Pirogues (approx. 10 000 av JC.):
Une Piragua
des indiens Guarani
C'est sans doute l'embarcation la plus simple et la plus répandue dans les pays chauds de boisés. C'était aussi celle de l'Europe à l'ère glaciaire puisque les travaux de dégagements des fondations du vieux louvres ont permis de déterrer fortuitement sans doute la plus vieille embarcation Européenne, une pirogue datant de 10 000 ans, époque ou les berges de la seine étaient giboyeuses et zone de chasse des mammouths laineux qui venaient s'y désaltérer. Le mot "Pirogue" n'est pas largement utilisé (Les Anglais disent "Dugout", les Allemands Piroge, les latins Trinchera...). Le mot Français vient de "Piragua", un mot Guarani signifiant littéralement "l'eau qui va sur l'eau", le terme date de la découverte de Christophe Colomb puisqu'il se retrouvait chez tous les indiens Caraïbes. Embarcation-reine depuis une époque indéterminée dans les grandes forêts et les grands fleuves qui s'y trouvent, comme l'amazone et ses affluents, mais aussi le Zaire, le Zambèze, et bien d'autres autour de l'équateur, la Pirogue incarne la simplicité même. Embarcation monoxyle (un seul morceau), elle naît d'un tronc d'arbre creusé; Toutes les essences ne s'y prêtent pas, loin de là: II fallait à la fois un boix léger, solide et non poreux, car les techniques d'imperméabilisation de la coque n'existaient pas, si ce n'est cependant des techniques de "boucanage" au feu de bois, ou d'enduit à base de cire végétale ou de sève. La pirogue vue ci-dessus est en Balsa, enduit de sève chauffée au feu de bois, ce qui lui donne sa couleur sombre. Au Zaïre on continue à creuser des troncs d'acajou, le Framiré, et surtout l'Iroko, dont la durée de vie ( qui était celle de la pirogue ) une fois séché était de 10 ans. En Amérique du Nord, les pirogues étaient construites en cèdre rouge, un arbre immense et résistant. Ces grandes pirogues étaient peintes de couleurs vives. Les formes variaient considérablement selon la région mais de manière générale, les pirogues faites de bois tropicaux avaient des tailles limitées et une forme fuselée, dictée par l'empirisme de la vitesse. Les pirogues Africaines ont ensuite dérivé vers un type en bois souple assemblé composé de trois parties principales: Un fond plat, deux plaques de bordé, et deux traverses. C'est ce type qui est fabriqué actuellement, notamment dans toute l'Afrique de l'ouest.
Deux types de pirogues de modèle Européen Primitif Les Pirogues les plus anciennes devaient vraisemblablement ressembler à celle-ci. Il s'agit en effet d'embarcation au sens le plus direct, car il n'y a en apparence aucun souci d'hydrodynamique. L'empirisme commanant toutefois de galber les formes à l'avant et à larrière, plutôt que de garder ceux-ci coupés net, ce qui entraînait sans doute une forte résistance à l'eau. Les Pirogues Européennes découvertes et celles qui ont fait l'objets de reconstitutions archéologiques nous renseignent sur leur technique de construction: Une pirogue du mésolithique typique mesurait 6-8 mètres par 50 centimètres, son poids pouvait aller de 250 à 750 kgs. et sa section épousait parfaitement la forme du tronc. Le choix d'un tronc droit étaient donc important, d'autant que les noeuds étaient autant de voies d'eau potentielles. Aussi les résineux avaient-ils la préférence, du fai d'un bois plus imperméable et d'une certaine légèreté ainsi que la facilité de le travailler, sans compter la rectitude des troncs, sans noeuds sur la majeure partie du fût.. Elles avaient sans doute une ancre en pierre ( retrouvée avec des restes de pirogues ), et marchaient à la gaffe et à la pagaie. Pour leur construction, on utilisait des herminettes en silex taillé, des coins, masses et massettes en bois, mais aussi ses ciseaux en os et bois de cerf, du fil à tracer et un briquet à silex avec de l'amadou pour la méthode de creusement par brûlis. On marquait d'abord la tranche supérieure entaillée sur les côtés ( pré-taillés au ciseau et mesurés à l'aide du fil ), puis les sections de bois de cette tranche étaient entaillés en V à l'herminette, puis retirés à l'aide de coins de bois tapés à la masse, ou avec un coin de bois de cerf. On commençait ainsi à évider le tronc. On mesurait l'épaisseur à l'aide d'un instrument en forme d'arc, puis on procédait les finitions au brûlage: Ce dernier supprimait les échardes et traitait le bois naturellement contre les nuisibles. Enfin, l'imperméabilisation se faisait par un mélange de cire d'abeille de fibres végétales à chaud sur les fissures. La partie basse était en général plus épaisse, de même que la partie centrale de la poupe et de la proue, pour éviter que le bois ne se fende au séchage. Une pirogue à balancier de pêche Polynésienne. Dans les îles du pacifique, la pirogue dispose de caractéristiques bien spécifiques: Elle est fine et souple, fu fait de la nature des arbres utilisés, et généralement plus haute que large. Elle porte nécéssairement un balancier pour assurer sa stabilité, le "flotteur" étant relié à l'ensemble par des bois légers, solides et souples ( comme les bambous ). La solution du catamaran ( un mot polynésien ) est venue de ce concept, en mariant les avantages du radeau et de la finesse des coques de pirogues. Il s'est définitivement implanté dans le pacfique et fait aujoud'hui le bonheur des navigateurs de compétition. Il existait en polynésie trois type de pirogues: Celle de pêche, à balancier simple ou double, se sub-distinguaient entre la petite Va'a ( le mot le plus répandu pour "Pirogue" ), pour les pêches en lagons, la Va'a Motu pour la pêche côtière, et la Va'a Tira pour la pêche hauturière. Celles de transport étaient de type catamaran, et se sub-distinguaient entre Tipaerua, allant de 13 à 25 mètres, et parfois à double voile, pour le transport de passagers et le transport commercial inter-îles, et la Pahi, plus large et longue, et faite d'avantage pour les expéditions, était souvent nantie de 2 voiles et manoeuvrée ar 6 à 8 hommes. Enfin les Pahi Tama'i étaient des catamarans de guerre, un peu plus fins, sans voile, et décorés de manière aggressive et flamboyante. Elles avaient en point commun une grande pagaie centrale, à l'arrière du radeau formé sur les deux coques, le "hoe", une écope, et une ancre en pierre. Les Tipaerua comme les Pahi étaient considérées par les polynésiens comme leur "fenua", leur territoire, et portait le nom de leur lignée. En débarquant sur une île vierge, cette dernière prenait le nom du bateau. Nous reviendront sur ces dernières embarcations, qui n'étaient pas monoxyles et par conséquent s'éloignent du sujet. Une pirogue à balancier assemblée. |
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