Goélette des Grands bancs:

A la fin du XIXe siècle et au début du XXe, les grands bancs de morue verte de Terre-neuve devinrent un nouvel Eldorado. Des voiliers Terre-neuvas furent construits en Europe (France, Portugal, Angleterre...) afin d'exploiter ce "filon". Canadiens et Américains décidèrent de suivre le mouvement et de répondre aux solides trois-mâts Européens par de rapides goélettes, véritables voiliers de compétition avant la lettre, afin d'être les premiers sur place et de pouvoir également rentrer au plus vite, notamment à cause des conditions de mer difficiles de cette zone septentrionale. Car à l'instar des Bisquines de Cancale, ou encore dans un autre registre, des Clippers du thé, le premier arrivé avec son chargement était le mieux payé, et de loin. Cette émulation se doublait d'un talent d'architecture navale à l'origine de ces navires aussi beaux que rapides. Lorsqu'en 1920 l'Esperanto américain battit une goélette de Lunemburg, Lunawana ( nouvelle-écosse ), remportant la coupe en argent offerte par un millionaire d'halifax, les Canadiens mirent un point d'honneur à répondre et construisirent le Bluenose (illustration ci-dessus).

Ce navire, qui eut le record de la plus grosse marée de morues (chargement), affronta tempêtes et périls divers sans défaillir, remporta également dix-huit fois la coupe internationale des pêcheurs. Car on oublierait, s'il on ne remarquait pas les doris empilés sur son tillac, que ce coureur des mers était un navire de travail, extrêmement pénible qui plus est. Le Bluenose servit aussi de modèle aux dernières Goélettes de Lunenburg, victimes plus tard de l'industrialisation. Revendu en 1945 pour le tourisme dans les caraïbes, le Bluenose sombra en 1946, victime d'un récif de corail près d'Haiti. Ce "deuil national" en nouvelle-écosse fut compensée lorsque sa réplique vit le jour en 1961. Elle est depuis de toutes les grandes régates historiques et rassemblements marins, et est un symbole de l'excellence qu'avaient atteint les grands navires de pêche au XIXe siècle.