario catastrophe, et après avoir épuisé ses forces terrestres en france et à s'apprêter à livrer un combat désespéré contre la Luftwaffe avec une RAF affaiblie, tous les espoirs reposaient sur la Royal navy. Cette dernière était en grande partie mobilisée contre une sortie de la flotte Allemande en mer du nord, de fait, l'escadre de la méditerranée devait se débrouiller seule. Après avoir demandé à la France de livrer sa flotte à l'amirauté Britannique, le voila devant un dilemne d'importance. Dès le 25 juin, il se voit confronté à un péril politique interne: Une frange de la population éprouvant des sympathies pour le régime nazi, y compris quelques lords, une vaste frange pacifiste, comme en France, lui donnent l'obligation de mobiliser la population par un acte fort, le témoignage d'une réssolution implacable à poursuivre la guerre quelqu'en soit le prix.
Le Cuirassé "Bretagne"
Churchill écrira plus tard dans ses mémoires que au sein des sombres perspectives auxquelles il était confronté lui revint en mémoire la phrase des révolutionnaires Français: "Les rois coalisés d'Europe nous menacent, jetons-leur en défi une tête de Roi...". Il prépara l'opération "catapult" dans ces grandes lignes à ce moment. Il devra faire face encore à l'opposition de beaucoup des membres du cabinet de guerre, à qui il arracha de justesse l'approbation, et suscita également une viivre répugnance au sein de l'amirauté Britannique: Quelques mois auparavant en effet la Flotte Française et britannique étaient au coude à coude à Dunkerque, en Norvège, en Atlantique sud à pourchasser le Graf Spee... Le 13 juin, Churchill et Dudley Pound envoient un dernier message au gouvernement Français, toujours pour demander le passage du côté Britannique de la flotte Française, en garantissant son indépendance d'action. Churchill est en effet dubitatif en regard de l'article 8 de la convention de paix, qui indique que les navires Français doivent êtres désarmés sous le contrôle de l'Allemagne et de l'Italie: Le terme "contrôle" à en Anglais une saveur beaucoup plus autoritaire, équivalent à une prise de possession. Sa méfiance vis-à-vis de Darlan ne va que s'aggraver suite à sa participation au gouvernement de Pétain. Le 23 juin, il y avait de facto une quasi-rupture des relations diplomatiques, seule subsistant la mission navale du contre-amiral Olden'hal, et encore ce dernier n'était pas pleinement informé par le gouvernemement de Bordeaux. Les fins de non-recevoir de Darlan et sa méfiance envers la parole donnée par Hitler conduisit Churchill à accélérer l'opération Catapult.
Le bâtiment de ligne Dunkerque
Le 27 juin, le plan définitif est approuvé et connaît un début d'éxécution: L'amiral Godfroy dont les navires sont à Alexandrie ( le canal de Suez est également vital pour la France du fait de ses possession d'extrême-Orient ) reçoit de l'amirauté l'ordre de rallier Beyrouth. Il en informe son homologue Britannique A. Cunningham qui l'informe à son tour avoir reçu pour instruction de ne pas le laisser quitter le port. Le 29, la France est officiellement autorisée à commencer le désarmement de ses navires, et les préparatifs commencent mollement: Le nouveau gouvernement souhaite garder le potentiel de la flotte intact, alors que par ailleurs, l'amiral Darlan à fait la promesse de saborder ses bâtiments en cas de menace de capture par l'axe. Le 1er juillet l'amiral Sommerville qui commande la flotte de Gibraltar reçoit l'ordre d'appareiller en direction de Mers-El-Kébir ou se trouvent les effectifs les plus importants de la marine Française en dehors de Toulon: 4 cuirassés en effet y sont mouillés. Forces Britanniques Forces Françaises Amiral J. Sommerville Amiral Gensoul 3 4 1 1 5 0 15 6 Sommerville renvoya un message de demande de confirmation tant il répugnait à éxécuter la mission qu'on lui avait confié. Le 3 juillet peu avant l'aube, les troupes Britanniques s'emparent sans ménagement des bâtiments Français réfugiés à Portsmouth, Plymouth, Sheerness et Falmouth. Il y aura un mort et quelques blessés de chaque côté. Du côté d'Alexandrie, navires Français et Britanniques se regardent en chiens de faïence: Les canons Britanniques sont pointés sur les vaisseaux Français ( Le cuirassé Lorraine, trois croiseurs, trois torpilleurs et un sous-marin ), et ces derniers ont leurs tubes lance-torpilles prêts à faire feu.
Le destroyer Mogador (avec les marquage de la guerre d'espagne).
A 8 heures Cunningham doit transmettre à Godfroy l'ultimatum conssitant à remettre les bâtiments Français à la Royal Navy, par une passation d'équipage ou à la faire désarmer sous contrôle Britannique. Les négociations continueront tout le jour. On cherche à temporiser des deux côtés. En revanche, à 6 heures, l'escadre de Gibraltar, la "force H" de Sommerville arrive à portée de canon de la rade de Mers-el-Kébir. Il s'agit d'abord du destroyer Foxhound, en éclaireur, rapidement suivi par le reste de la flotte. Cette dernière comprend le croiseur de bataille Hood, les cuirassés Resolution et Valiant, le porte-avions Ark Royal, 2 croiseurs et 12 destroyers. Les forces Françaises présentes comprennent les cuirassés Dunkerque et Strasbourg, bâtiments récents et rapides, les cuirassés Provence et Bretagne plus anciens, le transport d'aviation Cdt Teste, les destroyers Kersaint, Tigre, Terrible, Lynx, Mogador et Volta, toutes de puissantes unités, plus 15 torpilleurs et 4 submersibles, sans compter les effectifs aériens. Ces effectifs sont sous le commandement du vice-amiral Gensoul, un Anglophile, qui eut le privilège d'avoir sous ses ordres le Hood lors d'une chasse conjointe de raiders Allemands en 1939. De leur côté les Britanniques ont fait embarquer à bord du Foxhound le capitaine de vaisseau Holland, un francophile qui fut attaché naval à Paris et officier de liaison auprés de l'amirauté Française en 1939. Tout semble donc réuni à priori pour arriver à un accord.
A 8 heures, après avoir prévenu les Français d'une communication très importante, un message en morse du Hood indique "Nous espérons que nos propositions seront acceptables et que nous vous trouverons à nos côtés". Puis à 8h30, Gensoul reçoit la mise en demeure Britannique, un texte rédigé tel un ultimatum: Il laisse trois possibilité à Gensoul: Se joindre à la flotte Britannique, appareiller vers la Grande-Bretagne pour un désarmement sous contrôle Britannique, ou faire route vers les antilles ou les USA dont la neutralité permettait de ne pas violer l'accord d'armistice. Mais l'esprit de la missive semblait s'y opposer. Les deux premières solutions impliquant de violer la convention d'armistice, Gensoul se voit obligé de refuser. Par ailleurs, les vigies de Mers-el-Kébir voient parfaitement les préparatifs de la Force H et les canons braqués sur la rade. Un avion à même décollé pour observer celle-ci et préparer les réglages d'artillerie. Gensoul à donné l'ordre de réarmer au plus vite les batteries côtières et de préparer les bâtiments à un branlebas. Il envoie un message à l'amirauté, repliée à Nerac, dans ces termes: 'Force Anglaise comprenant 3 cuirassés, 1 porte-avions, croiseurs et torpilleurs devant Oran. Ultimtum envoyé: Coulez vos vaisseaux dans un délai de 6 heures ou nous vous y contraindront par la force". La réponse de l'amirauté est sans ambage: "Bâtiments Français répondront à la force par la force". De fait, la réponse que donne Gensoul est que d'une part les assurances données par l'amiral Darlan concernant un sabordage de la flotte en cas de tentative de mainmise de l'axe restaient entières, mais que d'autre part les bâtiments Français se défendront en cas d'attaque, soulignant que la communication Anglaise était considéré comme un ultimatum. Il refuse de recevoir Holland en personne, et c'est son aide de camp qui lui fait part des inquiétudes en cas de désarmement sous contrôle de l'axe: Un sabordage serait-il possible?
Bretagne, badly hit, is burning fiercely
Par ailleurs, par l'intermédiaire de l'aide de camp de Gensoul, dêpéché sur le Foxhound, il laisse entendre qu'un désarmement sur place avec la présence de la Royla Navy restait possible. Mais ces arguments ne semblèrent pas fléchir Gensoul, et rien ne semblait plus pouvoir empêcher la confrontation des armes. Vers midi, des Sworfish de l'Ark Royal mouillèrent des mines magnétiques devant la sortie de la rade, afin de contredire les possibilités de la flotte de pouvoir cingler vers les antilles ou les USA. Vers 12h30 cependant, l'amiral Somerville répugnant encore à faire feu offre une dernière conciliation et repousse de son propre chef l'ultimatum à 14h30. Les aides de camp des deux bords ont réussi à faire accepter à Gensoul de rencontrer le commandant Holland. On peut alors recommencer à croire au miracle. Gensoul pense qu'un désarmement sur place peut constituer une base d'accord. Par ailleurs il souhaite gagner du temps pour accélérer ses préparatifs de combat et d'appareillage. A 14h30, Gensoul envoie un massage indiquant qu'il accepte de rencontrer Holland. De fait, Sommerville se voit obligé de proroger de nouveau l'ultimatum.
Sortie de la rade sous le feu Britannique
apareillage flotte française A 15h15 la rencontre à lieu à bord du Dunkerque: Elle est encourageante: Gensoul remet à Holland le texte reçu de Darlan, l'instruction spécifiant le sabordage de la flotte en cas de menace de capture, et par ailleurs accepte d'entamer un désarmement in situ de ses bâtiments, mais sans la menace des canons de la Royal navy, et un appareillage immédiat en cas de menace est prévu vers les Antilles ou les USA. Cependant alors même que Holland, plein d'espoir, s'apprête à en rendre compte à Somerville, ce dernier vient de recevoir de Londres le message suivant: "Réglez rapidement les choses, sinon vous aurez affaire à des renforts". En effet, L'amiral Le Luc, à Nérac, à la lecture du message de Darlan, à fait appareiller les bâtiments stationnés à Toulon et Alger, en donnant instruction d'activer le branlebas et se préparer au combat. Il en informa ensuite Darlan, et le message fut intercepté par les Britanniques. Une nouvelle communication par morse est alors donnée depuis le Hood à l'amiral Gensoul, indiquant le report à 16h30 de l'ultimatum, dernier délai. Comme la délégation Britannique ne quitte le Dunkerque qu'à 16h25, la vedette qui emporte la contre-proposition de Gensoul est en route vers le Hood. Mais elle n'est pas encore là lorsque l'amiral décide d'en finir et ordonne de faire feu à 16h53. Le teme de "bataille" qui fut employé plus tard par la presse, y compris Américaine et qui scandalisa l'ensemble des Français, y compris De Gaulle, fut en réalité une véritable éxécution sommaire: Les navires Français étaient amarrés perpendiculairement à la rade, tournés vers l'intérieur.
Forces Britanniques (Amiral Sommerville)Force Françaises (Amiral gensoul)
HMS Barham Dunkerque
hms Argus Commandant Teste
5 cruisers
15 Destroyers classe CDEF Mogador
De fait, les deux "croiseurs de bataille" Dunkerque et Strasbourg présentaient leur artillerie vers la terre. de la même façon, les batteries étaient pour la plupart tournées vers l'intérieur. Certaines répliquèrent et encadrèrent le Foxhound. Depuis la rade, le spectacle était dantesque (voir photo ci-dessus): Le Hood, le Valiant et le Resolution étaient équipés de 8 pièces de 381 mm chacun, ce qui représentait un total de 24 pièces. Chaque salve soulevait d'immenses gerbes d'eau de presque cent mètres qui retombaient en grondant. Soudain, alors que ces dernières encadraient les cuirassés Français, ce fut l'apocalypse: Le Dunkerque fut frappé sur sa plage avant: Une tourelle sauta, le générateur électroqie principal et le système hydraulique furent en avarie. La coque percée, il prenait l'eau de toutes part et son commandant, pour éviter qu'il ne sombre, le fit aller droit devant à pleine puissance, jusqu'à ce qu'il soit drossé contre la plage. En quatre minutes, le grand navire de guerre était une épave fumante dont la poupe était noyée sous des mètres d'eau tandis que la poupe se dressait au-dessus de la grêve.
Mais le pire était à venir: Le Bretagne, touché le premier de 13 000 mètres se souleva soudain comme par la main d'un titan par le milieu: Ses soutes avaient étées atteintes. Un immense colonne de flammes siuvi d'un énorme champignon remplaça bientôt l'espace de cette soute. La coque, rompue en deux se délita et ce qui restait du navire chavira et sombra si rapidement qu'il entraîna avec lui 1000 hommes. Le provence, qui avait assez de vapeur, fit machines avant, puis se dégagea de la rade pour que sa volée puisse passer au-dessus et ouvrit le feu. A sa salve contre le Hood répondit un coup au bur terrible qui fit sauter sa tourelle de 340 mm et brûler sa soute à munitions qu'il fallut éteindre d'urgence faute de voir le navire exploser. La coque était rompue en mains endroits et le compartiment des machines faisait eau de toutes part. Il alla également se jeter sur le fond de la rade pour éviter de couler. Le Mogador, le plus grand destroyer du monde à l'époque, vit sa poupe déchiquetée par un impact de grosse pièce au moment ou avec d'autres destroyers, tentait de sortir du port. Tout l'avant du navire s'embrasa et il fut remorqué jusqu'au fond de la rade. D'autres bâtiments, des torpilleurs principalement, étaient également frappés à mort. Seul le Strasbourg, dont les soutiers avaient fait l'impossible, était à présent capable de prendre la mer à toute force de machines.
Son commandant, l'avait habilement manoeuvré derrière le brasier du Bretagne pour le soustraire au regard des télémétristes Britanniques. Miraculeusement, il passa entre les gerbes géantes et les épaves en feu, puis louvoya à la sortie entre les mines, à pleine vitesse, dans une manoeuvre de marin qui força l'admiration des Britanniques. Il parvint, avec quelques destroyers, à rejoindre Toulon et Somerville, qui fut critiqué à cet égard, renonça à le suivre. Le cuirassé Dunkerque, l'un des plus puissants bâtiments du monde à l'époque. Lorsque les canons se turent - on ne chercha pas l'acharnement, le geste était déjà assez cruel - la rade de mers-el-Kébir donnait l'affreux spectacle d'un champ d'épaves brûlant dans d'immenses fumées noires. Au milieu des débris, surnageaient de minuscules corps blancs, les morts et les vivants qui regagnaient la plage à la nage. Ce qui fut le fer de lance de la flotte de l'atlantique n'était plus. Restaient le Richelieu à Dakar et le Jean Bart, inachevé à Casablanca. Comme le dira De Gaulle, qui envisagea un temps de s'exiler au Canada, "c'était dans nos espoirs, un formidable coup de hache"...
Le Mogador, un "super destroyer" Français flambant neuf, dérive en flammes dans la rade.
Les conséquences de l'intransigeance du "vieux lion", d'un manque de communication et de suffisance de la part d'officiers Français, dont Gensoul, qui refusa de s'entetenir avec Holland et son aide de camp, préférant Somerville du même grade, conduisit à ce drame considérable. Alors que la première conséquene fut de rompre les restes de relations diplomatiques - déjà bien ténues - entre la France et le Royaume-uni, il conduisit une grande partie des Français à s'insurger contre l'allié de la veille. La propagande s'en donna à coeur joie, ce qui fit les affaires de Goebbels et jeta presque le gouvernement d'une collaboration à une franche alliance de fait. Par la suite, à de nombreuse reprises, les Français restés fidèles à Vichy montrèrent une résistance farouche. La seule réplique immédiate fut une attaque d'hydravions bombardiers sur Gibraltar, menée pour la forme et sans conséquences; Mais par la suite devant Dakar, le souvenir de mers-el-Kébir allait conduire les Français de Vichy et ceux de la France libre à un affrontement fratricide qui n'était que le prélude d'une série...
La bataille de Punta Stilo (9 juillet 1940)
Plan de la bataille
Alors que la bataille d'Angleterre faisait rage, les regards du monde se tournèrent vers la méditerranée ou Le Duce entamait une série campagnes destinées à la fois à prouver les capacités de l'armée Italienne face aux succés éclatants de la Wehrmacht, à annexer l'Albanie et la Grêce, et se préparait en Afrique du Nord, depuis la Libye et l'Erythrée à entamer une offensive destinée à terme à s'emparer de l'Egypte et du canal de suez, privant la Grande-Bretagne de cet accés vital à son empire colonial à l'est. C'est en vue de garantir le ravitaillement de ses armées en Libye afin de préparer ces offensives que la marine Italienne commença ses opérations.
La Marine Française étant désormais hors-jeu du fait de l'armistice et des attaques de neutralisation par la marine Britannique (Voir Mers-el-Kébir), la Royal navy et la Regia marina se retrouvaient face à face. Dans ce long duel qui allait trouver sa conclusion en novembre 1943, la première rencontre eut lieu le 9 juillet 1940 au large de Punta Stilo, dite aussi bataille de Calabre, menée sur le cap terminant la "botte" italienne. A cet moment, la Royal Navy comptait en méditerranée une flotte principale basée à Gibraltar, verrouillant le passage à l'atlantique, et une escadre à Alexandrie, protégeant le canal de suez, unique passage vers l'océan indien via la mer rouge. Un troisième verrou était posé au sud de l'Italie, Malte, avec la base navale de La Valette. Les Italiens avaient cependant l'avantage numérique et technique, les Britanniques avaient en effet relégué pour la flotte de la méditerranée leurs cuirassés vétérans de la classe Queen Elisabeth (QE, Valiant, Barham), le Malaya et le Warspite étant affectés à la home fleet de même que les plus modernes de ses bâtiments, les deux Nelson, les croiseurs de bataille, le King Georges V, et le gros des cuirassés de la classe Resolution. Seule carte maîtresse aux mains de l'amiral Cunningham, ses porte-avions, dont étaient dépourvus l'Italie. Cette dernière possédait autour de l'Italie quantité de bases mais aucune coordination entre la marine et l'aviation.
Au moment ou commence ce premier affrontement, le HMS Warspite, après ses exploits en Norvège, venait d'être envoyé renforcer la flotte de la méditerranée, de même que le Malaya et le Royal Sovereign. Cunningham pouvait donc compter sur six bâtiments de ligne pour contrer les deux cuirassés rapides classe Littorio et les quatre Guilio Cesare et Duilio. Il disposait en outre de l'HMS Illustrious, HMS Formidable, du HMS Eagle, du HMS Furious.
Forces BritanniquesForces Italiennes
Amiraux J. Tovey, A. Cunningham Vice-amiral I. Campioni
3 2
HMS Eagle
5 14
15 25
Le prologue de cette bataille fut le départ de naples le 6 juillet d'un convoi de ravitaillement de Benghazi par quatre cargos escorté par 8 destroyers et 4 torpilleurs. Ce dernier entama un mouvement destiné à faire croire à la Royal Navy que sa destination était Tripoli. De son côté l'amirauté fit appareiller d'Alexandrie un convoi destiné à renforcer Malte, depuis Alexandrie. Les Italiens déployèrent alors deux escadres comprenant le gros de la flotte Italienne, avec d'un côté une force comprenant 6 croiseurs lourds, dont les quatre Zara et les Trento et Bolzano, et 12 destroyers, partis de Tarente et suivant à 35 km à l'est le convoi. Finalement cette escadre fut renforcée de l'autre escadre, comprenant deux cuirassés, le Guilio Cesare et le Conte di Cavour, 8 croiseurs légers, les Duca d'Aosta, Eugenio di Savoia, Muzio Attendolo, Raimondo Montecuccoli, A. di Barbiano, A. di Giussano, Duca degli Abruzzi, Garibaldi, et 13 destroyers. Les deux escadres aux ordres du vice-amiral Inigo Campioni fusionnèrent et convergèrent vers le convoi.
De son côté, le convoi Britannique était séparé en deux groupes de cargos de vitesses différentes (9 noeuds et 13 noeuds) accompagnés par trois escadres, l'une comprenant 5 croiseurs légers et un destroyer, l'autre le cuirassé HMS Warspite et 5 destroyers, et enfin la dernière comprenant l'ensemble de la flotte d'Alexandrie avec les cuirassés Malaya et Royal Sovereign, le porte-avions Eagle, et 10 destroyers. Dans la nuit du 8 au 9, des destroyers Italiens interceptèrent un message de la RN et envisagèrent d'intercepter la flotte au large de la Calabre. Toutefois, trois destroyers et deux croiseurs quittèrent la formation pour se ravitailler et régler des problèmes de machines, l'escadre recevant des destroyers de renfort venant de Tarente. L'escadre du premier convoi Britannique fut repérée et attaquée la vaille au soir par une escadrille de bombardiers Sparviero et le croiseur HMS Gloucester touché par un coup direct à la passerelle, tuant le commandant et son état-major, privant le bâtiment de ses capacités de visée. A ce stade, les Italiens croyaient avoir provoqués des pertes bien supérieures.
Le croiseur Pola
Le 9 juillet au matin, vers 9 heures, l'escadre de tête de Cunningham, comprenant le Warspite et des destroyers, n'était plus qu'à 90 milles de la flotte Italienne. Il décida de ralentir son allure pour attendre le second convoi mieux défendu. A 13 heures, les Fairey Swordfish du HMS Eagle étaient à portée, et lancèrent une attaque contre les croiseurs Italiens sans succés. A 15h15, les deux flottes étaient au contact visuel et arrivaient à portée de tir. Le Warspite avait été rejoint par les croiseurs qui formaient écran devant lui. Les trois cuirassés étaient très séparés mais les croiseurs proches, et un duel d'artillerie commença à 21 500 mètres, qui sembla tourner rapidement à l'avantage des Italiens dont les télémètres étaient plus précis. Mais l'expérience des canonniers Britanniques fit la différence et rapidement, il purant augmenter leur cadence de salve. Les tirs Italiens arrivaient toutefois à encadrer de très près les croiseurs de l'amiral John Tovey, qui décida, en commun accord avec Cunningham sur le Warspite, de rompre le combat, au moment d'un impact du Garibaldi sur le Neptune. A 15h30, ces croiseurs s'étaient dégagés, laissant la place aux cuirassés:
Le Warspite encardra de très près les deux croiseurs Barbiano et Giussano, mais sans impacts directs, les Anglais tirant trop court. Cuningham fit arrêter les machines du Warspite pour lui laisser le temps d'être rejoint par le Malaya, le Royal Sovereign étant encore loin derrière. L'amiral Campioni retira ses croiseurs et avança ses cuirassés afin d'entamer un duel d'artillerie à 26 500 mètres. Mais seul le Giulio Cesare ouvrit le feu, le Cavour estant en observateur selon le principe de réglage d'artillerie tiré des leçons de la bataille du Jutland, lorsque plusieurs navires encadrent la même cible, lorsque l'on doit déterminer à qui appartiennent les impacts. Il fut finalement dirigé contre le Cavour tandis que le Cesare se concentra sur la Warspite. Le HMS Hereward, destroyer escortant le Warspite fut gravement "secoué" par un impact trop long du Cesare. Les quatre croiseurs lourds Italiens de la classe Zara commencèrent alors à ouvrir le feu à leur tour sur le Warspite, mais durent se replier avec le retour des croiseurs Britanniques de Tovey.
Zara faisant feu
Le combat tourna en un duel serré entre le Warspite et le Cesare. Ce dernier parvint presque à toucher le warspite, sa dernière salve inondant ses ponts et secouant sa coque. Mais ce dernier répliqua par un impact direct sur la plage arrière du Warspite, à 24 000 mètres, pénétrant dans la soute à munition des canons de 37 mm. L'incendie refoula les fumées dans le compartiment de la chaudière babord et contraint à l'évacuer. Sans personnel, ces chaudières fermées manquèrent à la puissance du navire dont la vitesse tomba à 18 noeuds. Devenu une cible plus facile, avec le Malaya et le Sovereign qui se rapprochaient dangereusement, ce dernier était en péril, bien qu'ayant sa puissance de feu intacte. Devant le danger bien réel, les destroyers lancèrent un barrage de fumée pour permettre au cuirassé de s'éclipser pendant que le Warspite attendait le Malaya. Ce dernier était désormais très bien placé pour endommager très gravement le Cesare, aussi son nouvel arrêt parut providentiel aux Italiens.
Lorsque les forces se regroupèrent, la flotte Italienne déploya ses croiseurs contre ceux des Anglais. A 15h58, la ligne de croiseurs Italiens ouvrit le feu, le Trento prenant à partie le HMS Liverpool, cependant qu'à 16h07, le Bolzano encaissa trois impacts de calibre moyen (152 mm) qui endommagèrent son gouvernail, le bloquant quelques temps. Le destroyer Alfieri fut aussi touché par un impact indirect, mais les mécaniciens du Cesare annonçèrent à ce moment avoir réparé les deux chaudières endommagées, permettant au bâtiment de regagner 22 noeuds. Cependant Campioni considérant que mener une bataille à présent contre trois cuirassés et un porte-avion avec l'unique Conte di Cavour était un risque trop important à courir et décida de replier la flotte en direction de Messine, non sans avoir ordonné un dernier raid de destroyers à la torpille. Les Britanniques en firent autant, mais aucun impact ne fut noté. Vers 16h40, un raid de 126 appareils ne marqua aucun coup au but grave, bien que la flotte Britannique essuya des impacts. 50 avions attaquèrent par méprise un des bâtiments de ligne Italiens, sans dommages. La bataile cessa à 16h55, mais le landemain matin, un raid de Swordfish de l'Eagle envoya par le fond le destroyer Leone.
Ainsi s'achevait la première bataille entre la Royal Navy et la marine Italienne. Malgré des moyens considérables (presque toutes les forces alliées et Italiennes présentes y participèrent), il n'y eut qu'une perte attribuable aux suites de la batailles, un destroyer Italien. Le bilan était bien maigre, mais ne contraignit pas pour autant la regia marina à l'inaction totale, bien que d'autres événements (funeste pour l'Italie) allaient survenir. Il y eut d'autres approches et combats isolés avant la grande confrontation de Matapan en mars 1941.
La bataille du cap Matapan (28-29 mars 1941)
Carte des opérations.
Sans doute la plus retentissante victoire Britannique en méditerranée, la bataille du cap Matapan (qui fut en réalité livrée au sud du péloponnèse, au large, à l'est de la crête), fut un nouveau coup très rude porté à Regia marina après l'attaque de Tarente. Suite à cette attaque, celle-ci avait perdu l'usage de trois cuirassés encore pour quelques temps, et avait surtout dû retirer le gros de ses forces de la base pour les replier plus au nord en les dispersant entre différentes bases. Cette bataille se situe juste au moment de la fin de la campagne des Balkans. les armées Britanniques qui se rembarquèrent ne furent pas inquiétées par la flotte Italienne parceque celle-ci était sortie exsangue de ce nouvel affrontement. C'est au départ la tentative élaborée par le comano supremo, en concertation avec les forces Allemandes, d'attaquer les convois de troupes entre l'Egypte et la Grèce. Après une longue élaboration, le plan est finalisé et lancé le 15 mars sous le commandement de l'amiral Angelo Iachino. Une longue préparation y préside et l'opération doit être une double offensive menée à la fois au nord et au sud de la crète. Partant de quatre ports (Messine, Naples, Tarente et Brindisi.). Elle comprend le cuirassé Vittorio Veneto, trois croiseurs lourds de la classe Zara, et également le Bolzano, le Trento et le Trieste, les deux croiseurs légers de la classe Abruzzi, et neuf destroyers répartis en quatre escadres commandées par Iachino, le commodore Legnani, les amiraux Sansonetti et Cattaneo.
Zara La difficulté vient du fait que les Britanniques ont constitué des bases aériennes en Crète, et que l'appui aérien demandé instamment par Iachino est théorique. En réalité il n'y a aucune coordination entre la flotte et sa couverture aérienne. Le Xe corps de la Luftwaffe cependant assurera le bombardement de Malte tandis que l'aviation Italienne s'occupera de la Crète. Par ailleurs, des sous-marins ont étés placés en observation et des missions de reconnaissance se succèdent à intervalle régulier sur un large front, et plus particulièrement vers la baie de Sude, seul lieu de rassemblement en crète méridonale de la Royal Navy. L'appareillage des forces Italiennes intervient le 27 mars. Les conditions météo sont mauvaises: La mer est grosse, la visibilité réduite, mais les différents groupes cinglent vers l'est. A Alexandrie, au QG de la Royal Navy, l'amiral Cunningham suit de près les mouvements de la flotte Italienne grâce à ses espions et à ses services de renseignement qui ont interprêté les missions de reconnaissances de l'axe et les déchiffré les messages codés Italiens.
Vers midi, un Short Sunderland aperçoit la flotte Italienne s'approchant du sud de la grèce, et aussitôt Cunningham donne l'ordre à la Force B sous le commandement de l'amiral Pridham-Wippell d'appareiller du Pirée et de se placer derrière l'île de Gavdos (Sud-ouest de la crète) pour le 28 Mars. De son côté Cunningham fait croire à l'attaché naval du Japon, qui espionne les Britanniques à Alexandrie pour le compte de l'axe, qu'il part se reposer à terre alors qu'en fait il embarque plus tard à la tombée de la nuit avec le gros des forces navales Britanniques de l'est.
Forces BritanniquesForces Italiennes
Amiral A. Cunningham Amiral A. Iachino
3 Cuirassés Vitorrio Veneto
HMS Illustrious
4 Croiseurs 8 Croiseurs
12 Destroyers 13
Le landemain vers 14 heures, Iachino est au courant de la détection de sa flotte après avoir intercepté le message du Sunderland en reconnaissance. Comme il redoute de se voir en infériorité numérique, il donne l'ordre à ses forces d'annuler l'opération au Nord de la Crète pour se regrouper au sud. A l'aube, les avions de reconnaissance du Vittorio Veneto aperçoivent la Force B de Pridham-Wippell à l'est de Gavdos. Comme celle-ci ne comprend que quatre croiseurs (Ajax, Gloucester, Orion, Perth) et quatre destroyers, il se voit en position de force et cingle vers cette dernière. Comme prévu, Pridham-Whipell, après un bref accrochage à partir de 7h45 jusqu'à 8h30, se replie vers le gros des forces de Cunningham. Ce dernier à sous ses ordres les trois cuirassés Warspite, Valiant et Barham, suivis du porte-avions HMS Formidable et 9 destroyers. Bien qu'ayant une large supériorité numérique, les Italiens de l'escadre de l'amiral Sansonetti (les trois croiseurs Bolzano, Trento et Trieste) ne parviennent pas à toucher les navires Britanniques: La visibilité est mauvaise.
Sansonetti décide d'abandonner la poursuite et fait volte-face pour regagner le Vittorio Veneto de Iachino. Pridham-Wippell fait également demi-tour et garde le contact avec les Italiens. C'est alors que les croiseurs de Sansonetti rejoignent à 10h00 le Veneto et ouvrent le feu de nouveau sur les croiseurs Britanniques qui entament une seconde fuite qui manque de se transformer en déroute: Les gros calibres du Veneto les encadrent de près, et ceux des croiseurs lourds également. Les pièces légères de 152 mm des Anglais ne peuvent rivaliser et ils ne durent leur survie qu'au déploiement d'un intense nuage de fumée et à d'habiles manoeuvres. Une nouvelle poursuite s'engage. C'est alors qu'à 11h30, les Italiens renoncent à celle-ci et font route vers le nord-ouest: Fondant du ciel, des bombardiers-torpilleurs Fairey Albacore venus du Formidable attaquent ses bâtiments, mais sans enregistrer de coup au but.
vitorrio firing Sentant ses forces vulnérables, Iachino, faute de couverture aérienne avancée, décida de se replier. Peu de temps après, la Force B avait rejoint la flotte du Cunningham et l'avait informé de la composition de l'escadre Italienne. Ses vieux cuirassés étant trop lents pour rattrapper les forces Italiennes, il fait donner de nouveau la Fleet air arm afin de ralentir es Italiens. A 14h00, des bombardiers venant de crète pilonnent à haute altitude les Italiens, sans résultats. Ce dernier fait route à Tarente, espérant une rapide intervention de l'aviation. Une nouvelle attaque d'appareils du Formidale survient à 15h20, pratiquement au même moment ou avait lieu de pilonnage des avions de haute altitude, qui fixaient l'attention des servants de la DCA. Attaquant au raz des vagues, les appareils signent un coup au but sur le Vittorio Veneto, au niveau de l'hélice babord. C'est une très séreuse avarie: La barre est bloquée, les brêches font entrer plus de 4000 tonnes d'eau de mer dans les salles des machines dont les compartiements sont évacués. Machines stoppées, le Veneto est désemparé. Les mécaniciens feront alors l'impossible pour lui permettre de repartir avant l'arrivée de Cunningham: Ils mettront une demi-heure.
Il repartira péniblement à 16 puis 20 noeuds, suffisant pour distancer les cuirassés Britanniques. Pour sauver son bâtiment-amiral, Iachino le fait encadrer et protéger par le rideau de DCA de tous ses croiseurs lourds. Ceux-ci, ouvrant le feu et aveuglant les pilotes Anglais de la troisième vague avec leurs projecteurs à pleine puissance, mettent preque en déroute ces derniers, abattant un appareil, seule perte de la bataille. Mais un de ces avions met un coup au but sur le Pola. C'est alors que l'amiral en chef prend une décision malheureuse. Ignorant que le gros des forces de Cunningham s'approche (les Italiens n'ont pas de radar, contrairement aux Anglais, et ceci pèsera lourd dans le bilan de la bataille), il donne l'ordre au Zara et au Fiume de prendre en remorque l'infortuné bâtiment afin de le ramener à Tarente pendant qu'il replie ses forces. Au crépuscule, le Pola est effectivement rejoint par le Zara, en tête de file, suivi du Fiume et des destroyers, à petite allure.
veneto torpillé A 22h25, Cunningham qui suit de près les mouvements des bâtiments Italiens grâce à ses radars, se rapproche d'eux sans crier gare, tous feux éteints. Les Italiens ignorent tout de la proximité des cuirassés Anglais jusqu'à ce que ceux-ci se soient approchés à 3500 mètres seulement et braquant leurs projecteurs à pleine puissance sur les Italiens, ouvrent un feu meurtier: En quelques minutes, les trois navires ne sont plus que des torches flottantes. Le Fiume à sa coque rompue par les explosions et coule en quelques minutes, entraînant avec lui le gros de son équipage, le Zara flambe mais refuse de couler, et le Pola, également la proie des flammes, mais sans doute le moins "amoché" des trois, fait face à une panique généralisée de son équipage qui saute à la mer malgré les ordres de son commandant. Le destroyer Jervis profite de cette panique pour l'aborder sans être inquiété et y faire grimper une compagnie de fantassins de marine qui font prisonniers les officiers et prennent possession du navire en quelques minutes...
Le bilan de ce dernier acte de la bataille est relativement grave pour les Italiens qui perdent d'un coup trois croiseurs lourds, considérés comme parmi les meilleurs jamais construits, mais aussi deux destroyers, l'Oriani et le Carducci, et voient le Veneto immobilisé pour de longues réparations. Le Zara, en en feu de la proue à la poupe, donnant de la gîte par babord jusqu'au landemain, sera torpillé par les destroyers de la 14e division du capitaine de Vaisseau Mack tandis que l'on envisagera de remorquer à Alexandrie le Pola comme prise de guerre, humiliation suprême pour Mussolini, digne des temps de la marine à voile. Mais Cunningham y renonça en raison de la menace toujours latente de l'aviation Allemande et Italienne et repliera ses forces. Le Pola sera torpillé et les survivants seront repêchés par le navire hôpital Gradisca. La bataille, si elle découragea les Italiens à d'autres action de grande envergure (si ce n'est grâce à l'appui de l'aviation) fit aussi la preuve de l'utilité de l'aéronavale commme du radar. Les Italiens digèreront aussi la leçon et mettront en chantier la reconversion de deux paquebots, l'Aquila et le Sparviero, en porte-avions, tandis qu'une commission fut chargée de faire venir d'Allemagne des ingénieurs et matériel afin d'équiper ses navires de radars.
Le raid de Tarente (12 novembre 1940)
La rade de Tarente: Le Conte di Cavour le landemain du raid. Les hauts-fonds de la rade l'empêchèrent de couler, mais il fut inactif jusqu'à la capitulation Italienne (Image Wikipedia).
Si la seconde guerre mondiale se distingue foncièrement de la première, par son ampleur géographique comme par sa dynamique et sa massivité industrielle, sur le plan tactique et stratégique elle voit l'avion devenir un élément de tout premier plan: Les attaques aériennes ont ainsi été menées avec des conséquences redoutables sur les différents théâtres d'opération. Ainsi en va t'il de Pearl Harbor le 7 décembre 1941. Mais cette attaque fut inspirée en réalité par une autre, bien plus modeste, menée avec toute l'audace nécéssaire par une Royal Navy prête à tout pour s'assurer la domination de la méditrannée. Le plus beau sans doute est la disproportion des forces : 6 cuirassés, 16 croiseurs, et 13 destroyers contre seulement 4 croiseurs et 5 destroyers du côté Britannique, ainsi que le vieux porte-avions HMS Glorious et également de vieux biplans-torpilleurs. C'est la nature de la tactique utilisée avec tout le cran nécéssaire, qui allait faire toute la différence et révolutionner la guerre navale...
On savait Churchill et l'amirauté prêts à en découdre avec leurs alliés de la veille à Mers-el-Kébir. En s'attaquant cette fois à la base navale de Tarente, il comptaient chasser la flotte Italienne trop directement menaçante pour Malte et la trafic est-ouest, notamment les convois ravitaillant l'Egypte. En novembre 1940 en effet, si l'Italie essuyait des revers en Grêce, elle semblait en position de force en Libye, et commença une campagne avec beaucoup d'optimisme. Tarente était en 1940 la principale base navale Italienne, et de loin. Elle se situait dans le creux de la botte Italienne, sous "la plante du pied transalpin". Y séjournaient les principaux bâtiments de guerre de la flotte, à commencer par les cuirassés, et la majorité des croiseurs. Naples et Gènes étaient surtout des arsenaux qui furent d'ailleurs bombardés par les navires Britanniques, La Spezia étant la seconde grande base navale et le principal chantier naval Italien.
Une carte postale montrant la rade de Tarente à la fin des années trente (wikimedia): Le gros de la flotte de la méditerranée s'y trouvait. Ne restaient en réserve que quelques bâtiments pour l'adriatique et à Gènes. On distingue au premier plan des destroyers de seconde classe, la classe Palestro et Pilo, des bâtiments moderne de la classe Freccia, puis les quatre bâtiments de la classe Zara, le Trieste et le Trento, et Tout au fond, les mâts tripodes des Cavour (cuirassés).
La rade de Tarente, comprenant d'énormes dépôts de carburant, était relativement peu protégée par la DCA (ou seulement par des pièces légères) et constituait donc une cible de choix. Par ailleurs elle disposait d'une force de frappe redoutable, composée des 6 cuirassés que comptait la flotte, 7croiseurs lourds et 2 légers, et 8 destroyers. Très tôt l'amirauté avait dressé les plans d'une attque surprise de la base, baptisée "Operation Judgement". Elle devait être menée par les appareils de l'Eagle et de l'iIlustrious, ce dernier flambant neuf, à l'origine pour le "trafalgar day", le 21 octobre, mais entre-temps l'Eagle fut endommagé, et on décida d'affecter ses appareils survivants à l'Illustrious qui mènerait l'attaque seul. Ce dernier mettait en oeuvre 4 squadrons de biplans swordfish et était escorté de 2 croiseurs lourds, 2 légers et 4 destroyers, sous le commandement d'Andrew Cunningham. Elle fut précédée par des vols de reconnaissances de bimoteurs Martin Maryland en provenance de Malte, et enfin d'un vol de Short Sunderland le soir précédant directement l'attaque.
L'avion fut repéré par les Italiens, mais ces derniers n'y firent pas suite. Ce soir-là, l'escadre s'était rassemblée à quelques encâblures de l'île grecque de Céphalonie, à 170 milles de la base Italienne. A 21h00, un premier raid de 12 Swordfish était lancé, suivi à 22h00 de 9 autres. Les premiers, pour moitié équipés de torpilles et pour l'autre de bombes, arriva au-dessus de la rade à 22h58. Ces deux vagues se séparaient par cible, la première arrivée attaquant le grand port externe, et l'autre plus tard le port intérieur plus petit. Les premiers appareils marquèrent leurs cibles de fusées éclairantes (qui aidèrent d'ailleurs les canonniers de la DCA Italienne à abattre deux Swordfish). L'attaque fut menée avec un cran admirable: Les avions torpilleurs arrivaient véritablement au raz de l'eau afin d'être sûrs que leurs engins, modifiés pour l'occasion, ne "rebondissent" ou n'explosent pas en touchant le fond qui n'était que de 12 mètres, ce qui empêcha d'ailleurs les navires Italiens de couler totalement.
Le raid de Tarente en vidéo ("Dangerous Missions", You Tube)...
Le Littorio, fer de lance de la flotte, encaissa trois torpilles, le Caio Duilio et le Conte de cavour une chacun. Le Guilio Cesare était encore en réparation, en retrait, après la bataille de Calabre. Le second raid mit plusieurs bombes au but, endommangeant notamment très gravement un croiseur lourd Italien. Au final, le bilan du raid était relativement satisfaisant: Certes, la flotte Italienne avait étée privée pendant plusieurs mois de la moitié de ses bâtiments de ligne (quatre pour le Littorio, six pour le Duilio, tandis que le cavour ne fut jamais totalement réparé et resta inactif jusqu'à l'armistice de 1943.). Le fait que cette attaque fut menée à la torpille permit en partie d'épargner les vies humaines : En effet, les Italiens n'eurent à déplorer que 59 morts dans cette bataille, la plupart prisonniers des compartiments submergés, et 600 blessés. Les Britanniques n'eurent que 4 victimes à déplorer, 2 aviateurs tués et deux capturés (les deux appareils abbattus durant le raid)... Le raid de Pearl Harbor mené un peu plus tard mélangeait bombardiers en piqué, en altitude et torpilleurs: le bilan humain fut beaucoup plus lourd...
La Regia Marina fut contrainte ensuite de s'exiler vers le port de la Spezia plus au Nord, et ne menaça donc plus directement les convois Britanniques vers l'est. Par ailleurs, pour chaque sortie ultérieure, elle fut obligée de passer devant Malte, à portée de l'aviation Britannique, toujours au courant de ses actions. On ne peut contester ce qui fut de l'avis de Cunningham l"heure de gloire de la Fleet ait Arm", qui de parent pauvre de l'aviation Britannique, fut renforcée par de nombreux pilotes suite à ce coup d'éclat. Du cran, il en fallait en effet pour se lancer de nuit dans un tel raid avec des appareils lourd, désuets, volant à peine à deux cent kilomètres-heures... Le Raid de tarente ne signifia pas pour autant la fin des activités de la flotte Italienne qui allait subir son plus grave revers "à la loyale" à Matapan.
Fairey Swordfish
Le héros du raid de Tarente, le Fairey Swordfish (Image Wikipedia). L'amirauté Japonaise, alors influencée par l'amiral Yamamoto, promoteur infatigable de l'aéronavale, allait puiser toutes les leçons de cette attaque qu'elle allait littéralement plagier, avec une ampleur décuplée un an plus tard...
La bataille de Kerkenna (6 avril 1941)
Kerkenna : La localisation.
Cet engagement naval apparemment de moindre importance a pourtant été une parfaite illustration de la finalité des batailles navales dans la méditerranée entre 1940 et 1943: Permettre le ravitaillement des troupes des deux camps engagés en Afrique. Kerkenna est une série d'îles entourées de hauts-fonds de la côte Tunisienne. Une escadrille de destroyers Britanniques, sans autre bâtiment plus important, est envoyé en urgence intercepter un convoi Italien de 5 cargos escortés par 3 destroyers Italiens, à destination des forces Italo-Allemandes qui assiègent Tobrouk.
Le convoi comprend les cargos Allemands Aegina, Iserlohn, Adana, Arta, et le cargo Italien Sabaudia, escortés par le Tarigo, le Lampo et le Baleno, le tout sous le commandement du lieutenant de vaisseau Da Cristofaro. La 14e escadrille Britannique du commandant Mack venant de Malte comprenait les Janus, Jervis, Mohawk et Nubian. Ces deux derniers étaient du type "tribal", très puissants. Cette action d'interception très simple, aussi appelée bataille de Sfax, se décomposa en deux étapes.
Dans un premier temps, les destroyers Britanniques repérèrent par radar vers 1h00 du matin les escorteurs du convois et ouvrirent le feu à bonne distance (Le Nubian et le Mohawk en particulier avaient 8 pièces de 140 mm à longue portée, surclassant complètement l'artillerie Italienne.). Le duel d'artillerie tourne très vite au désavantage des Italiens, qui encaissent plusieurs impacts, mais le Luca Tarigo aura le temps de se rapprocher de ses agresseurs suffisamment pour lâcher une bordée de torpilles, avant d'être définitivement désemparé.
Royal navy Regia Marina
Cdv. Mack LdV Da Cristofaro
Destroyers 4 Destroyers 3
Cargos 5
Les destroyers Britanniques manoeuvrèrent pour les éviter, mais le Mohawk fut atteint et gravement touché par deux torpilles. Prenant de la gîte rapidement, mais sans couler, il n'était plus capable de faire route vers Malte. Dans un second temps, les destroyers Britanniques torpillèrent méticuleusement les cargos de l'axe, les envoyant tous par le fond. Après la bataille, les destroyers sauvèrent les équipages, mais le Mohawk, qui avait perdu 41 hommes lors du double impact, fut sabordé avant de sombrer. Au final l'action avait étée couronnée de succés côté Britannique. Le convoi était une aide précieuse pour les troupes de Rommel, 3500 tonnes de matériel, 300 véhicule et 1800 homes (sur 3000) perdus, du carburant, des vivres, des renforts qui lui manquèrent cruellement...
Coulez le Bismarck (12-27 mai 1941)
L'affaire du Bismarck (18-27 mai 1941) : La photo la plus célèbre du plus célèbre cuirassé: Le titanesque Bismarck en train d'ouvrir le feu sur l'infortuné Hood.
"Coulez le Bismarck". Par cet ordre péremptoire de Winston Churchill, qui donna lieu à un film au titre identique, la moitié de la Royal Navy fut dépêchée toutes affaires cessantes - y compris les convois de l'Atlantique -, venus d'Ecosse, du Firth of Forth, mais aussi de la côte est de l'Angleterre, ou même de Gibraltar. Toutes ces forces contre un seul navire: Le cuirassé Allemand Bismarck. C'est dire que la menace qu'il représentait pour le "vieux lion", bien renseigné par ses attachés navals...
Tout commença par le projet, au sein de l'état-major de la Kriegsmarine sous le patronage de l'amiral Raeder, de doter l'Allemagne d'un cuirassé véritable, depuis le blanc-seing accordé par la Grande-Bretagne en 1936, qui à l'époque cherchait à amadouer le maître du IIe Reich en lui permettant de bâtir une flotte au tonnage représentant 25% de la Royal Navy. Balayant d'un revers de la main le traité de Versailles, notamment l'interdiction de construire des navires de plus de 10 000 tonnes, qui à priori interdisait les cuirassés, Hitler et Raeder mirent sur pied un programme très ambitieux visant à rendre à l'Allemagne la force navale qu'elle avait eu en 1914, alors au second rang mondial. Mais pour y parvenir, un long chemin était à prévoir, et le plan ne devait trouver d'accomplissement que dans le courant des années quarante.
Le premier jalon de ce plan, après les brouillons que représentaient les croiseurs de bataille de la classe Scharnhorst, furent les quatre cuirassés de la classe Bismarck, dont seuls les deux premiers furent achevés. Ils furent mis sur cale dès 1937 et on envisagea dès les cartons à dessin un tonnage bien supérieur aux 35 000 tonnes permis par le traité de Washington, toujours en vigueur. Par l'artillerie comme par l'architecture générale, le Bismarck et son jumeau le Tirpitz ne furent que des copies très améliorées et modernisées des Bayern de 1917. Par leur vitesse, la portée de leurs pièces, la précision de leurs appareils télémétriques doublés de radars ultra modernes, le tout bien servi par une protection quasi invulnérable, les deux cuirassés étaient un nouveau jalon en la matière.
Lorsque le Bismarck, dont le lancement intervint en 1938, fut connu des Britanniques, ceux-ci s'enquirent des moyens de lutter contre un tel navire. Le Bismarck procédait en effet d'une philosophie nouvelle, développée en réponse à la pauvreté d'effectifs de la marine Allemande. Autant les trois croiseurs de poche de la classe Graf Spee étaient conçus pour surclasser n'importe quel croiseur, autant le Bismarck était un navire de supériorité navale, fait pour surclasser n'importe quel adversaire, y compris les derniers cuirassés rapides. Son but n'était en principe pas de s'intégrer à une ligne de combat en vue d'un engagement classique, en ligne et en nombre contre la flotte Anglaise, mais de pouvoir opérer en corsaire contre les convois ennemis, avec la différence qu'il pouvait réduire au silence son escorte sans être inquiété. Contre ce bâtiment en effet, la Royal Navy ne disposait pas de cuirassés assez rapides ni dotés d'une artillerie à la portée suffisante pour l'attrapper et le détruire. Seule une attaque par le nombre, une véritable chasse à courre, en le ralentissant par des attaques aériennes répétées - selon la tactique classique déjà mise en oeuvre avec succés en méditerranée - pouvaient en venir à bout.
Or le 18 mai 1941, le cuirassé avait achevé des essais et ses exercices de tir avec succés, jusqu'ici bien protégé en Baltique. Mais à présent, Hitler comptait sur lui pour mettre à mal les convois de l'Atlantique et définit l'opération Rheinübung. Le Bismarck appareilla donc de Gdynia, portant la marque de l'amiral Lütjens, en compagnie du croiseur lourd Prinz Eugen. Dès sa sortie de Gdynia, les Britanniques étaient sur le qui-vive. A la nouvelle que le navire avait été aperçu passant le détroit du Skaggerak, à l'est du Danemark, fermant la Baltique, la RAF, le Coastal Command et la Fleet air Arm furent mises en alerte maximale: Il s'agissait avant tout de garder un contact permanent sur le goupe de combat Allemand. Le 20 mai en effet, par une visibilité médiocre, les deux navires franchissaient le détroit et se dirigeaient vers le port de bergen, au sud-ouest de la Norvège.
Royal Navy: Amiral John Tovey, Vice-Amiral Holland Kriegsmarine : Amiral günther Lütjens
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Le 21 mai, le Bismarck et son escorte sont repérés à Bergen par la RAF. Un PC opération est monté depuis Londres, et l'ordre est donné à la flotte de Scapa Flow de se déployer. La Home fleet est sur le pied de guerre. Pour rejoindre l'Atlantique, quatre routes sont possibles en considérant les îles au nord de l'écosse. John Tovey doit pouvoir disposer des moyens de barrer le passage au groupe Allemand avec toutes les forces disponibles. Aussitôt, on mobilise les cuirassés en pleine escorte, et venant de Scapa flow sont envoyés le Hood et le Prince of Wales, escortés par 6 destroyers, de même que le King Georges V, le porte-avions Victorious, le croiseur de bataille Repulse, les croiseurs lourds Norfolk et Suffolk et 6 autres destroyers, ces derniers patrouillant au large de l'Islande. Les premiers navires à partir sont en pleine nuit, à 0h52, le Prince of Wales, le Hood et 6 destroyers sous les ordres du vice-amiral Holland.
Le "mighty Hood" était un "vieux garçon" extrêmement célèbre de par le monde, qui n'avait depuis son lancement jamais connu autre chose que les exercices d'escadres, tandis que le Prince of Wales était le second cuirassé rapide de la classe King Georges V, tellement neuf que ses tourelles secondaires n'étaient pas encore pleinement opérationelles et sa peinture inachevée: Il appareilla en catastrophe au point que les ouvriers civils du chantier qui étaient à bord n'eurent pas le temps de débarquer. Toute la journée du 22, les reconnaissances se succèdent. En,fin, le soir, à 20h00, un avion informe Tovey que les deux navires Allemands ne sont plus à Bergen. Le 23 mai au matin, l'escadre de Tovey est au complet avec le King Georges V, le Repusle, et le Victorious.
Pendant ce temps, le Bismarck et le Prinz Eugen faisait route pleine puissance vers le Nord-ouest en vue de passer au nord de l'Islande. A 12 heures, ils ont contourné l'île en plaine mer du fait des champs de mines anglais sur les côtes et redescendent vers le sud et la route des convois. Le temps est limpide, et les deux bâtiments sont suivi au radar par le Suffolk qui à 19h22 communique sa position. A 20h22, exactement une heure plus tard, le Norfolk à son tour prend contact. Le Bismarck va alors virer de bord et ouvrir le feu contre le Suffolk et ce dernier se dérobe rapidement, n'étant pas de taille. Il poursuivra son contact par radar. Lütjens qui se doute que sa position est connue et que la Royal Navy est mobilisée contre lui se demande s'il ne vaut mieux pas rebrousser chemin, mais étant trop engagé, décide de poursuivre sa route au sud. Le 24 mai allait se livrer la bataille la plus courte mais la plus impressionante de la guerre, au large de l'Islande, bataille dite "du détroit du Danemark".
Ce matin très tôt, le brouillard s'était levé. la mer était encore formée, le plafon bas, mais la visibilité était largement supérieure. A 5h25, les hydrphones du Prinz Eugen captèrent le son se rapprochant de deux bâtiments importants à babord. A 5h37, à 35 000 un bâtiment d'abord analysé comme un croiseur fut aperçu. A 5h43, un second bâtiment, tujours pris pour un croiseur lourd était aperçu par le Prinz Eugen et le chef canonnier décidait en conséquence de faire charger ses pièces avec des obus hautement explosifs. Il s'agissait en réalité du groupe formé par le Hood et le Prince Of Wales, arrivant à 28 noeuds. Le Vice-amiral Holland connaissait les faiblesse de son bâtiment amiral, mal protégé et doté de pièces de portée moindres que celles du Bismarck. En conséquence, il fit le choix de se rapprocher très vite des deux navires Allemands. Toutefois les Britanniques qui voyaient le Prinz Eugen en tête, le Bismarck étant à un mile derrière, ils crurent qu'il s'agissait du cuirassé Allemand.
La méprise était attendue: Les deux navires avaient une silhouette très voisine. Lorsque la méprise fut relevée, on ordonna aux canonniers de changer de cible, mais seul le Prince of Wales engagea le Bismarck. Avec 10 pièces de 343 mm il avait l'avantage du nombre mais ni celui de la portée ni du calibre. A 5h52, les deux navires Anglais ouvrirent le feu à 23 000 avec leurs pièces avant seulement, du fait de leur angle d'approche inadéquat. Toutefois dès la prmière salve, le POW (Prince of Wales) souffrit d'un problème mécanique sur la tourelle quadruple N°1 et dût la mettre temporairement hors-service. Ses tirs mal ajustés par des officiers de tir inexpérimentés tombèrent trop loin du Bismarck. De son côté les deux premières salves du Hood tombèrent trop court en visant le Prinz Eugen. Pendant ce temps, l'officier de tir du Bismarck demandait plusieurs fois la permission à la passerelle d'ouvrir le feu, sans réponse.
Le Prinz Eugen était à portée encore insuffisante pour répliquer. A 5h54, le Vice-amiral Holland fit orienter ses navires en parralèle à ceux des Allemands pour bénéficier de toute leur artillerie. Ceci permit aux télémétristes du Bismarck d'identifier le Hood et le prince Of Wales et d'agir en conséquence. A 5h55, le Bismarck, suivi du Prinz Eugen ouvrirent le feu à leur tour à 20 000 mètres. A 5h56, la cinquième salve du POW tomba encore trop long, mais un impact direct fut enregistré lors de la suivante, à l'arrière du Bismarck au niveau de la poupe, laissant derrière lui une traînée de mazout tandis que le Prinz Eugen enregistra avec ses 203 mm un coup au but sur le Hood au niveau du mâts arrière, déclenchant un grand incendie. Les deux bâtiments Allemands concentraient jusque là leurs tirs sur le Hood mais Lütjens ordonna rapidement au Prinz Eugen d'ouvrir le feu sur le POW, tandis que l'artillerie secondaire du Bismarck faisait de même, son artillerie principale engageant toujours le Hood. A 6 heures du matin, la distance était tombée à seulement 16 000 mètres. Le Prinz Eugen avait même lêché trois torpilles par le travers, sans résultat.
C'est alors que survint l'évênement-clé de la bataille: Alors que les deux bâtiments Anglais se présentaient cette fois presque parfaitement de profil afin d'engager leur artillerie arrière, un ou plusieurs obus de 380 mm du Bismarck pénétrèrent le magasin à munition arrière du Hood. il s'ensuivit une explosion cataclysmique d'une hauteur hallucinante (près de 600 mètres), une colonne de feu, de fumée et de débris qui résonna dans le lointain et dont la déflagration fit - d'après leur description - vaciller les matelots Allemands sur le pont des deux navires. Le plus grand bâtiment du monde pendant près de 20 ans, fierté de la Royal Navy, s'était coupé en deux et sombrait rapidement. Trois survivants du Hood furent repêchés trois quart d'heure plus tard par le destroyer Electra et débarqués à Reykjavik.
A bord du POW c'était la consternation. Le vice-amiral Holland avait péri avec son navire, et le cuirassé Anglais était privé de l'usage de sa tourelle principale avant. Aussi lorsque les canons du Bismarck se retournèrent contre ce dernier, l'affaire paraissait très mal engagée. Les civils embarqués bien malgré eux à bord du bâtiment étaient livides, terrifiés. Le POW avait viré de bord pour passer derrière la coque en feu du Hood qui sombrait, s'éloignant prudemment des navires Allemands tout en répliquant avec ses 6 pièces de 343 mm opérationelles. A 6h02, un obus du Bismarck entra dans la passerelle du POW, tuant tout les officiers de pont sauf le commandant Leach, sauvé par miracle. Les bâtiments Allemands s'étaient rapprochés du POW à 14 000 mètres seulement et toutes leurs pièces, 8 de 380, 8 de 203 et 6 de 152 mm et même les 24 de 105 mm AA crachaient le feu. Leach, retrouva ses esprits et ordonna immédiatement d'envoyer un écran de fumée et de faire retraite.
Le cuirassé anglais flambant neuf avait alors encaissé 4 impacts du Bismarck et trois du Prinz Eugen et était en très fâcheuse posture. Même le poste de télémétrie arrière du POW était HS, aussi c'est au jugé que l'officier de tir de la tourelle arrière du cuirassé Anglais faisait feu sans enregistrer de résultats. Sa vitesse étai tombée et Leach se voyait déjà rattrappé et détruit lorsque à 6h09 l'incroyable se produisit: Lütjens décida de rompre le combat et d'arrêter la poursuite. Ce répit inespéré permit à Leach de s'éloigner avec son bâtiment sain et sauf. Ce dernier en sera quitte pour de longues réparations et connaîtra un sort funeste en extrême-Orient en décembre. Lütjens continait sa route vers le sud-ouest. Il informa l'état-major qu'il allait rejoindre Saint-Nazaire pour y effectuer des réparations tandis que le prinz Eugen qui n'avait subi aucun coup au but continuerait la mission et s'attaquerait aux convois.
A 9h50, le commandant Brinkmann du Prinz Eugen reçut l'ordre de passer sur l'arrière du Bismarck pour évaluer sa fuite de mazout. Toutefois, la veille de l'escadre Allemande était toujours active, avec le Suffolk à tribord et le Norfolk et le POW à bâbord. A 12h40, l'escadre Allemande infléchissait sa course plein sud dans le but de gagner l'atlantique central puis ensuite d'obliquer plein est en direction des côtes Françaises. Le 24 mai, c'était l'indignation à Londres: Toutes les manchettes de journeaux affichaient en une la destruction de l'orgueil national, le Hood. Le coup était rude et devant Churchill, la chambre des communes était déchaînée. L'amirauté, sermonnée par Churchill, depuis le terrible message du POW le 23 au matin, se vit obligée de faire cesser à tous les bâtiments de ligne leurs missions d'escorte prévue pour se joindre à la rencontre du Bismarck. A ce moment du fameux "coulez le Bismarck!" ordonné par un Churchill furibond, le Rodney qui escortait le Britannic était le premier à partir, à 10h36 depuis la côte est de l'Irlande avec 4 destroyers. Le commandant Dalrymple-Hamilton reçut l'ordre formel de se séparer au besoin du transport de troupes, en ne lui laissant qu'un destroyer d'escorte.
Le cuirassé Ramillies, plus ancien, qui escortait le convoi HX127 fut également dérouté afin de faire route au sud-ouest. Enfin à 15h00, le Revenge mis en état d'alerte prit également la mer à Halifax. Le 24 mai, à 14h20,la décision était prise et le Bismarck envoya en morse au Prinz Eugen à 18h40 l'ordre de rompre la formation, tandis que le Birmarck faisait route au sud-sud-est. La diversion permettrait au Bismarck, lancé à pleine vitesse, de rejoindre la France pour le 26. Au nord, de nombreux bâtiments de ligne étaient partis en chasse. Lütjens espérait que le Bismarck attirerait le gros de ses poursuivants sur un piège: 6 U-Bootes positionnés au large du golfe de gascogne. En faisant route au sud-sud-est, le Bismarck se rapprocha rapidement du Suffolk. Ce dernier se vit bientôt encadré par des tirs du Bismarck.
De 18h30, l'échange avec le croiseur Anglais, qui eut tôt fait de se retirer sous un écran de fumée se fit avec le POW, qui restait sagement à distance, à bâbord du Bismarck et s'acheva à 18h56. Le Suffolk passa sur l'arrière du Bismarck et rejoignit le Norfolk et le cuirassé Anglais. A 20h56, la situation du carburant embarqué par le Bismarck devenait préoccupante: Toujours à pleine puissance, ce dernier n'avait à présent plus la possibilité de rejoindre ses ravitailleurs et était obligé de faire route toujours au sud et non en direction de la France, pour éviter de se mettre en "T" par rapport à ses poursuivants. Les U-bootes reçutent l'ordre de couvrir le Bismarck sur sa nouvelle route. Une menace approchait cependant: L'escadre du contre-amiral Alban à bord du porte-avions Victorious accompagné par quartre croiseurs légers.
A 22h10, le Bismarck faisait route à 25 noeuds. Les 9 sworfish du Victorious décollèrent pour tenter de le couler, suivis à 23h00 et minuit par des Fulmar. Le Sworfish de tête commandé par Esmonde était doté d'un radar qui enregistra la cible attendue. L'escadrille Britannique se prépara alors au torpillage alors que le soleil avait disparu, mais au lieu du Bismarck ce fut le garde-côtes USS Modoc qui était tout proche et faillit être pris pour cible. A ce moment le cuirassé Allemand aperçut les avions et ouvrit le feu avec son artillerie AA à longue portée, tout en augmentant la vitesse à 27 noeuds.
Vers minuit, les Sworfish s'étaient mis en position d'attaque. Ils reçurent du Bismarck un véritable feu d'enfer, car non seulement toute son artillerie antiaérienne ouvrait le feu, des 105 aux 20 mm, mais également les 152 et même les gros 380 mm. Bravant le mur d'acier, les aviateurs britanniques larguèrent leurs torpilles, que le Bismarck évita toutes en manoeuvrant avec adresse, sauf la dernière, qui vint exploser au niveau de la ceinture tribord. Le Bismarck n'enregistra donc aucune voie d'eau, mais la déflagration tua un matelot et en blessa six autres.
A 2h30 du matin, les sworfish revinrent tous au Victorious pour apponter: Aucun n'avait été descendu. La vitesse du Bismarck fut cependant redescendue à 16 noeuds pour permettre quelques réparations, et à 1h30 du matin, le Prince of Wales ouvrit le feu à 16 000 mètres. Le Bismarck répliqua, sans que les deux protagonistes n'enregistrent de coup au but. A ce moment, le moral était au plus haut à bord du bâtiment Allemand et l'équipage fêtait l'anniversaire de l'amiral qui avait ce 25 mai, 52 ans. Ce dernier se sentait également en totale confiance et essaya de profier de l'obscurité pour semer ses poursuivant en une manoeuvre hardie: A 3h06, il fit obliquer son navire plein ouest, puis entamer un 180° afin de passer derrière les navires Anglais.
A 4h01, la manoeuvre avait réussi, grâce notamment à l'absence du Suffolk à tribord, et le vice-amiral Wake-Walker dût annoncer le fameux "contact lost" à l'amirauté par TSF. A présent le Bismarck avait semé ses poursuivants et était devenu invisible, mais plus encore, faisait route directement sur Saint-Nazaire, au sud-est, de nouveau à 27 noeuds. Paradowalement, Lütjens croyait que les Britanniques le suivaient toujours et l'annocça par radio. Il fut informé, mais trop tard par le PC opération ouest de la Kriegsmarine, que ce n'était plus le cas. Trop tard, car le premier message du Bismarck à 9h00 avait été capté et de ce fait permit aux Britanniques de calculer par trigonométrie sa nouvelle position approximative. Après cela, le Bismarck garda le silence radio. Celà n'empêcha pas vers 11h00 Lütjens de faire par interphone un discourt à ses hommes pour leus siginfier leur glorieux fait d'armes contre le Hood, mais également qu'en infléchissant sa course vers un port français ils seraient probablement intercepté par la Royal Navy et devrait livre bataille.
Il termina son discourt pas un vibrant "la victoire ou la mort!". Peu après, vers 16h25, il reçut de Hitler en personne de nouveau un bon anniversaire et des félicitations pour son exploit contre la Royal Navy. Par ailleurs l'équipage reçut l'ordre de construire une second cheminée factice derrière la première pour tromper l'ennemi, ainsi que de peindre en jaune le dessus des tourelles. A 3h00 du matin le 26, un catalina du Coastal Command décollait de l'Irlande et localisa le cuirassé à 10h10 au moment de faire demi-tour. Assailli par la DCA du géant, il encaissa un schrapnell et dût manoeuvrer pour échapper aux tirs, après avoir largué ses deep-charges. A ce moment, l'amiral Tovey ne pouvait compter que sur le king Georges V et le Rodney, bien trop au nord encore, et qui ne pouvaient faire route à pleine vitesse afin d'économiser leurs réserves de mazout déjà bien entamées.
Il ne restait désormais plus qu'un espoir à l'amirauté pour intercepter le Bismarck avant son arrivée en France: La force H du vice-amiral James Sommerville, venant à pleine vitesse cap au nord de Gibraltar. En effet à ce moment, le Renown qui accompagnait l'Ark Royal était en bonne position pour intercepter le Bismarck, mais après la perte du Hood l'amirauté ne voulait pas risquer un second croiseur de bataille contre le cuirassé Allemand. Aussi, la Force H se retrouva en chasse cap est-sud-es du Bismarck, avec derrière lui à faible distance el croiseur Sheffield. Le 26 mai à 8h35, le porte-avions Ark Royal lançait ses Swordfish. Vers 11h14, l'un d'eux aperçut le cuirassé, bientôt suivi par un second appareil. Deux autres vinrent les relever afin de garder le contact. La Force H était alors suivie de près par le submersible U-556, mais ce dernier revenant de l'atlantique en ayant plus de torpilles ne pouvait rien tenter.
A 14h50, pas moiins de 15 Swordfish décollaient de l'Ark Royal chargés de torpilles et trouvaient leur cible à 15h50 grâce au spot radar enregistré par l'avion de tête. la visibilité était très mauvaise, mais la silhouette du navire se détachait dans la brume lorsque les vieux biplans passèrent à l'attaque: La première vague lança 11 torpilles dont 6 que le commandant du Sheffield évita habilement, tandis que les autres au système de mise à feu magnétique déficient explosaient en touchant l'eau ou larguage ou en croisant les turbulence du sillage du croiseur. La seconde vague ne passa pas à l'attaque après que le premier Swordfish reconnût le navire Anglais.
A 17h00, les avions rentraient au porte-avions pour un ravitaillement. Ces opérations longues ne laissaient que peu de temps avant le crépuscule pour une nouvelle attaque. Une autre attaque de nuit étant promise à l'échec, aussi la dernière de la soirée était capitale: Le lendemain, le cuirassé entrerait dans une zone à la fois couverte par la Luftwaffe et les U-Bootes. Aussi, à 19h15, l'escadron de 15 Swordfish décollait de nouveau avec des torpilles équipées cette fois de déclencheurs de contact.
Le célèbre HMS hood, que les Britanniques et leurs alliés considéraient avec un immense respect... Un seul coup au but suffit à le faire disparaître : Beaucoup avaient oublié qu'il ne s'agissait que d'un "croiseur de bataille" mal protégé.
A 20h47, l'escadron passait à l'attaque dans une meilleure visibilité. La DCA du géant se déchaîna une fois encore. Et cette fois encore, son commandant le manoeuvra de main de maître, évitant les 15 torpilles sauf deux: L'une toucha le bâtiment à la ceinture bâbord, sans dommages, mais l'autre vint exploser sur le guide du gouvernail qui était alors braqué à 12° dans une manoeuvre serrée. Les conséquence de ce seul impact furent considérables: La salle de la barre étant immergée et les compartiments adjacents inaccessibles à cause de la tôle tordue, les plongeurs ne pouvaient même pas espérer la réparer dans les temps. (on envisagea même de remettre en position le gouvernail en déclenchant une explosion de l'autre côté, mais cela risquant d'endommager les arbres d'hélice, on renonça à cette idée, de même qu'à celle de compenser l'écart en se servant de la propulsion tribord. Désormais privé de la capacité de se servir d'une barre bloquée dans la même position, le cuirassé se voyait entamer un long cercle qui l'amènerait à tourner le dos involontairement à la côte Française, mais pire, de se trouver maintenant à la merci de ses poursuivants.
Durant des essais de compensation moteur, le Bismarck entama une course erratique et vint à le rencontre du Sheffield. Ce dernier, encadré de près, trouva le salut dans la fuite et un nuage de fumée. A 22h38, la 4e flotille de destroyer commandée par Philip Vian, futur amiral, détecta le cuirassé grâce au Piorun, le destroyer Polonais le plus en pointe. Le temps était alors mauvais, et le Piorun faillit être détruit par les tirs du Bismarck. Toute la nuit les 5 destroyers passaient à l'attaque à la torpille, envoyant des obus éclairants dont l'un d'eux alluma sur le pont du Bismarck un début d'incendie. Dans le gros temps et la pluie, aucun impact ne fut enregistré tandis que les destroyers manoeuvraient avec adresse pour éviter la destruction devant le feu nourri du bâtiment. L'un d'eux, le Cossack, déjà célèbre pour son attaque de l'Altmark en Norvège, perdit le contact radar à cause d'un impact très proche, son antenne étant écrasée par des tonnes d'eau de mer.
Le Cuirassé King Georges V, sister-ship du Princes of Wales, au moment des événenements. Il portait 10 pièces de 356 mm.
A 7h00, les destroyers renoncèrent à poursuivre leurs actions, ayant déjà lançé 16 torplles sans résultats. Malgré ce succés pour Lütjens, le répit était de courte durée: Ce n'était qu'une question d'heures avant que les grosses unités Britanniques n'arrivent. Le Bismarck s'enfonçait de l'avant, faisant "soc de charrue" dans d'énormes vagues: On en était à une mer de force 8. Le cuirassé blessé se traînait à 7 noeuds contre le vent. Enfin à 8h43, à 23 000 mètres, le King georges V et le Rodney infléchissaient leur course pour se placer en ligne de bataille. Désormais tout léquipage était tendu. A deux contre un, avec une faible vitesse et une incapacité à gouverner correctement, le Bismarck n'était plus qu'une forteresse d'acier attendant l'hallali. Son artillerie et ses télémètres étaient intacts, sa puissance de feu était donc pleinement opérationnelle et la résolution de tous était absolue.
Un extrait du film "sunk the Bismarck" de CS Forester (1960) d'après le livre "The Last Nine Days of the Bismarck"
A 8h47, le Rodney ouvit le feu à 20 000 mètres, suivi du KGV. Puis, au fut et à mesure que la distance chutait, le croiseur Norfolk fit de même avec ses pièces de 203 mm. Lorsque l'artillerie secondaire des cuirassés Anglais aboya à son tour vers 9h00, le Bismarck répliquait par ses 4 pièces de 380 mm arrières et ses 4 pièces 152 mm latérales. Les Britanniques totalisaient 10 pièces de 356, 9 de 381 mm, et 8 de 203 mm. A 9h02, le premier impact grave priva la Bismarck de son poste de télémétrie principal sur la tour de passerelle. Deux minutes plus tard, le croiseur Dorsetshire ajouta ses 8 pièces au concert d'acier. Le tir du Bismarck, gêné par la houle, restait efficace du fait du transfert du central de tira u poste arrière. C'est alors qu'à 9h13, au moment ou la dernière salve du Bismarck avait encadré de très près le KV et qu'il se préparait à faire mouche, un obus de 356 mm vint faucher le central de tir.
Le HMS Nelson, au moment des événements. Ce bâtiment de 1925 portait 12 pièces de 305 mm.
A présent, les deux tourelles arrières du Bismarck continuaient le tir avec leurs télémètres popres, inneficacement. Bientôt, un tir du Rodney musela la tourelle "Dora", la dernière. Peu de temps après, ce fut au tour de la tourelle "Caesar". Le Bismarck désemparé continua de faire feu avec ses 152 mm. Mais ces tourelles furent bientôt également contraintes au silence. La pluie de fer et de feu continua alors même que le géant Allemand désemparé n'était désormais plus qu'une cible désarmée. Le commandant décida à 9h34 de l'évacuer et de le faire saborder. Mais alors que les cuirassés Anglais s'étaient approché à 3000 mètres, le feu roulant continuait. A celui-ci, des torpilles s'ajoutaient, venant frapper le bâtiment à la ceinture. Mais le léviathan était toujours à flot, en feu, donnat de la gîte et pratiquement immobilisé.
A 10h00, l'équipage sautait à la mer. On ne pouvait plus guère abattre le pavillon de guerre qui flottait encore au vent. A 10h16, les cuirassés de Tovey cessèrent le feu à court de carburant et de munition. Le Bismarck flottait toujours. Alors que la fin était proche, un escadron de Swordfish était survenu à 10h15 mais était resté asgement à l'écart pour éviter d'être fauchés par les tirs Anglais. Ils fuent même pris par méprise pour des avions de la Luftwaffe et le KGV ouvrit le feu contre eux avec ses 133 mm, sans résultats. Maintenant ne restaient plus que les croiseur Anglais qui envoyèrent des bordées de torpilles, tournant autour du géant agonisant à 2500 mètres. Mais aucun des impacts ne fit couler le navire. Mais sa gîte augmenta encore.
A court de torpilles les croiseurs Anglais pensaient l'achever avec leurs pièces de 203 mm, mais à 10h39 enfin, il commença à chavirer et à couler: Son propre équipage avait ouvert toutes les vannes accessibles. Après trois quart d'heure d'un martellement incroyable, le fleuron du IIIe Reich, qui avait encaissé peut-être 600 impacts que les 2876 obus tirés, sombrait au fond du Golfe de Gascogne. 800 marins avaient pu évacuer le cuirassé avant qu'il ne pique droit vers les profondeurs, entraînant avec lui tous ceux qui étaient restés à bord et ceux qui avaient tardé à s'éloigner à la nage, par aspiration. Sous la menace des U-Bootes, le Dorsetshire et le Maori recuillirent une centaine d'hommes, puis le croiseur espagnol Canarias arrivé sur place depuis El Ferrol, mis un peu tard pour les survivants qui moururent entre temps de fatigue et d'hypothermie dans des eaux à 13°. 115 hommes échappèrent à la mort. Hitler depuis ce jour commença à douter des théories de guerre au commerce en surface développées par Raeder et commença à se tourner vers Dönitz, le chantre de la guerre sous-marine. Le Jumeau du Bismarck, le Tirpitz, ne tenta jamais de telles sorties et resta sagement ancré dans un fjord Norvégien pour la durée de la guerre. Ainsi se terminait l'un des épisodes resté les plus fameux de la seconde guerre mondiale...
L'enfer en Crète (mai-juin 1941)
Photo du croiseur lourd HMS York après sa destruction par la Luftwaffe.
En Mai 1941 l'offensive en Grèce par la Bulgarie prenait fin, avec le contrôle par les forces Allemandes des côtes de la mer égée. Les forces Britanniques restantes assurant la défense des Grecs avaient du se replier à Malte, en Crète, ou à Alexandrie. Le moyen-Orient étant sous contrôle conjoint Britannique et Français, mais l'influence de Vichy ne laissait rien présager de bon quant à l'allégeance de la Syrie, tandis que la neutralité Turque restait solidement verrouillée d'un côté comme de l'autre. Si la Perse se rangeait plutôt du côté Britannique, l'Irak basculait du côté de l'axe et attaquait à son tour les troupes Britanniques en Mésopotamie.
La Crète est, tout comme Malte, une île capitale en méditerranée. Malte se situe à mi-chemin entre l'est et l'ouest et en plein sur les routes de ravitaillement Italiennes en Afrique du Nord, et la Crète, bien plus vaste, berceau de la civilisation Minoenne, offre également une position privilégiée pour contrôler toute la méditerranée Orientale, verrouillant l'accés à la mer Egée et par extension à la mer Noire. Des bases en Crète, la Luftwaffe pouvait frapper tous les convois venant de la métropole en partance ou en provenance de Suez et d'Alexandrie dont elle était à 600 km. C'était une menace directe et très sérieuse sur ce secteur-clé de la méditerranée, dans la poursuite du vaste plan consistant à "asphyxier la Grande-Bretagne, la couper de son empire". Par ailleurs, dans le cadre de la campagne d'Afrique du Nord Rommel butait sur Tobrouk et la ville n'était qu'à 300 km de la Crète.
A l'inverse, la RAF pouvait depuis la Crète frapper avec ses bombardiers lourds les puits pétroliers de Ploetsi, d'une importance vitale pour l'armée Allemande. Le 5 Mai, le général Anglais Freyberg informe Churchill que son île n'est défendable que si elle est renforcée. La Luftwaffe ayant désormais, depuis les îles de l'égée, une portée sufissante pour atteindre la Crète, la RAF, d'ailleurs largement entamée par la campagne de Grèce, n'est pas basée en Crète mais en Afrique du Nord et interviendra comme elle le pourra. Ceci eut des conséquences fâcheuses comme on pouvait s'y attendre. Et malgré la Luftwaffe, un navire amenait en Crète 16 chars et 6 automitrailleuses. Le landemain, le Mi5 informait à son tour Freyberg de l'imminence d'un plan d'invasion Allemand, opération "Merkur".
Le 11 mai, comme les Britanniques le craignaient, l'amiral Darlan à l'issue d'un entretien avec Hitler à Berchtesgaden, lui offre la libre utilisation de terrains en syrie en échange de concessions de pure forme (en fait accord définitif le 28 mai). Depuis la poignée de main de Montoire, c'est la décision qui achève de faire de la France Libre la seule véritable représentante officielle du pays aux Yeux des Anglais. Le 15 mai, c'est le lancement de l'opration "Merkur". La Luftwaffe (qui opère aussi depuis des îles de la mer Egée), attaque l'île en force avec plus de 600 appareils, avant de faire venir ses 500 Ju-52 et 70 planeurs pour un parachutage en masse. C'est la 7e division de paras, la 5e de montagne et 6 régiments d'infanterie commandées par le général Student qui doivent prendre l'île aux Britanniques. Les troupes de montagne et les régiments d'infanterie viennent par mer grâce à un convoi Italo-Allemand escorté par 2 destroyers et 12 torpilleurs. L'offensive est cependant repousée du 18 au 20 mai le temps d'avoir la météo idéale et de rassembler les forces nécéssaires.
La RAF à fait partir ses six chasseurs de l'île et ne peut plus compter que sur quelques pièces antiaériennes Bofors pour s'assurer une défense. Le 20 à 5h30 du matin, les terrains d'aviation (vides) de Malémé et Candie sont bombardés. Suit une seconde vague massive de bombardiers à 7h15 puis le début des parachutages. Les Allis leurs opposent 32 000 Britanniques dont une immense majorité d'Australiens et de Néo-Zélandais ainsi que 10 000 Grecs - restants de l'armée battue un mois plus tôt et évacuée avc les troupes Anglaises. Mal équipés, ils comptent sur 68 pièces de DCA, éclatées sur un très large front, 16 chars et une cinquantaine de canons. La Royal Navy qui compte barrer la route ou convoi de débarquement aligne un partie de la la flotte d'Alexandrie, le Porte-avions Formidable, plusieurs croiseurs, et une quinzaine de destroyers. Le Croiseur lourd York ainsi que d'autres bâtiments et des cargos et pétroliers sont ancrés en baie de Sude.
Le 22 mai, alors que les combats font rage au sol, la Luftwaffe reçoit l'ordre d'anéantir les forces navales présentes afin que les croiseurs n'appuient pas de leur artillerie les troupes Britanniques au sol. Plsieurs escadrilles de Stukas pratiquement sans escorte (la RAF est absente) fond sur la flotte et envoient par le fond les croiseurs Fiji et Gloucester, ainsi que 4 destroyers ainsi que 4 autres navires de moindre importance. Mais les navires survivants interceptent le convoi de débarquement Allemand et essuient des pertes, sans pour autant les contraindre à l'abandon. Les Italiens interviennent et une mission est dirigée en baie de Sude contre le York à l'aide de canots explosifs du type MAT. Le Croiseur et son pétrolier raviteilleur l'Olterra sont tous les deux coulés en eaux peu profondes.
Les Allemands estimants que la force de frappe de ce dernier est toujours efficace (l'artillerie dépasse de l'eau, avec une grande partie de la coque simplement posée au fond), la Luftwaffe reprendra ses attaques contre ce navire. Le 23 mai, la RAF tente un raid audacieux pour reprendre Malémé et Candie, essuyant de lourdes pertes, et en vain: Les escadrilles de la Luftwaffe investissent les deux terrains en fin de journée et peuvent ainsi agir bien plus efficacement. Le soir du 24, les forces au sol renforcées par les régiments de montagne russissent à faire une vaste manoeuvre en tenaille autour de La Canée et contraignent les forces alliées au repli vers l'est de la Crète sur une nouvelle ligne de défense.
Le 24, la Royal Navy accuse de nouvelles pertes. A défaut de navires militaires, la Luftwaffe s'en prend maintenant systématiquement à tous les cargos et ravitailleurs ancrés en baie de Sude. Partant plusieurs fois par jour des deux terrains frâichement conquis, les Stukas multiplient les attaques massives. C'est un carnage. Le landemain, le 25 mai, l'amiral Cunningham informe que ses forces restantes sont trop faible pour s'opposer au ravitallement des troupes Allemandes par mer. Les pertes de la RAF ont étées également considérables, notamment du fait des distances à parcourir depuis l'Egypte. Dans la même journée, un convoi Anglais débarque deux bataillons de commandos de marines, et les combats se poursuivent autour de Réthymon et Candie. Les Grecs se sont retranchés dans les montagnes, assaillis par les "Alpentruppe", appuyés par la Luftwaffe. Cet appui aérien est demandé avec insistance par Freyberg.
Le 26 mai, la situation devient critique car la RAF ne peut plus aligner d'appareils sans se priver de ses propres effectifs de défense en Egypte. Par ailleurs, le pivot de la défense locale était assurée par la maigre couverture aérienne du porte-avions HMS Formidable. Attaint par plusieurs bombes des Stukas, il se voit contraint à un repli en urgence. Il devra ensuite rallier New York pour de longues réparations. Privées de soutien et de ravitaillement, les troupes Britanniques sont chassées de Galathas (près de la Canée), mais es Grecs résistent encore à Alikianou. Pourtant le général Freyberg fait part à Wavell sont intention d'envisager un rembarquement et une évacuation de la Crète. Après un refus, devant les rapports alarmants, il finit par recevoir l'assentiment de Londres et commence à mettre en place l'évacuation de ses troupes à l'est, vers l'Egypte. Le 27, l'évacuation comence au soir, protégée par les Commandos.
Une nouvelle ligne de défense est établie, tandis ques les Allemands ont achevé de nettoyer la région et contrôlent la baise de Sude, ouverte à d'autres renforts. Le 28, alors que les troupes Alpines, parties prendre les forces alliées par le Sud remontent vers le Nord, les troupes Britanniques commencent leur évacuation sur des bâtiments de la Royal Navy, à partir de deux petits ports et par l'intemédiaire de dizaines de petites embarcations hétéroclytes. Mais l'opération est perturbée une nouvelle fois par la Luftwaffe, qui attaque sans relâche et coule le croiseur Calcutta, les destroyers Greyhound, Hereward et imperial. Un convoi Italien de 13 caboteurs protégés par 5 destroyers et 6 MAS venus de Rhodes débarquent 2700 hommes en renfort au nord-est de l'ïle pour prendre la ligne de défense Britannique à l'ouest.
La situation est des plus critique. Toutefois, pour protéger le rembarquement et occuper les Allemands par une résistance à Candie et Réthymon, un convoi de croiseurs Britanniques embarquent 6000 hommes la nuit du 28 au 29. Les croiseurs Phoebe, Perth, Glegyle, Calcutta et Coventry participent avec 3 destroyers au succés de l'opération, mais le Perth sera gravement endommagé plus tard par un raid de Junkers-88. Le 30 mai, alors que Candie et Réthymon tombent, le reste des troupes tentent de résister localement, et des milliers d'hommes embarquent encore sous les bombes des Stukas. 2 autres destroyers sont gravement endommagés. 9000 hommes restent encore en Crète, des Grecs principalement, et résistent toujours. Les derniers soldats se pressent le landemain vers Skafia mais ceux qui y parviennent au 1er jun ne trouveront presque plus de navires pour les emmener. Désomais, leur sort est réglé. Ils se sauveront sur des embarcations de fortune ou des navires de pêche réquisitionnés, ou bien rejoingnent par petits groupes les Grecs organisés en une guérilla de montagne.
La bataille de Crète est achevée. Elle aura coûté à la Royal Navy quatre croiseurs, trois autres gravement endommagés, 6 destroyers coulés et des dizaines d'autres civils, ainsi que le seul porte-avions en méditerranée orientale, le HMS Formidable, et 2011 hommes, sans compter les commandos de marine. Finalement l'opération aura quand même coûté aux Allemands 6200 hommes, morts et blessés, mais il s'agissait de troupes délites. A la suite de cette campagne, le haut commandement Allemand hésitera à faire emploi de parachutistes sur une si grande échelle. Par ailleurs la prise de la Crète, si elle se révélait d'une importance stratégique palpable par le contrôle par la luftwaffe de tout ce secteur, demeura peu utile dès lors que les Britanniques sous la conduite de Mongomery renverseront la situation en 1942, l'Egypte ayant résisté tout ce temps.
La bataille de l'Atlantique (sept. 1939-mai 1945)
Un convoi se rassemblant pour le départ.
La fameuse "bataille de l'Atlantique" n'en est pas une au sens classique mais bien entendu un théâtre d'opération maritime vital corespondant au ravitaillement de la métropole Britannique par ses précieux convois venant d'amérique (Nord, Sud, Canada, et routes vers l'Afrique). En fait une immense zone où ont patrouillé inlassablement pendant toute la durée de la guerre, des milliers d'escorteurs du côté des alliés, et un millier de submersibles du côté Allemand. C'est la réédition, et ce dès l'ouverture de la guerre en septembre 1939, de la guerre submersible à outrance déjà entreprise par Von Tirpitz et approuvée par Guillaume II. Toutefois, il convient d'étudier les différentes stratégies mises en oeuvre par l'axe et les alliés durant la seconde guerre mondiale, les enjeux, les moyens, les chiffres, avant d'entrevoir un bilan général:
I-Un précédent: La guerre sous-marine Allemande en 1914-18
Lors de la grande guerre, les Allemands avaient à la fois de nombreux submersibles de qualité, issus du concept Français (Gustave Laubeuf, voir NAVIS1GM) de torpilleur submersible à double coque, et une puissante flotte de surface, riche en bâtiments récents et de qualité, et pouvant prétendre battre en brêche la supériorité écrasante de la Royal Navy depuis un siècle. Le U1 fut opérationnel dès 1906, et environ 400 submersibles suivront, qui infligeront des pertes effroyables aux alliés, aussi bien en tonnage militaire que civil. Un tel traumatisme les fit purement et simplement interdire à jamais aux Allemands dans une clause du traité de Versailles. Cette guerre submersible n'était qu'un moyen de renouveler le concept de "guerre de corsaire" pratiquée depuis l'antiquité avec des moyens modernes bien adaptés.
Passerelle d'un escorteur de convoi en Atlantique (photo wikipedia LDD.).
La Hochseeflotte ayant les moyens de s'opposer à la Royal Navy, mais non de la vaincre, fit que la Grande-Bretagne put tenter d'infliger un blocus à l'Allemagne, sans que celle-ci (qui cherchait tout comme l'Angleterre la bataille décisive tout en évitant de risquer le gros de ses forces) ne puisse trouver de réponse qu'en 1916 au Jutland, un "match nul" qui conduisit finalement cette formidable flotte presque intacte à une humiliant sabordage à Scapa Flow suite à la capitulation. Le U-16 (photo Wikipedia LDD) Mais dès 1914, il était question d'engager les U-Bootes dans une traque au commerce Britannique, vital avec ses colonies. Les Alliés étant alors dépourvus de réponse aux submersibles (l'adversaire le plus à craindre depuis 1905 était en effet le torpilleur), ils ne commencèrent qu'à partir de 1916 à expérimenter des moyens spécifiques, avec la réactivation du système des convois, pratiqué de longue date: Il s'agissait de regrouper les navires marchands et de les faire escorter, d'abord par des destroyers, pas vraiment adaptés et manquant à la flotte de ligne, puis par des avisos et frégates d'abord simplement armées de canons, puis en 1917, d'hydrophones et de grenades ASM, tandis que le camouflage et les leurres en tout genres constituaient une parade visuelle courante.
On testa par exemple les Q-Ships, "bateaux-pièges", loups camouflés en moutons (cargos équipés de pièces d'artillerie cachées sous des masques de tôle rabattables), des escorteurs imitant la forme "trois îles" des cargos, des escorteurs construits dans des chantiers civils et dérivés de chalutiers ou de baleiniers... Quand au camouflage, encore expérimental (jusqu'en 1916 on utilisait exclusivement une livrée quasi uniforme de gris de différents tons, et la livrée "civile" classique, héritée de la marine à voile était composée d'une coque noire et de superstructures blanches et chamois.), il fut commandés à des artistes contemporains, ce qui explique le côté à la fois cubiste et flamboyant de ces expérimentations, ce que les Britanniques vont nommer le "Razzle Dazzle". Ce dernier n'avait qu'un but: Multiplier les effets d'ombres et de lumières, destructurer es volumes, travestir la silhouette et la rendre inintelligible à son observateur qui ne pouvait se faire une idée claire du type de bâtiment auquel il avait affaire, de sa vitesse et de sa direction. Si dans un premier temps le nombre de U-Bootes engagé était relativement faible, les succés qu'ils engrangèrent jusqu'en 1916 étaient proprement stupéfiants.
La meilleure illustration reste le tableau de chasse du commandant Lothar Von Arnault de la Périère, d'origine Française Huguenote, qui durant sa carrière d'active coula à lui seul 231 bâtiments - civils et militaires confondus -, et reste le seul véritable "as" de la catégorie. Les Français comme les Anglais, dont les vieux croiseurs étaient mal protégés sous la ligne de flottaison, enregistrèrent en un temps record un nombre de pertes considérables. Celle par exemple du Hogue, du Cressy et de l'Aboukir en quelques heures par le même submersible reste en soit une formidable démonstration, inégalée. L'Atlantique tout comme la méditerranée devinrent des "plaines à gibier" pour des U-Bootes alors sans crainte. Un seul d'entre eux pouvait en effet couler une trentaine de navires durant sa carrière d'active, à la torpille mais aussi au canon, (et parfois à l'aide de charges d'explosif apportée par l'équipage de prise!). A partir de 1916, de la bataille de Jutland restée indécise, et de la destrution des derniers navires Allemands opérant hors de la Baltique à travers le monde, Tirpitz conseille à Guillaume II, au vu des succés des U-Bootes, et des parades trouvées par les alliés, notamment les accords commerciaux et les artifices permettant de transporter des cargaisons Britanniques dans des navires neutres, de déclarer la "guerre submersibles à outrance", à savoir sans restrictions.
Le fameux U16 de la grande guerre au "tableau de chasse" inégalé, parmi d'autres submersibles...
A partir de ce moment, les navires neutres eux-mêmes pouvaient êtres suceptible d'êtres coulés si ils étaient suspectés de transporter une charge destinée aux alliés. C'est précisément ce qui provoqua le torpillage du Lusitania, dont la propagande Allemande s'empara tout comme la propagande Britannique et provoqua un scandale aux USA, le paquebot transportant - outre des munitions Britanniques à destination du front de la Somme - un grand nombre de passagers Américains. Malgré les excuses officielles du Kaiser, rien n'y fit, et Washington déclara la guerre à Berlin. Ceci eut sur le plan naval deux conséquences d'importance: La fin du maigre commerce avec l'Allemagne, menée avec des "forceurs de blocus", des cargos neutres camouflés, et un unique "cargo sous-marin", le Deutschland, mais aussi et surtout de lancer l'énorme capacité industrielle des USA, avec comme première décision la construction de plus de 400 destroyers et de près de 800 chasseurs de sumersibles.
Ce poids décisif fut jeté dans la balance assez tardivement, fin 1917 et courant 1918, au moment même ou toute la capacité industrielle du Reich était mobilisée pour la production de nouveaux types de submersibles, allant des minuscules UC côtiers poseurs de mines aux énormes submersibles à grand rayon d'action armés de canons de croiseurs. Une ou deux années de guerre supplémentaire aurait certainement fait définitivement pencher la balance du côté allié, mais l'armistice arriva assez tôt suite aux évênements politiques de Berlin et à l'abdication de l'empereur, laissant aux Allemands le souvenir d'une arme d'une exceptionelle efficacité et aux alliés un goût particulièrement amer.
II-La première phase de la bataille de l'atlantique (1939-42):
En 1939, l'équilibre des forces avait bien changé: La Kriegsmarine autorisée par la bienveillance Britannique suite au traité de Londres n'avait pas le poids, et de loin, de la Hochseeflotte en 1914. Face à une confrontation classique avec la Royal Navy, elle aurait étée balayée. Le choix de Raeder et de Hitler fut donc de faire de cette maigre flotte une escadre de corsaires, individuellement supérieurs à leurs antagonistes, tout en développant, sous l'actif lobbying de Dönitz, l'arme sous-marine dans une optique directement calquée sur celle de 1917. Bien que le traité de Versailles avait interdit ce type de navires à l'Allemagne, cette dernière avait continué à vendre le brevet de ces équipements et notamment ses batteries et ses fameux diesels MAN, exportés dans le monde entier. Elle conçut également ses nouveaux U-Bootes en usant du double paravent d'un bureau d'étude et de construction basé à la Hague en Hollande, et des exportations à l'étranger.
Le traité de Londres leva implicitement cette permission et à partir de 1936 les alliés n'étaient plus en mesure de contrarier Hitler: Les premiers U-Bootes officiels de la Kriegsmarine furent donc acceptés en service en 1936. Environ 150 étaient en service au début des hostlités, pour la plupart de défense côtière, et quelques océaniques que l'on comptait utiliser comme en 1916, par croisières isolées et encore sans coordination. Cependant les alliés étaient à ce moment plus ou moins préparés à une guerre sous-marine avec l'Allemagne et dès la déclaration de la guerre, le système des convois fut réactivé et un bureau d'opération et de coordination des moyens d'escorte créé à l'amirauté de Londres.
Tout comme au début de la grande guerre, des capitaines risquaient leurs submersibles dans des exploits individuels, comme le fameux Gunther Prien, qui en envoyant par le fond le cuirassé Royal Oak, au coeur même du sanctuaire de la Royal Navy - Scapa Flow - infligeait une sérieuse défaite psychologique aux Britanniques parfaitement dans l'optique d'un Hitler qui redoutait le "vieux Lion" et à la veille de la bataille d'Angleterre cherchait encore à négocier tout en ayant l'idée de pousser le peuple Britannique à la paix par la démoralisation. Contre les U-Bootes, mais pas seulement (les mines magnétiques posées par la Luftwaffe et qui enregistrèrent très vite de spectaculaires succés, les "chasse à courre" pratiquées par les Corsaires individuellement, comme le Graf Spee et ses deux Jumeaux), l'Angleterre semblait encore un moment désarmée. Mais rapidement, des parades furent trouvées. Le Graf Spee fut retrouvé, traqué, et finalement se saborda, les autres corsaires de la même classe furent plus prudents. Les mines magnétiques furent sans effets à partir de la généralisation du dégaussage des navires.
Toutefois, en juin 1940, 585 000 tonnes avaient étés envoyés par le fond. En 1940, la Royal Navy (commandemant atlantique: Rodger Winn et Kenneth Knowles) dispersait ses efforts et notamment ses destroyers, qui disparaissaient assez rapidement, plus souvent victimes de la Luftwaffe (qui provoqua en fin de compte presque plus de pertes de navires militaires que les Submersibles). A mesure que le plan de construction de submersible arrivait à maturité et que le nombre d'unités devenait suffisant, Dönitz allait développer à côté de la vieille tactique des "corsaires" individuels, une tactique plus adaptée à la destruction des convois, encore peu défendus faute d'escorteurs (il y en avait en fait assez peu en service en 1939 au sein de la RN, mais beaucoup de destroyers), et plus tard, en octobre 1940, la "Rüdeltaktik" ou tactique de la meute. Le principe était de coordonner une nombre suffisamment important de U-Bootes vers une cible unique (le convoi) pour surpasser le nombre d'escorteurs: Quelques U-Bootes attiraient les escorteurs sur eux, laissant le champ libre aux autres pour torpiller à loisir les lents cargos alliés, avec une attaque de nuit en surface et une éventuelle diversion.
Cette tactique sous-entendait trois choses: Un centre d'opération (basé à Lorient pour la zone de l'Atlantique central, le plus important à partir de 1940), des avions à long rayon d'action pour repérer et signaler les convois, et des U-Bootes équipés de systèmes de transmission TSF codés (Enigma) pour recevoir instructions et coordonnées pendant leur croisière de surface. Du côté allié, on n'allait pas assister impuissant à la destruction des convois, nommés rapidement PQ (suivi d'un chiffre) ou QP suivant leur provenance et leur destination. Les USA n'étaient pas en guerre officiellement mais comptaient bien protéger le trafic marchand dans leur secteur de l'Atlantique et mirent sur pied dès février 1941 une flotte de l'Atlantique (commandée par l'amiral King), également dans l'intêrét de l'économie nationale: En mars, les accords prêt-bail étaient signés.
On mobilisa d'abord pour l'escorte toute sorte de bâtiments de guerre: Des avisos ("sloops") mais aussi des destroyers, rapides, des croiseurs et même des cuirassés: En effet Raeder considérait avant tout la flotte de surface comme le premier instrument de destruction des convois, et alignait pour ce faire au début de la guerre 6 bâtiments blindés (les trois Graf Spee et les deux Scharnhorst), attendant de recevoir le premier de ses deux énormes cuirassés de la classe Bismarck, ainsi que 3 croiseurs lourds et 6 légers. Avec la défaite de la France, les bases navales de l'Atlntique tombaient aux mains des Allemands et avec elles un formidable débouché sur l'Atlantique. Même après la perte du Graf Spee, Hitler ne remit pas en cause les concepts tactiques de Raeder, foncièrement optimiste: La flotte Allemande, grâce à ses conquêtes territoriales, n'étaient plus cantonnées à la Baltique et menacer la Royal Navy sur de nombreuses zones, l'obligeant à disperser ses forces - et affaiblir la défense de ses convois.
L'U-995, de 1944, conservé à Laboe en Allemagne. (image Wikipedia LDD).
Remis dans le contexte des nombreuses pertes enregistrées au début de la guerre, la décision abrupte de neutraliser - y compris par la force - la flotte Française, de loin supérieure à la Kriegsmarine en 1940 - se comprend mieux. Quand aux succés des navires de surface de Raeder, ils commençèrent à diminuer en proportions des pertes enregsitrées par les U-Bootes. L'un des facteurs qui contribua grandement Hitler à changer d'avis et à se rallier aux vues de son futur dauphin, Dönitz, fut la sortie finalement sans résultat tangible du Bismarck, alors le fleuron de la flotte. Ce dernier avait été conçu dans le but très simple de s'en prendre aux cuirassés d'un convoi qu'il réduirait ensuite à néant, une fois l'escorte détruite. Surclassant n'importe quel navire de guerre dans le monde alors, il était en effet une sérieuse menace, jugée prioritaire lors de sa sortie en mai 1941. Cette action s'inscrivait dans le mouvement continu destiné à faire plier l'Angleterre après l'échec de la bataille du même nom. Emporté par ses succés sans précédents en Europe occidentale, on escomptait faire traverser le mince ruban de mer qu'était la manche aux panzerdivizionen.
Ces dernières, une fois sur le sol Anglais n'aurait trouvé qu'une poignée de soldats résolus mais désarmés après le gâchis de Dunkerque. Avant toute chose, les moyens de débarquement Allemands étaient sous la menace de la Royal Navy, et cette dernière protégée par la RAF, il s'agissait de mettre celle-ci hors de combat en un mois au plus. On sait ce qu'il advint. Devant l'échec de faire plier l'aviation Anglaise, Hitler entama une nouvelle phase d'action, confiant tous ses espoirs dans la Kriegsmarine, pour comme en 1914, asphyxier la Grande-Bretagne en la coupant de son empire. L'alliance à l'Est avec l'URSS et la neutralité des USA à l'ouest rendait cette tâche en effet possible. Comme on le sait, cette vaste entreprise ne fut pas seulement cantonnée à l'Atlantique, mais se mua en offensive terrestre contre l'Egypte, Suez étant une artère vitale, autre point de passage, et la méditerranée verrouillée par Malte en son centre et Gibraltar à l'ouest.
La Luftwaffe joua donc un rôle également crucial dans ces opérations. Les "Stukas" furent - au titre des pertes de la RN - les plus redoutables bombardiers en piqué de la guerre, alors qu'au-dessus des terres ils étaient trop vulnérables au chasseurs modernes. Mais leur utilisation était limitée par leur ciurt rayon d'action. Un autre bombardier en piqué, bien plus prolifique enregistra un nombre de pertes encore supérieur: Le junkers 88 bimoteur. Très rapide, et doté d'un bon rayon d'action, capable d'emporter des torpilles et des roquettes, il constitua l'un des plus redoutables moyens de la Luftwaffe en zone côtière. Par contre la Luftwaffe manquait d'avions d'attaque pour l'Atlantique. Il fallait pour cela un appareil à très long rayon d'action, un quadrimoteur, et tous les projets en ce sens s'étaient révélés des insuccés. Sauf un unique appareil, développé dès 1936 pour assuer un service quotidien au-dessus de l'Atlantique: Le Focke-Wulf 200 "Condor". Ce dernier fut naturellement reconverti en livrée militaire, armé et devint un appareil tout à la fois destiné à la lutte antinavire et la reconnaissance (il pouvait en effet patrouiller jusqu'au milieu de l'Atlantique) sous le nom de "Kurier".
Dans la zone côtière enfin, la Kriegsmarine pouvait compter sur une flotte assez importante de S-Bootes, des vedettes lance-torpilles long rayon d'action, sans doute les meilleures de la guerre bien que peu versatiles, et les R-Bootes, tout à la fois mouilleurs et dagueurs de mines rapides. Au début de l'été 1941, le nombre de U-Bootes en service avait doublé et la tactique des meutes commençait à porter ses fruits. Les Italiens envoyèrent leurs propres submersibles renforcer ces effectifs, sans succés. Les saignées opérées dans les escadres de destroyers avaient étées telles que l'acquisition de 50 "four-pipers" Américain au titre du plan "Lend-lease" fut considéré comme une véritable bouffée d'oxygène au moins provisoirement. L'Angleterre faisait en effet travailler à plein ses chantiers pour remplacer les pertes, y compris ceux du Commonwealth. Mais à ce moment, Hitler avait pris la décision d'envahir l'URSS. La principale de ces raisons était d'éliminer un adversaire potentiel à l'est, d'isoler encore plus la Grande-bretagne (la prise de l'URSS aurait donné aux forces Allemandes la possibilité de mettre la main sur le moyen-Orient et d'en finir avec l'Egypte et Suez), mais aussi de donner un "territoire vital" au peuple Allemand, ainsi et surtout de mettre la main sur de considérables ressources humaines (: main d'oeuvre corvéable de qualité en quantité - le Russe était considéré comme fruste mais dur à la tâche dans l'idéologie Nazie), mais aussi naturelles (métaux, blé, et surtout pétrole), et ainsi de gagner la guerre industrielle lancée contre l'Angleterre.
En avril 1941, 688 000 tonnes de navires marchands avaient étés coulés, mais les alliés réussissaient en août à décrypter le code Enigma. La conséquence de cette décision, suite à l'arrêt brusque de l'offensive de l'opération "barberousse" devant Leningrad, Moscou et Stalingrad, et le "Général Hiver", déja vainqueur par le passé de Napoléon et de sa grande armée, fut d'engloutir d'avantage de ressources et d'hommes que toutes les offensives passées. La Blitzkrieg avait échoué face aux rudes immensité de la Russie, et le peuple Russe, sous-estimé. Passant d'un camp à l'autre, le vieil ennemi de 1919, "l'homme au couteau" devenait pour la plus capitaliste et impérialiste des démocraties d'europe l'allié de circonstance. Un allié que l'on allait aider par l'ouverture d'un second front et par le ravitaillement de ses forces par une nouvelle route, celle de l'Arctique. De 1942 à 1944, la "bataille des convois de l'Arctique", considéré parfois comme un sous-théâtre d'opération de l'Atlantique, à mobilisé les moyens de la Royal Navy, et les Allemands y ont opposé, grâce à la facade Norvégienne, la menace de la luftwaffe (dont des hydravions-torpilleurs Heinkel 115), le gros des forces de surface de raeder repliées dans les fjords, menacant également l'Atlantique Nord, et les U-Bootes, peu à l'aise dans les mers démontées du cercle polaire. Malgrés des succés défensifs (destruction du Scharnhosrt et du Gneisenau) et des déconvenues (mises en pièces du convoi PQ17), l'aide matérielle à la Russie arriva à bon port et participa à la résistance puis à la contre-offensive sur tout le front de l'est.
III-Le grand tournant de 1942:
Cette année clé de la seconde guerre mondiale l'a été aussi dans le cadre de la bataille de l'Atlantique. Après l'invasion de l'URSS, l'autre évênement de la fin 1941 fut l'attaque Japonaise de Pearl Harbour et de la flotte Américaine du pacifique, l'ouverture d'un second front dans le pacifique. La conséquence première de l'intervention des USA dans la guerre, contre l'Allemagne et l'Italie à la suite du Japon, fut de mobiliser sa capacité industrielle très supérieure à celle de la Grande-bretagne et du Commonwealth, arrivée à leur summum de productivité. Le général Tojo poursuivait dans le pacifique le même but qu'Hitler en URSS: Celui de s'assurer un vaste panel de ressources naturelles qui lui manquait, puis le protéger par un glacis défensif, entamer une guerre d'usure qui pensait-t'on, userait la patience des Américains. Comme en 1917, les Américains jetèrent leurs forces dans la bataille de l'Atlantique. Cette flotte de l'ouest avait étée cependant amputée largement par les transferts de navires vers le pacifique, priorité première de la politique navale Américaine. Puis un plan d'urgence fut monté et trois types de bâtiments spécifiquement destinés au front de l'ouest créés: De nouveaux destroyers, de très nombreux destroyers d'escorte et des chasseurs de submersibles.
Malgré tout, il y eut début 1942 une période de flottement: Les ports étaient éclairés généreusement comme en temps de paix et les navires civils naviguaient tous feux allumés, le lobby du transport marchand et le haut commandement faisaient obstacle au système des convois. Durant les quelques mois de l'opération Paukenschlag, les U-Bootes s'en donnèrent à coeur joie. De plus, en février, la Kriegsmarine ajoutait un système de rotors à la machine de décryptage d'Enigma: Les alliés n'avaient pas la parade et furent privés quelques mois d'informations sur les mouvements et objectifs de la flotte Allemande. Mars fut un sombre record: 834 000 tonnes envoyés par le fond. Si les pertes Allemandes étaient également fortes, il y avait une centaine de U-bootes simultanément en service sur l'Atlantique, et bien d'autres en méditerranée, mer du nord, d'Irlande, océan Indien, côtes Africaines, et jusque dans le golfe du St Laurent et du Mexique, dans les Caraïbes.
En octobre, un autre évênement, très discret mais pourtant d'une importance capitale, bouleversa les moyens de lutte contre les U-Bootes par la Royal Navy: Les clés du fameux code de transmissions radio Enigma avaient étées cassées de nouveau, et jusqu'à la fin de la guerre, mathématiciens talentueux et ordinateurs primitifs avaient étés mis en oeuvre pour garder une longeur d'avance sur les encodages Allemands, lesquels ne se doutèrent jamais de la possession par les Anglais de ce code de la Kriegsmarine. Deux autres gadgets électroniques furent ajoutés au panel de moyens dont disposaient les escorteurs: Le radar à courte portée (centimétrique), plus fin dans sa détection (capable de répertorier un petit canot de sauvetage et à fortiori une baignoire de submersible, voir un simple périscope à la fin de la guerre, arrivé en mars 1943), le détecteur de transmission courtes Metox, un sonar électronique, bien plus performant que les simples "pots de yahourt" hydrophoniques utilisés en 1916 à fond de cale, et enfin l'antenne huff-duff, capable d'un fin calcul trigonométrique pour détecter la position exacte d'un imprudent U-Boote qui utilise sa TSF pour prendre ses instructions du QG.
Une Corvette de la classe Flower, instrument de choix de la bataille de l'Atlantique (image LDD).
Autre atout dans la manche de l'amirauté Britannique, sa construction en masse d'escorteurs bon marché: Pour pallier à l'encombrement des chantiers militaires, on fit appel à des dizaines de chantiers civils pour produire en masse les corvettes du type "Flower" et dérivés, et ceci dans tout le Commonwealth, principalement au Canada. Outre les destroyers classiques, les chantiers délivrèrent de grands quantité de destroyers d'escorte du type Hunt et des frégates du type River. Ces navires disposaient d'un armement encore limité en 1940, canons à tir rapide et grenades ASM, mais deux autres moyens d'actions allaient bientôt êtres adoptés: Les roquettes ASM, du type "Hedgehog" Britanniques ou Mousetrap américaines, et les nouvelles grenades ASM réglables en profondeur et à plus grande puissance, couplées avec les paramètres de détection du Sonar.
Mais le plus grand adversaire des U-Bootes fut sans doute également le plus efficace de la guerre: L'avion. Ce dernière devait son efficience au pont faible des submersibles, inscrit dans l'ordre naturel des choses: Les plus grands prédateurs des poissons hors les mammifères marins sont les oiseaux, pour la raison essentielle que ce qui se trouve immergé ne se voit pas sur un plan de profil mais du ciel. Un submersible, pérsicope rentré, était invisibles aux premiers escorteurs de 1914 privés de moyens d'écoute, et le restait pour des bâtiments de 1942 privés de leur Sonar. Aussi aiguisés que soient les yeux des guetteurs sur leur hune de mât, ils ne valaient pas la vision de très haut des pilotes. Ces derniers pouvaient, particulièrement par temps calme, repérer la forme noire d'un U-Boote immergé a plus de dix mètres. Aussi c'est tout naturellement que l'avion, efficace dans la reconnaissance et les missions d'attaque et d'appui, devint le plus redoutable des moyens anti-sous-marins. Il y avait les appareils basés au sol dérivés de bombardiers lourds et les hydravions multimoteurs du Coastal command, à long rayon d'action, qui pouvaient patrouiller juqu'au milieu de l'atlantique.
Pour augmenter leur rayon d'action, on imagina des ravitailleurs dédiés, et même une base aéronavale flottante, ancêtre du concept de base mobile en béton développé actuellement. Le pore-avions de son côté était capable de mettre en ouvre à proximité du convoi une couverture aérienne intense. C'est ainsi que l'on créa, à côté de la catégorie traditionnelle du porte-avions d'escadre, rapide et destiné à assurer la couverture des flottes, le porte-avion d'escorte. La Royal navy en construisit environ une quarantaine et en reçut une quinizaine d'autres, les USA en mirent plus de 150 en service pour les deux océans. Très important également, on développa en juin 1942 un puissant projecteur pour les avions à long rayon d'action patrouillant à basse altitude de nuit. Couplé à un radar, il obligeait les U-Bootes à garder la tête sous l'eau de nuit alors que cette période était mise à profit pour recharger les batteries et renouveler l'air. Enfin, de manière indirecte, la bataille de l'Atlantique fut gagnée en ne remplaçant pas uniquement les escorteurs, mais les cargos eux-mêmes.
Dès 1941, l'amirauté Américaine et l'amirauté Britannique avaient dans leurs cartons des projets de cargos construits en masse. On effectua la synergie de ces projets et on aboutit de part et d'autres à deux types de cargos. Le P4, un grand cargo rapide, destiné à naviguer plus vite que les U-Bootes, ce qui réglait une partie du problème, et le fameux "Liberty-Ship", moins rapide, mais plus simple, à grande capacité, et à double coque et ballastages. Ce dernier connut une production unique dans l'histoire, de près de 3000 navires, avec des records absolus en matière de rapidité de construction, notamment aux chantiers Canadiens du richissime Henry J. Kaiser. De nombreux Liberty-Ships naviguent encore de nos jours sous pavillons souvent de compaisance, dans un état de délabrement facilement imaginable. Une longévité qui s'explique difficilement par la rapidité de construction. De nombreux Liberty Ships furent armés, parfois même lourdement. Le cap symbolique fut atteint en juillet 1943: Le tonnage construit était désormais largement supérieur à celui coulé par l'axe.
Au final, tous ces moyens mis en oeuvre, avec une supériorité numérique manifeste, fit pencher la balance définitivement du côté allié: Dès mars 1943, les pertes avaient dimiuées de moitié dans l'Atlantique. Malgré une production de U-Bootes (auxquels la Kriesgsmarine allait consacrer tout son budget après la disgrâce de Raeder) record (plus de 1300 au total jusqu'à la capitulation), les U-Bootes Allemands héritaient d'un concept qui pour la première fois montrait ses limites. Malgré des succés répétés parfois considérables (des convois entiers dispersés et anéantis comme le PQ17 fin 1942), les U-Bootes avaient à présent besoin d'évoluer vers de nouveaux concepts, afin de pallier aux moyens modernes massivement mis en oeuvre par les alliés. En effet, limité à 14-15 noeuds en surface, vitesse deux fois inférieure à celle des destroyers, elle tombait à 4-8 noeuds en plongée, limitée par ailleurs à 250 mètres sous peine d'implosion.
Le principal talon d'achille de ces submersibles étaient leur appareil propulseur mixte diesel-électrique. Une solution bâtarde et provisoire qui était devenue la norme par sa souplesse et sa longévité. En novembre 1944 le Schnorchel, qui pemettait de renouveler l'air en immersion réduite, fut généralié à tous les U-Bootes. Dès avril, l'effectif engagé en Atlantique avait atteint son summum, mais les pertes étaient déjà effroyables. On chercha donc à développer le principe du moteur à combustion interne, ne dégageant pas de gaz. Diverses solutions chimiques furent essayées, des systèmes de compresseurs, et même, par quelques scientifiques hardis, le nucléaire, encore à cette époque limité à l'usage explosif. Finalement la solution du pofesseur Walter restait la plus praticable bien que demandant un temps d'adaptation industrielle. La solution avait étée testée et existait de manière pratique depuis 1941.
Divers submersibles expérientaux avaient vu le jour. Mais aucun ne donna satisfaction avant que l'on se décide à brusquer les choses en utilisant la solution de compromis que constituait le Type XXI. Ce dernier combinait toutes les améliorations - souvent révolutionnaires - prévues por le sous-marin Walter, mais pas son appareil moteur à combustion interne, encore trop compliqué à produire. On préféra opter pour de "super-batteries" couplées à un diesel doté d'un Snorchel qui donnait à ce nouveau type d'unité la capacité de rester en plongée bien plus longtemps, d'avoir une bien meilleure vitesse également en plongée, une moindre signature acoustique et un excellent profilage hydrodynamique. Mais le Type XXI, qui aurait sans nulle doute obligé les alliés à reprenser une nouvelle fois leur tactique de défense, arriva trop tard - malgré une producution massive à la chaîne - et les exemplaires produits et opérationnels n'eurent pas l'occasion de prouver leur efficience, mis en oeuvre par des équipages novices, encadrés par des officiers qui ignoraient tout d'eux et une amirauté dépassée par les nouvelles orientations tactiques qu'ils suscitaient, sans compter que début 1945, les Britanniques mouillèrent des champs de mines dans le détroit de Skargerrak, seul passage de la Baltique à l'Atlantique.
IV- Les chiffres de la bataille de l'Atlantique:
Au total, 23 000 000 de tonnes de navires marchands coulés, et 3500 navires Britanniques, 2000 alliés, 1000 neutres. 45 000 marins dont 30 248 Britanniques y perdirent la vie. Les Allemands engagèrent environ 1000 U-Bootes (sur 1150 construits mis en service, et 1300 construits ou entamés environ), et enregistrèrent 783 pertes, ce qui représentait les 2/3 des effectifs engagés, de même que presque toute la flotte de surface, avec 28 000 morts.
La fin tragique de la Force Z (9 décembre 1941)
Le Prince of Wales: Avec lui résidait l'espoir de la présence Britannique en Malaisie.(LDD)
Bien que numériquement insignifiante par rapport à Pearl Harbor, la destruction de l'escadre Britannique d'extrême-Orient sonnait le glas de la présence Britannique en malaisie, dernier rempart de l'Inde contre les Japonais. La perte de l'escadre annonçait en effet la prise de Singapour par les forces impériales Nippones, débarrassées de la seule force capable de s'opposer à ses débarquements. Cette escadre ne comprenait que de maigres effectifs, envoyés à la hâte par le gouvernement pour renforcer les moyens navals quasi inextistants depuis que le front d'afrique du Nord monopolisait l'attention. Sur un plan historique plus large, elle est la meilleure illustration de la vulnérabilité des grands navires de ligne face à l'aviation.
Le HMS repulse, avec son camouflage de 1941. Il appartenait à la même génération que le Hood.
L'entrée en guerre du Japon contre les alliés était en effet une hypothèse depuis longtemps admise par les Britanniques comme les Hollandais tant le blocus économique du Japon risquait de provoquer le nouveau gouvernement militariste de Tojo. Ambitieux, disposant d'une armée rompue aux combats en chine depuis 1931 et de la troisième flotte au monde, ainsi que de l'aéronavale la plus entraînée et des chasseurs les plus maniables et les plus rapides d'asie, le Japon avaient depuis leur victoire contre les Russes en 1905 développé un complexe de supériorité que rien ne semblait entraver, sinon la lucidité de quelques officiers supérieurs et hommes politiques quant à l'entrée en guerre des USA aux côté des alliés.
Le raisonnement était simple: Pour vaincre les faibles forces Britanniques et Hollandaises présentes et en finir avec les Chinois en coupant leurs dernières lignes de communication, on avait conçu le projet d'une offensive massive sur plusieurs objectifs. Le premier était l'élimination de la flotte Américaine du Pacifique. Le second, pour avoir les mains libres dans ce secteur, était l'élimination de l'escadre de l'amiral Tom Philips, arrivé à Singapour dès le 5 décembre. Il portait sa marque sur le Prince Of Wales, un cuirassé rapide récent qui avait vu le feu contre le plus puissant bâtiment de guerre en Europe quelques mois auparavant, le Bismarck. Il était accompagné par le coiseur de bataille Repulse, un vétéran de la grande guerre à peine modernisé, tout comme le Hood. L'escadre se compltait de deux destroyers, l'Electra et l'Express, l'Encounter et le Jupiter, et aurait dû également comprendre le porte-avions Indomitable, indisponible à cause de réparations après un accident durant ses essais. S'y ajoutaient les destroyers Tenedos et le HMAS Vampire ( Australien ), mais surtout les croiseurs Durban, Danae, Dragon, Mauritius, déjà ancrés à Singapour. 3 jous plus tard, on prévoyait l'arrrivée du croiseur lourd Exeter, du croiseur Hollandais Java, de 2 autres destroyers Britanniques et 4 Américains. Le rôle dissuasif de la Force Z escompté par Churchill fut un échec: Le 7, la flotte Nippone attaquait Pearl Harbor et une autre escadre se préparait à l'invasion de la péninsule Malaise.
La Force Z était opérationnelle dès le 5, et très vite Tom Philips avait en tête de traquer la flotte Nippone et de rechercher un affrontement décisif. Mais le 8 à l'aube, Singapour résonnait au fracas des bombes et de la DCA: Un raid aérien d'appareils de l'aéronavale basés à terre s'en prit aux installations du port. Les navires présents répondirent par leur artillerie, mais ans enregistrer de coup au but. De même, l'attaque Nippone n'était que trop modeste pour enregistrer un résultat tangible. Le débarquement des forces Japonaises avait cependant eu lieu au nord-est de la péninsule, et les troupes Britanniques étaient durement prises à partie.
Tom Philips décida de faire route pour intercepter les convois de soutien. Il apareilla finalement à 17h10 avec 4 destroyers. il prenait un risque, sachant que la RAF déjà fortement engagée ne pouvait promettre son soutien: Ses appareils âgés se trouvaient sur des terrains déjà menacés par l'avance Nippone. Il pensait être relativement à l'abri d'une attaque aérienne et ses navires capables d'endurer celle-ci sans trop souffrir (les seules pertes connues depuis le début de la guerre avaient étés des croiseurs, et les "surprises" de Tarente et de Pearl Harbor avaient pris au dépourvu les équipages.
Le HMS Repulse attaqué par l'aviation Nippone (Archives US Navy LDD - Wikimedia)
Le 9, après avoir fait route toute la nuit, la Force Z passait les îles Anamba vers 7h13, et infléchissait sa course vers la route supposée du convoi du Vice-amiral Ozawa. Vers 14 heures, le submersible I-65 signalait la présence et la position de la Force Z à Ozawa. Ce dernier ordonna au gros de la flotte de se replier à Cam Rahn en Indochine. En soirée, trois Aichi catapultés par les croiseurs confirmaient la position de l'escadre Britannique. Ils la suivirent pendant une heure. Puis le destroyer Tenedos fut renvoyé à Singapour et se détacha de l'escadre, du fait de son autonomie réduite. En pleine nuit, ces deux forces se recontrèrent sans se voir: Le radar du Prince of Wales n'était malheureusement pas opérationnel. Elles se trouvèrent un court moment à moins de 5 miles marins l'une de l'autre, ce qui était amplement suffisant pour l'escadre Britannique pour donner de leurs 6 pièces de 381 et 10 de 343 à longue portée. A 20h55, Philips décidait de rentrer à Singapour.
Pearl Harbour (7 décembre 1941)
L'Arizona en flammes, Hawaii est entré en guerre.
Il y a quelques évênements-clés de la seconde guerre mondiale dont le nom fait partie des légendes tant ils ont étés des pivots de l'histoire. Avec le jour J, Pearl Harbour est sans doute l'élément le plus important de la guerre: Factuellement, c'est une massive attaque aéronavale Japonaise sur la base américaine du pacifique, dans l'île d'Oahu, partie de l'archipel des Hawaii. Mais c'est aussi l'entrée d'un continent dans la guerre, et le début de la fin pour l'axe: Avec l'entrée en guerre des USA, la Grande-Bretagne disposait d'un allié de poids en Europe. Leur poids décisif ajouté à celui des Russes a été le point de bascule de la guerre, après une période d'incertitude dramatique qui ensemble écraseront l'axe en Europe et dans le pacifique.
Tout à été dit, écrit, et filmé sur cet évêvement. Je me bornerais donc à traiter des faits: L'attaque de Pearl Harbour procède de la volonté du Japon d'en découdre avec les USA. Celle-ci est née de l'isolement progressif du Japon par la SDN et des sanctions économiques qui lui étaient appliquées depuis son invasion de la Mandchourie en 1931, puis du reste de la Chine en 1937. Or, si le Japon était riche en gisemements de minerais (on produisait un excellent acier local), il n'en était pas de même avec le pétrole et le caoutchouc, deux matières capitales dans toute industrie, et par extension industrie de guerre. Le blocus sur divers matériaux importants fut décidé par les USA en 1940, mais pas le pétrole. Elle ne coupa les approvisionnements en pétrole qu'en septembre 1940, après le coup de force des Japonais au Tonkin, possession de la France de Vichy. L'état-major et le gouvenement savaient alors que les réserves de pétrole n'en étaient plus que pour quelque mois.
Devant la volonté de poursuivre leur mouvement expansionniste, inéluctable et l'importance de ces précieuses matières premières, une confrontation avec la Hollande et la Grande-Bretagne , dont les possessions coloniales regorgeaient de ces richesses vitales, était inéluctable et semblait facile tant la supériorité des forces navales, aériennes et terrestres du Japon étaient patentes. Mais un conflit avec ces pays auraient soulevé une nouvelle protestation internationale et très certainement une entrée en guerre des USA aux côtés de leurs alliés. La guerre avec ce puissant voisin était donc inéluctable. Restait donc à s'assurer la victoire par une action "préventive" décisive. L'amiral Yamamoto Isoroku, chaud partisan de l'aéronavale dont il avait contribué à la naissance et aux tactiques, eut l'oreille de l'amirauté Nippone et le soutien de Nagumo, mais aussi du gouvernement militaire présidé par le général Tojo.
Yamamoto s'était inspiré de l'attaque aéronavale de Tarente en novembre 1940, qui avait prouvé qu'avec une poignée de veux bombardiers-torpilleurs venant d'un seul porte-avions, on pouvait mettre hors de combat la moitié de la flotte Italienne en une seule nuit. Ainsi fut définie l'attaque de Pearl Harbour, la base navale de la flotte du pacifique, à portée directe de la flotte Japonaise. Cette puissante force navale était d'un tonnage légèrement inférieur à la flotte Nippone, comptant moins de porte-avions. Les cuirassés, dans une optique classique de la guerre navale, étaient le fer de lance de cette flotte. Aussi une attaque en force et la destruction des cuirassés Américains du pacifique (au nombre de 8, le gros de la flotte Américaine de ligne) aurait neutralisé les moyens des USA de s'oppser à la politique d'expansion Japonaise, avec l'impact démoralisant escompté. On comptait aussi constituer rapidement un glacis défensif et sur la lassitude de la guerre du versatile peuple Américain, "amolli par une culture matérialiste".
Dès lors le plan arrêté dans ses grandes lignes, le capitaine de l'aéronavale Minoru Genda se vit charger de la mise en place technique de l'attaque. Tandis que des espions Japonais photographiaient la base sous tous les angles, y compris par avion de tourisme, à Kure on s'attachait à modifier le gourvernail des torpilles pour leur permettre d'êtres lancées par hauts fonds. Les porte-avions, dispersés par escadres, furent rassemblés au sein d'une flotte comptant au total 8 bâtiments (Kaga, Akagi, Hiryu, Soryu, Sokaku, Zuikaku), les navires de ligne Hiei et Kirishima, les croiseurs Tone et Chikuma, Abukuma, 9 destroyers, 3 submersibles croiseurs et 28 autres porteurs de submersibles de poche. Ces derniers devaient forcer la rade et parachever le torpillage des navires (- ce fut en réalité un échec complet).
Le plan passe à éxécution le 26 novembre: La flotte à quitté Kure et les différents ports de ralliement pour se regouper à Hitokkapu dans les Kouriles. Elle va ensuite cingler vers Hawaii en suivant la route nord, réputée difficile (tempêtes et glaces). Cette route peu fréquentée lui sert de couverture: On ne l'y attend pas. Les service de renseignement américains savent que la flotte Japonaise est quelque part en mer, mais les avions de hawaii, Wake et Guam qui patrouillent ne trouvent rien, le pacifique est vaste. Le 2 décembre, on ordonne le branlebas avec l'ordre codé acueilli dans la liesse générale "Escaladez le mont niitaka". Le samedi 6 décembre, la flotte n'est plus qu'à quelques encâblures de la base. Les derniers renseignements des agents sur place signalent toute la flotte au mouillage et les équipages se préparant à un week-end de temps de paix. Les trois porte-avions que compte la flotte ne sont cependant pas là. C'est un mécompte relatif pour Yamamoto qui ordonne de continuer les préparatifs.
A Pearl Harbor, on craint l'action d'une "cinquième colonne" et d'espions et de saboteurs parmi les résidents Japonais nombreux à Hawaii. Les avions sont parqués à l'extérieur en rangée pour être gardés plus efficacement. Malgré les appels à la vigilance des services de renseignements, les négociations avec le gouvenement japonais par l'intérmédiaire du proconsul Kurusu continuent. Le 6 au soir, devant la dégradations des relations diplomatiques, l'amiral Kimmel confirme la mise en état d'alerte de la flotte, effective depuis l'annonce du départ des forces Japonaises en mer. Un radar a été fraîchement installé sur la côte et on en teste un autre sur le cuirassé California. Le 7 à l'aube, Les opérateurs de ce radar, sans expérience, indentifient un essaim de points. L'alerte est donnée au responsable local qui consulte ses fiches et en déduit l'arrivée d'un groupe de B-17 attendus sur Hickham Field. En réalité ce sont les 183 ppareils de la première vague, des bombardiers "Val", des torpilleurs "Kate" et des chasseurs "Zéro" chargés eux aussi de bombes qui ont décollé depuis 6 heures et sont à présent en vue des Hawaii et d'Oahu.
celebre photos pearl harbor.
A 7h 48, les mots de Fuchida résonnent dans les écouteurs: "Tora, Tora, Tora" ("tigre"). C'est le signal de l'attaque. Les nuées d'avions gris et blancs frappés du hinomaru déboulent dans un bruit d'enfer au dessus de la rade, des deux côté de l'ile Ford où sont amarrés 14 bâtiments dont les 8 cuirassés. 27 autres navires de gros tonnage sont à l'ancre dans les quais, 96 au total. La surprise attendue est totale. Les matelots dorment encore pour récupérer de la veille, quelques officiers de quart sont sur le pont, encore incrédules. A 7h55, la base d'hydravions est bombardée et devient un enfer: Tous les appareils alignés comme à la parade sautent les uns après les autres. Les hangars volent en éclats. Le personnel est encore trop pétrifié pour réagir. Puis c'est au tour des bâtiments de la rade: Le destroyer USS Monaghan explose, les croiseurs USS Raleigh et Helena sont gravement touchés, le mouilleur de mines Oglala, les cuirassés Arizona, Nevada, Oklahoma, West Virginia, California sont torpillés et bombardés. L'Arizona reçoit une bombe dans sa soute à munition et se disloque de l'intérieur. Il se retourne et coule en emportant presque tout son équipage. Kinkaid déboule héberlué avec ses officiers sur le parking du mess, puis rejoint le PC et lance au micro l'annonce surréaliste: "Attaque aérienne sur pearl Harbor. Ceci n'est pas un exercice! ".
Partout, des marins affolés, du personnel, des Marines, des pilotes s'organisent au mieux. On tire au fusil et même au pistolet sur les avions volant en rase-motte. Les pilotes foncent vers les aérodromes, las: Il n'y a plus d'appareils en état de vol. Les bases d'Hickham, Wheeler et Ewa sont totalement dévastées. Pearl Harbor est équipé d'une DCA valable, mais les servants en sont absents, et les hommes qui tentent de faire feu depuis les postes des navires de ligne sont mitraillés par les chasseurs. A 8h40, toute la base est une ruche bourdonnante d'ou émerge des fumées d'incendies dantesques, tandis que la seconde vague arrive au-dessus de l'île Ford. 134 bombardiers et 36 chasseurs. Cette fois, on l'accueille par un feu nettement plus nourri. Le cuirassé Pennsylvania et les destroyers Cassin et Downes sont pris pour cible et éventrés, le destroyer Shaw part en une colonne de flammes. Les dépôts de carburant, de munitions, sautent à leur tour. Les hangars s'écroulent. Même l'hôpital militaire est visé.
A 9h45, les avions de cette deuxième vague sont revenus et ont apponté. Mais Nagumo, malgré les appels pressants du capitaine de frégate Fuchida, refuse de lancer une troisième vague, estimant que l'effet de surprise est éventé, ou de lancer des recherches pour retrouver les porte-avions en mer et les couler. Il est plus préoccupé par le fait de retrouver ses ravitailleurs au Nord. Ne sachant pas si des porte-avions ennemis se trouvent au marge ou non, et s'estimant pleinement satisfait par le succés de l'attaque, il donne l'ordre de faire cap au Nord. L'escadre jettera l'ancre le 23 décembre à Hashirajima. On n'enregistra que la perte de 29 appareils abbattus, et 5 submersibles de poche. L'annonce du côté Américain n'arrive sur les ondes qu'à 14h26. On est à l'heure des comptes: Le Nevada et l'Oklahoma, l'Oglala, le vieux bateau-cible Utah, sont définitivement perdu. La coque du Nevada gît pitoyablement retournée, hélices à l'air, et des hommes tentent avec acharnement de faire sortir des marins prisonniers dans ce qui devient une vaste baignoire qui se remplit inexorablement. Au total, on dénombre 2300 morts et disparus, plus de 3000 blessés, beaucoup gravement brûlés. 188 avions ont étés détruits, et tous les navires présents, y compris les cuirassés, mis hors de combat pour au moins deux ans. Ce n'est en effet que fin 1943 que certains de ces cuirassés, renflouées, réparés et refondus, reprendront le combat, à la grande suprise des Japonais qui croyaient les voir définitivement éliminés.
Le mémorial de l'USS Arizona, vue aérienne.
Un office funèbre durera une semaine. dans la journée, lors de sa conférence de presse, Roosevelt parla comme du "jour de l'infamie" (day of infamy) de cette agression Japonaise. Cette dernière semblait être en contradiction avec la convention de la Haye de 1907 sur la décraration de guerre préalable, mais les représentants reçurent l'odre de ne la donner qu'au moment même ou l'attaque se déclencherait, afin de préserver la surprise. Quoiqu'il en soit, la résolution des USA, dont l'isolationnisme volait en éclat ce jour, fut extrêmement ferme. Le roulau compresseur de son industrie, allait avec un an de retard, délivrer les navires compensant largement ces pertes. Et ce sont en attendant une poignée de porte-avions qui allaient résister puis porter l'estocade à Midway.