De la puissance à la superpuissance
L'US Navy est passée d'une marine insignifiante en 1885 à une force navale reconnue en 1898, puis à une puissance navale de premier ordre en 1917, assumant avec la Royal Navy la sauvegarde des routes maritimes, son entrée en guerre résultant justement d'une attaque d'un submersible Allemand : Le torpillage du Lusitania. Son énorme puissance industrielle, déjà mobilisée pour la production de matériels utilisé en Europe par les deux camps (triple alliance comme triple entente), fut cette fois également employée pour la production massive de cargos, destroyers et patrouilleurs, dont bon nombre étaient encore opérationnels en 1941. Lorsque la guerre prit fin en novembre 1918, elle avait ajouté à une marine déjà impressionnante, oeuvre principalement de la volonté du président Roosevelt (Théodore, pas Franklin), de penseurs comme Alfred Thayer Mahan et d'habiles et compétents secrétaires d'état. Comparée à la flotte Française, à tonnage un temps équivalent, la qualité générale de la marine Américaine était largement supérieure à tout point de vue, handicapée seulement par l'usage unilatéral de dreadnoughts, pré-dreadnoughts et croiseurs-cuirassés, au détriment de croiseurs modernes. Cette force se divisait entre l'océan Atlantique (principalement Norfolk) et le pacifique. Dans les années 20-30, la base navale d'Oahu à Hawaii fut développée pour héberger cette dernière flotte.
Les Etats-unis jouèrent un rôle clef durant l'après guerre, la SDN étant largement du fait du président Wilson, comme pour l'arrêt de la dispendieuse course aux armements navals dans laquelle s'était lancées les grandes puissances. Elle se concrétisa par le traité de washington, décrétant un moratoire de dix ans et de sévères limitations de tonnage pour plusieurs catégories par ailleurs. Ce qui laissa l'amirauté se reposer sur sa copieuse armada de dreadnoughts, et compléter la flotte avec des croiseurs et destroyers et submersibles plus modernes, et se lancer également, avec circonspection et pour exploiter un vide dans les termes du traité, les porte-avions. Ces derniers se révélèrent absolument vitaux en 1941 et évitèrent aux Etats-Unis l'impensable : Etre chassés du pacifique, puis éventuellement combattre les Japonais sur le sol Américain. Ils furent la pierre angulaire d'une "contre-offensive" géante qui allaient les mener de Guadalcanal en 1942 aux côtes japonaise, en 1945, et faire une superbe démonstration de ce qui allait devenir, grâce surtout aux progrès spectaculaires de l'aviation elle-même, le nouveau capital-ship, centre de task-forces polyvalentes. Des porte-avions, elle en produisit en nombre plus grand que toute autre nation dans l'histoire, passé, présent, et probablement à venir. Ils firent de l'US Navy la superpuissance navale qu'elle est restée à ce jour, lui donnant un instrument de premier ordre pour la défense du "monde libre" durant la guerre froide et la sauvegarde de ses intérêts sur les sept mers.
Les "big guns" de la flotte
Pour les présidents et secrétaires d'états qui se succédèrent à la maison blanche, la quintessence de la puissance navale Américaine s'incarnait entièrement dans les "big guns" de ses dreadnoughts. Après le ferraillage de ses pré-dreadnoughts et la vente de ses cuirassés les plus anciens, il lui restait encore une force considérable de 17 dreadnoughts (la Grande-bretagne n'en possédait que 10). Son plan original, pré-washington, de 1919 à 1923, comprenait 6 cuirassés, 10 croiseurs légers, un porte-avions, 274 destroyers, et 51 submersibles. Six nouveaux cuirassés sont prévus au programme, les South Dakota, ainsi que 6 grands croiseurs de bataille de la classe Lexington. Les premiers furent annulé, les seconds transformés en porte-avions d'escadre. Ils furent d'ailleurs les plus performants avant 1936 dans le monde, plus grands et rapides qu'aucun autre. En 1939, cette flotte de cuirassés n'était pas cependant au meilleur de sa forme, jamais reconstruits mais seulement légèrement modernisés, ils manquaient encore en 1941 de radars et d'une DCA efficace. Ainsi outre les obsolètes 75 mm, et les trop lents 127 mm, il n'existait que des affûts multiples de mitrailleuses. Pearl Habor allait être le séisme qui bouleversa cet état de fait. Si la flotte du pacifique survécut grâce à une poignée de porte-avions -absents de jour de l'attaque- les cuirassés furent presque tous renfloués, puis entièrement reconstruits. D'autres sister-ships de l'atlantique suivront, et au final, avec l'ajout des cuirassés rapides de trois classes successives (North Carolina-1940, South Dakota-1942, Iowa-1944), retrouva une force "classique" absolument sans rivale en 1943-44. Si le gros de l'US Navy fut effectivement mobilisé dans le pacifique, d'autres cuirassés servirent pour l'appui-feu sur le théâtre Européen (Opération Torch, Sicile, Italie... opération Overlord, escorte des convois de l'atlantique et de l'arctique). Mais dès 1942, leur rôle avait été clairement revu : Appui naval des opérations au sol avec leurs pièces lourdes et parapluie antiaérien grâce à leur formidable puissance de feu légère.
Pionnière de l'aéronavale (1922-1936)
L'US Navy fut avec le Japon et la Grande-bretagne, une pionnière dans de lé développement de l'arme aéronavale. Déjà, le lieutenant de vaisseau Eugene Ely (1886-1911) tenta avec succès des décollages de bâtiments comme l'USS Birmingham (1910), ou atterrissages sur le USS Pennsylvania (1911). Ces tentatives pionnières, à une époque de balbutiement de l'aviation, lui furent fatales. Cela ne convainquit pas pour autant l'amirauté Américaine, qui jusqu'au début de la seconde guerre mondiale, croyait encore dans la suprématie du cuirassé. L'attaque aéronavale Britannique de la Spezia, puis Pearl Harbour, firent voler en éclat ces certitudes...
Bien que restée dubitative face aux précédentes démonstrations d'Eugene Ely avant-guerre, l'amirauté fut d'avantage convaincue par la série d'attaques aériennes réussies du colonel Billy Mitchell contre des cuirassés obsolètes, conduites au début des années 20. Ce dernier était persuadé que pour le coût d'un seul dreadnought, on pouvait mettre en oeuvre une centaine de bombardiers navals bien plus efficaces pour la défense des côtes... Néammoins ses rapports tendus avec les deux armes, n'aboutirent qu'en la reconversion d'un charbonnier de la flotte, le USS Jupiter, en porte-avions expérimental, entre 1920 et 1922, devenant le CV1 USS Langley.
Ce dernier fut instrumental dans les progrès rapides faits par l'aéronavale jusqu'à ce que les Lexington aient étés reconvertis. Bien que trop lent pour suivre la flotte, il servit également pendant la seconde guerre mondiale. Ce fut l'un des premiers à introduire des brins d'arrêts freinés par hydraulique et des catapultes hydrauliques. Le Langley fut en tout cas le passage obligé des aviateurs allant servir à bord des futurs porte-avions de la marine Américaine.
Ci-contre : Premier appontage réussi, de l'aviateur Américain Richard Ely sur le USS Pennsylvania, un croiseur-cuirassé. Deux époques. (wikipedia)
Les Lexington furent une véritable bénédiction pour la Navy. Convertis à partir de croiseurs de bataille géants (les premiers du genre aux USA) condamnés par le traité de Washington, ils furent à leur mise en service en 1927 les plus grands porte-avions du monde, pouvant filer 30 noeuds et embarquer 100 appareils tout en ayant une défense de croiseur lourd. Leur silhouette était immédiatement reconnaissable avec leur immense cheminée. Mais le premier véritable porte-avions opérationnel construit sur plans fut le USS Ranger, lancé en 1932 et accepté en service en 1934. Plus petit que le "Lady Lex" et le "Sara", il ne fut jamais aussi populaire. Néammoins c'était un bâtiment équilibré et bien conçu qui servit de base à la série suivante en 1936, celle des Yorktown (1938-1941), qui fut la plus réussie et porta pratiquement à elle seule tout l'effort de l'US Navy dans le pacifique pendant les très dures années 1942 et 1943. Enfin, ce fut le USS Wasp (1942), revenant à un modèle de porte-avions de tonnage réduit. Après cela, le maëlstrom industriel face auquel la marine Japonaise allait succomber, se déchaîna, livrant pas moins de 20 porte-avions d'escadre lourds (classe Essex) plus d'une centaine de "Jeep-carriers" et une dizaine de porte-avions d'escadre légers (classe Independance Day) jusqu'à la fin du conflit. Les derniers en date, les Midway (1945-47) étaient tellement grands qu'ils opérèrent des jets et restèrent de fait en service durant presque toute la guerre froide.
La marine Américaine en décembre 1941 :
Ne produisant aucun navire majeur en dehors des deux Saratoga, puis des porte-avions classe Yorktown et Ranger, du fait du moratoire, et se reposant sur une imposante flotte de destroyers (plus de 250) et de submersibles hérités de la grande guerre, l'US navy se concentra sur les croiseurs. Une première classe de dix bâtiments fut lancée après la fin de la grande guerre, dont la mise en service s'étala jusqu'en 1924. Avec leur coque flush deck, leurs quatre cheminées et leur armement en barbettes et tourelles, les "Omaha" furent très reconnaissables. La tradition des cuirassés nommés d'après des états, les croiseurs d'après des villes importantes et des destroyers d'après des hommes d'état et officiers de la Navy se poursuivit. La première classe de croiseurs "Washington" (théoriquement 8 pièces de 203 mm) fut les Pensacola (1926-10 pièces en deux tourelles doubles et deux triples), Northampton (1930, trois tourelles triples, la configuration favorite qui allait perdurer jusqu'en 1947...), Portland (1932), et enfin New Orleans mieux protégés (1933-36).
Ci-contre : Le USS Brooklyn (1936) inaugurait une nouvelle série de croiseurs ancêtre des Cleveland produits durant la guerre. (wikipedia).
En 1937, le USS Brooklyn inaugurait un nouvel arrangement à la mode à cette époque, de "tirs de saturation" avec une artillerie moyenne voire légère (5 tourelles triples de pièces de 152 mm, soit 15 pièces), une coque flush-deck sans décroché avec poupe carrée à l'arrière et d'autres innovations. Le USS Wichita qui suivait en 1939, fut une sorte d'adaptation aux Brooklyn de trois tourelles triples de 203 mm, revenant à une tradition qui allait mener aux USS Baltimore, également produit en grande série durant la guerre. Ce croiseur unique et bien protégé fut le dernier mis en service avant Pearl Harbour...
En matière de destroyers, comme spécifié plus haut, l'US Navy pouvait se reposer sur une immense masse de "flush-decker, four pipers" hérités de la grande guerre. Plus de 250 unités dont les dernières furent achevées en 1921 et dont plus de la moitié était encore en service actif en 1930. C'est à cette épopque qu'on commença à se pencher sur un design "de paix" en petite série, radicalement nouveau (et bien plus onéreux) : Les Farragut (1934), suivi des Porter (1935) dotés d'un armement bien plus puissant : Quatre tourelles doubles. Des classes "standard" et "lourd" se succédèrent ainsi jusqu'en 1941. La dernière classe était les Benson/Gleaves, à coque flush-deck, qui formeront la base des Fletcher produits en masse durant le conflit.
oerlikon 20 mm on board uss essex 1942
A cette époque leur artillerie s'était fixée à l'excellent 127 mm apte à tous les usages, en affût simple à tourelle semi-automatisée. La DCA se fixa également sur des affûts quadruples de 40 mm et simples de 20 mm Oerlikon qui furent produit en milliers d'exemplaires pour équiper ausssi bien l'US Navy que la Royal Navy et la marine de la France libre. Suffisamment rapides et ayant nettement plus d'impact que les mitrailleuses légères en usage, elles fournirent à l'US Navy son "parapluie" étanche à toutes les attaques de l'aéronavale Japonaise, y compris les attaques-suicides de la fin de la guerre. Juqu'en 1941, l'armement secondaire s'était fixé à des affûts simples "double-emploi" de 127 mm, en affûts simple rapides de 76 mm et en afûts doubles et quadruples de mitrailleuses de 7,7 mm et éventuellement de 12,7 mm. Cette artillerie antiérienne était pléthorique sur les bâtiments construits ou modernisés durant la guerre. En particulier dans le pacifique, on avait compris le danger réel de l'aviation et répondu parfois de la manière la plus extrême. Pour exemple, sur les Iowa de 1944, il comprenait 80 pièces de 40 mm en affûts quadruples et 49 de 20 mm. Tous les cuirassés renfloués et refondus de Pearl harbor affichaient également -sur un espace plus restreint- des artilleries légères semblables.
Une batterie d'affûts de 20 mm Oerlikon en baignoire sur les flancs du pont d'envol de l'USS Essex (1942).
En matière de submersibles, les Américains avaient étés, avec la France et la pologne, des pionniers. Leur premier submersible opérationnel fut l'USS Alligator propulsé par la force humaine durant la guerre de sécession, et la Tortue de Bushnell durant la guerre d'indépendance Américaine puis celle de 1812. En 1870 ce fut la "biclyclette sou-marine" de Faidy, puis en 1890 le premier submersible tout-électrique moderne au monde, le "plunger" de John Holland. Cet autodidacte passionné et ingénieur d'origine Irlandaise fut le Fondateur de Electric boat Company et déposa 23 brevets, fournisssant ses premiers submersibles à la marine Américaine comme à la marine Britannique et vendit largement à l'export. Son concurrent plus "classique" était le Narval de Laubeuf (1900). Si des "Holland" datant de la grande guerre étaient encore en service actif en 1939, le Narval et son principe de "torpilleur submersible" avait été largement adopté. Leur principe était inverse aux Holland : Lents en plongée mais rapides et excellents marins, très endurants en surface. Les Holland par contre étaient plus lents, peu maniables et peu endurants en surface, mais plongeaient rapidement et étaient très rapides sous l'eau. Ce n'est qu'avec l'adoption du schnorchel puis de "super-batteries" que les Allemands parvinrent à réconclilier ces deux concepts avec le type XXI.
De fait, l'US Navy hérita de la grande guerre une flotte de "Holland" qui étaient extrêmement robustes et fiables et dont beaucoup étaient encore actifs en 1941. Parmi ceux-ci, les Barracuda (1924) issus du traité de Washington, de deux prototypes et de l'étude d'unités Allemandes octroyées en réparation de guerre. Ils prenaient un virage complet par rapport aux Holland précédents, plutôt côtier. Les Barracuda étaient de grands océaniques à propulsion mixte diesel-électrique. Ils donnèrent lieu à une longue lignée. A côté, les Américains expérimentèrent à leur tour le concept de "croiseur submersible" à très longue autonomie et puissant armement : Ce fut le USS Argonaut, et les USS Narwhal (1926-28) dotés de pièces de 152 mm. Ils n'eurent pas de descendance. Avec le Cachalot et le Dolphin, on expérimenta d'autres classes limitées à quelques unités, avant de conclure avec les excellents Porpoise, qui allaient donner les classes Perch et Shark à partir de 1935 jusu'à la veille de la guerre et constituer la base des excellents "Gato" de grande série et sous-classes Tench/Balao du conflit. Il s'agissaient de grands submersibles océaniques (90 mètres - 2000 tonnes en plongée), parfaitement adaptés au pacifique. Les convois Japonais leur payèrent un très lourd tribut, mais ils eurent également à leur tableau de chasse des croiseurs, cuirassés, porte-avions et d'innombrables destroyers. Par tradition, les submersibles Américains portèrent des noms d'espèces marines jusqu'aux années 50... Les Gato et dérivés de la guerre étaient robustes et suffisamment spacieux pour êtres modernisés dans les années 60-70 (Guppy) et ainsi faire face à la menace submersible Soviétique durant la guerre froide. Les derniers étaient encore actifs en 1990...
Les grands dreadnoughts américains, les "big guns de la flotte" en décembre 1941. A gauche, le USS Nevada, à droite le USS California, plus récent.
A ce tableau on doit ajouter les unités auxiliaires de la flotte : Les canonnières de haute mer classe Erié, Ashesville et Sacramento, et les canonnières coloniales classes Tutuila, Mindanao et Ohahu (Yang-tsé Kiang), Panay, Luzon, et Wake (Philippines). Entraient en service les dragueurs de mines classe Raven flambants neufs (1 en service en sept. 1939 et 8 en service en décembre 1941), pour remplacer ceux, plus anciens (1918-22) de la classe "Bird", servant désormais de mouilleurs de filets, remorqueurs, sauvetage, ravitailleurs d'hydravions et d'assistance. En appoint, la flotte disposait de mouilleurs de mine rapides dérivés des anciens destroyers classes Clemson et Wickes. Les ravitailleurs étaient au nombre de trois, deux de la classe Shawmut (1917) et le USS Curtiss (1939) chargés des hydravions de la flotte du pacifique, notamment les PBY Catalina. Les Gardes-côtes, une institution purement Américaine par son ampleur, disposait d'une flotte vaste et active (elle joua un rôle tout particulier pendant la prohibition, particulièrement sur les grands lacs, et près de 33 petites unités classe Active (les "Rum running") furent bâtis dans ce but)... Elle se composait de 8 vieux patrouilleurs (classes Gresham et Tampa, et des USS Ossippee et Unagla.), ainsi que des Thetis, Algonquin, Treasury (ces derniers servant de brise-glaces), et du récent Northland basé en Alaska. Ces bâtiments d'étaient pas préfixés "USS" car dépendaient du secrétariat du trésor, non de la Navy.
LE SEISME DE DECEMBRE 1941
Le "jour de l'infamie" tel qu'il fut appelé plus tard. Le premier jour d'hostilités "officiel" des Etats-Unis d'amérique date du 7 décembre 1941. En réalité, quelques aviateurs US avaient (très brièvement) combattu sous les cocardes Française en 1940, d'autres en Chine (dont les fameux "tigres volants"), et enfin d'autres en Angleterre pendant la cruciale bataille du même nom en août-septembre 1940. En atlantique, les convois étaient escortés par la Royal Navy à peu près jusqu'à mi-chemin, puis s'ensuivait un "no mans land" (à cause du RA des destroyers) où les navires étaient livrés presque à eux même, avant que l'US Navy prenne la relève, assurant d'ailleurs la prortection de ses propres navires sur ses eaux territoriales et souvent bien au-delà. Ne souhaitant pas rééditer le torpillage du Lusitania (qui avait été, rappelons-le, le casus belli qui fit entrer l'Amérique en guerre en 1917), Hitler, et derrière lui Erich Raeder, puis Dönitz, avaient donné des ordres très clairs pour les U-Bootes de respecter la neutralité des pavillons et d'éviter de se rapprocher trop de la limite des eaux territoriales US. Toutefois, bien des commandant de destroyers ou de croiseurs US avaient vu justement des torpillages à la limite voire à l'intérieur des eaux territoriales Américaines. Certains commendants avaient pris même l'initiative de grenadages, bien avant que les USA entrent en guerre. Il y avait eu au moins quelques échanges "musclés" entre U-bootes trop entreprenants et gardes-côtes également.
pearl harbor
Photo d'archive pas forcément connue mais révélatrice pris après l'attaque de Pearl Harbor. On y voit le "battleship row" littéralement en feu. Plus de 2400 américains tués et plus de 1800 blessés, dont certains noyés dans les cales de l'Oklahoma...
L'attaque avait été inspirée par celle, particulièrement réussie en 1940 de la rade de Tarente par une poignée de "swordfish" Britanniques. L'échelle de l'attaque avait simplement été démultipliée par le nombre de porte-avions engagés, l'entraînement très poussé et la surprise totale. Après deux attaques et très peu de pertes, le succés de l'opération avait été total. Son résultat avait été double : Perte de la flotte du pacifique (sauf les porte-avions, ce qui était absolument crucial pour la suite), et entrée de guerre de l'Amérique. La majorité du peuple Américain avait été jusqu'ici férocement neutre. La descendance Allemande de beaucoup de "Wasps", les restants de la crise de 29 avec une prospérité retrouvée et ses souvenir de l'enfer des tranchées pour beaucoup de vétérans furent des facteurs importants. Malgré la sympathie et l'engagement de Roosevelt, auprès de la Grande-Bretagne, il fallut cette formidable gifle pour retourner l'opinion publique et mettre les Etats-Unis sur le pied de guerre. Désormais plus rien ne pouvait l'arrêter.
Toutefois si l'attaque avait été hardie, l'opinion publique comme l'amirauté très "vieille marine" se trompaient : Certes, une poignée de cuirassés (la moitié dont disposait l'US Navy) avait été sévèrement mise hors de combat, et théoriquement la flotte du pacifique avait été éliminée. Mais personne alors ne prévoyait que les quelques porte-avions, absents ce jour-là, allait les remplacer haut la main dans les combats très durs de 1942, et pratiquement jusqu'en 1943. Après, le rouleau compresseur de l'industrie Américaine surclassa numériquement l'ennemi à dix contre un et la conclusion fut logique. Les cuirassés eux-mêmes furent pour la plupart renfloués, réparés et refondus, et renvoyé au feu, participant à tous les engagement de l'US Navy du pacifique. Avec le support de son industrie, les Etats-Unis allaient pouvoir investir les septs mers et assister efficacement les alliés sur tous les fronts. Son action en effet ne fut pas localisée dans le pacifique mais également dans l'atlantique, et elle fut présente sur tous les théâtres d'opérations de la guerre...
L'US NAVY EN GUERRE (déc. 1941- sept. 1945)
L'Atlantique et l'Europe :
Si l'engagement des USA dans la seconde guerre mondiale est issu du pacifique (voir chapitre suivant), l'effort fourni pas l'US Navy, d'abord modéré, puis écrasant dans le conflit contre l'axe, sera déterminant. En effet, dès 1941, la guerre sous-marine contre le trafic Britannique vers le continent américain - nord comme sud, était doté dune faille sérieuse : L'absence d'escorte autre que des grands navires passé le milieu de l'atlantique : Jusqu'à leur port de destination, les navires - bien qu'en convoi - n'étaient plus protégés à cause du rayon d'action insuffisant de l'aviation comme des destroyers. Les U-bootes, ravitaillés en mer, pouvaient donc se placer en embuscade et avec la tactique de la meute, repérer ces convois pour les attaquer dans cette zone sensible.
Certains U-bootes de longue croisière (comme les type IX), allaient même écumer la limite intérieure des eaux territoriales Américaines -avec de instructions précises, l'amirauté Allemande ne voulait à aucun prix reproduire l'affaire du "Lusitania"... Si le gouvernement, suivant l'opinion Américaine, se voulait farouchement neutre, l'amirauté comme les marins, les capitaines de ces navires, recueillaient les naufragés des infortunés bâtiments torpillés à la limite de leurs eaux territoriales. Parfois des U-Bootes étaient repérés à l'intérieur des eaux territoriales. Les rapports faisaient état de capitaine ordonnant aux destroyers d'ouvrir le feu ou de foncer vers ces périscopes. Par solidarité de marin, les capitaines de ces navires ne pouvaient rester insensibles au sort des Britanniques. Bien avant toute entrée en guerre, de rares U-Bootes trop entreprenant avaient été cannonéss ou carrément envoyés par le fond. Ces actions s'intensifrent tout au long de la seconde moitié de 1941. Les destroyers parcouraient désormais la limite extérieure des eaux teritoriales, essayant d'étendre leur sphère de protection vers les zones non protégées.
Une "patrouille de neutralité" de l'US Navy (la flotte de l'atlantique) en setembre 1941 à la limite des eaux territoriales.
Décembre 1941 fut évidemment un choc. Si le gros des efforts se porreront vers le pacifique, en raison de la destruction de la flotte, la déclaration de guerre concernait également l'Allemagne et l'Italie. Les bâtiments de la flotte de l'atlantique, en plus des coast guards, avaient désormais le champ libre pour escorter les navires à partir de la zone non protégée, qui se réduisit donc en partie. L'aviation fut également mobilisée. Mais de manière inverse, les commandants d'U-Bootes avaient vu leurs restriction levées. Et firent des ravages, car les cargos continuaient à naviguer sans convoi, tous feux allumés de même que les villes. Les U-Bootes se servaient de ces lumières pour s'orienter la nuit et se plaçaient en embuscade. De fait, les pertes des alliés combinées ne furent jamais aussi hautes. Ce fut l'âge d'or des U-Bootes, de janvier à avril 1942. A partir de février toutefois, les Américains s'organisèrent mieux et adoptèrent le système des convois, malgré la résistance de certains capitaines.
1942-1944 : La guerre des convois
Après une période de flottement, les alliés, mieux organisés, allaient frapper fort de fin 1942 à la mi-1943, enregistrant des succés décisifs dans la guerre sous-marine. En cause, de nouvelles tactiques, nouveaux équipements, et des décryptages inespérés. En effet les combats que menaient (seuls, jusque là) les Britanniques en Méditerrannée, étaient largement dépendants d'équipements et d'armements Américains. Le ravitaillement de l'île de plus, restait toujours étroitement lié à la sucéurité de ses routes maritimes. La présence et l'action de l'US Navy put donc se concentrer à couvrir un bonne partie de l'ouest de l'atlantique. les Britanniques fournirent à l'amurauté notamment deux systèmes vitaux, de nouveaux asdic-sonars et les antennes Huff-Duff de repérage trigonométriques. les Américains allaient les produire sous licence et rapidement faire équiper leurs bâtiments, qui s'équipaient par ailleurs de radars. Des hydravions de patrouille effectuaient des vols jusqu'au milieu de l'atlantique, repérant les u-bootes et repêchant les naufragés. Les convois étaient maintenant pris en charge par des escorteurs à longue autonomie spécialement construits pour l'escorte jusqu'au milieu de l'atlantique. La flotte Américaine prenait alors la relève. Il faudra toutefois attendre la fin de 1942 pour voir arriver les nouveaux destroyers d'escorte (ils seront des centaines) Américains. Vers la fin de 1942, la situation devenait plus difficile, et les taux de pertes commençaient à être diminué par la construction massive aussi bien chez les Britanniques que les Américains, de pétroliers et cargos "standard". Le fameux "liberty ship", fut produit en septembre. le tout premier fut le SS. patrick Henry, un héros de la révolution qui aurait fameusement lancé le slogan de "la liberté ou la mort".
Les liberty ships :ss john brown
Cet épisode concerne la période allant de septembre 1941 à la capitulation Japonaise. Jusque là, 18 chantiers civils Américains allaient produire sur un design Britannique, 2751 "Liberty-Ships", un effort sans précédent comparé au nombre d'U-bootes mis en oeuvre. Cet épisode concerne la période allant de septembre 1941 à la capitulation Japonaise. Jusque là, 18 chantiers civils Américains allaient produire sur un design Britannique, 2751 "Liberty-Ships", un effort sans précédent comparé au nombre d'U-bootes mis en oeuvre. Le design en question spécifiait un type de navire très robuste (avec une double coque capable d'absorber une torpille), un appareil moteur simple et éprouvé (classique moteur à triple expansion) économiques avec une vitesse d'environ 11 noeuds, suffisante pour semer un u-boote en plongée. La vitesse fut déterminante dans certaines séries annexes, dotés de moteurs capable de les faire filer à 15 ou 15 noeuds, suffisants cette fois pour coiffer un u-boote en surface... Les aménagements étaient rudimentaires mais connus de tous les marins, et l'espace à bord, confortable, la charge d'emport également.
Si le design et l'idée furent Britanniques, la construction fut à plus de 90%, menée aux USA, dans des chantiers civils comme celui de J. Kaiser près de New York. La construction de ces navires fut modularisée et simplifiée à un point que l'on se permit de battre des records de construction, allant de 244 à 230 joirs pour les premiers à 4 jours et 15 heures (le SS. Robert E. Peary), avec une moyenne selon les chantiers de 42 jours. En fin de compte, le mouvement initié par le Merchant Maritime Act Américain de 1936, confirmé durant la guerre par le Defense Aid Supplemental Appropriations Act en mars 1941, ne fit qu'augmenter la cadence de lancement de nouveaux cargos. En 1943, cette cadence avait atteinte un pic, avec trois cargos bâtis par jour aux USA. Tous ces navires, très fonctionnels, remplaçèrent les pertes durant la bataille de l'atlantique, et bientôt contribuèrent à un net accroissement des capacités de fret. Bien de ces navires furent modifiés pour servir de transport d'assaut et furent de toutes les oprations amphibies de la guerre, notamment durant les années cruciales de 1944-45. La plupart des Liberty-ships disposaient d'un arsenal impressionant en eux-mêmes, avec généralement une pièce de 102 mm ou de 127 mm, et une variété de pièces secondaires de 76, 40 mm ou affuts simples Oerlikon de 20 mm, tous servis par du personnel de la Navy...
Les escorteurs Américains
Durant le conflit, les chantiers militaires délivrèrent un nombre impressionnant de bâtiments d'escorte, à dominante ASM. Tous portaient des acronymes administratifs imprononçables avaient en commun leur relative lenteur (au pas du convois), un armement modéré et spécialisé et de bons équipements de détection, ainsi qu'un équipage bien formé. Leur classification s'opérait comme suit :
GMT - Diesel electric tandem motor drive - (classe Evarts) Type de destroyer à coque courte ("short hull"), 68 navires.
TE - Turbine Electric drive - (classe Buckley), 102 navires.
TEV - Turbine electric drive - (classe Rudderrow), 72 navires.
FMR - Fairbanks Morse diesel Reverse gear drive - (class Edsall), 85 navires.
DET - Diesel electric tandem motor drive - "long hull" -coque longue (classe Cannon), 59 navires.
WGT - Gear Turbine drive - (classe John C. Butler), 83 navires.
Ces bâtiments jouèrent pleinement leur rôle dans l'atlantique, ou la menace des u-bootes était bien plus présente, mais aussi les distances, et en méditerrannée. Dans le pacifique, peu furent envoyés du fait de la menace moins présente des sous-marins Nippons. Les Britanniques ne furent pas en reste, avec des centaines de "Flower" et "Castle", "River" qui écumèrent l'atlantique à leurs côté. Ces centaines de navires arrivèrent à former une escorte dense et vraiement efficace à partir de 1943, bien complété par les appareils des porte-avions d'escorte employés dans l'atlantique, et durant les convois du grand nord vers Mourmansk.
Opérations amphibies en Europe
On associe volontiers les opérations amphibies à la campagne du pacifique, quoique tous connaissent le fameux "Jour J". Ce dernier ne fut pas la seule opération de ce type en Europe, loin de là. En réalité, le premier fut mené en Afrique du nord (opération Torch, en novembre 1942). Il y eut aussi celui de Sicile (operation Husky, juillet 1943), puis celui de Salerne (operation Avalanche, septembre 1943, au sud de l'Italie) puis Anzio (operation Shingle en janvier 1944 - qui faillit tourner au désastre), et enfin le fameux D-Day (6 juin 1944) suivi à deux mois près du débarquement en provence (operation Dragoon, août 1944). Ce fut la dernière operation majeure de ce style. A cette époque l'axe n'avait pratiquement plus accès à la méditerrannée, et l'atlantique se faisait trop dangereux pour la Kriegsmarine. Durant toutes ces opérations, on utilisa quantité de bâtiments spécialisés. La durée de la guerre, la variété des situations et le nombre d'opérations furent le creuset dans lesquelles se forgèrent les doctrines, équipements et tactiques de la guerre amphibie, ou assault combiné (Forces navales et aériennes).
Toutes ces opérations se faisaient à peu près dans le même ordre: Bombardement de l'aviation et frappes "chirurgicales" sur des postes d'artilleries, routes, formations etc., puis bombardement côtier des navires de la flotte (souvent peu précis), puis enfin l'assaut lui-même mené par l'infanterie puis les blindés. La liaison entre les ports de départ et la plage d'assaut se faisait par des cargos convertis (navires d'assaut) modifiés pour embarquer une dizaine de péniches, les mettant à l'eau (vides), l'infanterie y embarquant au moyen de filets sur les flancs du navire. Une fois toutes les péniches en formation et prêtes, l'assaut lui-même s'effectuait, sous couvert de l'aviation embarquée. Les "assauts amphibies" n'ont de raison d'être que le fait d'éviter les ports, volontairement bloqués par l'ennemi, fortifiés et piégés. L'organisation était primordiale lors de ce type d'opérations, pour une parfaite coordination, ainsi que de bons moyens de communication et de renseignements... En fait, pratiquement toutes les doctrines et bâtiments des opérations amphibies modernes sont issues des expérimentations de cette époque. Le LST par exemple, le porte-avions d'assaut (du côté Japonais), le navire à radier, contenant des péniches, les navires de soutien rapproché... L'apparition de l'hélicoptère à par la suite apporté de nouvelles dimensions tactiques.
La phase 2 du débarquement en normandie (Operation Overlord), après la sécurisation d'une tête de pont par l'infanterie, le matériel est débarqué par les LST.
OPERATION OVERLORD (6 juin 1944) :
Ce fut l'opération amphibie la plus coûteuse, la plus vaste en échelle, la plus longue en préparation, et la plus cruciale de toute la guerre. Sa réputation n'est donc pas usurpée en tant qu'opération majeure de la seconde guerre mondiale. L'idée d'ouvrir un second front menaçant directement les Allemand en Europe de l'ouest en avait été projetée dès la 2e conférence de Moscou en août 1942 sur l'insistance de Staline qui souhaitait relâcher la pression de la Wehrmacht sur le front Russe. Les débarquements en Italie, après la victoire complète en Afrique du nord et le débarquement en Sicile provenaient de l'idée de Winston Churchill, qui comme durant le conflit précédent, souhaitait attaquer le "ventre mou" de l'axe. Bien évidemment la victoire rapide escomptée n'arriva pas car à la capitulation Italienne en novembre 1943, les troupes d'élite Allemandes montèrent des défenses redoutables en se servant du terrain et freinèrent l'avance des alliés au point que vers mai 1944, la situation coincait toujours dans le nord de Rome. Affronter les troupes Allemandes aguerries dans les Alpes en 1945 devenait désormais une possibilité peu engageante...
Le débarquement de troupes par des LSI (Landing ship Infantry) en août 1944 à Cavalaire en provence. C'est donc devant l'insistance de Staline à chaque conférence que le commandement Américain dût se résoudre à mettre en place un plan massif de débarquement en France, pour attaquer l'Allemagne par la route la plus directe. Le chemin le plus court était bien entendu Calais, certitude renforcée par l'opération Fortitude, une grande tromperie à quoi les Allemand avaient répondu par l'installation à portée du plus gros de leurs divisions, de leur chasse, de leurs bombardiers (peu nombreux), et d'une artillerie et ouvrages défensifs conséquents. L'opération en elle-même par son ampleur nécéssitait un entraînement poussé, qui fut accompli en Angleterre. Elle mobilisa pas moins de 7000 navires de toute taille, la première vague d'infanterie se montant à 170 000 hommes, qui seront suivi après la sécurisation de la tête de pont par près 3 millions de soldats supplémentaires. Outre les Américains, qui constituaient le gros des troupes, il y avait des contingents Britanniques, Canadiens, et des commandos de la France libre. Après la sécurisation des différentes têtes de pont en normandie, la recapture de ports détruits par les Allemands exigea la construction et le transport sur place d'un port artificiel modulaire à Arromanches, une grande première dans l'histoire, qui donne à lui seul l'ampleur de toute l'opération.
Ports artificiels : Le port artificiel était une création Britannique, l'acier venait des USA, la construction des éléments se faisait en Angleterre. Le nom de code de l'opération "Mulberry", devint celui du port lui-même. L'origine avait été pris comme une boutade de Hugh Lorys Hugues, lors d'une réunion de débriefing après l'échec de Dieppe. L'assemblage des éléments, remorqués sur place, se faisait in situ. Le principe était simple : A défaut de pouvoir prendre les ports de la côte normande, tous bloqués, détruits ou fortifiés, le commandement allié devait disposer d'un moyen d'acheminer troupes et matériels plus facilement qu'avec les moyens d'assaut classiques. L'idée était de pouvoir disposer d'un port "mobile" pouvait être mis en place n'importe où sur la côte. Des essais s'enchainèrent en 1943, aboutissant à la construction d'un port composite d'une taille théorique équivalente à Douvres, soit 500 ha avec pas moins de 6 km de jetées et digues, 33 plate-formes intermédiaires flottantes de liaison entre les quais. Une bonne partie de ces éléments seraient en béton, creux pour flotter et remplis sur place, pour assurer des points d'acrange solide de ce port qui était en grande partie "flottant".
60 navires devaient être sacrifiés comme "blockships" pour constituer une jetée. Les quais comprenaient des éléments en croix en métal (les bombardons), et 212 caissons Phoenix en béton de 2000 à 6000 tonnes. Les 33 plates-formes Lobnitz reliées par fixations sur vérins avec un battement allant jusqu'à 7 mètres devaient assurer la transition des marées, de très forte amplitude dans ce secteur. Enfin il y eut près de 15 km de voies flottantes appelées "whales", quais métalliques conçus par J. Beckett (24 m et 28 tonnes, reposant sur des piliers de béton). Tous ces éléments furent amenés et mis en place à partir du 16 juin à Omaha Beach (Mulberry A) avant d'être détruits par la tempête du 19-21 juin. Le second plus durable, fur posé à Arromanches (Mulberry B). Toutefois, la rotation intensive, de jour comme de nuit, des navires d'assaut, LST et LSI, ainsi que des débarquements dans des petits ports de pêches alentours permit de débarquer bien plus de troupes que l'unique Mulberry. Les historiens relativisent aujourd'hui l'importance de leur contribution dans la réussite d'Overlord. Lorque Cherbourg fut enfin capturé et rapidement remis en état, le plus gros du trafic s'effectua de ce côté mais le port d'Arromanches continua de servir de manière résiduelle jusqu'à la fin de la guerre.
Avec le succès du débarquement en normandie, suivi par celui de Provence, les opérations navales Américaines allaient se limiter à traquer les derniers U-Bootes dans l'atlantique. Des croiseurs et cuirassés passèrent le canal de Panama et allèrent rejoindre les unités stationnées dans le pacifique pour les opérations les plus cruciales de ce theâtre d'opération.
Le pacifique :
Lorsqu'on songe à l'US Navy durant la guerre, c'est bien évidemment le pacifique qui retient surtout l'attention. Elle y joua en effet un rôle essentiel, reflété aussi bien par le volume des unités engagées que les troupes (de marine, le fameux US Marine corps), alors que l'armée de terre fut principalement affecté en Europe (Afrique du nord, sicile, Italie, France, etc.). Cela tient du fait de la nature de ce théâtre d'opération bien évidemment, mais aussi des urgences respectives (Après Pearl Harbor le danger d'une invasion Nippone sur le sol Américain semblait beaucoup plus réel qu'une éventuelle opération des puissances Européennes (L'Allemagne et encore moins l'Italie)).
Sur le théatre d'opération du pacifique, les objectifs à atteindre étaient donc simples : Il fallait tenir tête aux Japonais après la défaite des Britanniques, des Hollandais, et la neutralité Française. L'empire du soleil levant, en une série de campagnes éclair bien orchestrées, avait réussi à sécuriser un vaste zone s'étendant de la Chine à l'ouest aux îles mariannes à l'est, presque à portée de la côte ouest américaine et des grands centres industriels Californiens, ainsi que des Kouriles et Sakhaline au nord à la nouvelle-guinée au sud... Seule l'Australie, et sa maigre dotation en navires, pouvait encore tenir tête avec la nouvelle-zélande depuis l'élimination de la Force Z à Singapour, et des derniers restes de la flotte composite ABC près de Java.
Les Philippines :
Carte des opérations dans le pacifique (débarquements américains).
La série d'engagements qui vont se tenir sur ce gigantesque théâtre d'opération avaient pour but (pour les Japonais) l'élimination de toutes les bases Américaines et Britanniques du pacifique.
Guam, fut la première de ses bases prise pour cible. Elle servait d'aérodrome et de base d'appui aussi bien pour les navires de la flotte que les hydravions de reconnaissance, Wake fut également prise pour cible ce même 7 décembre 1941. A quelques jours d'intervalle, la force Z (britannique) était éliminée et l'invasion de Singapour programmée. Hong-Kong, les Philippines, la Malaisie et la Thailande étaient à leur tour submergés...
Pour voir la carte des belligérants.
L'immensité du terrain fait qu'aujourd'hui la campagne est divisée en quatre théâtres principaux : L'asie du sud-est, la chine, le pacifique central, et le pacifique sud-ouest (dont océanie). L'US Navy ne joua qu'un rôle réduit en Chine et en asie du sud-est, secteur plutôt dévolu aux Britanniques (notamment du fait que ce secteur, outre la France, était proche de sa plus grande colonie, l'Inde...). L'océanie était en principe dévolu aux Hollandais, mais même leurs forces combinées avec celles du Commonwealth ne furent pas en mesure d'inverser le cours des choses. Les Forces Australiennes, vites dépassées en 1942, furent dépendantes de la résistance Américaine dans le pacifique sud-ouest, à commencer par les abords de l'Australie et la papouasie/nouvelle-guinée.
Fort Drum
Ci-contre : Le fameux "cuirassé de béton", Fort drum, construit sur l'îlot d'El Fraile, déjà utilisé comme base d'artillerie par les Espagnols en 1898. Situé au sud de Corregidor, entre les presqu'îles de Cavite (sud) et Corregidor (nord) qui protégeaient les abords de la baie de Manille, il était l'un des trois forts bétonnés par les Américains dans les années 10-17, avec Fort Hugues (Caballo) au nord et Fort Frank (Carabao) au sud, disposant de postes de conduite et de direction de tir, de tourelles d'artillerie lourde (4 pièces de 356 mm).
Fort Drum, entamé en 1909, ne fut achevé qu'avec le remplacement de ses pièces de 305 par des 356 mm en 1916. Le blockhaus avait un "équipage" de 320 hommes avec des quartiers de vie complets, générateurs électriques, forge, soutes et magasins qui lui permettaient une quasi autonomie.
Les Philippines, protectorat Américain, bénéficiaient de forces terrestres imposantes et de belles fortifications, y compris les fameux "cuirassés de béton" qui protégeaient les abords de manille, mais ne servirent à rien contre les forces Japonaise. Ces derniers en effet, menés par le général Homma, attaquèrent plutôt le nord de l'île de Luzon, où l'on ne les attendait pas, puis débordèrent les lignes Philipino-Américaines par une tactique qui fut également utilisée à Singapour, et avançèrent jusqu'à la presqu'île de Bataan, puis assiégèrent la forteresse de Corregidor.
Sur le papier, l'armement de Corregidor était formidable. Cinquante-six canons côtiers allant du calibre 3 à 12 pouces (75 à 305 mm). Les deux pièces de 305 mm avaient une portée de 15 miles 12 pièces de 152 mm tirant à 2 miles et dix mortiers du même calibre. Dix-neuf autres canons de 155 mm pouvaient atteindre les 17 000 mètres. La DCA se composait de 24 pièces de 76 mm/48 calibres, de mitrailleuses de calibre 50 (12,7 mm), et cinq projecteurs de 76 cm.
Le principal souci fut l'approvisionnement en munitions. Il y avait beaucoup de munitions, mais peu appropriées pour attaquer des cibles terrestres, et il n'y avait pas de projectiles spéciaux pour fournir un éclairage pour le feu la nuit. Et ce qui était vraiment nécessaire - l'approvisionnement en obus éclairants pour la défense anti-aérienne - était en pénurie.
Fort Mills et Fort Hughes furent construits sur Caballo juste au sud de Corregidor, un quart de l'île s'élèvait à une hauteur de 116 mètres sur son côté ouest, armé de 17 pièces allant des 305 aux 76 mm antiaériens.
A quatre miles au sud de Fort Hughes se trouvait Fort Drum. Pour construire Fort Drum, les ingénieurs avaient coupé tout le sommet de l'île de El Fraile au niveau de l'eau; en utilisant le roc comme fondation, ils construisirent un massif de 106,70 m de long par 44 mètres de large, cuirassé avec des murs de béton jusqu'à 11 mètres d'épaisseur. Ce blockhaus géant était armé de quatre canons de 305 mm (de cuirassés réformés) en deux tourelles doubles, quatre de 152 mm, et la défense antiaérienne de trois pièces de 76 mm. La plus méridionale des îles fortifiées était Fort Frank sur l'île de Carabao, à seulement 500 mètres du rivage de la province de Cavite. Carabao était haut de 30 mètres, tout droit sortis de la mer et était armé de pièces de 305 à 75 mm, notamment pour la défense de la plage de Cavite.
Malgré ces formidables arguments, que les Japonais contournèrent, la campagne s'acheva avec la reddition du général Wainwright et un sort terrible pour les nombreux prisonniers sur la funeste "route de Bataan" et la captivité à Luçon au Japon même, dans des usines et mines. Pour en savoir plus, voir la "bataille des Philippines".
Ces deux îles, bases avancées de l'US Navy dans le pacifique, tout comme Midway, furent prises d'assaut par des forces navales très supérieures.
Wake
Wake était au départ une base pour hydravions (notamment ceux de la Pan American Airlines), un aérodrome relativement bien défendu et un point de ravitaillement pour les unités navales légères. Le 19 août, une garnison y fut postée (premier bataillon de défense des Marines), protégeant 68 membres de l'US Navy et 1221 travailleurs civils travaillant à l'extension de l'aérodrome et autres travaux. La défense de l'île comprenait 6 pièces côtières de 127 mm, 12 de 76 mm, 18 de 12,7 mm, et 30 de 7,9 et 7,7 mm de provenances variées, ainsi que 12 chasseurs F4F Wildcat sous les ordres du Commodore Cunningham. Suite à l'attaque de Pearl Harbor puis à l'attaque des Marshall, les Japonais purent lancer un raid de 36 bombardiers G3M3 sur Wake le 8 décembre. L'attaque causa des dommages considérables, 23 morts et 11 blessés, et à sa suite, seulement 4 chasseurs Wildcat étaient en état de vol (ils parvinrent à abbattre deux bombardiers le landemain).
A l'aube du 11 décembre, une attaque emmenée par trois croiseurs et 8 destroyers, convoyant 450 hommes fut repoussée grâce à l'action combinée des chasseurs et de l'artillerie côtière. Le destroyer Hayate fut coulé et le Yubari gravement touché, et le Kisaragi coulé par les 4 Wildcats équipés de bombes. Cette résistance inopinée conduisit le commandement Japonais de détacher deux porte-avions, Soryu et Hiryu, pour le second assaut le 23 décembre. Entre-temps une force de soutien fut montée hâtivement (Task Force 11 aux ordres du contre-amiral Fletcher) avec les USS Tangier et Saratoga, le ravitalleur Neches, les croiseurs Astoria, Minneapolis et San Francisco et 10 destroyers, embarquant le 4e batallion de Marines et une escadrille de Buffalo et des réserves de munitions impressionnantes. Pendant que cette flotte cinglait vers Wake, la TF14 (porte-avions Lexington, 3 croiseurs et 8 destroyers) menait une attaque de diversion vers les îles Marshall. Mais le 22 décembre, la reconnaissance annonça la présence de 2 cuirassés et 2 porte-avions de la marine Nippone aux abords de Guam, et le commandant en chef de l'US Navy, amiral Wiliam s. Pye, de peur de perdre son précieux porte-avions, renonça à son action et fit demi-tour vers Pearl Harbor.
A droite : Les Grumann F4F Wildcats détruits par l'artillerie et les bombardiers Japonais en décembre 1941. L'un des pilotes, Capt. T. Elrod, décoré posthume de la medal of honor, détruisit un destroyer et descendit deux Zéros le même jour...
Le second assaut fut mené le 22 décembre après une intense préparation d'artillerie. 1500 troupes de marines impériales, appuyés par l'aéronavale, débarquèrent en force au soir. La bataille, désespérée après la perte des derniers appareils encore en état de voler et les positions d'artillerie, se poursuivit néammoins avec opinîâtreté toute la nuit et la matinée. Les derniers survivants, épuisés, se rendirent en début d'après-midi. La plupart étaient des travailleurs Chamorro, quelques Marines et du personnel de l'US Navy furent fait prisonniers. Les derniers furent déportés, les premiers servirent à construire des positions retranchées et blockhaus pour le compte de la marine Japonaise. Si des attaques sporadiques eurent lieu par la suite, l'île fut progressivement isolée et un blocus instauré, avec des raids de bombardiers réguliers. En octobre 1943, un raid aérien massif du Yorktown fit craindre un assaut à l'amiral Sakaibara un assaut, et il fit éxécuter les prisonniers restants, civils et Marines. Il sera jugé plus tard pour crime de guerre et pendu, tendis que la garnison, affamée, se rendit en septembre 1945.
GUAM :
Etant l'île la plus au sud des Mariannes, et la plus vaste, elle était déjà utilisée par els espagnols et fut reprise par les Américains après 1898. Aménagée en base, elle permettait de couvrir un secteur particulièrement vaste du pacifique et était à ce titre, un point clé de ce secteur. Par la suite, les Allemands se rendirent maîtres du reste des Mariannes, mais perdirent ces possessions au profit du Japon prendant la première guerre mondiale. Ni les Japonais ni les Américains ne fortifièrent ces positions. L'artillerie fut retirée et il n'y avait plus qu'un unique hydravion de l'USMC en faction dans les années trente. La prise de Guam par les Japonais fut envisagée dès mars 1941. Des sorties de reconaissance de l'aviation leur permirent de dresser une carte précise de l'île. Lorsque les Japonais attaquèrent le 8 décembre (temps local), il n'y avait sur place qu'une sorte de milice légèrement armée, la Guam Insular force guard, renforcé du dragueur de mines USS Penguin, au total 246 hommes et la milice et 80 policiers, armés de fusils. Attaqués par près de 2500 troupes de marine débarquant en quatre endroits, soutenus par l'artillerie des 4 croiseurs et 4 destroyers couvrant l'assaut, précédés par des raid aériens (qui contunèrent pendant 48 heures), les troupes Américaines se rendirent, perdant 9 tués et 35 blessés. Les Japonais eurent 1 tué et 6 blessés.
Guam resta sous domination Nippone jusqu'en juin 1944. Le 15, l'invasion de Saipan était programmée et celle de Guam devait suivre le 18. Toutefois la résistance acharnée des Japonais à Saipan, contrarièrent ce plan optimiste. Ce n'est que le 21 qu'une force prélevée sur celle prévu pour Saipan débarqua à l'ouest de Guam. La taille de l'île (48 km) et le temps accordé aux Japonais pour préparer leurs défenses, leur permit de tenir un moment, malgré la faiblesse des forces présentes. La conquête de l'île fut dévolue à la 3e division de Marines renforcée par la 77e division d'infanterie. Les Japonais multiplièrent comme à Guadalcanal, les infiltrations et contre-attaques nocturnes en force, qui furent toutes repoussées avec de larges pertes. les combats se poursuivirent en juillet et en août. Les Américains capturèrent le port d'Apra et le terrain d'aviation d'Orote. L'offensive continua dans des conditions difficiles, dans la jungle et pendant la saison des pluies, cependant après la bataille, décisive, du mont Barrigada, la défense Japonais s'effondra. Les survivants se réfugièrent dans le nord, et les combats ne cessèrent que le 10 août, il n'y eut aucune reddition parmi les Japonais...
La défense de l'australie et la nouvelle Guinée (1942- 1945):
Avec la destruction de la flotte de Pearl Harbour, puis la prise des Philippines, de Guam et Saipan, coupant aux Américains leurs lignes de communication dans le pacifique, les Japonais garantirent leurs gains à venir, retardant d'autant la contre-offensive Américaine. Toutefois, ces derniers ne tardèrent pas à intervenir. En effet, début 1942, les Japonais s'emparèrent de la côte nord de la nouvelle-guinée. La route vers l'Australie leur était ouverte après la liquidation des dernières forces alliées du secteur. De là, ils lançèrent un raid dévastateur sur Darwin en février 1942 qui choqua les Australiens (ainsi qu'un raid de submersibles dans Sydney). Le gouvernement s'en remit à l'aide militaire Américaine, envoya des troupes en nouvelle-guinée tout en préparant ses défense pour une invasion imminente. Sur l'ordre exprès du président Roosevelt, le général MacArthur fut chargé de mettre en place un plan de défense du secteur. Sur le plan tactique, l'attaque de Doolittle sur Tokyo, bien que sans conséquences matérielles pour les Japonais, fut un beaume au moral des alliés et un camouflet pour les Japonais, tandis que des forces Australo-Hollandaises survivantes poursuivirent une guerre de guerrilla au Timor. Le plus long et plus connu de ces épisodes reste Guadalcanal et la reconquête des Salomon. Mais les ANZAC (Autraliens et Néo-Zélandais) livrèrent juqu'en 1944 un combat sans merci contre les Japonais pour la reconquête de la nouvelle-guinée, vaste territoire encore sauvage à l'époque.
La bataille de la mer de corail (4-8 mai 1942) :
Ce fut la première grande bataille aéronavale de ce conflit. Cruciale, car à cette époque les moyens de l'US Navy étaient presque ridicules face aux Japonais, ne comrenant que deux cuirassés et principalement des croiseurs et destroyers. Mais ce sont les porte-avions, restés intacts jusqu'ici, qui allaient parler. Le coup d'envoi en fut l'opération MO (conquête de Port Moresby et Tulagi par les Japonais, points stratégiques pour tenir les Salomon). Pendant que les Japonais étaient occupés à Tulagi, ils furent surpris par les appareils de l'USS Yorktown, partie de la flotte combinée américano-australienne menée par l'amiral Fletcher. Un jeu de traque commença alors, les deux camps envoyant des appareils de reconnaissance. Le 7 mai, le porte-avions Hosho était coulé par les Américains tandis que les Japonais détruisaient un destroyer et un tanker (vital dans les grandes étendues du pacifique). Le 8 mai, les attaques redoublaient alors que les deux flottes étaient plus proches. Le Zuikaku fut coulé et du côté Américain le Lexington coulé et le Yorktown gravement endommagé, mais il fut mis à l'abri et plus tard réparé en un temps record (pour servir de manière décisive mais fatale un mois à peine plus tard). Au vu des pertes subies, ce fut une victoire tactique à la Pyrrhus pour les Japonais, car si les Américains ne disposaient plus que du Saratoga et de l'Enterprise, les premiers furent obligés de renoncer à l'attaque de Porte Moresby sans la protection aérienne des deux unités perdues. De fait, cette vulnérabilité fut exploité par l'US Navy lors de la campagne des Salomon, ce fut donc une victoire stratégique Américaine.
Pour en savoir plus sur la bataille de la mer de corail...
La bataille de Midway (4-6 juin 1942)
Bien plus décisive et seulement un mois après la mer de Corail, cette très célèbre bataille aéronavale fut le point tournant de la guerre du pacifique. Mettant dans la balance leurs seuls porte-avions disponibles dans le pacifique, l'Enterprise et le Hornet (Spruance) et le Yorktown, miraculeusement réparé (Fletcher). Face à eux, une force composite répartis en trois flottes, comprenant des cuirassés, croiseurs et 4 grands porte-avions, fer de lance de la flotte Nippone, avec l'intention de s'emparer de l'atoll des Midway. Ces porte avions, sous les ordres de Nagumo, étaient regroupés en deux divisions (Hiryu et Soryu, Akagi et Kaga). Yamamoto lui-même était aux commandes d'une flotte de cuirassés, une autre était chargés de conquérir Midway.
yorktown ballard
Reconstitution de la découverte du Yorktown par Robert Ballard en mai 1998.
Les deux flottes se cherchèrent puis s'attaquèrent par vagues d'appareils. Les décisions d'intendance de conserver des appareils à bord et de changer leur armement au dernier moment eut des conséquences funestes (pour les Japonais), ces derniers perdirent en effet quatre de leurs porte-avions, tandis que les Américains, qui déployèrent courage et témérité (ils attaquèrent deux deux vagues successives, les bombardiers-torpilleurs occupant la DCA pour que les bombardiers en piqué aient le champ libre), et ne déplorèrent que la perte du Yorktown, sauvé un mois auparavant par des efforts dantesques.
En conséquence de quoi les Américains portèrent un net coup d'arrêt (provisoire) aux opérations navales Japonaises dans tout le secteur du pacifique nord-ouest. La victoire finale à Guadalcanal en est en partie une des conséquences, mais il fallut encore des mois de durs combats, principalement autour de Guadalcanal et du "fond de ferraille" pour enlever aux Japonais leur suprématie navale dans ce secteur...
Pour en savoir plus sur la bataille de Midway...
La campagne des îles Gilbert et des Marshall (1943-44)
Les Gilbert furent occupés par les Japonais trois jours après pearl Harbor. Le premier assaut Américain fut effectué sur l'île de Makin, fin 1942. Il fallut attendre plusieurs mois pour voir une nouvelle opération d'envergure lancée contre les Gilbert (Galvanic), cette fois contre la bien mieux défendue Tarawa. L'île ne fut enlevée, péniblement qu'après une furieuse bataille de trois jours, gagnée uniquement par des moyens colossaux le 23 novembre 1943. Enfin la prise d'Apamama fin novembre 1943 acheva cette opération. Les forces Américaines pouvaient à présent se concentrer sur les îles Marshall. Cers deniers mirent en place un véritable siège, plutôt que de répéter l'assaut sansglant de Tarawa. C'est ainsi que l'atoll de Milli fut isolé, et les garnisons de Kwajalein, Eniwetok et Majuro, réduit à presque mourir de faim. La bataille la plus féroce fut pour la prise de Kwajalein, en fait une série d'îlets formant l'atoll du même nom. Elle fut menée en janvier 1944 par deux divisions de marines et d'infanterie. La bataille se termina le 5 février, avec la mort de pratiquement tous les Japonais, travailleurs coréens et indigènes de l'île. La prise des Marshall étaient un jalon indispensable pour continuer l'assaut vers le nord-ouest du pacifique.
La campagne des îles Mariannes et Palau (1944-45)
Cette campagne (opération Forager) démarra en juin 1944, et ne s'acheva qu'en novembre. Le premier objectif était l'appui pour la reconquête des Philippines, et de fournir un support aérien pour d'autres opération, ainsi que (et surtout) l'installation d'une base de bombardiers stratégiques à portée du Japon (les B-29). Pour le Japon en revanche, ce chapelet d'îles était considéré comme la "ligne de défense intérieure", le derniers cercle de protection du Japon, et ils s'engagèrent totalement dans la lutte. L'un des aspects marquants de cette compagne fut la radicalisation de l'apreté des combats. D'un côté les kamikazes Japonais (les pilotes touchés se sachant perdus avaient pris l'habitude de se jeter sur les navires), de l'autre des combats acharnés, sans merci ou reddition, des îles Saipan et Tinian.
La bataille de la mer des Philippines (juin 1944):
La flotte (ou plus exactement la TF38 commandée par l'amiral Fletcher), par sa couverture, joua un rôle essentiel mais pas décisif : Le gros de l'offensive se fit "au détail" par l'infanterie. Une configuration qui fut également valable à Iwo Jima et Okinawa. La bataille d'ouverture de cette campagne fut celle de la mer des philippines, aussi appelée plus familièrement le "grand tir aux pigeons des Mariannes", s'il on en retient le chiffre colossal des pertes d'avions Japonais, aussi bien du fait de la chasse (les pilotes américains, aguerris, volaient maintenant sur le successeur du Wilcat, le Hellcat, bien plus performant, contre des pilotes Japonais novices pour la plupart) mais également du fait de la DCA. A la lumière des combats passés, celle-ci fut particulièrement renforcée, y compris sur les bâtiments renfloués et refondus, modernisés de Pearl Harbor. Le standard était à présent composé presque exclusivement de pièces de 76 mm à longue portée (responsables des "champignons noirs" de la Flak), les redoutables affûts quadruples 40 mm Bofors pour la moyenne portée, et enfin les rapides Oerlikon 20 mm pour la courte portée, tous guidés par radar. Présents sur tous les bâtiments de la flotte modernisés et ceux construits entre-temps, ils dressèrent un véritable "mur d'acier" devant l'ennemi qui fut responsable des trois quart des pertes de l'aéronavale Nippone.
Le "tir au dindons" des Mariannes fut une partie de la bataille de la mer des Philippines, la 5e et dernière grande bataille aéronavale "symétrique" du pacifique. Les Japonais, qui considéraient ces îles comme vitales - à juste titre- y jetèrent littéralement toutes leurs forces. Mais à cette époque, la concentration de DCA avait atteint un point culminant dans l'US Navy, et de nouveaux chasseurs (et porte-avions) alignaient un appareil peut-être pas aussi maniable, mais mieux armé, solide et plus rapide que le légendaire Zéro. De plus, les pilotes américains, menés à l'époque par des as comme David Mc Campbell, Robert J. Foss, Cecil B. Harris, Douglas "Flash" Gordon ou Stanley "Swede" Vejtasa, étaient plus aguerris et motivés que jamais. D'autres noms vinrent s'y ajouter, comme le fameux Greg "pappy" Boyington qui inspira les "têtes brûlées", les pilotes de l'UASF n'étant pas en reste comme l'as des as alliés dans le pacifique, Richard I. Bong, l'un des rares à piloter un bimoteur (le P38 Lightning). Le souvenir cuisant des porte-avions détruits leur donnaient un moral à toute épreuve, et la revanche n'était pas encore achevée... A la suite de cette bataille, l'aéronavale Nippone avait perdus ses tous derniers pilotes expérimentés, certains étant des vétérans depuis 1937 en Chine... Désormais, ce ne sont que des jeunes recrues que les Américains affronteront.
La bataille de la mer des Philippines fut toutefois un demi-succés pour l'aviation embarquée : Le soir tombait quand enfin le vice-amiral Mitscher commandant la TF58 ordonna, après la détection de la flotte Japonaise par des chasseurs, le décollage de toute l'aviation disponible. Ces derniers arrivèrent en vue de la flotte qui s'éloignait, au couchant, et attaquèrent au soleil rasant. Le porte-avions Hiyo, deux pétroliers, et quatre autres bâtiments endommagés, pour la perte de 20 appareils durant l'attaque, mais au final 99 sur 550 du fait de la recherche de la flotte de nuit, et des appontages nocturnes auxquels les pilotes n'étaient pas habitués. Le vice-amiral ordonna d'allumer tous les projecteurs et lumières pour orienter les pilotes, mais bon nombre d'entre eux amerrirent à court de carburant. Au final le plus beau score fut signé par deux submersibles Américains en embuscade, les USS Albacore et Cavalla, qui coulèrent le Taiho (porte-avions amiral d'Ozawa), et le Shokaku, autre grand porte-avions d'escadre.
Ci-contre : Quelques appareils embarqués de l'US Navy (de bas en haut) :
Grumman F4F Hellcat, remplaçant du Wildcat, qui sans être égal au Zéro, fit de son mieux durant deux ans
Vought F4U Corsair : surnommé "La mort sifflante" Le meilleur chasseur embarqué de l'US Navy
Douglas SBD Dauntless : Bombardier en piqué, l'appareil qui coula le plus de navires dans le camp allié...
Gummann SBC Helldiver : Surnommé "son of a bitch, second class", il remplaçait le Dauntless.
Gummann TBD Avenger : Bombardier-torpilleur qui remplaçait le lent et vulnérable Devastator...
La bataille de Peleliu:
A la suite de Saipan et Tinian, qui furent des batailles coûteuses en hommes, Peleliu, la plus grande île des Palau, une chapelet au sud-est des Philippines, colonisé par des indigène depuis l'âge du bronze, fut le théatre d'un autre sanglante confrontation, appuyé par la flotte (dont la plupart des canonniers, manquant d'expérience, ratèrent les blockhaus Nippons comme à Saipan), qui fit 2000 morts parmi les Marines et l'armée, et 10 000 Japonais. Comme à l'accoutumée, ces derniers ne se rendirent pas. 73 jours de combats, d'une campagne qui débuta le 15 septembre et s'acheva le 27 novembre. Certains combattants Japonais, retranchés dans des grottes, ne furent convaincus de se rendre en 1947 que par leur ancien commandant d'unité fait prisonnier...
uss arkansas
Le cuirassé Arkansas en 1944. Il était le vétéran de l'US Navy (1912), affecté à l'atlantique.
Dernières marches avant le Japon (1945) : Les Philippines, Iwo Jima et Okinawa
La grande stratégie de reconquête divergeait depuis le début de 1944 sur la suite des opérations : Douglas Mac Arthur, fidèle à sa promesse, voulait reprendre les Philippines, puis Okinawa avant de s'attaquer au japon même. Mais l'étendue des Philippines et la masse des troupes Japonaises présentes avaient de quoi faire reculer l'amiral Chester Nimitz, qui désirait couper au plus court en prenant directement Okinawa et Formose, s'attaquant au Japon en le coupant de la Chine. Le président Roosevelt, désireux de ne pas laisser le conflit s'envenimer, laissa les deux campagnes se mener simultanément. A cette époque, le besoin de troupes en Europe se réduisait, et il tomba rapidement après mai 1945.
La second campagne des Philippines (1944-45)
En tant que commandant en chef du secteur pacifique sud-ouest, le général Douglas Mac Arthur, qui avait fameuseusement déclaré "je reviendrai" à des troupes laissées à combattre un ennemi très supérieur en nombre à Corregidor, revenait donc, à la tête de plusieurs divisions de l'US Army renforcée de divisions Australiennes et néo-zélandaises, la plupart étant des vétérans de la nouvelle-guinée. Ces forces étaient appuyées par les bombardiers lourds basés dans les îles reconquises de Mariannes et Palau. En septembre, avec l'aide de Chester Nimitz, qui commandait le secteur du pacifique central, Morotai (au nord des indes néerlandaises) et Rabaul (à l'ouest des philippines), furent prises et converties en terrains d'aviations pour un appui rapproché de toute l'opération. Bien évidemment, le véritable appui rapproché venait de la marine, à savoir trois task-forces détachées du secteur pacifique central, dont une, fer de lance, commandée par "Bull" Halsey, une autre chargée du débarquement et de sa couverture, et une autre, en appui aéronaval plus distant. Le secteur choisi était Leyte, au centre des Philippines, de manière à couper en deux le front Japonais.
USS St Lo, le porte-avions d'escorte touché de plein fouet par un kamikaze...
LA BATAILLE DU GOLFE DE LEYTE (25-26 octobre)
Ce fut la dernière grande confrontation navale de la guerre du pacifique. Après cela, les Japonais perdirent définitivement l'initiative des opérations, faute de navires et faute de carburant. Cette confrontation - épique par l'ampleur des moyens engagés des deux côtés - se déroula en fait sur trois fronts, comprenant la bataille du détroit de Surigao, de Samar, et la bataille d'Engano.
On en retiendra le plan - tactiquement brillant et partiellement réussi - de l'amiral Ozawa, la résistance héroïque de la 7e flotte, dominée de la tête et des épaules par le fer de lance de la marine Nippone sous les ordres de l'amiral Kurita, et la bévue de "Bull" Halsey et ses porte-avions, lancés à la poursuite de la flotte-appât d'Ozawa, arrivant par le nord des Philippines. Pour en savoir plus, voyez la fiche sur la bataille du golfe de Leyte.
Après le succès de la marine Américaine (passée à un cheveu du désastre)et la sécurisation d'une tête de pont à Leyte, les opérations terrestres se poursuivirent à Leyte jusqu'en avril-mai 1945, nécéssitant en décembre 1944 un autre débarquement à Ormoc. Puis la 6e armée, bien aidée par les guerilléros Philippins, s'empara péniblement de Mindoro, prélude indipensable à la grande offensive finale sur Luzon, la grande île du nord, comprenant les centres industriels de Manille et le gros des forces Japonaises. La dernière offensive fut menée sur Mindanao en avril 1945. partout aux philippines, les dernières poches de résistance ne se rendirent qu'en août 1945.
IWO JIMA:
Sans doute la bataille d'attrition la plus coûteuse en hommes de toute la campagne du pacifique, malgré des moyens considérables, Iwo Jima, surnommée 'lîle du diable" était l'une des dernières marches avant le japon même (exactment au sud de Tokyo, mais encore à près de 2000 kilomètres de la côte japonaise). Une base de bombardiers lourds était bien sûr prévue pour effectuer des raids plus fréquents que ceux menés depuis Saipan, bien plus distant, et assurer la couverture dans ce secteur pour les opérations à venir. L'île, volcanique, sentant le soufre et au sable noir, était une terre japonaise de 8 kilomètres et surmontée d'un relief de 166 mètres au nord, le mont Suribachi. Les Japonais, commandés par le général Kuribayashi, eurent tout le temps de s'y retrancher, aménageant dans les grottes des galeries, magasins, armuries, et postes de tir, certains enterrés sur la plage, d'autres menus d'embrasures creusées dans la roche du mont suribachi.
famous photography iwo jima marines joe rosenthal
Ce dernier jouait le rôle de "blockhaus naturel", son feu meurtier atteignant les plages aussi bien que l'intérieur de l'île a de grandes distance. Toutes les bombes d'aviation et le pilonage incessant de l'US Navy ne parvinrent pas à détruire ces emplacement, qui souvent ne se dévoilaient que le temps d'une rafale, fatale. Au final, la bataille pour Iwo Jima dura plus d'un mois (36 jours), le débarquement ayant lieu le 19 février 1945, après une préparation de seulement trois jours.. Les bombardements sporadiques, puis réguliers avaient démarré dès juin 1944. L'île fut déclarée "sûre" le 26 mars au soir, il y eut encore des coups de feu sporadiques. Près de 3000 japonais étaient encore à l'intérieur des galeries, et préférèrent se suicider que se rendre. L'un d'eux ne se rendit qu'en 1951... Sur le plan tactique, la prise de l'île avait été particulièrement coûteuse en hommes, pour la première fois plus d'américains étaient tombés que de Japonais. La plupart le furent lors de raids et de charges "banzai" nocturnes, les autres brûlés ou tués par les grenades et lance-flammes déployés lors du "nettoyage" des Marines, ou suicidés. Le porte-avions USS Bismarck sea fut attaqué par des kamikazes et coulés, de nombreux autres plus ou moins gravement endommagés.
La célébrissime photographie prise par Joe Rosenthal peu après de la prise de Suribachi.
Si cette opération - coûteuse - fut critiquée, il n'en reste pas moins que l'île fut rapidement convertie en aérodrome et servit d'itinéraire et de base de secours pour les B-29 chargés de délivrer la bombe A. Aucune autre position n'était appropriée. De plus l'expérience acquise fut pleinement utilisée à Okinawa, réduisant le taux de pertes américaines. De ce fait, elle permit d'accéler la fin de la guerre.
OKINAWA
Cette grande île (près de 50 km de long) était une terre Japonaise, la plus méridionale et la plus grande des îles Ryukyu, dernières marches avant le sud du Japon. Elle fut l'objet du plus vaste débarquement de la seconde guerre mondiale (opération Iceberg). Presque tous les alliés y participèrent (y compris la France libre). Les moyens en navires et en avions étaient absolument écrasants pour la marine Japonaise, qui privée de carburant et aux effectifs très réduits, ne pouvaient espérer influer sur son cours. Toutefois des "armes-suicides" de tous acabits y furent utilisés (voir marine Japonaise).
Le plus grand péril en effet, auquel dût faire face la marine Américaine durant l'opération, furent les attaques-suicides. Bien plus efficaces que les attaques classiques, elle préfigurait - avec une inhumaine efficacité - les missiles guidés. Avant l'ère de l'électronique, les seuls armes comparables étaient les Henschel Allemands et armes assimilées de la même époque. On a souvent dit que les Kamikazes étaient le résultat de la conjonction de deux facteurs : Le manque de pilotes expérimentés, et le manque de carburant. Il est vrai que de lancer des appareils avec juste assez d'essence pour un aller était justifié à l'époque (après tout le Yamato fut lancé pour une mission du même genre avec assez de mazout pour l'aller), mais un avion gorgé d'essence était encore plus efficace lorsqu'il percutait un pont d'envol. De plus le profil des pilotes qui rejoignaient les rangs des Kamikazes ("vent divin") n'étaient pas des sous-recrues, bien au contraire. Il fallait de réelles aptitudes pour passer au travers du feu mortel de la DCA et percuter un navre - même aussi grand qu'un porte-avions - à vitesse maximale. Il s'agissait d'abord d'une question d'honneur dans la tradition Nippone...
Le USS Bunker Hill gravement touché par un kamikaze le 11 mai 1945.
Au final la bataille d'Okinawa dépassa en termes d'aprêté et de violence, tout ce que même les vétérans de Guadalcanal avaient pu endurer. Il y avait dans les rangs Japonais entre 67 et 70 000 hommes dont 9000 troupes d'élite de la marine, et 39 000 auxiliaires dont miliciens parmi les indigènes, sommairement entraînés. Comme à Iwo Jima, mais démultipliés, les ouvrages défensifs et galeries allaient rendre le combat très difficile. La bataille, commençant le 1er mars, allait durer 81 jours dans lequel toutes les atrocités furent commises. Les civils se suicidèrent en masse. Jusqu'au 25 mai et la sécurisation de l'île, les Kamikazes multiplièrent les sorties (1500 appareils déployés depuis Kyushu et Formose). Le pic des attaques eut lieu fin avril. Les pertes furent limitées à de la "poussière navale", et à des destroyers, bâtitments d'escorte, barges de débarquement, qund aux grands bâtiments, de nombreux furent touchés, dont les porte-avions Franklin, Bunker Hill et le célèbre USS Enterprise, vétéran de la première heure. L'US Navy enregistra les plus grandes pertes de toute la campagn du pacifique. Quand à l'opération "Ten-Go", déclenchée au moment de l'invasion, qui constsitait à envoyer le Yamato sans espoir de retour opour tenter de couler les bâtiments de la force d'invasion, il fut intercepté en route et coulé le 7 avril après deux assauts et avoir encaissé une dizaine de bombes et de torpilles. La prise d'Okinawa sur le plan stratégique avait comme conséquence majeure de disposer d'un avant-poste particulièrement spacieux et proche de la côte japonaise, idéal pour de grands terrains d'aviation, dépôts et bases d'appui, comme un grand port abrité. Il devait être la base de l'opération majeure suivante, la prise du japon même (opération olympic).
L'opération Olympic et conclusion
Le succés des opération précédentes allaient conduire le commandement pacifique à envisager l dernière d'entre elle, l'invasion du Japon. Mais au vu de la détermination des Japonais, et malgré les raids de bombardements dévastateurs sur la population civile, la junte militaire au pouvoir semblait ne rien vouloir lâcher. L'opération Olympic sur le plan des chiffres, allait être un Okinawa surmutiplié. Les statisticiens s'en donnèrent à coeur joie et prédisait une campagne de 6 mois ou plus et près d'un million de pertes Américaines combinées. Les Japonais continuer de travailler d'arrache-pied sur des armes nouvelles, les avions-suicides "Baka" à réaction, véritables missiles de croisière pilotés, les chasseurs à réaction Ki-52, et d'autres appareils à haute performance, des vedettes-suicides, submersibles-suicides et même nageurs-suicide entraînés. Partout sur la côte, aux endroits de débarquement potentiel, la population civile formait des milices et construisait des ouvrages défensifs. Faute de fusil, elles s'entraînaient à manier des lances de bambou...
L'opération Olympic en elle-même n'était que l'une des deux opérations regroupées sous le terme "d'opération Downfall", et constistant en une invasion de Kyushu, l'île la plus au sud du Japon, au 1er octobre. Une seconde campagne devait s'emparer de l'île de Honshu (opération Coronet) au 1er mars 1946, pour cette fois couper en deux les forces Nippones et se rapprocher de Tokyo. Les ressources affectées à Olympic comprenaient les forces de l'US Navy présentes, plus celles du commonwealth et de la Royal Navy redéployées sur ce théâtre d'opération (près de 18 porte-avions), et au total 25% des forces engagées. L'US Navy elle-même devait profiter de l'achèvement d'un grand nombre de bâtiments (qui furent pour certains annulés en septembre), et des unités redéployées du front Européen et de l'atlantique. Pas moins de 14 divisions de Marines et d'infanterie, protégés par une force combinée de 42 porte-avions, 24 cuirassés, 400 destroyers et escorteurs et près de 3000 avions navals et 5000 basés à terre.
Les débarquements sur Kyushu devaient avoir lieu sur 35 plages, nommées d'après des modèles automobiles populaires aux USA. Les Japonais pouvaient potentiellement mobiliser plus d'un million d'hommes. En juillet, 900 000 étaient déjà disponibles, rapatriés depuis la Corée et la Chine. Les civils étaient organisés en milices qui potentiellement se montaient à 16 millions de mobilisables, vieillards comme adolescents. Le haut commandement avait commençé à construire autour de Tokyo de gigantesques infrastructures souterraines, dont celles destinées à l'empreur lui-même. Des leçon tirées d'Okinawa et iwo Jima, ils avaient prévus une défense en profondeur, pour essayer d'infliger de telles pertes aux forces alliées que le coût de la campagne les obligeraient à trouver un compromis sous la forme d'une armistice en termes égaux plutôt qu'une humiliante et totale défaite. L'US Navy avait de son côté multiplié les raids sur les bases navales Japonaise du Japon, et coulé ce qui restait de la marine, immobilisée faute de carburant. Ils infligèrent à Kure, ou se trouvait le plus gros de ces forces, une "pearl harbor à revers" qui élimina toute menace navale, détruisant les chantiers, usine, entrepôts et réserves par la même occasion.
La flotte Américaine dans la baie de Tokyo le 2 décembre, landemain de la reddition des forces Japonaises.
La perspective d'un campagne de ce style fut déterminante dans la volonté du président Truman, qui remplaçait Rooselevelt, décédé récemment, de laisser l'opération Manhattan, la plus coûteuse et secrête des Etats-unis, aller à son terme, pour briser totalement la volonté de la junte ou tout au moins de pousser les civils à la renverser. Le 6 août tombait "Little boy" au dessus d'Hiroshima, et le 8, "fat man" sur Nagasaki. Si l'effet de ces bombes ne fut pas immédiatement perçu par les autorités militaires, leur impact sur les conseillers du gouvernement fit que la junte fut finalement désavouée et les termes de la reddition incondistionelle, finalement acceptés. Si leur effet reste sujet à controverse (l'invasion de la mandchourie par l'URSS eut un impact non négligeable), elles eurent en tout cas pour conséquence la déclaration de l'pereur en faveur de la capitulation le 15 août, puis l'annulation de toute les opération prévues. La signature s'effectua en baie de Tokyo à bord du USS Missouri le 1er septembre. Entre-temps l'occupation du Japon avait déjà commencé, et bien des garnisons laissées sur place durant la campagne du pacifique ne se rendirent que bien plus tard, faute de moyens de communication. La seconde guerre mondiale s'acheva donc dans le pacifique.
The US Navy, in detail:
CUIRASSES DREADNOUGHTS CLASSE WYOMING (1911):
Plan et coupe supérieure de l'USS Arkansas tel qu'il se présentait après sa refonte en 1943.
Le Wyoming et l'Arkansas, tous deux lancés en 1911 et achevés en 1912, furent les plus anciens dreadnoughts Américains à participer à la seconde guerre mondiale, exception faite de l'Utah (de la classe Florida de 1910), mais qui avait été reconverti en navire-cible, en partie dépourvu de sa cuirasse et entièrement de son artillerie. Il fut d'ailleurs envoyé par le fond à Pearl Habour lors de la seconde attaque le 7 décembre 1941. Les deux Wyoming furent aussi les seuls cuirassés datant d'avant la grande guerre à être encore opérationnels. Ils avaient été précédés, outre par les Florida, par les Delaware et South Carolina (1909). Ils conservaient l'ensembledes caractéristiques des navires précédents, mais leur taille leur donnaient l'avantage d'une tourelle supplémentaire. Le calibre de leur artillerie -305 mm- remontait au vénérable HMS Dreadnought et était en 1941, largement dépassé tant en termes de portée que de force d'impact. Contre un bâtiment Allemand de la classe Scharnhorst, bien plus rapide et doté déquipements de visée à la pointe, ils auraient été sans doute bien mis à mal. Toutefois, 12 pièces de 305 mm toutes présentables en une bordée n'était pas un argument à prendre à la légère. Son armement fut modifié en 1927, avec la suppression des pièces en barbettes, remplacées par des pièces "double-emploi" de 127 mm en baignoires (trois de chaque côté) ainsi que 8 de 76 mm pour la DCA. En 1943, cet armement fut complété par une batterie antiaérienne impressionnante.
De fait, avec une modernisation en 1925-27 et une refonte pour l'Arkansas en 1938, les vieux vétérans étaient encore vaillants. Le Wyoming était passé toutefois à la réserve en 1931, servant de navire-école aux canonniers de la flotte. Quand à L'arkansas, il restait en première ligne, affecté lui aussi à la flotte de l'atlantique, où il accomplit son service comme escorteur. Réarmé à New York avec une DCA particulièrement puissante, il participa en 1944 au débarquement en normandie (Overlord) et à celui de provence (Anvil). Versé ensuite dans le pacifique, ses canons arrosèrent les défenseurs d'Iwo Jima et d'Okinawa. Mis en réserve dès août 1945 il fut victime de l'essai nucléaire de Bikini (opération Crossroad).
Ci-contre : Le USS Arkansas en 1944 (wikipedia)
Caractéristiques (en 1943) :
Déplacement & Dimensions: 26 066 t, 31 000 T PC, 172 x 32,30 x 9,70 m
Propulsion: 4 hélices, 4 turbines Parsons, 4 chaudières Babcock et Wilcox, 28 000 cv. et 20,5 noeuds max.
Blindage: Ceinture 279, cloisons int. 38, ponts 51-76, tourelles 305, blockhaus 305 mm.
Armement: 12 canons de 305 mm, 6 canons de 127 mm, 10 de 76 mm, 9x4 de 40 mm, 26 de 20 mm Oerlikon AA.
Equipage: 1650
PORTE-AVIONS D'ESCADRE CLASSE LEXINGTON (1925):
Le USS Lexington en 1941, avant le retrait de ses tourelles d'artillerie lourdes de 203 mm. Notez la livrée navy blue et la fausse vague d'étrave.
Une empreinte durable : Le Lexington et le Saratoga furent les premiers porte-avions d'escadre Américains et laissèrent une empreinte durable dans l'histoire de la Navy. De 1928 à 1941, ces navires formèrent des générations de pilotes et d'officiers navigants qui initièrent la longue tradition de l'aéronavale Américaine. Affectueusement ces "old ladies" avaient étées surnommées "Lady lex" et "Lady sara" dans la flotte. Leur immanquable silhouette élancée et immense cheminée, leur artillerie de croiseur, leur étrave svelte et leurs performances de lévrier, surclassant tout ce que l'US Navy pouvait offrir à l'époque, devinrent légendaires.
A l'origine : Des croiseurs de bataille : Leur génèse n'est pas des plus simples : A l'origine, ces navires furent commandés sur plans en 1916 comme croiseurs de bataille, dans la mouvance de la course aux armements initiée avant la grande guerre. Durant celle-ci leur construction fut reportée et suspendue pour donner la proiorité aux moyens ASM, puis repris avant d'être stoppé net par le traité de Washington en 1921. Ce dernier bridait tonnage et calibres, interdisait la construction de tout navire de ligne pour dix ans. De ce fait la classe Lexington, ambitieuse avec ses 6 bâtiments de 42 000 tonnes, longs de 270 mètres et armés de 8 pièces de 457 mm, déjà bien entamée en 1922, fut suspendue en attente d'une décision de l'amirauté. Comme ledit traité considérait les porte-avions pratiquement comme des auxiliaires d'éclairage, de défense et non d'attaque, aucune limitation ne leur était imposée. De ce fait la décision devint vitre évidente. Les plans des porte-avions définitifs basés sur ces monstres, dont seules les deux unités les plus avancées furent l'objet, les autres annulés, furent longs à dessiner du fait du domaine inédit dans lequel les ingénieurs s'aventuraient alors. Pendant ce temps, un charbonnier fut reconverti en porte-avions (rebaptisé le Langley) pour former les pilotes et futurs officiers naviguants.
Conception : Elle fut basée sur leur coque, très avancée (à plus de 35%), dont on conserva les lignes, les cloisons ASM, et même la ceinture cuirassée, simplement réduite en hauteur. Tout le travail porta sur la conception d'un immense hangar à un étage, puis du pont d'envol. Les militaires d'alors, qui ne voyaient pas le potentiel de l'aviation naissante, insistèrent pour que le bâtiment soit capable de se défendre seul, exigeant la pose d'une armement de croiseur lourd et de tout l'armement défensif et facilité de tir nécéssaires. Quand aux gigantesque galeries de chaudières qui devaient propulser ces navires à plus de 33 noeuds, ils furent rassemblés dans un conduit unique - mais immense - qui fut reporté, comme toute la superstructure, à bâbord, ce qui était estimé plus pratique pour les tendances droitières et les manoeuvres spécifiques des aviateurs à l'époque, que la fumée des conduits pouvait en outre gêner. Une bonne part de la conception initiale est aussi à mettre au crédit de la délégation d'officiers-ingénieurs qui partirent étudier le Furious Britannique en opérations.
Lancement : Après trois ans de travaux, les navires étaient prêts pour lancement en 1925. Ce dernier fut effectué en octobre avec le parrainage de Mrs. Theodore Douglas Robinson, la femme du secrétaire de la navy à la maison blanche. Ce fut une des plus grande date de la navy, inaugurant une nouvelle génération d'officiers et de théoriciens, regardée toutefois avec suspicion par les amiraux de la vieille école (Mahan). Le premier complément aérien, de 63 appareils, fut jugé à l'époque acceptable, mais paraît réduit en fonction de la taille du navire, et de la taille respective des appareils. Mais ces derniers, des biplans qui ne dépassaient guère 250 Km/h, ne pouvaient plier leurs ailes, et de manière générale, la conception du hangar avait été contigentée par de nombreux compromis dûs à l'origine de ces navires. Les deux "Lex" furent des prototypes à bien des égards...
Vie active (entre deux guerres) : De 1928, date de leur acceptation en service, jusqu'en décembre 1941, ces grands navires voyagèrent beaucoup. Après une péride d'adaptation de leur parc aérien et de leurs pilotes, fraîchement émoulus du USS Langley, le "Lex" et le "Sara" participèrent à des campagnes de manoeuvres dans le pacifique, atlantique, et caraïbes, mais furent basé principalement sur le théâtre d'opérations du pacifique. Le Lexington avait pour port d'attache la base de San pedro en Californie. Ces navires participèrent notamment à des exercices d'attaque sur Pearl Harbour et le canal de Panama... Le Lexington opéra également des opération d'assistance, en utilisant ses puissant générateurs électriques pour "dépanner" le barrage alimentant la ville de Tacoma, en recherchant (sans succès) l'aviatrice Amélia Earhart et en évacuant les victimes d'un tremblement de terre à Guantanamo.
La guerre : En 1941, le Lexington était à Pearl Harbor, dans la TF12 sous les ordres du vice amiral Husband Kimmel. Avec son escorte, il fit route au 5 décembre chargé d'appareils (des bombardiers Vindicator principalement) pour la base de Midway, ce qui rétrospectivement le sauva. Le Saratoga de son côté était à San Diego pour un court moment. Les deux navires, chacun de leur côté, reçurent l'ordre de traquer la flotte Japonaise (sans succès)... Par la suite le Lexington fut envoyé pour créer une diversion favorisant la force partie secourir la garnison assiégée de Wake Island et pourattaquer les installations japonaises des îles Marshall. L'île capitula cependant malgré la force de secours assez proche et la mission fut annulée. Une attaque planifiée sur l'île de Wake en Janvier 1942, fut ensuite annulée lorsque un sous-marin a coula le pétrolier fournissant le combustible pour le retour. Le Lexington opéra ensuite en mer de Corail, le mois suivant, pour bloquer toute avance japonaise dans la région. Le navire fut repéré par des hydravions d'observation japonais à l'approche de Rabaul, en Nouvelle-Bretagne mais ses appareils repoussèrent les attaques suivantes.
Renforcé par le Yorktown, les deux unités attaquèrent avec succès l'expédition japonaise au large de la côte est de Nouvelle-Guinée au début de Mars. Le Lexington fut brièvement remis en état en à Pearl Harbor, à la fin du mois et fit rendez-vous avec Yorktown en mer de Corail au début de mai. Quelques jours plus tard, les Japonais commencèrent l'opération MO, l'invasion de Port Moresby, Papouasie-Nouvelle-Guinée, et les deux porte-avions américains tentèrent d'arrêter les forces d'invasion. Ils coulèrent le porrte-avions léger Shoho, le 7 mai au début de la bataille de la mer de Corail, mais leurs appareils ne trouvèrent pas la principale force japonaise constituée du Shokaku et Zuikaku, au moins jusqu'au landemain où les appareils du Lexington et Yorktown endommagèrent gravement le Shokaku, avec en retour des frappes chanceuses des Japonais sur le Lexington. Les réservoirs d'essence d'aviation fuyant dégagèrent des vapeurs considérables qui déclenchèrent une série d'explosions et d'incendies, rapidement hors de contrôle. Le Lexington dût être sabordé par un destroyer américain au cours de la soirée du 8 mai pour éviter sa capture...
Le Saratoga de son côté reçut sur sa cheminée une large bande noire qui permit aux aviateurs de le différencier lors des exercices. En janvier 1941, le "sara" entrait au Bremerton Navy yard pour sa première modernisation d'envergure. Outre l'agrandissement de sa piste d'envol, une artiellerie AA renforcée et un radar CXAM-1 (l'un des 14 navires de la Navy a en bénéficier). Après Pearl Harbour et la tentative de sauver Wake, le "sara" effectua des patrouilles en janvier 1942, recevant une torpille de l'I-6 qui l'envoya pour quelque temps en cale sèche à Hawaii, puis à Bermerton. On en profita pour déposer son artillerie lourde, remplacée par de la DCA supplémentaire, notamment 16 affûts de 127 mm longue portée (38 calibres). Lorsque le navire, dont la défense antiaérienne avait été très renforcée, repartit en mission en juin, chargée de nouveaux appareils et de matériels, vivres et munitions. Jusqu'en septembre, le Saratoga appuya les forces présentes lors de la campagne des Salomon. Après torpillage de l'I-26, le grand navire repassa en cale sèche à Pearl harbor, puis ce fut le retour aux affaires avec la campagne des salomon orientales depuis Nouméa.
En novembre, ce fut les Bougainville, puis l'assaut sur Rabaul, ou ses appareils enregistrèrent une superbe tableau de chasse. Puis ce fut le support de l'opération contre Makin et Tarawa (les Gilbert). Un nouveau passage en cale sèche, à San Francisco, lui valut l'ajout d'un nouveau radar et d'une DCA supérieure, notamment de nouveaux affûts quadruples de 40 mm. En janvier 1944, le "sara" opéra contre les Marshall. En mars, le porte-avions rejoignit une force internationale (Britannique, du Commonwealth, avec des navires Hollandais et le Richelieu Français), pour opérer en Birmanie et en Indonésie.
Après un entraînement poussé aux opérations nocturnes, le Saratoga rejoignit l'Enterprise pour l'assaut sur iwo Jima. Après un passage à Puget Sund en mai, des exercices jusqu'en septembre, le porte-avions servit par la suite à transporter les vétérans de la campagne du pacifique (opération "magic carpet"). Mis à la disposition de la Navy et désarmé, le Saratoga fut mis à l'épreuve dans l'atoll de Bikini lors d'un double test atomique. Secoué lors du premier, il coula après le second.
Caractéristiques (1941):
Déplacement & Dimensions: 37 000 t surface, 48 500 t plongée, 270 x 32,8 x 10 m
Propulsion: 4 hélices, 4 groupes turbo électriques, 16 chaudières TE, 180 000 cv. 33,25 noeuds.
Armement: 4x2 203 mm, 12x127 mm, 78 appareils (1930), 65 (1942).
Protection: 19 - 178 mm
Equipage: 2791 officiers et marins
PORTE-AVIONS USS RANGER (1933)
Le USS Ranger à sa mise en service en 1936.
Le RANGER est un peu oublié dans la nomenclature des porte-avions américains, mais il reste pourtant bel et bien le premier construit sur plans, en tant que porte-avions par l'US Navy. Il répondait à une requête visant à trouver un successeur au vieux Langley et à produire un bâtiment moins coûteux mieux adapté que les énormes Lexington. S'inscrivant comme le CV4 (Le Langley était le CV1, les Lexington et Saratoga CV2 et 3), il ne posédait pas à l'origine de passerelle, qui fut rajoutée après essais en mer et l'insistance des pilotes. Le Ranger fut construit à Newport News (Virginie), mis sur quille le 26 septembre 1931, lancé en février 1933 et achevé à Norfolk pour être inauguré en juin 1934. Il tirait partie des limitations du traité de washington concernant les bâtiments non-capitaux (cuirassés) et croiseurs, à savoir 20 000 tonnes. Cette limitation allait avoir cependant un impact sur son dimensionnement, son emport, mais aussi sa vitesse, qui allaient réduire son activité par la suite durant la guerre, mais aussi paradoxalement, le sauver.
Le USS ranger disposait de six tubes orientables de chaque bord en guise de cheminées. Son pont d'envol quadrangulaire était relativement étroit, pour rester dans le tonnage alloué, ce qui au standard des biplans de l'époque était juste suffisant, mais s'avéra inadapté aux générations suivantes d'appareils de l'aéronavale. Il ne possédait pratiquement aucune protection passive, si ce n'est un blindage de ceinture réduit, et une DCA contitué de quelques pièces de 127mm et mitrailleuse en affûts doubles de 12,7. Sa dotation comprenait à l'origine 78 appareils dont 36 chasseurs, 36 bombardiers-torpilleurs et 4 reco. Mais ces chiffres tombèrent vite à la baisse avec les nouveaux types d'appareils. En pratique durant la seconde guerre mondiale, son parc en opération ne dépassait guère 70 avions. Peu stable en roulis, il était jugé difficile à apponter. Ses essais se firent sur les côtes de Virginie et au large du Brésile. Il fut ensuite affecté à San Diego en Californie, avec la flotte du pacifique, en 1935. Il effectua des tests en Alaska, et des exercices avec la flotte de Hawaii. En 1939, les hostilités en Europe ayant éclaté, il était repassé en Atlantique et avait rejoint la base de Norfolk.
Le USS Ranger en 1939 (wikipedia):
La carrière du Ranger durant la guerre commença avec des "patrouilles de neutralité" dans l'atlantique, et en décembre 1941, il retourna en opérations après escale à Norfolk. Il y était de retour en mars 1942 pour recevoir un radar RCA CXAM-1. En avril-mai, il convoya des Curtiss P40 sur les côtes d'afrique, débarqués à Accra, au Ghana. Il fit de même plus tard, convoyant les renforts de la fameuse escadrille des tigres volants en Chine. Puis en novembre, il fut le navire-amiral de la flotte de protection (avec quatre PA d'escorte) couvrant le débarquement en Afrique du Nord (opération Torch). Durant quatre jours ses appareils accumulèrent 496 sorties et détruisirent ou endommagèrent 70 avions au sol, 15 en vol, mais aussi des installation, batteries côtières, d'innombrables véhicules, deux submersibles et quatre destroyers. Après un passage en cale sèche, le Ranger livra des appareils en Afrique du nord, puis patrouilla depuis patrouilla et forma des polites au large de la nouvelle-angleterre et de la nouvelle-écosse, puis enfin en août gagna la Home Fleet dans les orcades, pour assister la surveillance des eaux de l'atlantique Nord. Du fait de son faible tonnage, le mauvais temps s'avéra difficile pour lui. En octobre 1943 il participa à l'opération Leader dans les eaux norvégiennes contre les bases de la Luftwaffe et de la kriegsmarine qui menaçaient les convois vers Mourmansk. Après d'autres patrouilles, il regagna Norfolk et fut modifié pour servir exclusivement à l'entrainement des pilotes, en janvier 1944. Il fit encore des livraison d'appareils, matériels et personnels à Casablanca. Il retourna ensuite à Norfolk pour des travaux consistant à lui ajouter de nouvelles catapultes, un pont d'envol renforcé, et de nouveaux radars et équipements électroniques. Il repassa ensuite dans le pacifique pour l'entraînement des pilotes à San Diego jusqu'à la fin de la guerre. Il fut le seul PA Américain jamais engagé au feu contre les Japonais. Il sera désarmé en 1946 et démoli l'année suivante.
Caractéristiques (en 1941)
Déplacement & Dimensions :14570 t, 17 577 T PC, 234 x 33,35 (PE) x 6,8 m
Propulsion :2 hélices, 2 turbines TE, 6 chaudières Babcock & Wilcox, 53500 cv. et 29,3 noeuds max.
Blindage :5,1 cm max.
Armement :8 canons de 127 mm AA, 40 de 12,7 mm AA, 86 avions max.
PORTE-AVIONS D'ESCORTE CLASSE BOGUE (1942)
Le USS Block Island en 1943.
La classe Bogue fut la première des nombreuses séries de "Jeep Carriers" que les Américains construisirent durant le conflit. Ils avaient comme dénominateur commun une construction par des chantiers civils sur la base de cargos et de pétroliers, dont les vastes cales convenaient à êtres aménagées rapidement en hangars. Contrairement aux porte-avions d'escadre, les escorteurs étaient lents, marchant "au pas du convoi", celui des cargos ou navires d'assaut qu'ils suivaient. Leurs machines sobres et économiques leur donnaient ainsi une excellente autonomie. Les Bogues dérivaient d'une longue série prêtée aux Britanniques en lend-lease, les "Attackers". Ils se basaient sur le USS Long Island, avec comme également base les cargos standard C3, mais disposaient d'une passerelle de commandement complète. Leur DCA principalement constituée de mitrailleuses lourde oerlikon était généreuse et relativement efficace à courte portée. Néammoins leur défense à longue portée reposaient sur leur couverture de chasseurs. Les Bogues différaient de la série Lend-Lease par leurs machines à triple expansion (au lieu de diesels). Ils disposaient tous d'une catapulte et de deux ascenceurs. Leur pont d'envol mesurait 141 mètres par 21,2.
Au total dix bâtiments (neuf de la première série Bogue/Attacker et un de la seconde série Bogue/Ruler) furent construits par Western Pipe et Steel, Ingalls, et Seattle-Tacoma, mis en service entre 1942 et 1943. Ils servirent principalement sur le théatre d'opérations de l'atlantique, et firent partie des grands convois stratégiques jusqu'à la fin de la guerre. Leur complément aérien se montait en standard à 12 chasseurs F4F Wildcat, et 9 Grumann TBF Avenger. Les Britanniques quand à eux déployaient de 19 à 24 appareils comprenant la version Britannique du Wildcat, le Martlet, et des Supermarine Seafire et Fairey Swordfish. Il n'y eut aucune perte au combat et tous furent reconvertis en cargos après la guerre, servant encore longtemps sous pavillon civil.
Le USS Bogue en 1942 (wikipedia)
Caractéristiques (en 1943)
Déplacement & Dimensions : 9636 t, 16 600 T PC, 151 x 21 x 7,90 m
Propulsion :1 hélice, 1 turbines Allis-Chalmers sur moteur TE, 2 chaudières Foster-Wheeler, 8500 cv. et 16,5 noeuds max.
Armement :2 canons de 127 mm, 2x2 de 40 mm, 10 de 20 mm Oerlikon AA, 24 avions max.
Equipage :646 (890 avec groupe aérien)
CROISEURS LEGERS CLASSE OMAHA (1920-24)
Le USS Milwaukee en juin 1942, en partance pour guadalcanal. Le camouflage de l'époque était assez complexe mais bien adapté au paysage d'îles du pacifique sud.
Les Omaha furent les premiers croiseurs américains après une très longue éclipse remontant à 1907 (les Chester). Ils évaient été conçus en 1919, à l'origine pour emmener les escadrons de destroyers de grande série (Wickes et Clemson) de la fin de la grande guerre. Comme eux, ils avaient cette coque flush-deck et étaient de reconaissables "four pipers". Leur artillerie était originale, avec un arrangement de deux tourelles doubles et de pièces en barbettes, mélange improbable qui illustrait leur caractère de transition. Ils furent lancés en 1920-23 et achevés en 1922-24, portant des noms de villes du sud américain (Omaha, Milwaukee, Cincinatti, Raleigh, Detroit, Richmond, Concord, Trenton, Marblehead, et Memphis). Construits légèrement, ils misaient sur la vitesse et firent partie de cette génération de ce qu'on appelait les "tin-clad cruisers" (croiseurs en fer blanc), misant sur la vitesse comme seule protection... Cette coque légèrement construite était de plus basses sur l'eau et par gros temps dans l'atlantique nord, ils embarquaient tant d'eau de mer que les marins avaient l'habitude de blaguer en disant que leurs machines ne tournaient pas au mazout mais avec l'eau de l'atlantique... De plus pauvrement isolés, ils étaient glacés et humides en hiver, des fournaises en été sious les tropiques. Leur protection anti-sous-marine était très poussée et leur service actif fut par contre très actif et long.
Ces dix bâtiments reçurent en 1936 un nouveau télémètre principal, leur mât avant fut renforcé, et une DCA plus moderne leur fut ajouté en 1939, consistant en plusieurs affûts doubles de mitrailleuses cal.50 (12,7 mm). En 1942 avec la guerre, ils furent pris en main pour une modification profonde de leur DCA, modernisée notamment avec de nouvelles pièces de 127 mm et un armement léger très renforcé (voir spécifications). Ceux envoyés dans le pacifique comme ceux affectés à l'atlantique servirent comme escorteurs. A la min-1942 on leur ajouta un radar, et ce qui leur restait de tubes lance-torpilles (quatre bancs quadruples soit 16 tubes à l'origine) furent retirés pour améliorer leur stabilité, de même que les catapultes pour hydravions qui équipaient certains. En 1944, le Milwaukee fut transféré à l'URSS en lend-lease devenant le Murmansk, afin d'assurer les escortes depuis ce port. Aucun de ces coiseurs ne fut coulé durant la guerre. Ils furent tous ferraillés en 1946, sauf le Murmansk, retourné en 1947.
Le USS Detroit en 1944 (wikipedia)
Caractéristiques (en 1942)
Déplacement & Dimensions :7050 t, 8950 T PC, 172 x 16,2 x 7,25 m
Propulsion :2 hélices, 2 turbines Westinghouse, 2 chaudières BW, 70 000 cv. et 32 noeuds max.
Blindage :Maximum 90 mm ceinture, 25-50 mm blockhaus, ponts et réduit.
Armement :10 canons de 152 mm (2x2, 6x1), 6 canons de 127 mm, 2x4 de 40 mm, 8 de 20 mm, 8 Mitt. 12,7 mm, 2x4 TLT 533 mm.
Equipage :750
CROISEURS CLASSE PENSACOLA (1928-30)
Le USS Pensacola en mars 1945, en appui-feu à Okinawa. Noter les évolutions avec le design d'origine - voir plus bas.
Lorsque le traité de Washington fut ratifié par les grandes puissances navales en 1922, la nomenclature des types s'en trouva modifiée et en quelque sorte des concepts, consacrés. Parmi ces changements, le plus notable était l'apparition d'une nouvelle classe à part entière, le "Croiseur Washington" qui en réalité était la fiche type du croiseur lourd, une catégorie nouvelle comprenant de manière quasi intangible, 10 000 tonnes - 8 pièces de 8 pouces (203 mm). Si les Britanniques, les Français et les Italiens choisirent la configuration en tourelles doubles, les américains dès le départ, confiant dans le design de tourelles triples initié pour leurs dreadnought durant la guerre, choisirent de l'adapter pour leurs croiseurs, tout en conservant une configuration en quatre tourelles. L'amirauté avait ainsi choisi un compromis avec la plus puissante artillerie possible (dix pièces) sur un tonnage strictement limité. Comme d'autres marines, on choisit aussi la technique d'assemblage par soudure pour faire l'économie des tonnes d'aciers des rivets... Mais ces choix se payèrent plus tard lors des essais et durant toute leur carrière. En effet, les tourelles triples - les plus pmassives - furent montées en seconde position, plus hautes donc que les doubles. De plus les mâts militaires tripodes étaient hauts et lourds, la hune de visée, le blockhaus de passerelle. Avec une largeur limitée et une coque légèrement construite, cela provoqua un dangereux surpoids dans les hauts et les Pensacola furent très vite réputés gros "rouleurs". Leur gîte était si excessive que l'on limita volontairement leurs évolutions rapides et virages en opération. De plus leur tangage était élevé du fait d'une coque "flush deck" trop courte, étroite et surchargée à l'avant, ce qui fit que ces navires "piquaient du nez" excessivement et de manière inquiétante, par gros temps.
Le USS Salt Lake City en 1939. Ces coiseurs surarmés étaient affligés d'un si important poids dans les hauts qu'ils furent reconstruits en 1942.
La classe Pensacola était quasi-expérimentale. Le jumeau du Pensacola, le USS Salt lake City fut lancé en 1930 et achevé en 1931. Les deux navires reçurent des quilles en 1939 pour améliorer leur stabilité, puis en 1942 on allégea leurs superstructures, supprima les massifs mâts tripodes. Ils reçurent un radar, de nouveaux systèmes de conduite de tir, et une puissante DCA. Cela régla une partie de leurs déficiences et ils participèrent aux grandes opérations du pacifique avant de se voir retirés du service actif en 1947. Ils furent des repoussoirs qui permirent de définir la classe suivante, les Northampton. Il faut dire que la dernière classe de croiseurs "lourds" remontait aux croiseurs-cuirassés Saint Louis de 1908... Ce qui explique bien des déficiences théoriques qui aboutirent aux plans de ces navires d'un genre nouveau et inédit dans l'US Navy...
Caractéristiques (en 1939)
Déplacement & Dimensions : 9100 t, 11 500 T PC, 178,5 x 19,9 x 5,9 m
Propulsion :2 hélices, 4 turbines Parsons, 4 chaudières WF, 107 000 cv. et 32,5 noeuds max.
Blindage :Tourelles 165, ceinture 63, blockhaus et casemate 105-50 mm, pont 51 mm.
Armement :10 canons de 152 mm (2x2, 2x3), 4 canons de 127 mm, 8 Mitt. 12,7 mm, 2x3 TLT 533 mm, 4 hydravions.
Equipage :631
CROISEURS CLASSE NORTHAMPTON (1929-31)
Le USS Houston en mars 1942, avec un camouflage "navy blue" pas encore très répandu.
Succédant aux Pensacola, les Northampton en amélioraient bien des points. La très mauvaise tenue en mer était compensée par une proue réhaussée d'un pont, trois tourelles triples au lieu de dix en quatre mixtes, une largeur accrue, et des superstructures rabaissées. Toutefois, la vitesse restant prioritaire, leur blindage était suffisant contre les calibres de destroyers, mais à part des obus de 152 mm, leur compartimentage, notamment pour les tirs plongeant, était insuffisant. Leur classe allait comprendre six unités construites à Newport News et l'arsenal de New York : Augusta, Chicago et Houston, Northampton, Chester et Louisville.
La guerre imposa rapidement l'adoption d'une DCA plus convaincante que les pièces uniques de 127 mm et leurs affûts de 12,7 mm. On sacrifia un de leurs bancs de tubes TLT pour quatre pièces de 127 mm et 8 de 12,7 mm en affûts doubles. Leur superstructure arrière fut remaniée (plus basse), et à partir de 1943, une nouvelle refonte drastique de la superstructure avant, rabaissée et allégée, mais blindée. Par la suite les survivants virent le remplacement de leurs 12.7 mm par des affûts quadruples de 40 mm et simples de 20 mm (en 1944, typiquement 20 de 40 mm et 13-20 de 20 mm Oerlikon). Les Houston, Northampton et Chicago seront coulés autour de Guadalcanal, le Chester gravement endommagé, les deux autres survivront et quitteront les listes d'active en 1949.
Caractéristiques (en 1941)
Déplacement & Dimensions : 9006 t, 11 420 T PC, 182,96 x 20,14 x 5,9 m
Propulsion :2 hélices, 4 turbines Parsons, 4 chaudières WF, 107 000 cv. et 32,5 noeuds max.
Blindage :Tourelles 50-60, ceinture 76, blockhaus et casemate 95-20 mm, pont 25 mm.
Armement :9 canons de 152 mm (3x3), 8 canons de 127 mm, 8 Mitt. 12,7 mm, 2x3 TLT 533 mm, 4 hydravions.
Equipage :670 (1941) 850 (1944).
CROISEURS CLASSE NEW ORLEANS (1933-36)
e USS San Francisco en mars 1945, la livrée horizontale en vigueur depuis la fin de 1944 : Gris clair/gris moyen/bleu sombre
Sans doute la légèreté du blindage des précédents croiseurs, en partie imposée par la limite des 10 000 tonnes Washington obligea t-elle le bureau des construction et réparation au sein de l'amirauté à revoir sa copie en gagnant du poids où il était nécéssaire pour mieux répartir et améliorer le blindage. La période des "tin clad cruisers" touchait à sa fin et on ne prétendait plus que la portée et la puissance de feu de pièces de 203 mm rendaient superflue toute protection. Dès 1929 un plan de 20 nouveau croseurs fut étudié, et très vite l'amirauté s'intéressa à "L'Algérie" Français, alors considéré comme le meilleur croiseur Washington par l'autorité qu'était le "Jane's fightning ships". Sa conception démontrait qu'en restreignant les dimensions et par quelques artifices on pouvait conserver une bonne protection, une puissance de feur suffisante et une vitesse raisonnable tout en restant sous la limite du tonnage requis. Les travaux aboutirent à la définition d'un coffrage interne s'étendant uniquement autour des superstructures et des pièces d'artillerie, appelée la "zone immunisée", et qui consacrait le choix du "tout ou rien" déjà essayé sur des cruirassé.
Outre cette répartition, on recourut à des machines plus légères et néammoins encore puissantes, et on élimina les tubes lance-torpilles. La coque fut également raccourcie et rabaissée d'un pont. On peut ainsi passer à 130mm d'épaisseur au niveau de la cellule centrale et de la ceinture. Les machines étaient protégées par 90mm et le pont par 64mm.
L'US Navy se servit de cette classe, d'abord appelée Astoria du nom du navire de tête (qui coula plus tard), pour tester des variations sur un design qui resta globalement similaire. On distingue ainsi trois séries, les New Orleans, Astoria et Minneapolis, pour la première, les Tuscaloosa et San Francisco pour la seconde et les Quincy et Vincennes pour la dernière. Les plans furent donc révisés entre chaque série et un écart de 600 tonnes existe entre les premiers et derniers. Ce furent des bancs d'essai et les ancêtres directs de tous les croiseurs Américains à venir. Les tourelles recevaient 25-70mm et les barbettes 170mm. Le blockhaus avait également une protection de 130mm. Leur vitesse restait très confortable (33 noeuds). En revanche, leur artillerie antiaérienne était confiée à 8 pièces de 127mm trop lentes pour l'aviation modernes, et à 8 mitrailleuses de 12.7mm à trop courte portée. ceci fut largement compensé surant la guerre, avec une nouvelle artillerie AA composée d'affûts quadruples Bofors 40mm en baignoires et une cinquantaine d'affûts simples oerlikon. Ils reçurent aussi radar et nouvelles conduites de tirs, tandis que leurs superstrucure fur allégée, remaniée et "bunkerisée".
L'Astoria, le Quincy et le Vincennes furent détruits durant la bataille de Savo en août 1942, et les autres participèrent à de nombreux engagements particulièrement durs, mais y survécurent.
Caractéristiques (en 1941):
Déplacement & Dimensions :9950 t, 12 400 T PC, 179,27 x 18,82 x 5,9 m
Propulsion :2 hélices, 4 turbines Westinghouse, 8 chaudières B&C, 107 000 cv. et 32,7 noeuds max.
Blindage :Tourelles 30-70, ceinture 120, blockhaus 130 et casemate 80 mm, pont 60 mm.
Armement :9 canons de 203 mm (3x3), 8 canons de 127 mm, 8 Mitt. 12,7 mm, 4 hydravions.
DESTROYERS CLASSE WICKES/CLEMSON (1917-21)
Le USS Willamson (conversion AVP) en mars 1942 (échelle 1/400).
Avec une production totale de 270 destroyers, la classe Wickes/Clemson (qui ne différaient que par des détails mineurs) fut la plus importante numériquement jamais entreprise par aucun pays. Elle répondait à un besoin concret et pressant, rétablir, après l'entrée de guerre des USA durant la grande guerre, la domination de l'atlantique face au péril des U-Bootes. Pragmatique, l'amirauté ne fit que simplifier encore le design "de paix" qui avait cours jusque là. Les "four stackers" avec leur coque flush deck et leur pont perpétuellement saturé d'embruns, devinrent l'une des icônes les plus reonnaissables de l'US Navy durant la période allant de 1917 à 1936. Par la suite, de nouvelles classes étaient opérationnelles qui rendaient ce design remontant à 1910, largement obsolète. En 1941, l'US Navy comptait encore dans ses rangs 169 unités, la plupart en réserve ou versées à l'instruction. 13 avaient été perdus durant la première guerre mondiale et encore 93 ferraillés en 1931 au titre des réductions de tonnage imposées par le traité de Washington. Enfin, 50 furent reversés à la Royal Navy dans le cadre de l'accord Lend-Lease, qui en avaient grand besoin dans les mêmes circonstances. L'un de ces vieux bâtiments servit plus tard à l'une des opérations de commandos les plus hardies de la guerre, le raid contre Saint Nazaire...
Les bâtiments restants furent donc remis en état progressivement, c'est à dire réarmés avec un DCA digne de ce nom, des grenades ASM, mortiers ASM, sonar et équipements de visée, antennes... Leur artillerie fut souvent amputée pour permettre le montage de cet équipement supplémentaire. Au final, tous ces navires furent pris en main pour trois reconversions majeures :
- 19 AVP/AVD (dès 1938) : Ravitailleurs d'escadre, avec des citernes à la place de certaines chaudières (vitesse ramenée à 21 noeuds), d'autres aménagements pour recevoir principalement de grosses quantité de mazout, et un armement réduit à 2x102 et 6x20 mm, 20 grenades ASM. Ils servirent principalement dans le pacifique.
- 31 AG/AGP (6 dès 1939, 25 en 1941-42) : Transports d'assaut rapides. Ils furent utilisés dans le pacifique pour transporter des bataillon de Marines (144 hommes) avec leur équipement, furent dotés de portiques pour 4 péniches de débarquements LP/L-LCP/R, et des réserves. Armement 5 pièces de 76 mm, 2 de 40, 5 de 20 mm, plus 10 DC et 4 mortiers.
- 26 DM/DMS (8 en 1939 suivis de 18 en 1941-43) : Dragueurs de mines rapides avec armement renforcé de 6 pièces de 20 mm et grenades.
Le USS DuPont comme escorteur en 1943 (destroyerhistory.org). Le camouflage trois tons typqie de la fin 1943 début 1944 comprenait du bleu moyen, du noir et du gris clair, appliqués en lignes brisées. Certains de ces escorteurs étaient pratiquement "restés dans leur jus", avec leurs quatre cheminées, leur vitesse inchangée et leur artillerie principale de quatre pièces de 102 mm.
Le USS Barney (conversion AVP) en décembre 1942, Guadalcanal. Ces bâtiments d'assaut déployés dans le pacifique ont reçu des livrées de camouflage spécifiques à leur environnement. On les appelait les "green dragons" Pour en savoir plus : http://destroyerhistory.org/flushdeck/green_dragons/
Enfin, les autres unités furent prises en main avec des modifications incluant l'ajout d'une DCA moderne, le remplacement de certaines de leurs pièces par des 76 mm, et surtout de nombreuse grenades (70-80) ASM en racks à l'arrière et mortiers latéraux. Pour augmenter leur rayon d'action, on remplaça leurs chaudières à charbon par des modèles au mazout, le gain de place servant à aménager des cuves, tandis que leur vitesse passait à 24 noeuds contre 31 à l'origine. (Voir spécifications). C'est ce type de destroyers qui joua un rôle vital, avant que n'arrivent les nouveaux escorteurs standards, pour l'escorte dans l'atlantique. Les pertes globales furent de 32 bâtiments, incluant celles des Britanniques. La plus célèbre de ces pertes fut le USS Reuben James, courant 1941, coulé par erreur par un U-Boote trop zélé. Mais contrairement à la bourde du "Lusitania" en 1916, cette perte passa presque inaperçue dans l'opinion publique, encore trop farouchement neutre. L'amirauté en revanche, ne spécifiait plus aucune restriction à la vue d'un périscope...
Caractéristiques (escorteurs, 1942)
Déplacement & Dimensions : 1250 t, 1380 T PC, 95,7 x 11,3 x 3,7 m
Propulsion : 2 hélices, 2 turbines Westinghouse, 4 chaudières White Forster, 27 000 cv. et 35 noeuds max.
Armement : 4 canons de 102 mm (ou de 76 mm), 6 pièces AA de 20 mm, 2x3 TLT 533 mm, 20 grenades, 4 mortiers ASM.
Equipage : 150 officiers et marins.
DESTROYERS CLASSE FARRAGUT (1934)
Le USS Monagham en 1939.
Les Farragut furent les premiers destroyers construits depuis la fin des "four pipers" au début des années vingt, suite aux accomodements du moratoire du traité de Londres. Les ingénieurs responsables de ses plans avaient eu tout le temps (près de 14 ans) de voir l'évolution des design Européens et arrivaient avec un type de bâtiment alors à la pointe. N'ayant pas la necessité d'une production de masse, ils en revenaient à la solution classique d'une coque à deux niveaux, plus rationelle au niveau des aménagements intérieurs. L'artillerie étaient également remaniée, placée au centre et d'un nouveau type d'affût de 127 mm Mk12 38 calibres. Ils disposaient également d'une coque plus large, mieux balancée et plus stable, avec des quilles antiroulis. Enfin, les tibes lance-torpilles, quintuples, étaient replacés dans l'axe. Avec plus de puissance disponible malgré leur tonnage, leur vitesse aux essais s'établissait autour de 38-39 noeuds, mais leur limite officielle était de 37.
Ces huit bâtiments furent bien plus chers à produire que les Clemson, mais leurs performances en haute mer n'avaient rien à voir, et les marins servant dans ces bâtiments étaient particulièrement enviés. Reste que les classes suivantes se chargèrent de remplacer les vieux four-piper au rythme de près de quatre par an. Les Farragut furent lancés en 1935-36 et opérationnels en 1936-37. Ils servirent jusqu'en 1945, recevant une nouvel armement AA remanié avec des affûts doubles de 40 mm et simple Oerlikon de 20 mm, ainsi que des casiers ASM de poupe (grenades) et un sonar leur furent ajoutés. Tous étaient présents à Pearl Harbor, mais aucun ne fut gravement touché. Bizarrement aucun ne fut coulé par faits de guerre mais de causes naturelles : Le USS Worden sur un récif en Alaska, et les Hull et Monaghan durant un typhon dans le pacifique en 1944.
Caractéristiques (escorteurs, 1942) :
Déplacement & Dimensions : 1358 t, 2064 T PC, 103,9 x 10,4 x 3,5 m
Propulsion :2 hélices, 2 turbines Curtis, 4 chaudières Yarrow, 42 800 cv. et 37 noeuds max.
Equipage :160
Armement :5 canons de 127 mm, 2x2 40 mm, 4 x 20 mm, 2x4 TLT 533 mm, 20 grenades ASM.
DESTROYERS CLASSE BENHAM (1938-39)
Le USS Benham après sa mise en service en 1939 (credits : Wikipedia - fonds archives US Navy)
Très inspirés des Gridley précédents les 8 Benham ne s'en distainguaient essentiellement que par leur cheminée unique et leurs quatre pièces de 127 mm d'un nouveau modèle semi-automatique en tourelles fermées, système qui sera repris sur les séries suivantes, et connaîtra un service sous bien d'autres pavillons, jusqu'en 1970... L'autre caractéristique marquante étaient leurs quatre bancs de tubes quadruples latéraux, uniquement lancés par "bordées". Leur stabilité n'étaient toutefois pas compromise mais ils étaient plus lourds que les précédentes séries. Une de leurs chaudières fut supprimée au profit d'espace supplémentaire pour les réserves de mazout. En 1940 ils furent engagés dans l'escorte des convois du côté ouest de l'atlantique, et rééquipés avec des casiers à grenades en poupe, des mortiers ASM latéraux, un canon ASM remplaçant leurs deux bancs de tubes arrière, et il furent dotés d'un poste Sonar et de DCA légère. Quatre unités furent transférées dans le pacifique, recevant en 1943 quatre pièces de 40 mm et quatre de 20 mm, puis encore 4 de 40 mm et 8 de 20 mm, leurs bancs de tubes restants étant déposés. Les USS Benham et Rowan furent coulés, respectivement en novembre 1942 et septembre 1943.
Caractéristiques (escorteurs, 1942)
Déplacement & Dimensions : 1657 t, 2250 T PC, 103,9 x 10,8 x 3,9 m
Propulsion :2 hélices, 2 turbines Westinghouse, 4 chaudières White B&W, 50 000 cv. et 38,5 noeuds max.
Equipage : 184
Armement : 4 canons de 127 mm, 4 pièces AA de 12,7 mm, 2x2 40 mm, 4 x 20 mm, 4x4 TLT 533 mm, 20 grenades, 4 mortiers ASM.
DESTROYERS CLASSE FLETCHER (1941-44)
Le USS Fletcher en août 1942.(http://www.history.navy.mil/etchers)
Les Fletcher incarnent bien tout la puissance militaro-industrielle des Etats-Unis. Ce fut la première classe de la guerre produite en masse, et la plus considérable, avec pas moins de 175 unités lancées jusqu'en 1943. Encore une fois, on reprenait la coque flush deck directement inspirée des Benson/Gleaves précédents, et tous les détails de construction furent revus pour une facilité de production maximale. Contrairement à la classe précédente, on avait cependant ajouté un affût supplémentaire de ces pièces semi-automatisées de 127 mm, principalement pour répondre aux destroyers Japonais, mieux armés. De fait, le Fletcher fut lancé en mai 1942, le dernier en septembre 1944, la plupart des unités suivantes étaient affectées au pacifique. Leur tonnage était le plus important au sein de l'US Navy pour un destroyer avec près de 3000 tonnes à pleine charge. Tous furent opourvus des derniers équipements de détection, ASDIC-SONAR et radar, avec des conduites de tir modernes et un central opération perfectionné. Leur artillerie AA n'était pas oubliée, et comportait les nouveaux affûts de 40 mm en baignoires renforcés de pièces oerlikon individuelles. Avec les capacité de tir rapide antiaériennes des 127 mm, cela faisait un triple niveau de protection autour de chaque bâtiment. L'armement antinavire était constitué de deux bancs axiaux quadruples, avec recharges. Ces derniers allaient jouer un rôle crucial durant la bataille de Leyte...
Durant le conflit, l'expérience fit remplacer sur les séries en court, la passerelle initiale, trop exposée, par un modèle dut "low bridge". On fit également des aménagements supplémentaires pour les équipages, et on ajouta graduellement de la DCA supplémentaire, quitte à supprimer un des bancs de TLT. Leurs équipements de détection furent également améliorés, ainsi que leurs conduites de tir AA. Leur carrière est bien entendu longue et leur palmarès impressionant, eu égard au nombre de leurs citations pour faits de guerre. Ce furent les plus décorés des destroyers de l'US Navy. Ils furent remplacés au fur et à mesure par les nouvelles générations de destroyers dotés d'affûts doubles automatisés de 127 mm, Alemn M. Sumner et Gearing, et servirent, avec modernisations, jusqu'au début de la guerre du Viet-Nam avant de rejoindre la ferraille.
Caractéristiques (1942)
Déplacement & Dimensions : 2325 t, 2942 T PC, 114,7 x 12,1 x 4,2 m
Propulsion :2 hélices, 2 turbines General Electric, 4 chaudières B&W, 60 000 cv. et 38 noeuds max.
Equipage :273
Armement :5 canons de 127 mm, 1x4 pièces AA de 40 mm, 4 x 20 mm, 2x5 TLT 533 mm, 20 grenades, 4 mortiers ASM.
SUBMERSIBLES CLASSE R (1918-19)
Le SS13 en 1941 (échelle 1/400).
Ces bâtiments anciens avaient pour eux une conception avancée en 1918, une solidité à toute épreuve et de bonnes performances en plongée, comparé à d'autres modèles, ainsi qu'un entretien scrupuleux. Aussi ce n'est pas un hasard si 19 d'entre eux, sur une production total de 27, étaient toujours en service dans la marine Américaine, principalement versés à la réserve et à l'écolage. Certains furent transférés à la Grande-Bretagne. Un seul fut perdu par faits de guerre, celui reversé aux Britanniques, en juin 1942 à la suite d'une collision. Les autres finirent la guerre paisiblement et seront ferraillés en 1946.
Caractéristiques (1941)
Déplacement & Dimensions : 570 t surface, 680 t plongée, 56,74 x 5,5 x 4,42 m
Propulsion :2 hélices, 2 moteurs électriques Westinghouse, 2 diesels, 4000 cv. 13,5/10,5 noeuds surf/plong.
Armement :4 TLT 533 mm proue, 1 canon 76 mm.
Equipage :30 officiers et marins
SUBMERSIBLES CLASSE S (1920-25)
Le SS 69 en 1942 (échelle 1/400).
La production de submersibles fut quasiment constante aux USA entre les deux guerres. Dernière série conçue à la fin de la grande guerre, et tirant les leçons du conflit, la classe S parfois aussi appelée classe "Sugar" comprenait 51 unités, construites et lancées à Bethlehem Steel et Union Iron Works (Electric boat Cie, type Holland) pour le premier groupe, Portsmouth Navy yard et Lake pour le second, Fore River pour le troisième et Lake encore pour le quatrième, le dernier étant lancé en 1925 et accepté en service l'année suivante. Basé donc sur le design océanique moyen des O et R, ils n'avaient pas le rayon d'action pour intervenir efficacement dans le pacifique. La majorité servirent donc dans l'atlantique, et ils formèrent le fer de lance de la flotte de submersibles américains de l'entre-deux-guerres. Trois furent perdus en mer, puis trois autres ferraillés. A partir des années quarante ils passaient à l'écolage, au ravitaillement, aux patrouilles et à la défense côtière, puis en 1943, tous furent versés à l'entraînement des jeunes recrues. Six dans ce rôle furent d'ailleurs transférés à la Royal Navy. 5 furent perdus dont un seul, le S44 par faits de guerre en octobre 1943. Leurs spécifications variaient grandement d'une séries à l'autre.
Caractéristiques (1941)
Déplacement & Dimensions :906 t surface, 1230 t plongée, 65-73 x 6,3-6,6 x 4,1-4,9 m
Propulsion :2 hélices, 2 moteurs électriques, 2 diesels, 600-1000 cv. 15/11 noeuds surf/plong.
Armement :4-5 TLT 533 mm proue, 1 canon 102 mm.
Equipage :42 officiers et marins
SUBMERSIBLES CLASSE BARRACUDA (1924)
Le USS Barracuda en 1943.
Issus de la séries de T remontant à 1919, les Barracuda tiraient les leçons de la guerre et de l'étude des U-bootes octroyés en réparation. De type post-washington, ils étaient conçus pour une croisière longue et firent partie de pas moins de 8 prototypes assez différents. Ils tiraient avantage également de diesels MAN, construits sous licence, et de moteurs électriques Westinghouse d'un nouveau modèle, leur donnant au total 80 jours de temps de mission en mer. Le USS Barracuda fut donc le premier de ces huit prototypes (V1), suivi par le USS Bass (V2) et le USS Bonita (V3). Leur diesels puissants leur donnaient une vitesse (sur papier) de 18,5 noeuds, normalement suffisante pour suivre les escadres. Ils constituaient donc une rupture fondamentale avec les modèles "Holland" construits jusque là, excellents en plongée mais lents en surface et de faible autonomie. Leur rayon d'action était de 6000 nautiques et leur profondeur pratique de 122 mètres. En 1934, leur âge et leur caractère semi-expérimental les avait relégués à la réserve, et ils furent utilisés à partir de 1941 comme unités d'entraînement.
Caractéristiques (1941)
Déplacement & Dimensions : 2119 t surface, 2506 t plongée, 106,96 x 8,4 x 4,6 m
Propulsion : 2 hélices, 2 moteurs électriques, 2 diesels Sulzer/MAN, 6200 cv. 18,7/9 noeuds surf/plong.
Armement : 4 TLT 533 mm proue, 2 poupe, 1 canon 127 mm.
Equipage : 85 officiers et marins
SUBMERSIBLES CLASSE NARWHAL (1927)
Le USS Narwhal en 1939.
La série V5-V6 (Narwhal et Nautilus) furent deux prototypes du programme 1916 dérivés de l'étude de l'U135. Comme l'Argonaut, ils misaient sur le concept de croiseurs océaniques, avec notamment une très grande autonomie. Plus courts que USS Argonaut, ils n'en étaient pas moins plus profonds (5,88 au lieu de 5,16 m) et avaient donc un tonnage de près de 4000 tonnes en plongée. Ils furent donc pendant près de 40 ans les plus gros submersibles en service dans la marine des USA. C'est le USS Nautilus de 1957, premier SNA, qui dépassa en tonnage son ancêtre du même nom... Leurs diesels MAN sous licence prosèrent de gros problèmes de vivrations et d'isolation phonique et seront donc remplacés en 1941 par des Morse-Fairbanks, et leurs moteurs électriques par ceux des Gato de grande série. En 1942-43 ils servirent principalement à ravitailler des garnisons isolées dans des zones contrôlées par la marine Japonaise. Leur kiosque fut reconstruit et réarmé aux standards des submersibles de 1943. Ils passèrent ensuite à l'entraînement et seront rayés des listes en 1945.
Caractéristiques (1942)
Déplacement & Dimensions : 2987 t surface, 3960 t plongée, 113 x 10,15 x 5,88 m
Propulsion : 2 hélices, 2 moteurs électriques, 2 diesels Sulzer, 5633/1600 cv. 17,4/8 noeuds surf/plong.
Armement : 6 TLT 533 mm: 4 proue, 2 poupe, 2 canons 152 mm, 2 canons Oerlikon de 20 mm.
Equipage : 89 officiers et marins
SUBMERSIBLES USS ARGONAUT (1928)
Le USS ARGONAUT (APS2) en 1942, cliquez pour le voir au 1/200e.
Le USS Argonaut fut un cas unique dans l'US Navy. Conçu à partir d'un design Allemand de "croiseur océanique submersible", il était à l'avant-garde d'une longue série d'expérimentations et de séries limitées qui allaient forger la nouvelle génération de submersibles américains, notamment celle des nombreux "fleet subs" de la guerre. Au début des années vingt ce concept de "grande croisière" était à la mode. Les Britanniques lançèrent le X1, les Français le Surcouf, les Italiens le Ballila. L'Argonaut était lui-même issu de trois autres prototypes et porta d'abord le nom de V4 avant de se voir accepté en service. Ce submersible excpetionnel, le plus grand jamais construit aux USA avant l'ère nucléaire, avait un rayon d'action de 16 000 milles nautiques, tout à fait remarquable. Toutefois dès la plache à dessin, ses gros canons de croiseur et sa faible vitesse contenaient quelques contradictions qui le firent progressivement modifier les plans pour une mission de mouilleur de mines. Dans ce rôle, il fut équipé pour emporter 60 mines. Il sera lancé finalement à Portsmouth en 1927 et achevé, accepté en service en 1928. Avec la guerre, l'utilité d'un mouilleur de mines fit bientôt place à un rôle plus urgent, celui de ravitailleur des Marines, notamment ceux bloqués à Guadalcanal. Ainsi, renommé APS2, il reçut un local agrandi pour des troupes et du matériel et ravitailla entre autres Makin Island en août 1942. Il sera coulé par la marine Nippone en janvier 1943.
Caractéristiques (1942)
Déplacement & Dimensions : 2987 t surface, 3960 t plongée, 113 x 10,15 x 5,88 m
Propulsion : 2 hélices, 2 moteurs électriques, 2 diesels Sulzer, 5633/1600 cv. 17,4/8 noeuds surf/plong.
Armement : 6 TLT 533 mm: 4 proue, 2 poupe, 2 canons 152 mm, 2 canons Oerlikon de 20 mm.
Equipage : 89 officiers et marins
SUBMERSIBLE USS DOLPHIN (1931)
Le USS Dolphin en 1942.
Cette unité lancé en mars 1932 tentait de répondre à la problématique d'arriver à un compromis acceptable de submersible océanique de longue croisière, vec une optique de production. Il s'agissait d'un prototype tardif, faisant partie du programme des "V" initié en 1916. On arriva à un compromis idéal en sacrifiant la vitesse, tout au moins sur le papier. En effet, le Dolphin se montra décevant aux essais et par la suite en opérations. Il fut versé à l'entraînement durant la guerre et sera ferraillé en 1947.
Caractéristiques (1941)
Déplacement & Dimensions : 1688 t surface, 2215 t plongée, 97,31 x 8,5 x 4 m
Propulsion : 2 hélices, 2 moteurs électriques, 2 diesels MAN, 3500/1750 cv. 17/8 noeuds surf/plong.
Armement : 4 TLT 533 mm proue, 2 poupe, 1 canon 102 mm, 4 mitt. 7,7 mm.
Equipage : 66 officiers et marins
SUBMERSIBLES CLASSE CACHALOT (1933)
Le USS Cuttlefish en 1937.
La série expérimentale des V initiée en 1916 verra sa conclusion logique avec les "Cachalot", une série limitée de 2 unités à commencer par la tête de série, le V8 (SC4) puis USS Cachalot (SS-170). Construit à Portsmouth Naval Yard, Kittery, il se basait sur le USS Dolphin en tentant d'améliorer un certain nombre de points, mais surtout sur le design de l'U135 dont il était une version "américanisée"... Lancé en octobre puis accepté en service en décembre 1933, sa coque était renforcée pour plonger à plus de 190 mètres, tandis que sa vitesse était encore diminuée pour faire plus de place au mazout, d'où un rayon d'action confortable de 16 000 nautique et un emport de 16 torpilles, ce qui prolongeait leurs capacités opérationnelles. Ils faisaient appel à une pleine double coque, et était plus petits que la génération précédente, avec de nouveaux, puissants diesels MAN leur donnant une vitesse de 17 noeuds. Il fut suivi par son sister-ship le V9 (USS Cuttlefish). Ce dernier différait sur bien des points. Il fut confié à Electric boat, contracteur privé, une première depuis le début des années 20, était un peu plus spacieux, faisait appel à l'air conditionné, et sa coque était partiellement soudée. A l'usage, leurs diesels donnaient tant de vibrations qu'ils furent remplacés par des General Motors. On y testa également le premier ordinateur de calcul des torpilles. Au final, leur design trop exigu les condamna à de courtes patrouilles. Ils firent ainsi trois sorties dans le pacifique central durant la guerre, sans succès, puis passèrent à l'entraînement à New England et seront retirés du service en 1945.
Caractéristiques (1941)
Déplacement & Dimensions : 1120 t surface, 1650 t plongée, 83 x 7,5 x 4,27 m
Propulsion : 2 hélices, 2 moteurs électriques, 2 diesels MAN, 2750/1500 cv. 17/8 noeuds surf/plong.
Armement : 6 TLT 533 mm: 4 proue, 2 poupe, 1 canon 76 mm, 4 mitt. 7,7 mm, 3 de 12,7 mm.
Equipage : 51 officiers et marins
SUBMERSIBLES CLASSE PORPOISE (1934)
Le USS Pike en 1942
Le USS Shark en 1942
Le USS Perch en 1939
Les deux unités de la classe Porpoise (ou classe "P") étaient une évolution des Cachalot, prenant en compte toutes les limitations découvertes lors des essais des prototypes précédents. La classe Porpoise était à l'origine de trois préséries échelonnées entre 1934 et 1937 : Les Porpoise (P1) comprenant également le USS Pike, les Shark (P2) comprenant les Shark et Tarpon, et enfin la classe Perch (P3), comprenant aussi les Pickerel, Permit, Plunger, Pollack et Pompano. Ils furent considérés comme lesprécurseurs les plus directs de la fameuse série des "Gato" et dérivés... Leurs dimensions étaient supérieures aux prédédents, avec en moyenne 91 mètres de long. Leur tonnage en plongée oscillait entre 1934 et 1998 tonnes. Pour réduire les vibrations on avait tenté un nouvel arrangement constitué par des moteurs diesels couplés à des générateurs électriques. La propulsion "tout électrique" ne fit pas satisfaction au sein de l'amirauté, la puissance intermédiaire perdue étant de 360 cv. Les diesels Winton 16-201 posaient problème également et furent plus tard (1942) rééquipés avec des 12-278A plus puissants et fiables, tandis que les unités furent toutes dotées d'un un arrangement classique. Leur rayon d'action était de 12 000 nautiques, avec 16 torpilles, conditions idéales pour leur service dans le pacifique.
Leur temps de plongée était amélioré grâce à de nouvelles ouvertures et arrangements de ballasts, et surtout leur construction faisait appel entièrement à la soudure, leur donnant un gain de légèreté et de résistance aux vibrations et grenadages. Leur profondeur maximale testée était de 250 mètres, un réel progrès par rapport aux classes précédentes. Ils furent également équipés d'un sonar et d'un radar, avec un nouveau centre de commande sous le kiosque. Ce kiosque fut d'ailleurs reconstruit en 1943, y gagnant deux plates-formes pour canons oerlikon de 20 mm et un nouveau radar de surface. Ils firent carrière en première ligne dans le pacifique jusqu'en 1944 puis furent versés à l'écolage et rayés des listes l'année suivante. La très longue série des "fleet boats" qu'ils inauguraient allait se prolonger et se terminer aux "Tang" de 1951.
Caractéristiques (Perch, 1942)
Déplacement & Dimensions : 1350 t surface, 1990 t plongée, 91,6 x 7,9 x 4,6 m
Propulsion : 2 hélices, 8 moteurs General Electric, 4 diesels Winton, 2600/4000 cv. 19/8,7 noeuds surf/plong.
Armement : 6 TLT 533 mm: 4 proue, 2 poupe, 1 canon 102 mm, 4 mitt. 7,7 mm (1942 2x20 mm).
Equipage : 50 officiers et marins
SUBMERSIBLES CLASSE SALMON (1936)
Le USS SALMON en 1938.
L'expérience réussie de trois classes "P" (Porpoise, Shark, Perch), fut confirmée avec trois nouveaux constructeurs, pour la tranche autorisée de 1936 : Electric boat à Groton (Salmon, Seal, Skipjack), Portsmouth Naval Shipyard (Snapper, Stingray) et Mare island naval shipyard de Vallejo (Californie) pour le USS Sturgeon. Tout ce qui avait fait le succès des précédentes unités était reproduit, mais avec entre autres, un kiosque modifié et plus grand, une coque renforcée, un moteur plus puissant, une coque plus vaste, et une vitesse également plus importante en surface, ainsi que l'ajout de deux tubes lance-torpilles à l'arrière (ce qui donnait quatre tubes arrière, pour huit en tout). Quatre torpilles aditionnelles étaient stockées à la verticale dans des "puits" autour du kiosque et nécéssitaient une longue et délicate manoeuvre en surface pour être utilisées. Ce concept fut plus tard abandonné car trop périlleux dans des eaux ennemies. Les unités construites par electric boat essayèrent le nouveau moteur à double action HOR (Hooven-Ovens-Rentschler), mais de graves problèmes de vibration à l'usage les fit remplacer par les fiables et solides Vinton 12 cylindres.
Leur coque était du type "à double coque partielle", une partie des ballasts servant en fait de réserve de mazout. Le système présentait l'avantage de pouvoir se prêter à des réparations internes même en plongée, car les ballasts partiellement remplis d'air étaient accessibles via un sas. Ces unités furent acceptées en service en 1937-1938 et immédiatement versées à l'atlantique et notamment la défense des abords du canal de panama. Mais rapidement, on les envoya dans le pacifique. Ils y firent carrière et démontrèrent leur excellente conception, défendant les Philippine en compagnie des unités de la classe Sargo sous les ordres de l'amiral C. Hart. Durant cette expérience il apparut que leur gros kiosque était trop facile à repérer et ils furent les premiers à recevoir le nouveau kiosque standard plus petit et doté de canons antiaériens sur plate-formes qui allait ensuite être généralisé, ainsi qu'un radar. Leur pièce d'artillerie fut jugée trop faible et remplacé par un 127 mm en 1943. Aucune unité ne fut perdue durant le conflit et leur mise en réserve intervint en 1945.
Caractéristiques (Salmon, 1941)
Déplacement & Dimensions : 1458 t surface, 2233 t plongée, 94 x 7,96 x 4,78 m
Propulsion : 2 hélices, 4 moteurs General Electric, 4 diesels HOR/Winton, 5500/2600 cv. 21/9 noeuds surf/plong.
Armement : 8 TLT 533 mm: 4 proue, 4 poupe, 1 canon 102 mm, 4 mitt. 7,7 mm (1942 1x127, 2x20 mm AA).
Equipage : 59 officiers et marins
Another View of the US Navy
A la veille de la grande guerre, la "grande flotte blanche" avait accompli une croisière internationale pour démontrer que les USA entendaient bien faire partie des grandes puissances maritimes. Depuis la fin de la guerre Hispano-Américaine de 1898, et sous l'influence des travaux d'Alfred Thayer Mahan, son maître à penser en termes de stratégie, l'Amérique de Theodore Roosevelt était sortie de son isolationnisme relatif et lancé un énorme plan d'armement naval qui en fit l'équivalent de la marine Allemande, juste derrière la Royal Navy. Si elle ne joua son rôle qu'à partir de l'année 1917, elle lança un plan de construction massif de destroyers dont les effectifs étaient encore disponibles dans les années trente. Comme d'autre marines, ses réserves avaient étés engagées dans la construction de navires de ligne modernes, des dreadnoughts, au dépit des croiseurs: Aucun ne fut produit entre 1907 et 1921. Son plan d'armement massif de 1919-1923 vit la mise en service 6 cuirassés, 10 croiseurs légers, un porte-avions, 274 destroyers, et 51 submersibles. Six nouveaux cuirassés sont prévus au programme, les South Dakota, ainsi que 6 grands croiseurs de bataille de la classe Lexington. C'est précisément aux USA qu'un constat suivi d'un accord international sanctionna cette escalade au tonnage et à la puissance particulièrement lourde dans le bugdet des Nations.
Le traité de Washington, signé entre les grande puissances navales à l'intigation de Woodrow Wilson, va avoir pour conséquences immédiates l'annulation des South Dakota le 8 février 1922, et celle des quatre croiseurs de bataille les moins avancés le 17 août 1923. Les deux premiers, Saratoga et Lexington, sont opportunément transformés en porte-avions d'escadre. Leurs généreuses dimensions et leur vitesse en font d'excellentes unités, les seules de ce type dans la flotte, bien plus efficaces que le vieux charbonnier Langley jusqu'en 1935. Le moratoire va avoir les même conséquences pour la Blue Water Navy ( la flotte de haute mer américaine ) que pour toutes les autres Nations: Les cuirassés rapides ne sont pas mis en chantier avant la fin des années trente. Il faut attendre 1931, après le traité de Londres pour que soit entamé le premier porte-avions tirant les leçons de ces trois unités. Le USS Ranger était de déplacement "moyen", un peu plus lent, mais avait une meilleure capacité d'emport d'aviation que les Lexington. Les trois Yorktown, beaucoup plus grands ( 10 000 tonnes de plus ), frisaient les 100 appareils. Seuls les deux premiers (Yorktown et Enterprise) étaient en service en 1939, et le USS Hornet en octobre 1941.
En attendant, l'US Navy pouvait compter sur une formidable force de cuirassés "modernes" ( du type Dreadnought ), répartie entre l'Atlantique et le Pacifique. En 1941, elle comptait encore 17 de ces cuirassés, âgés de 20 à 30 ans. La plupart avaient étés modernisés, équipés de pièces de DCA de 127 mm et dotés de nouveau postes de direction de tir et de télémètres. Les Wyoming, New York, Nevada, Pennsylvania avaient étés reconstruits en 1928-31, comme les trois New Mexico, arborant désormais deux superstructures en tour à la place de leurs mâts-cages en treillis. Peu de ces cuirassés les conservèrent d'ailleurs: On leur préféra les mâts tripodes en acier adoptés dans les autres marines. Certains recurent de nouvelles turbines, et virent leur artillerie secondaire en barbettes progressivement réduite. Les derniers, de la classe Tenessee et Maryland, furent peu modifiés dans leur apparence, et adoptèrent le radar en 1941, encore au stade des essais lorsque l'attaque Japonaise survint. Le USS Utah était encore en service (1909), mais désarmé et utilisé comme navire-cible à Pearl Harbor.
En dehors de quelques destroyers, les USA durant leur seule année de guerre, 1917-18, n'enregistrèrent aucune perte majeure. C'est donc une fleet in beeing, intacte, promue par le tonnage au rang d'égale de la Royal navy, qui traverse l'entre-deux guerres, avec peu de constructions nouvelles. En dehors de l'achêvement des deux Lexington et des derniers Omaha, il n'y aura aucune construction majeure en dehors des croiseurs.
Ces derniers, les "traités" sont des croiseurs lourds du type "8-8" ( 8 pièces -8 pouces/203 mm ). A la classe Pensacola (1929), armée de ...10 pièces de ce type en une configuration inédite en 2 tourelles doubles et 2 triples, succèdent les Northampton (9 pièces en trois tourelles triples), un arrangement conservé pour les autres classes de croiseurs. Les deux Portland (1932), sont du même type, ainsi que les 7 New Orleans (1933), bien mieux protégés. Les Brooklyn (1936), sont en revanche armés de cinq tourelles triples de pièces de 152 mm, et encore mieux protégés, tandis que Le Wichita (1937) armé de nouveau de pièces de 203 mm, adopte la coque moderne des Brooklyn, lesquelles se distinguent par leurs grandes dimensions et leur poupe carrée. C'est le dernier avant la guerre.
Sur le plan des destroyers, aucun nouveau ne sera produit avant 1934. Ces "flush-deckers", appelés aussi "Four piper" en raison de leur silhouette caractéristique, sont 262 en 1921. 93 seront mis en réserve puis envoyés à la casse dans les années trente, de sorte qu'ils sont encore 169 en service lorque la guerre éclate. Ils ne seront pas utilisés au sein des escadres actives, mais reversés à des rôles subalternes, comme l'escorte, le transport de troupes, le mouillage et le draguage de mines. Après le transfert de 50 unités à la Grande-Bretagne, 71 sont disponibles en décembre 1941. Cependant leur valeur militaire est moindre: Les Scott lancés par la Grande-Bretagne en 1918 ont montré la voie à suivre, et les Wickes/Clemson (nom officiel des deux classes) sont désuets et criticables sur de nombreux points, notamment leur comportement dans le gros temps. 37 d'entre eux servaient d'escorteurs dans l'Atlantique, 13 dans le pacifique.
Les premiers destroyers modernes seront mis sur cale en 1934: Il s'agit des 8 Farragut, grands et bien armés. Les Porter (1935) qui suivent possèdent un armement considérable pour l'époque, 8 pièces de 127 mm en quatre tourelles doubles: Il s'agissait de conducteurs d'escadre. Ils seront dans ce rôle suivis par les Somers (1937). Les Mahan, les Gridley, les Bagley, Benham, Sims sont des dérivés des Porter. En revanche, les Benson/Gleaves (1939) seront une série de masse, lancée en raison des hostilités.
En matière de submersibles, les USA avaient eu au début du siècle une certaine avance sur les autres nations grâce à ses ingénieurs, dont John Holland, premier à proposer des unités fiables militairement. Ils avaient étés exportés ou construits sous licence partout dans le monde. Une cinquantaine de submersibles seront encore construits jusqu'en 1924. Mais ils avaient leurs particularités: Ils s'agissaient de bâtiments rapides et maniables sous l'eau, capables de plonger vite à de grandes profondeurs, mais peu efficaces en surface. Mauvaises plate-formes de tir et lents. L'étude des submersibles Allemands bouleversa complètement les données. Ces derniers en effet, à l'instar du Narval de Maxime Laubeuf, leur ancêtre, étaient conçus comme des "torpilleurs submersibles". Ils étaient donc très efficaces pendant leur croisière en surface, beaucoup plus vulnérables en plongée. Or à cette époque, un submersible passe beaucoup plus de temps en surface, la plongée restant exceptionnelle ( pour l'approche et l'esquive). 32 de ces submersibles des types R et S étaient encore en service en 1941.
D'autre part, l'étude des derniers croiseurs submersibles se répercuta sur les premières classes d'unités océaniques, dont les coques étaient un véritable plagiat de ces unités, et jusqu'au milieu des années trente, ces submersibles seront équipés de diesels Allemands MAN construits sous licence. Aux trois premiers Barracuda (1925), au nouveau standard de 100 mètres pour 2500 tonnes ( le même pour les Japonais ), succède l'énorme USS Argonaut (1927), de 4000 tonnes, et armé de deux pièces de 152 mm, suivi des deux Narwhal. Le Dolphin, signe un retour au concept initial des Barracuda, tandis que les Cachalot, Perch, Porpoise, Cuttlefish, Salmon et Seadragon en arrivent à un "standard" de submersible océanique de 1500-2000 tonnes. Les Tambor seront les derniers de type en 1940. Les deux Mackerel de 1940 en revanche furent les seuls "côtiers" destinés à remplacer les vieux "S" des années vingt. Cette "flotte de prototypes" fit que les USA ne disposaient que de 28 submersibles récents en 1939, sur un total de 74. (81 en décembre 1941)
Les unités "légères" au sein de l'US navy n'avaient pas, depuis Wilson, de raison d'être au sein d'une marine de haute mer. En dehors des quelques destroyers des classes Wickes et Clemson transformés en dragueurs de mines, il n'y en avait aucun de nouveau en service en 1941: L'US navy utilisait ses vieux "Bird" des années 1918-19, dérivés de remorqueurs. Il y en avait encore 46 en service sur 50, mais paradoxalement aucun en tant que mouilleur de mines: 17 servaient de remorqueurs au sein des escadres, 9 comme ravitailleurs d'hydravions, 6 comme navires de sauvetage de submersibles, 7 autres pour le sauvetage et l'assistance en mer et le dernier comme mouilleur de filets. La classe Raven, mise à l'étude sur la base de ces "Bird" ne sera prête qu'après le début des hostilité, et 8 seront en service avant l'attaque de Pearl Harbor. 78 seront construits en tout. Il s'agissait de dragueurs/mouilleurs de mines dont la complexité allait amener à concevoir les "Admirable" pendant la guerre.
En matière de Canonnières, l'US Navy commanda deux unités pour le service aux caraïbes, celles de la classe Erié, assistées par celles plus anciennes de la classe Asheville, et le USS Sacramento. Sur le Yang-Tsé Kiang, elle avait toujours assuré une présence et remplaça ses plus vieilles unités par 6 des classes Wake, Panay et Luzon (1925). Lors des évênements de 1937 avec l'invasion Japonaise en Mandchourie, le Panay fut capturé. Le USS Tutuila fut transféré à la Chine nationaliste en mars 1942. Le Luzon fut coulé. L'une des 2 unités de la classe Asheville fut coulée au cours d'un célèbre "incident" dont Hollywood s'empara et son sister-ship échappa à son sort en descendant vers le sud. Le Tutuila servit sous la bannière de la Chine Nationaliste à partir de 1942. Les trois autres fuyèrent aux Philippines, et y furent coulées en 1941, dont deux par sabordage.
Les Américains opéraient d'excellents hydravions civils avant la guerre, notamment dans le pacifique, et possédaient logiquement trois ravitailleurs pour sa flotte de PBY Catalina, les deux Shawmut (1917), et le Curtiss, plus moderne (1940).
L'US Coast-Guard opérait également 8 vieux patrouilleurs (Le Gresham de1897, les quatre Tampa de 1921, les deux Ossipee et l'Unalga de 1908). Au début des années vingt, la prohibition entraîna des conséquences inattendues pour ce corps indépendant de la marine, qui était dépendant non du Pentagone mais du secrétariat au trésor. Une partie de ces unités étaient conçues pour opérer dans les glaces et réaliser des sauvetages ou frayer des passages aux navires venant par le Nord en Hiver. Mais durant la prohibition, on construisit 33 petites unités (Active), pour la patrouille côtière contre les "Rum Running", les canots rapides transportant des tonnes de bouteilles en provenance du Canada. Les Thetis étaient plus grands, les Algonquin et les Treasury capables de circuler dans les glaces, de même que le Northland, ce dernier, pur brise-glaces pour l'arctique étant en outre équipé d'un hydravion.
Dix navires de la classe Lake seront construits en 1927-31 et transférés en 1941 aux Britanniques en vertu de l'accord prêt-bail. Ils serviront en Baltique. Par ailleurs, les gardes côtes reçurent spécialement durant la période de la prohibition 20 destroyers de réserve, et encore 5 autres en 1926, de même que 6 "four pipers" en remplacement des plus anciens en 1930, mais aussi provisoirement 19 anciens "SC" à coque en bois de 1918. Mais surtout, on construisit 203 vedettes de patrouille du type "22 mètres", et 30 du type "30 mètres", 9 du type "24 mètres", et 6 du type "23 mètres", dont certaines opéraient sur les grands lacs. Tous ces navires étaient en service en 1941 au sein des effectifs de l'US Navy. (1936).
Nomenclature pour décembre 1941:
17 Cuirassés:
Classe Wyoming (2), Classe New York (2), Classe Nevada (2), Classe Pennsylvania (2), Classe New mexico (3), Classe Tennessee (2), Classe Maryland (4). 2 en construction (South Carolina)
7 porte-avions:
USS Langley, USS long island, Classe Lexington (2), USS Ranger, Classe Yorktown (3).
37 Croiseurs:
27 Lourds: Classe Pensacola (2), Classe Northampton (6), Classe Portland (2), Classe New Orleans (7), Classe Brooklyn (9), USS Wichita
10 Légers: Classe Omaha (10).
166 Destroyers:
Classe Wickes/Clemson (71), Classe Farragut (8), Classe Porter (8), Classe Mahan (18), Classe Gridley (4), Classe Bagley (8), Classe Somers (4), Classe Benham (10), Classe Sims (12), Classe Benson/Gleaves (23), 73 autres en construction.
81 Submersibles:
Classe R (7), Classe S (39), USS Argonaut, USS Dolphin, Classe Barracuda (3), Classe Narwhal (2), Classe Cachalot (2), Classe Porpoise (2), Classe Shark (2), Classe Perch (2), Classe Salmon (6), Classe Sargo (10), Classe Tambor (12), Classe Mackerel (2), 5 en construction.
5 Canonnières:
Cannonières marines Classe Erié (2), Cannonières Fluviales USS Tutuila, Oahu, Mindanao.
8 Dragueurs/Mouilleurs de mines:
Classe Raven (8), 20 autres en construction
3 Ravitailleurs:
Ravitailleurs d'hydravions USS Curtiss, et Classe Shawmut (2).
319 Gardes-côtes:
USS Gresham, Classe Tampa (4), USS Unalga, Classe Ossipee (2), Classe Active (33), Classe Thetis (17), Classe Algonquin (6), Classe Lake (10, tous transférés GB avant déc.41), Classe Treasury (7). Egalement 248 vedettes de patrouille côtière et portuaire.
Tonnage 1941:
Cuirassés: 17
Porte-avions:7
Croiseurs: 37
Destroyers: 166
Submersibles: 81
Divers: 335
Constructions de guerre:
Rien ne saurait mieux décrire la puissance industrielle d'une Nation que lorsque son potentiel se tourne presque entièrement vers la production militaire. La crise de 1929 avait laissée de profondes traces dans la population, et c'est l'Etat, à travers le New deal instauré par Roosevelt, et directement inspiré des théories de l'économiste John Maynard Keynes, qui permit à l'union de sortir du marasme. La relance de la construction navale était l'un des plans d'embauche important lancé alors. Mais l'isolationnisme traditionnel, qui restreignait la taille de l'aviation et de l'armée Américaine, ne valait pas pour la marine, instrument traditionnel de puissance politico-diplomatique depuis "Teddy" Roosevelt et son mentor Alfred Mahan.
Après le "jour de l'infamie" tel le qualifia Roosevelt, la réponse devait être d'autant plus appropriée que très rapidement, le plan Japonais de conquête du pacifique semblait ne connaître aucune perturbation sérieuse. En quelques Mois, Britanniques et Américains sont chassés de leurs possessions. Singapour et les Philippines tombent. Les alliés ( dont les Hollandais ) n'ont plus rien à opposer à la flotte Nippone, laquelle poursuit le débarquement de ses troupes, qui mènent leur avance jusqu'aux portes de l'Inde et à quelques encâblures au nord de l'Australie.
La marine Américaine se trouve pendant un an, privée de sa flotte du pacifique, obligée de la renforcer avec des effectifs de la flotte de l'atlantique, pourtant si précieuse pour la lutte contre les U-bootes. Mais aussi critique que soit la situation, les USA conservent leurs pièces maîtresses, les porte-avions. Ce sont ces derniers qui signeront le coup d'arrêt de Midway et commenceront à renverser le cours de la guerre dans le pacifique.
Les chantiers Américains ont eu très vite à remplacer les pertes de la flotte du pacifique, et en même temps à fournir les moyens de gagner la bataille de l'atlantique afin de pouvoir opérer sur le front occidental. De plus, les "pertes sèches" parmi le battleship row de Pearl Harbour, aux dires de l'Etat-major impérial qui croyait l'avoir définitivement éliminé, s'avéra moins catastrophique que prévu: Les deux cuirassés coulés étaient anciens, et même ceux qui avaient étés gravement endommagés furent jugés renflouables et réparables, et remis en chantier, modernisés et profondément transformés, puis renvoyés au front à partir de 1943 pour participer aux opérations de reconquête.
La construction d'unités lourdes n'était par pour autant abandonnée, et 4 nouveaux cuirassés, peu après la mise en service des deux premiers super-dreadnoughts de la classe North Carolina, la classe South Dakota, entra en service comme une tentative de concilier l'armement des premiers avec une coque plus petite et ainsi d'améliorer la protection. Ils furent suivis en 1943-44 patr les immenses Iowa, quatre cuirassés qui en différaient par une vitesse largement supérieure, laquelle entraîna des dimensions généreuses (50 mètres en plus), arrivant par leur déplacement aux limites du traité de Washington, déjà bafouées par les puissances de l'Axe. Ces quatre navires servirent ensuite épisodiquement durant la guerre froide et en 1980, puis furent modernisés pour répondre aux nouveaux croiseurs lance-missiles soviétiques. Ces vétérans opéraient encore des bombardement côtiers durant la guerre du golfe.
En matière de porte-avions, l'effort à été plus qu'impressionnant. En 1942 fut lancé le USS Essex, qui correspondait à un nouveau standard de porte-avions lourds et rapides, emportant plus de 100 appareils, largement inspirés des trois Enterprise. Plus de 15 furent construits, mais 5 furent terminés trop tard pour prendre part au conflit. 10 par contre furent opérés par l'US Navy avec succès. Ils suvécurent à la guerre et furent modernisés à divers degrés, participant à la guerre de Corée (leurs dimensions généreuses autorisaient l'utilisation de jets), puis du Viet-nâm, où ils opéraient surtout des hélicoptères. Les Midway, au nombre de trois finalement (les autres furent annulés) étaient des monstres au pont blindé capable d'embarquer plus de 120 avions, atteignant 300 mètres. Seul le premier parvint à "participer" au conflit en ralliant la baie de Tokyo juste à temps pour la signature de l'armistice. Ils furent largement utilisés jusque dans les années 90.
A partir de coques de Cleveland inachevés, l'US navy construisit également 10 porte-avions légers et rapides, la classe Independence. A partir de celle de cargos, 10 PA d'escorte de la classe Bogue, similaires aux Attacker et Battler transférés aux alliés Grands-Bretons, mais aussi les Sangamon, à partir de pétroliers, et enfin les 50 Casablanca, construits en un temps record dans les chantiers de Henry J. Kaiser, lequel faisait fortune avec ses Liberty-Ships. Enfin les 19 Commencement Bay, conçus également sur des bases de pétroliers d'escadre, et dont seuls 6 ou 7 furent prêts à temps en 1945.
Concernant les croiseurs, le nouveau standard avait été édifié par le USS Wichita pour les croiseurs lourds, aboutissant à partir de 1942 et jusqu'en 1945-46 à la construction des 18 Baltimore (dont 14 terminés avant la fin du conflit), et aux 28 croiseurs légers de la classe Cleveland et Fargo. En outre, ils avaient étés précédés par des "super-destroyers", des croiseurs légers armés uniquement de tourelles standard antiaériennes de 127 mm, les Atlanta (12 navires). Enfin, en 1944-45, on vit la mise en service de trois étranges navires, apparentés à des croiseurs de bataille mais classés comme croiseurs lourds, les Alaska. Ils ne donnèrent pas pleinement satisfaction et ne furent pas suivis.
Mais ces constructions de guerre comprenaient d'abord et avant tout plus de 2700 "Liberty-ships", ces extraordinaires cargos "standards", très simples et robustes, mais aussi rapides, et conçus pour être produits très rapidement (parfois une semaine). Ils devaient remplacer les saignées opérées dans les convois par les loups gris de Dönitz, à raison de quatre ou cinq cargos par perte. Les Britanniques en reçurent également, sous le nom de "Victory ships". La plupart des "Liberty" étaient armés, et servaient ausi de transports de troupes et de matériel militaire. Une fiche va donc s'appliquer ici à les décrire. (voir "transports armés"). On construisit également en masse des pétroliers standard, les T2.
L'US Navy reçut reçut entre 1942 et 1945 plus de destroyers qu'elle n'en opéra jamais, et dont la grande majorité servaient encore dans les années 60, ainsi qu'à l'étranger jusque dans les années 80-90. Certains sont toujours en service sous divers pavillons. Cela commença en 1941-42 par la classe Benson/Gleaves, série prolongée dans l'urgence, et dont 96 unités furent produites au total. Mais ce furent surtout les 175 unités de la classe Fletcher qui suivirent, qui se rendirent célèbres par leurs engagements, de même que les Sumner ( 58 navires ) et Gearing ( 104 navires ) en 1943-45. Un rouleau compresseur destiné à opérer moins contre les U-bootes que contre les redoutables unités alignées par la marine Nippone.
Ce sont aussi les 360 destroyers d'escorte construits spécialement pour le service dans l'Atlantique et qui participèrent activement à la chasse aux submersibles Allemands: Bien que les "GMT" constituaient le standard de la classe, les TEV, TE, WGT, DET et FMR, disposaient de la même coque, des mêmes moteurs, et ne différaient que par des arrangements d'armement et des détails de superstructures. Bon nombre furent reconvertis en transports d'assaut et la plupart servirent jusque dans les années 60, classés comme frégates ASM.
Afin d'empêcher le ravitaillement des troupes Japonaises, qui avaient eux aussi un système de convois, l'US Navy mit en oeuvre la prolifique classe de submersibles océaniques de la classe Gato (180 unités), ainsi que les sous-classes Balao et Tench, avec des techniques calquées sur celle des U-boote, et avec un plus grand succés: Ils obligèrent les Japonais à construire des porte-avions d'escorte, des escorteurs, et à mettre en oeuvre des submersibles de tansport de troupes et le fameux "Tokyo night express", une escadre comprenant des destroyers et des croiseurs transportant de nuit les troupes et le matériel destinés aux renforts de Guadalcanal. Ces unités coulèrent 60% du trafic Nippon, et une forte proportion de navires militaires, privant en outre et surtout de ravitaillement et de renforts nombre de garnisons isolées, mais privant aussi le japon de ses précieuses ressources industrielles, si ardemment désirées, basées sur l'empire asiatique édifié par la force en 1941-42.
Sur le plan des unités légères, on retient bien sûr les chasseurs de sous-marins du type SC ( 435 navires ), PC, plus économiques et PCS, plus marins ( des dragueurs de mines type YMS et Admirable convertis ), les célèbres vedettes lance-torpilles construites chez Elco, Higgins Vosper et Huckins, à raison de 768 unités au total jusqu'en 1945. Elles s'avérèrent particulièrement adaptés aux conditions imposées par les hauts fonds des archipels du pacifique et furent très utiles contre le "Tokyo Night express" et les unités légères Nippones à Guadalcanal. Le PT 109, sur laquelle servit en tant qu'officier le jeune J.F. Kennedy a même inspiré Hollywood.
Bien que la guerre des mines ne constituait pas une priorité, on compléta les Raven par des Admirable, une longue série largement revendue aprés-guerre, et qui donna une variante d'escorte, les PCS. Ce sont aussi 481 dragueurs de mines côtiers de la classe YMS, également promis à de longues années de service sous divers pavillons après-guerre. Jacques-Yves Cousteau transforma l'un d'eux, ex-FNFL racheté à Marseille en 1950, qui devint le célèbre navire océanographique Calypso.
En matière de navires amphibies, les productions furent intenses: Outre les transports d'assaut classe Doyen, "Hog Islander", Bayfield, Windsor, Ormsby, Askell, Andromeda, et Gilliam, ce sont les fameux LST ( Landing ship tanks ) les "ro-ro" ( Roll on-Roll off) qui inventèrent le principe du ferry à portes avant, mais aussi les LSD ( Landing ship Dispatch ), les LSI ( Landing Ship Infantry ), les navires d'appui-feu LSM(R), et bien sûr les chalands légers LCT, LCV, LCVP, LCM, LCP, et LCP(R), au nombre de 40 714 et que l'on trouvait aussi bien sur les liberty-ships que sur des DE transformés, et qui furent mis en oeuvre pour l'opération Torch en Afrique du nord, en Normandie ( Overlord ), en Provence ( Anvil-Dragoon ), en Sicile ( Husky ), italie ( Baytown, Avalanche ), à Tarawa ( Galvanic ), à Iwo Jima et Okinawa, entre autres, sans compter ceux mobilisés pour l'immense opération Olympic ( L'invasion du Japon prévue en septembre 1945 ). Il y eut aussi un grand nombre de conversions en transports rapides de destroyers d'escorte (APD), et la mise en service des LSV ( Landing ship Vehicle ) et surtout des LSD ( Landing Ship Dock ) qui annonçaient les grands transports d'assaut à radier de l'US Navy contemporaine.
L'immense flotte américaine et ses non moins nombreux hydravions nécéssitait des ravitailleurs, très utiles sur l'immensité du pacifique, et qui servirent aussi de transports et de ravitailleurs. Il s'agissait de l'USS Curtiss, déjà en service, et des 4 Currituck, très imposants, ainsi que de plus petites unités de la classe Barnegat (37), équipées de diesels. Enfin, comme ce type de navires était relativement onéreux à produire, on se replia sur la conversion en chantier de coques de cargos standard rapides du type C3, ce qui donnera les 10 Tangier (AV).
Enfin, l'US Coast Guard reçut de nouvelles unités, dont les aptitudes brise-glaces furent largement mises à constribution pour "tailler la route" aux cargos qui allaient transformer le Groënland en base avancée et poste de ravitaillement pour les bombardiers sortis d'usine et en partance pour la Grande-Bretagne. Il s'agissait des treize Owasco et des cinq Wind.
Bilan:
8 Cuirassés rapides:
classe South Dakota (4), Classe Iowa (4).
95 porte-avions:
Lourds: Classe Essex (12), 5 en construction, Classe Midway (3), le premier en achêvement en juillet 1945.
Moyens: Classe Independence (10), 4 autres en construction.
Légers/escorte: Classe Bogue (10), classe Sangamon (10), classe Commencement Bay (50), 25 autres en construction.
45 Croiseurs:
-14 lourds: Classe Baltimore, 4 en construction.
-32 Légers: Classe Atlanta (12), Classe Cleveland (28).
218 Destroyers:
Classe Benson/gleaves (96), Classe Fletcher (175), Classe Allen M. Sumner (58), Classe Gearing (104).
360 Destroyers d'escorte:
Classe GMT (68), TE (102), TEV/WGT (105), DET/FMR (149).
160 Submersibles:
Classe Gato/Balao/Tench (226).
37 Frégates:
Classe Tacoma (78).
361 Dragueurs de mines:
Classe Raven/AUK (78), Admirable (174), YMS côtiers (109).
1243 Navires légers:
-768 Vedettes lance-torpilles type PT Elco, (400) Vosper (137), Higgins (215), Huckins (16).
-475 Chasseurs de submersibles classes MS (435) et PCS (40).
Non comptabilisés: 23 corvettes type "flower" ex-britanniques transférées en 1942. Connues comme canonnières PG 62-96.
45 816 Navires amphibies:
306 (349)-Transports d'assaut: 2 Cargos classe Doyen , 8 cargos type "hog islander", 29 classe Bayfield, 17 classes Winsdor/Funston, 7 classes Ormsby/Sumter, 117 classe Haskell, 62 classe Andromeda et 64 classe Artemis. 43 conversions de DE en APD. enLSI(S).
45 510-Péniches et barges: 1152 type LST, 425 type LSM, 57 type LSM(R) d'appui-feu, 1139 type LCI(L), 1465 type LCT, 2140 LCP(L), et 2572 LCP(R), 2366 LCV, 22 492 LCVP, 11 144 LCM, 130 LCS(L) et 558 LCS(S) d'appui-feu.
67-Divers:
-4 ravitailleurs d'hydravions classe Currituck, 10 classe Tangier, 37 classe Barnegat, 1 mouilleur de mines, USS Terror, 15 navires de commandement classe Appalachian.
-17 Coast Guard:
-13 Owasco, 4 Wind.
L'US Navy en opérations:
Bien que des destroyers aient ponctuellement effectué des passes de grenadage sur des U-bootes venant trop près des côtes Américaines, menacer directement les navires sortant de Boston, Philadelphie ou New York à destination des ports Britanniques, l'US Navy, pas encore officiellement en guerre, restait vigilante et ses équipages actifs le cas échéant.
Le USA ne rentrent dans le conflit que deux ans et demi après son déclenchement, suite à la catastrophe de Pearl Harbour. Mais dés lors, et comme en 1914-18, ils deviennent le seul support de la dernière démocratie encore en vie en Europe, la Grande-Bretagne. Aussi, le passage des convois apportant ces précieux ravitaillements devenait impérieuse et prioritaire. Ce furent ses moyens qui permirent le débarquement en Afrique du Nord en 1942, de même que sur le font du pacifique, jusqu'à ce que la situation bascule à Midway. A ce titre, et jusqu'à cette date, les USA furent dans une situation dramatique, la pire de leur histoire, devant soutenir à la fois Britanniques, Russes et devant faire face à présent aux ambitions Nippones sur un théâtre d'opération privée de l'essentiel des ses forces: Le "battleship row", le "big five" représentait alors le pilier de la flotte du pacifique. Par les hasards des affectations, Il ne lui restait plus que trois porte-avions, et c'est avec ces bâtiments "auxiliaires" ( pour un grand stratégicien comme Mahan ) qu'elle dût faire face, inventant véritablement la guerre "au-delà de l'horizon". Alors que la Grande-Bretagne se servit de ses porte-avions comme couverture au sein de ses groupes de ligne, les USA les utilisaient comme pièces principales de leur échiquier.
Les défaites s'accumulèrent dès le début de 1942 et le Japon semblait alors invincible. Les navires de ligne de la force Z de l'amiral Tom Philips fut anéantie avant de pouvoir tirer un coup de canon, la bataille du détroit de Macassar menée avec quelques destroyers ne fut qu'une demi-victoire, le convoi Japonais parvenant à bon port, la bataille de la mer de Java un mois plus tard signa la perte de ce qui restait des forces ABDA ( Britannico-Australo-Hollando-Néo-Zélandaise ), et La bataille de la mer de Corail fut une défaite Américaine, le Lexington y étant coulé. Le raid audacieux de Doolittle en avril 1942 sur Tokyo, malgré ses effets limités, avait cependant eu un impact symbolique considérable, redonnant confiance aux Américains et faisant pour la première fois douter l'empire de son invulnérabilité.
La Bataille de Guadalcanal allait être un long conflit d'usure, et les îles Carolines le théâtre des plus nombreux et des plus féroces batailles navales de la seconde guerre mondiale. Situées aux portes de l'Australie, elle en étaient le dernier rempart et tout l'enjeu consista pour les japonais à y installer un terrain d'aviation ( Lunga Point ) pour contrôler la région et permettre un débarquement sur la côte nord du septième continent. Sur le continent asiatique, l'avance des troupes avait constitué en effet un glacis qui ne s'arrêtait qu'à la frontière Indienne. Ce terrain d'aviation fut repris par les Américains qui le renommèrent Henderson Field et fut l'objet de toutes les attaques de la part du Japon, y injectant toutes les nuits des troupes fraîches. L'interception de ces forces par l'US navy déboucha sur plusieurs batailles, dont celle de Savo, superbe démonstration de maîtrise de la part des tacticiens Nippons et lourde défaite pour l'Amérique qui y perdit d'un coup trois croiseurs lourds.
La Bataille de Midway, qui était au départ le projet d'un débarquement sur l'île occupée par les marines, de Midway, véritable verrou du pacifique, vit la destruction des quatre porte-avions de ligne de la marine Nippone, pour la perte d'un seul Américain. Dès lors, la chance et la volonté de vaincre semblaient avoir changé de camp. La bataille des île Santa Cruz en octobre sera de nouveau une défaite Américaine, mais un succès stratégique puisqu'il retarda les renforts Japonais pour Guadalcanal. La seconde bataille de GuadalcanalVella Lavella, sera menée de nuit les 6-7 octobre 1943, par des destroyers US contre la fameux "Tokyo Night Express". Les pertes de part et d'autres n'empêchèrent nullement le convoi de débarquer leur matériel. Ce fut donc aussi l'un des derniers échecs de l'US Navy.
La bataille des îles Komandorski le 26 mars 1943, interception d'un convoi visant au ravitaillement Japonais des Aléoutiennes dans le pacifique nord, se soldera par un autre succés stratégique Américain, qui bien qu'ayant subi la mise hors-jeu du croiseur Salt Lake City, et en endommageant le Nachi, firent renoncer les japonais à tout renfort de surface de ses garnisons dans l'avenir. La destruction de Truk et rabaul, en nouvelle-guinée, fut aussi menée par l'aéronavale de l'US navy, en coordination avec l'USAAF. En nouvelle-Guinée, en novembre 1943 par contre, la bataille de la baie de l'impératrice Augusta qui était l'interception d'une force de renfort contre la tête de pont de Torokina par une escadre Américaine devient un succès car si les Japonais perdent un croiseur et un destroyer et renoncent à cette mission en rentrant avec leurs navires gravement endommagés, du côté Américain aucune perte n'est à déclarer.
A partir de 1944, les Philippines étaient le repère des dernières bases avancées du support pour les opérations dans le pacifique sud et en chine, et devinrent le nouveau théâtre d'affrontements gigantesques: La fameuse bataille de Leyte, comptant plusieurs affrontements subordonnés connus comme la bataille du détroit de Surigao et celle de Samar. Elle avait étée précédée en Juin par celle de la mer des Philippines, sévère défaite Japonaise qui perdent trois porte-avions. Celle de Leyte va par contre être la grande bataille décisive ( issue des théories d'Alfred Mahan, qui inspira aussi beaucoup certains officiers supérieurs Japonais, comme Yamamoto, stagiaire à l'académie navale Américaine d'Annapolis et des cours de stratégie. ). L'empire du Japon y lance ses dernières forces et les perd. A cette date l'aéronavale Nippone avait déjà étée décimée comme ses pilotes de valeur.
Pratiquement toutes les opérations qui suivirent avaient pour but de prendre pied sur des îles suffisamment importantes pour y aménager des aérodromes destinés aux bombardiers longs-porteurs, destinés à marteler les points-clés du sud du Japon, les dernières bases avancées avant l'assaut final contre l'archipel lui-même.
Durant ces opérations, c'est le corps des US marines qui fut mis largement à constribution, bien secondé par des moyens gigantesques. En 1941, il y avait moins de porte-avions Américains que Japonais en service. Un écart qui fut rapidement comblé par des séries de porte-avions lourds, rapides et d'escorte au sein de task-forces rapides constituées pour parer à toutes les menaces. Il n'empêche que les qualités manoeuvrières et l'agressivité qui caractérisaient la flotte Nippone aux équipages aguerris, causèrent de sérieux déboires à l'amirauté Américaine. On se souvient par exemple de la perte des trois croiseurs Astoria, Quincy et Vincennes à Guadalcanal en 1942, et la maîtrise l'aéronavale Japonaise de la perte des porte-avions Lexington, Yorktown, Hornet, Wasp. Le chasseur Zero notament, était totalement inconnu sauf du général Claire Chennault et ses célèbres "tigres volants" en Birmanie, et qui surclassaient tous les appareils alliés, notamment le Grumann Wildcat avant l'apparition du Hellcat et du Vought Corsair, fin 1942 et courant 1943.
Ces grandes conflagrations aéronavales, dans lesquelles seuls les avions s'affrontaient, puis attaquaient les navires adverses et décidaient du sort de la bataille, avaient changé le cours de la stratégie. Les super-cuirassés Yamato par exemple, n'eurent jamais à affronter directement des cuirassés Américains et furent anéantis par des nuées d'appareils adverses. A Midway, aucun navire n'en avait affronté directement un autre: Seul les avions et sous-marins avaient ce privilège. A Santa Cruz, ce fut encore le cas, de même que pour nombre d'engagements culminants jusqu'à la titanesque bataille de Leyte en 1944. Après celle-ci, les forces vives de la marine Nippone avaient étés définitivement anéanties et la puissance industrielle Japonaise, privée des précieuses matières premières apportées par des convois décimés par les meutes de submersibles américains était très loin d'atteindre celle des USA. Après Leyte, c'est le carburant absent qui condamnait le reste de la flotte à l'inaction. Quand aux Kamikazes, ces pilotes hâtivement formées n'avaient appris... qu'à décoller. Mais le manque d'aluminium, entre autres, gêvait sérieusement la productivité de Nakajima ou Mitsubishi.
Conscients de la nécessité de disposer de "porte-avions avancés" pour mettre en oeuvre les B-29 qui allaient pilonner l'archipel tout comme la 8e air Force le faisait au-dessus du Reich depuis la Grande-Bretagne, on planifia les opérations contre Tarawa, puis Iwo Jima et enfin Okinawa en 1945. Pendant ce temps, ce sont les bases reconquises en chine qui servaient d'aérodromes géants à ces "superfortress". Les derniers mois de 1945 ne furent plus qu'un "nettoyage" des côtes de l'archipel, mené essentiellement par des avions, qui coulèrent 90% des unités Nippones survivantes, souvent en rade, notamment dans le grand arsenal de Kure.
Epilogue:
En sortant du conflit le plus titanesque de l'Histoire, et en étant agressé par le Japon, le "géant endormi" fut définitivement tiré de son isolationnisme traditionnel au moment où la tension en Europe commença à prendre une nouvelle forme: Le péril communiste. Devant la monté progressive de l'"empire soviétique", l'US Navy joua un rôle prépondérant. Force de projection internationale, elle continua de se considérer "en état de guerre", et ses constructions navales, loin de se tarir, s'amplifièrent comme jamais, pour en arriver au monstre que l'on connait aujourd'huis. Avec sa "politique du porte-avions", le gendarme du monde est désormais l'héritier, au moins spirituel, de la Royal Navy. Ceci est encore plus vrai avec la disparition de la marine Soviétique. Dans tous les conflits récents, l'US navy est l'instrument de choix de la maison-blanche, et ce depuis une doctrine édictée pour la première fois en 1905, dans le cours de stratégie d'Alfred Mahan, grand admirateur de Napoléon et élève de l'un de ses nombreux analystes postérieurs, Jomini.