Le Hood est resté aussi
célèbre que son vainqueur, le redoutable Bismarck.
Une célébrité qui ne doit rien à son palmarès ( terminé juste après la
fin de la grande guerre, il ne vit jamais le feu avant 1939, et fut
coulé à son premier engagement ), mais au fait qu'il personnifiait à
lui seul la Royal Navy. Il porta en effet l'Union Jack dans tous les
ports du monde, et fut l'ambassadeur d'acier du vieil empire durant
toute l'entre deux guerres. Il incarnait la fierté de la marine et la
fierté de son pays. Sa disparition soudaine frappa durement les
esprits, y compris dans les milieux populaires, le Hood ayant suscité
un attachement irrationnel de l'homme de la rue.
Faut-il
voir ces raisons dans ses
dimensions et son déplacement hors-normes? En effet, lordsqu'il est
lancé en août 1918, c'est le plus grand navire de guerre du monde. La
presse populaire va d'ailleurs très vite le surnommer "mighty hood",
confondant taille et puissance de feu. Un titre qu'il allait conserver
jusqu'à l'apparition de monstres tels que, justement, son bourreau le Bismarck,
mais aussi les cuirassés rapides de la nouvelle génération, dont le
monstrueux Yamato,
approchant des 70 000 tonnes.
La génèse du Hood remonte à 1915, avant la fameuse bataille de Jutland,
lorsque l'amirauté cherchait un successeur à ses dreadnoughts rapides
de la classe Queen
Elisabeth.
On pensait alors à un navire du même type, mais beaucoup plus grand et
mieux protégé, notamment contre les submerisibles. On envisageait
également un calibre de 406 mm et ultérieurement de 457 mm. L'Amiral
Jellicoe, chaud partisan des croiseurs de bataille ( la "cavalerie" de
la flotte ), trouva un écho dans l'amirauté et le projet fut modifié en
conséquence, allant dans le sens de la création d'un navire de ligne
pouvant porter l'artillerie d'un Queen Elisabeth, tout en ménageant une
excellente protection contre les submersibles et en maintenant une
vitesse de plus de 32 noeuds. Ces études aboutirent à la classe Hood,
comprenant également les Rodney, Howe et Anson. Ils furent mis sur cale
dans divers chantiers en 1916. La survenance de la bataille du Jutland
et sa conclusion sans appel pour les croiseurs de bataille Britanniques
mit fin au programme: Les trois jumeaux du Hood furent annulés mais ce
dernier servirait de prototype pour de futures unités. On modifia les
plans en digérant les leçons de cette bataille et on posa une nouvelle
quille.
Le Hood fut ainsi construit à John Brown, lancé le 22 août 1918 et
achevé en mai 1920. Par son déplacement, il montrait à la fois une voie
à suivre et les limites à définir pour juguler l'escalade. Ce fut l'une
des raisons du traité de Washington. Avec ses 42 000 tonnes le Hood
dépasait en effet la limite de 35 000 tonnes allouée pour un navire de
ligne à partir de 1922. Pourtant, le Hood faisait figure de dinosaure
en 1939: En sacrifiant sa protection à la vitesse, il devenait une
proie facile pour cette nouvelle génération de cuirassés rapides qui
s'annonçait, réconcilia justement ces aspects contradictoire, grâce,
notamment aux progrès dans la sidérurgie, de l'ingénierie dans l'étude
de la ballastique et d'une répartition optimisée du blindage, du
rendement des turbines et chaudières modernes, qui permettaient à ces
pachidermes de se mouvoir vélocement, et bien entendu aux progrès dans
la télémétrique, comme le prouva de manière aussi brutale sa
confrontation avec le Bismarck.
Le Hood, symbole naval, incarnation prestigieuse de la Couronne sur les
septs mers, ne pouvait être touché. Il ne reçut donc jamais la refonte
dont il aurait grandement tiré parti. Son armement fut en revanche
légèrement modifié, il y gagna une artillerie AA, et y perdit son
artillerie secondaire de 12 pièces de 140 mm, laquelle à l'origine
avait été non placée en barbettes comme ses prédécesseurs mais haussée
sur le pont principal et protégée par des boucliers.
Lors de la première sortie du Bismarck en mer du Nord, accompagné du
Prinz Eugen, un croiseiur lourd, lequel lui ressemblait beaucoup,
Churchill mesura toute la menace qui pesait sur le trafic allié. le
Bismarck était le corsaire type, mais du genre "intouchable". Il
pouvait détruire convois et escorte avec une grande facilité et
constituait donc une des cartes maîtresses d'Hitler au moment où il
envisageait toujours de faire plier Albion. Contre cet orgueil du IIIe
Reich, l'amirauté ne pouvait faire autrement que de lui barrer la route
avec les unités sont elle disposait dans l'urgence: Et ce furent le
Hood et le Prince of Wales. Sur le papier, un grand navire de guerre
symboliquement chargé d'invincibilité et un cuirassé rapide flambant
neuf . La suite de l'histoire est connue: Dès les premières salves (
car le Hood tira aussi sur le Bismarck sans parvenir à le toucher), un
seul obus de 380 mm du cuirassé Allemand en trajectoire hautement
parabolique vu la distance, entra comme dans du beurre dans les ponts
du Hood et termina sa course dans l'un des magasins à munitions. Une
gerbe de feu équivalent à deux fois et demi sa hauteur fut visible à
des kilomètres par les matelots du Bismarck et du Prince of Wales qui
en firent le croquis ultérieurement. L'instant d'après, les deux
moitiés du Hood sombraient dans l'Atlantique Nord. Par ces
températures, la messe était dite pour l'équipage: Il n'y eut que deux
survivants.
Caractéristiques
(1941):
Déplacement:
42
670 t. standard -45 200 t.
Pleine Charge
Dimensions:
262.1
m long, 31.7 m large, 8.7 m de tirant d'eau.