Classe
Yorktown ( 1936-40 )
Le USS Enterprise, le plus célèbre porte-avions allié de la seconde
guerre mondiale, ici en 1942, peu avant la bataille de Midway.
Le USS Hornet, portant ses B25 Mitchell pour l'immortel
raid sur Tokyo du Colonel Doolittle.
Les trois
porte-avions de cette classe restent à jamais pour les Américains ceux
qui sauvèrent l'union au pire moment de leur histoire: Lorsque tout
leur potentiel fut anéanti à Hawaii, il ne restaient plus qu'eux et
c'est sur eux encore que reposa la lourde charge de tenir tête à toute
la flotte Japonaise, jusque là jugée invincible. Tous les trois engagés
à Midway, ils firent basculer le sort des armes dans le pacifique. Ce
furent eux également qui commencèrent à faire douter l'empire en
réussissant le pari insensé du colonel Doolittle. Ce furent eux enfin
qui étaient présents aux îles Santa Cruz, à la mer de Corail, et à
Guadalcanal, cette terrible année 1942. Tout leur personnel, des
pilotes aux mécanos, des équipes incendies aux artilleurs, firent
preuve d'une bravoure et d'une opiniâtreté qui fit pleinement démentir
les préjugés de l'empire à l'égard d'une nation "décadente".
Les
navires de la classe Yorktown, furent construits dans le prolongement
des programmes de construction navale anti-chômage du président Roosevelt. Sur le
plan technique, il s'appuyaient sur le Ranger ( 1933 ), mais étaient
nettement plus grands. Conçus en tant que porte-avions dès le départ
contrairement aux grands Lexington, ils avaient un hangar ouvert de capacité
nettement supérieure, puiqu'ils pouvaient porter 96 appareils, contre
76 sur le Ranger et 63 sur les Lexington. Un tel effectif entraînait
des conséquences quand aux aménagements, et donc nécéssairement aux
dimensions et au tonnage. Revendiquant 25 500 tonnes à pleine charge,
pour 120 000 cv, ils étaient nettement plus rapides que le Ranger.
Trois bâtiments furent lancés, le Yorktown et l'Enterprise en 1936,
achevés en 1937-38 et le USS Hornet, mis en chantier au début des
hostilités en septembre 1939, et achevé en octobre 1941, car le nouveau
design des Essex était encore à l'étude.
Ils inauguraient entre autres un poste de direction des vols installé
au-dessus de la piste, en haut du mât tripode devant la cheminée, qui
sera repris par le Wasp. Ils possédaient trois catapultes et leur
protection se limitait à un blindage de ceinture et une protection
horizontale couvrant la coque contre les tirs paraboliques de 203 mm.
Mais leur pont d'envol et leur pont de hangar n'avaient pas de
protection particulière, et leur défense sous-marine se limitait à une
protection contre les charges de torpilles d'aviation, mais non de
marine. Leur groupe aérien se composait de 18 chasseurs Grumann
Wildcat, 37 bombardiers en piqué Douglas SBD Dauntless et 36
bombardiers torpilleurs Douglas TBD Devastator, remplaçant les Vought
SBU Vindicator, dont 5 servaient à l'observation.
Leur carrière militaire se trouva propulsée au premier plan avec la
tourmente de décembre 1941: Leur absence dans ce port des îles Hawaii
sauva rétrospectivement l'US Navy d'une destruction assurée et
probablement d'une conquête Japonaise de l'Australie et de l'Inde,
libérée de toute menace alliée. Ce funeste dimanche 7 décembre en
effet, le USS Enterprise livrait des appareils à l'île de Midway, le
Yorktown était dans l'atlantique et le Hornet effectuait ses essais
dans les caraïbes. De ce fait, l'Enterprise fut rapidement rejoint par
le Yorktown à Oahu, y rejoignant le Lexington et le Saratoga.
Maintenant que la ligne de bataille du "battleship row" était hors de
combat pour des années, ils étaient le dernier rempart de la flotte et
furent engagés durement.
-Le Yorktown participa à la
bataille de la mer de Corail les 7 et 8 mai 1942 sous les ordres du
contre-amiral Fletcher. Ses appareils menèrent un raid réussi contre le
Shoho qu'ils envoyèrent par le fond, et faillirent y parvenir en mettant hors de combat le Zuikaku.
Mais la riposte Japonaise arriva sous la forme de "Kate" et "Val" qui
avaient percé la défense des chasseurs et fondirent sur le Yorktown,
lui mettant un coup au but, une bombe qui traversa trois ponts et
incendia le navire au point que les équipes le crurent perdu mais
luttèrent pied à pied avec les flammes. Le navire se traîna à Pearl
Harbor et sera réparé avec une incroyable âpreté par le chantier,
puisque quatre jours après il était de nouveau opérationnel, arivant à
temps pour rejoindre l'Enterprise
à Midway. Lors de la fameuse bataille, ses appareils furent tout autant
méritoires de la perte des quatre porte-avions de première ligne
Nippone. Mais là encore, la riposte ne se fit pas attendre et ce furent
trois bombes qui explosèrent sur son pont et dans son hangar. Ses
incendies furent remarquablement maîtrisés, au point que les appareils
revenant de leur 4eme vague décisive purent apponter, êtres ravitaillés
et repartir. Ils parvinrent à retrouver le quatrième et dernier de ces
bâtiments, le Hiryu, qu'ils
envoyèrent par le fond. Un "Kate" Japonais avait également réussi à lui
loger une torpille par le travers, et prenant de la bande, il resta à
flot, continuant à flamber. La fumée noire attira un submersible, le
I-168, qui le suivit, et le 7 juin, alors que le navire revenait à Oahu
une nouvelle fois sévèrement endommagé, reçut une gerbe de torpilles et
explosa, se retourna et coula en quelques minutes. Ce fut la seule
perte majeure américaine de la bataille.
-L'Enterprise était le
troisième porte-avions affecté à la flotte du pacifique, en compagnie
du "Lady Lex" et du "Sara".Trois jours après l'attaque Pearl Harbor,
ses avions coulèrent le submersible I-170. En avril 1942, il
était à pied d'oeuvre pour escorter le Hornet au large des côtes
Japonaise pour le raid de Doolittle. Ses avions devaient couler les
navires affectés au piquet d'alerte. Il ne fut pas de retour avant la
bataille de la mer de Corail, mais était présent à celle de Midway,
où avec le Yorktown il était le seul à pouvoir s'opposer aux plans de
Yamamoto. Après trois premières vagues courageuses mais désastreuses et
sans résultats notables, la quatrième fut particulièrement bien menée
et déboucha sur la destruction du Kaga et de l'Akagi. Il ravitailla
également les Dauntless du Yorktown qui coulèrent ensuite le Hiryu. Il
ne fut pas endommagé, et ses appareils retrouvèrent et détruisirent
encore le croiseur Mikuma, endommagèrent gravement le Mogami et
plusieurs de leurs destroyers d'escorte.
Il était de nouveau engagé, cette fois aux Salomons en août 1942,
couvrant le débarquement de Guadalcanal. Durant la bataille des
Salomons orientales, il fut plusieurs fois touché gravement et rentra à
Pearl Harbor pour de longues réparations. Mais le 26 octobre, il était
présent avec le Hornet aux îles Santa Cruz,
et tandis que son sister-ship y fut coulé, l'Enterprise résista à trois
bombes et continua à opérer ses avions. Le mois suivant, après des
réparations de fortune, il était toujours en ligne à Guadalcanal. Ses
avions parvinrent le 13 novembre à retrouver le cuirassé rapide Hiei et
à le couler, et le 14, tout un convoi de troupes et de ravitaillement
Japonais.
Une nouvelle fois touché, il revint aux USA pour de très longues
réparations en cale sèche et une refonte partielle ( nouveaux radars,
équipements, remises aux normes de l'Essex, DCA améliorée, nouveaux
avions, les chasseurs Grumann Hellcat et les Bombardiers en piqué
Curtiss Helldiver ). Il en revint en mai 1943 et participa encore à de
nombreux combats. Ce fut son groupe aérien qui mena la première attaque
aéronavale de nuit, et il l'engagea intensément ensuite dans la série
d'attaques de la grande base aéronavale de Truk en février. En juin
1943, ce sont encore ses hellcat et Corsairs qui firent des ravages
parmi les jeunes pilotes sacrifiés par le Japon lors du fameux "tir aux
dindons" des mariannes, durant la bataille des philippines. Engagé
ensuite dans des opérations de couverture et de soutien de tous les
grands débarquements, il y subit plusieurs attaques de kamikazes, dont
la dernière, le 14 mai 1945, l'envoya en réparations prolongée. C'est
en cale sèche qu'il termina la guerre. Remis en service dans la
réserve, il y restera en tant que symbole flottant de toute la guerre
du pacifique. Il fut cependant démoli en 1958.
Le USS Hornet, flambant neuf au moment où Pearl
Harbor fut attaqué, eut une carrière courte mais brillante puisqu'il
mena l'assaut des bombardiers de Doolittle, une opération largement
soutenue par le président et préparée dans un secret absolu de janvier
à avril 1942. C'est sur son pont de 252 mètres que devaient êtres
stockés les 16 B-25, qui devaient par conséquent décoller sur 130
mètres, du jamais vu. L'audace fut payante car le raid, d'un impact
largement symbolique, fut une réussite, la plupart de ses avions
rejoignirent la chine et ses pilotes furent rapatriés sur le continent
plus tard. Sitôt après, le Hornet participait à la bataille de Midway
en compagnie de ses sister-ships, mais ses pilotes, moins expérimentés
eurent moins de chance et subirent de lourdes pertes. A la fin de la
bataille ils parvinrent cependant, en compagnie du groupe aérien de
l'Enterprise, à couler le Mikuma et endommager le Mogami.
Il transporta ensuite des avions pour les marines à Henderson Field,
Guadalcanal, et son groupe aérien couvrit les opérations du secteur. Le
23 octobre, il envoya la totalité de ses chasseurs dans la première
vague d'assaut contre les forces Japonaises lorsqu'il subit en retour
une attaque lui mettant six bombes et deux torpilles au but. Les
équipes de sécurité furent alors à pied d'oeuvre, tentant pendant
quatre longues heures de le sauver tandis qu'une nouvelle vague
d'avions lui firent subir encore deux impacts de bombes et une nouvelle
torpille. Désemparé, devenu un enfer pour tout ce qui n'était pas
encore immergé, donnant de la bande mais sans couler, il fut encore
traqué pendant la nuit par les croiseurs et destroyers Nippons qui le
cherchaient pour l'achever. Les survivants de ses équipes n'avaient pas
encore renoncé à le tirer d'affaire lorsqu'il fut décidé de l'évacuer
et de le saborder. Ses propres destroyers d'escorte lâchèrent la gerbe
de torpilles qui lui furent fatales.
Caractéristiques:
Déplacement
& Dimensions |
19 800t,
25 500t PC_251,4 x 33,4 x 8 m
|
Propulsion |
-4 hélices,
4 turbines Parsons, 9 chaudières Babcock & Wilcox, 120 000 cv. et 32,5
Noeuds max. |
Blindage,
équipage |
ponts 40 mm,
ceinture 102 mm_Equipage 2920 |
Armement |
8 canons de
127 mm, 16 canons de 28 mm ( 4 x 4 ), 24 mitt. de 12.7 mm AA, 96 appareils. |