L'Histoire du peuple juif et de sa patrie retrouvée mériterait à elle seule de nombreux chapitres. C'est un sujet d'actualité d'autant plus passionnant qu'il enflamme le moyen-orient depuis plus d'un demi-siècle, est l'une des causes principales du terrorisme international, et pâtit de l'opposition grandissante des extrémistes des deux camps. Derrière, une véritable guerre de religion entre chrétiens et juifs d'une part et le monde islamique d'autre part. un véritable choc des civilisations avec une vision radicalement opposée d'un modèle économique et d'un concept politico philosophique. La marine Israélienne (Heyl Ha' Yam) fut une composante très précoce des forces armées (Hagana) mais non prioritaire: La menace d'un encerclement par les pays arabes paraissaient bien plus évidente. Mais le rôle de cette flottille hâtivement formée et basée à Haifa, le grand port ex-palestinien, lieu de débarquement de tant de colons dans les années 40-50, fut d'assurer le respect des eaux territoriales et le respect des frontières.
Après une longue période d'exil (la diaspora), le peuple juif rentre progressivement sur ses terres historiques, celles décrites par la bible sous le vocable "Palestine", et devenue entre-temps une terre peuplée de populations musulmanes. L'inévitable se produisit, et ce que les uns considèrent comme une reprise de possession, un "retour", les autres le voient comme une occupation. Le problème semblerait simple s'il n'y avait pas de possibilité à priori de faire coexister proprement un état Israélien, doté des meilleures terres à l'ouest, et des lambeaux de territoires épars pour une "Palestine musulmane" acculée au désert et au grand frère Jordanien. La Palestine fut longtemps une province de l'empire Ottoman. Celui-ci s'écroule après la défaite, et les alliés reçoivent en "mandats" aux termes de l'accord Picot-Sykes les anciens territoires Turcs selon leur influence: La Syrie et le Liban aux Français, La Palestine, et une vaste portion de territoire incluant la Jordanie actuelle aux Anglais.
Ces derniers voient d'un bon oeil la réinstallation des Juifs d'Europe de l'est persécutés, une vague d'immigration qui à commencé en 1880 avec des premiers colons venus mettre en valeur des terres désolées. Cette renaissance de la zone à l'ouest du Jourdain s'accompagna d'une disparition de la malaria par l'assèchement des marais, et la création de nombreuses propriétés agricoles, qui attirèrent une nombreuse main d'oeuvre arabe. En 1923 cependant, la Grande-Bretagne décida de séparer la Palestine en deux districts d'inégale importance (en se servant du Jourdain comme une frontière), les territoires à l'est devenant la trans-jordanie, peuplée de musulmans, et à l'ouest la "Palestine" peuplée majoritairement de juifs. Un mouvement de nationalisme arabe commença à prendre de l'importance et des extrémistes multiplièrent les attaques en vue de chasser les juifs à l'ouest du Jourdain. Ces attaques culminèrent avec les massacres d'Hébron en 1929 et la "grande révolte arabe" en 1936-39, que les Britanniques ne parvinrent pas à endiguer. La présence militaire Britannique était cependant fermement maintenue, et ce devant une opposition de plus en plus vive des juifs eux-mêmes, en vue de garder la mainmise sur des puits pétroliers récemment découverts en trans-jordanie. Les nationalistes juifs multiplièrent les attentats en vue d'obtenir l'indépendance et la constitution d'un état juif indépendant en Palestine.
A partir de 1939 les regards s'étaient cependant braqués en Europe. Tout le continent passa rapidement sous la botte nazie et avec elle les persécutions à l'égard des juifs de tout le continent, aboutissant à la Shoah. Après la chute du IIIe Reich et la libération des camps, les juifs survivants n'avaient plus qu'une obsession; quitter l'Europe dont une partie basculait dans l'orbite soviétique (et derrière Russe, grands "pogromistes" du peuple juif), se réfugier aux USA ou dans la "terre promise" alors en voie de légalisation, Israël. La "Palestine" était toutefois encore administrée par les Anglais lorsque arrivèrent les premières vagues massives d'immigrés en provenance d'Europe (Ashkénazes). Les Britanniques subissaient des attaques de plus en plus hardies de la part de l'Irgoun, dirigé par son leader charismatique Menahem Begin, moins pour obliger les Anglais à se retirer et à reconnaître la souveraineté d'un état israélien que pour faire face plus efficacement aux attaques arabes. En 1947 ce fut enfin chose faite. L'ONU par sa résolution 181 autorisait la création de l'état d'Israël, mais aussi celui de trois territoires indépendants, majoritairement peuplés d'arabes, à l'ouest du jourdain. De leur côté les Nations arabes récemment indépendantes, réclamaient pour la Palestine l'expulsion des Juifs et l'extension de la Jordanie à la côte. Les racines du mal étaient plantées. Ce territoire fut encore remanié à l'issue des autres guerres.
La marine Israélienne, née dans la guerre.
Israël, après avoir contré plusieurs guerres menées par ses voisins (Celle de 1948, de 1956, celle de 1967, 68, et celle de 1973), possède actuellement certainement la plus moderne et la plus puissante flotte du moyen-orient. Cette force, surtout présente en méditerranée, (Haifa et Ashdod), l'est aussi en mer rouge (Eilat). Son implication dans les différentes batailles est vu dans le chapitre ci-après "la marine Israélienne en opérations". Cette force embryonnaire qui fut constituée en 1948 se composait alors d'un unique garde-côtes ex-américain, le USS Northland devenu Eilat. 350 hommes composaient ses effectifs, la plupart ayant étés formés pendant la seconde guerre mondiale, à bord des vaisseaux de la Royal Navy. Autour de ce navires, quelques vedettes lance-torpilles héritées des forces locales de la RN. Ses hommes-grenouilles signèrent la destruction en 1948 du navire de guerre égyptien El Amir Farouk à Gaza. En 1956 en revanche, les moyens Israéliens étaient nettement plus importants, avec l'acquisition de deux bâtiments de la classe Z en 1955, relativement récents (10 ans), trois frégates classe "River" et deux corvettes classe "Flower" en 1950 et un DE classe "Hunt" en 1956. Mais ce dernier fut acquis pendant ladite guerre de 1956 (la campagne du Sinai), les deux destroyers nouvellement acquis permettant de capturer de manière spectaculaire cette frégate Égyptienne Ibrahim el Awal.
Après cette campagne, Israël acquit également 2 premiers submersibles anglais modernisés du type S (classe Tanin) en 1958, et trois du type T (classe Leviathan) en 1967-68, opérationnels au moment de la guerre des six jours. Après ce conflit, et dans les années 70, la marine Israélienne se fit construire de nombreux autres bâtiments bien adaptés: De grosses vedettes lance-missiles du type "SAAR" de conception Allemande (Lürssen) et construits en France, les 12 SAAR1 en 1967-69, puis les 11 SAAR4 (ou Reshef) en 1973-78, et enfin les 5 quasi-corvettes du type SAAR4.5, dotés d'un hélicoptère embarqué en 1980 et 1990. Le fer de lance de la flotte Israélienne actuelle (après 1990) se compose des corvettes furtives ultramodernes de la classe Eilat, construites aux USA. Israël s'est aussi doté progressivement de bâtiments amphibies: d'abord les trois LST classe Etzion Geber, en 1965, puis les trois LCT classe Ashdod en 1967, et enfin le gros Bat Sheva en 1968, ex-sud africain, en sus d'une flottilles de petits chalands type LCT, LCI, LCM, ex-Américains, LCM(6) ex-Anglais et même MFP ex-Allemands.
S'y ajoutent des vedettes lance-missiles légères, le Dvora en 1977, conçu par IAI (Israeli Aircrat Industry), considéré en son temps comme la vedette de ce type la plus légère au monde, inspiré des 34 "Dabur", de 1973-77 équipés seulement de canons. Ce prototype fut suivi des "Super Dvora", de série, à partir de 1987, et jusqu'à maintenant. En 1990, 4 en service. Par ailleurs les hydroptères étaient jugés comme une base de travail intéressante et trois unités furent construites aux USA sur le modèle du Flagstaff en 1982-85, les Shimrit. Ces forces se complétaient par les patrouilleurs 4 côtiers classe Kedma (1968), précédés par les 2 Yar, en 1956, et les vedettes lance-torpilles classe Ophir (3) et Ayah (6) qui venaient s'ajouter à trois vedettes anglaises type MTB en 1949, 1 du type Fairmile B en 1950 (Haportzim), et trois HDML également ex-Britanniques, les Dror, Saar, et Tirtsa. Plus récemment, Israel à entrepris de remplacer ses 5 sous-marins ex-Britanniques. Elle fit pour cela appel à des plans Allemands et fit construire à Vickers trois unités du type 206, les Gal, en 1975-76. Plus récemment encore, elle à entrepris une nouvelle classe de sous-marins selon le même principe ( construits initialement à Ingalls en G.B.), mais dérivés du type Allemand 212 et finalement construits à Kiel en 1997, les Dolphin.
Ci-dessous suivent les effectifs connus et répertoriés de la marine Israélienne à la veille de la guerre des 6 jours, du Yom Kippour, et du Golfe.
Bilan pour 1967:
-Deux destroyers, Eilat et Yaffa, le DE Haifa, les trois submersibles classe Leviathan et les deux classe Tanin, les 6 VLT classe Ayah, les 3 classe Ophir, les 2 patrouilleurs classe Yar, 2 HDML, les trois LCT Etzion Geber.
Bilan pour 1973:
-Deux sous-marin, le Dolphin et le Leviathan, 12 Vedettes lance-missiles SAAR1 (Mirtach), 3 VLT classe Ophir, 2 Yar, 4 classe Kedma, 2 HDML, 3 LST classe Etzion Geber, 3 classe Ashdod, 1 Bat Sheva.
Bilan pour 1990:
-3 sous-marins classe Gal, 12 VLM classe SAAR1, 11 classe SAAR4, 4 classe SAAR4.5, 1 Dvora, 4 Super-Dvora, 3 Hydroptères LM classe Shimrit, 24 Patrouilleurs Dabur, 28 Yatush, 4 Kedma, 3 LST classe Geber, 3 LCT classe Ashdod, 1 Bat Sheva.
Les sous-marins de la classe Dolphin, parmi les plus silencieux au monde
En 1948, la "flotte" qui n'avait de flotte que le nom n'eut pas le moindre retentissement dans les opérations. En 1856, ce sont les deux destroyers qui firent sensation: Ils engagèrent au canon la frégate Égyptienne Ibrahim el Awal, laquelle avait déjà été semoncée et canonnée par le destroyer Français Cassard suite à son incursion nocturne et son bombardement des installations de Haifa. Ce sont les roquettes de deux Sud-est Ouragans, récemment achetés aux Français, qui permirent de stopper net la frégate, évacuée et remorquée à Haifa avant d'être intégrée au service de l'étoile de David sous ce nom. Durant la guerre des 6 jours, la rapidité de l'offensive Israélienne laissa trop peu de temps à la marine pour s'illustrer. Cependant durant la période qui suivit, l'Eilat attaqua et détruisit à l'aide de deux Vedettes lance-torpilles deux autres vedettes Égyptiennes devant le Sinaï. En représailles, ces dernier mirent en ouvre leurs récentes Vedettes lance-missiles de la classe Komar et coulèrent l'Eilat au large de Port-Saïd. Ces derniers ne prirent même pas la peine de quitter le port et les trois SSN-3 Styx firent mouche. Ce fut la première perte au combat d'un navire majeur par des vedettes lance-missiles. Par ailleurs, les Israéliens répliquèrent par deux raids amphibies en Égypte en 1969.
Les Corvettes furtives classe SAAR5 (Eilat) en formation, fierté de la marine Israélienne actuelle.
Les Israéliens répliquèrent en adoptant des équipements de guidage dernier cri et en développant leurs missiles IAI Gabriel. La revanche arriva en 1973, lors du Yom Kippour: 13 VLM équipés de 63 missiles antinavires IAI "Gabriel" mirent en déroute au cours d'une bataille mémorable, puisqu'elle fut la première du genre, une force de 27 vedettes lance-missiles Komar et Osa Syriens et Égyptiens armés au total de 84 missiles Styx. Le fameux Gabriel démontra une efficacité au moins aussi grande que l'Exocet Français un peu plus tard au Malouines et les exportations d'IAI en profitèrent largement. Nombre de missiles soviétiques "Styx" furent abattus en plein vol ou subirent des contre-mesures efficaces. D'autres actions furent menée avec succès par des unités plus modestes, comme des patrouilleurs. Ainsi, dans le golfe de Suez, 5 patrouilleurs rapides envoyèrent par le fond en quelques minutes pas moins de 19 chalutiers et patrouilleurs armés Égyptiens en rade de Ras Galeb. D'autres opérations se succédèrent en utilisant des tactiques de guidage, repérage et contre-mesures par hélicoptères et vedettes lance-missiles combinés, une véritable "blitzkrieg" navale, et se révélèrent toutes d'un grand enseignement pour les marines étrangères.
Durant la guerre du Liban en vit en 1981 des vedettes Israéliennes frapper et détruire le QG des PFLP à Tripoli. On accorda aussi une priorité aux moyens de soutien lors des débarquements à Beyrouth. Depuis, les patrouilleurs ont surtout eu pour rôle de contrôler d'éventuelles infiltrations d'agents de l'OLP sur son territoire. La montée en puissance de la flotte Libyenne obligea l'État-major à repenser son programme de construction et d'envisager des navires plus conséquents que les simples vedettes lance-missiles déployées jusque là: Ce furent dans un premier temps les gros SAAR 4.5 capables de mettre en oeuvre un hélicoptère, et plus récemment encore, avec les enseignement de la guerre du golfe, et la menace Irakienne (qui commanda pas moins de 4 frégates et 6 corvettes à l'Italie peu de temps avant son agression du Koweït.), les trois corvettes furtives High-tech classe Eilat commandées spécialement aux USA, véritables "destroyers Aegis" en réduction, et qui sont, en-dehors des frégates classe Lafayette et bâtiments de l'US Navy classe Arleigh Burke déployés en méditerranée, les plus puissants et modernes du moyen-Orient.
Fiches:
Destroyers classe Eilat
-Frégate Haifa
-Corvettes classe Eilat
-SA classe Tanin
-SA classe Léviathan
-SA classe Gal
-SA classe Dolphin
-VLM classe SAAR1
-VLM classe SAAR4
-VLM classe SAAR4.5
-VLM cl. Dvora/Super Dvora
-HLM classe Shimrit
-VLT classe Ayah
-VLT classe Ophir
-VP classe Yar
-VP classe Dabur
-VP classe Kedma
-VP classe Yatush
-LST classe Etzion Geber
-LCT classe Ashdod
-LCT Bat Sheva