Le
destroyer HMS Campbeltown en 1942, à la veille du raid de St Nazaire (1/200)
bientôt
Le
HMS en 1943 (1/400)
Ces
50 bâtiments n'ont pas étés construits en grande-Bretagne mais aux
Etats-Unis. Ils restent le meilleur exemple de l'aide massive que reçut
la Royal Navy des USA au début de la bataille de l'Atlantique, car ils
furent transférés en septembre 1940 au titre de l'aide "lend -lease" (
en échange d'une location aux USA pour 99 ans de possessions
Britanniques en Indes orientales et en Guyane Britannique ), pour la
durée de la guerre et destinée à compenser les saignées subies par les
destroyers de sa gracieuse majesté en 1939-40. A l'origine il s'agit de
50 bâtiments survivants des 271 "four-pipers" ( "quatre-tuyaux" en
référence à leurs cheminées ) contruits en masse par les USA entre 1917
et 1921, les Wickes et Clemson, mais aussi trois bâtiments de la classe Caldwell (1918).
Ces bâtiments servirent également massivement au sein de l'US Navy et
subirent de lourdes pertes. Par ailleurs, quelques uns seront
transférés à l'URSS en 1944.
Acceptables en 1918, leur valeur militaire n'était plus aussi brillante
en 1939. On critiquait leur mauvaise tenue en mer, leur faible armement
et leur faible rayon d'action. Néammoins, modernisés et réarmés ils
furent d'un précieux secours au coeur de leur utilisation dans
l'Atlantique et en Arctique. La plupat perdirent une partie de leurs
chaudières, converties en réserves de mazout supplémentaires afin
d'accroître leur autonomie, reclassés comme LRE et SRE ( Short-Range et
Long-Range Escort ), équipés de nombreuses grenades ASM et de mortiers,
de Hedgehogs, de radars, d'antennes huff-duff de repérage
trigonométrique des U-Bootes, et naturellement d'asdic-sonars.
Certains furent convertis en transports de troupes, et d'autres choisis
pour des missions périlleuses, comme le très controversé raid de Saint Nazaire dans lequel se distingua le Campbeltown,
le plus célèbre de cette classe portant des noms de petites villes
Britanniques. 9 seront transférés à la RCN* en même temps parmi ces 50
navires. En 1944, en standard, ils possédaient une pièce de 102 mm, 1
canon de 76 mm multi-usages, 3 à 4 canons Oerlikon de 20 mm, 3 tubes
lance-torpilles ( avec des torpilles britanniques Mk.II ) et 60 à 80
grenades ASM. La fiche ci-dessous retrace le standard en 1941. Ils
n'avaient plus que la moitié de leur puissance originelle, leur donnant
35 noeuds.
Engagés assez durement jusqu'en 1944-45, ( certains destroyers prêtés
aux Russes étant retournés aux Britanniques en 1952 ), 9 furent perdus
au cours des combats. Ils s'agissait des HMS Campbeltown, Belmont, Beverley, Broadwater, Cameron, Rockingham, St Croix, St Francis ( tous deux Canadiens ) et Stanley.
-L'histoire du Campbeltown est assez intéressante pour qu'on s'y attarde: Lancé en janvier 1919 sous le nom de USS Buchanan (DD131), en tant que 56ème unité de la classe Wickes,
il ne connût pas les patrouilles dans l'Atlantique comme la majorité de
ses compagnons, l'armistice survenant quelques temps après le début de
sa mise en chantier. Cependant il assura son service au sein de l'US
Navy à partir de 1920, et faisait partie des survivants des mises à la
casse et en réserve des annés trente. Au titre de l'accord Prêt-Bail
négocié entre Roosevelt et Churchill et approuvé par le Sénat
Américain, le Buchanan fut
transféré en septembre 1940 la Royal Navy. Sa première
affectation, comme ses siter-ships fut d'escorter les convois vers
l'Amérique. Il se distingua dans ce rôle, participant à la destruction
de l'U-141.
En 1942, dans le plus grand secret, il fut transformé afin de ressembler à un torpilleur Allemand de la classe Möwe.L'idée
était de s'approcher du port de Saint-Nazaire, base très importante
dans le dispositif Allemand pour les navires de surface, dont le seul
bassin de la côte capable d'abriter le redoutable cuirassé corsaire Tirpitz.
Il s'agissait de neutraliser les défenses du port en débarquant un
commando et d'envoyer le destroyer, dont la proue avait été remplie
avec trois tonnes de TNT contre les portes du bassin. Le navire
ne naviguait pas seul, mais avec des "matelots", 16 vedettes qui
devaient ramener les 611 hommes dont les survivants des 257 commandos
spéciaux. L'opération était tellement risquée qu'elle ne bénéficiait
d'aucun soutien de la Royal Navy. Ce sera le plus audacieux raid de la
Royal Navy depuis l'opération de Zeebruge en 1918.
Dans la nuit du 27 au 28 mars, l'opération fut lancée. Mais arrivés à
moins de 1000 mètres de l'entrée du port, les Allemands alertés
ouvrirent le feu et coulèrent d'emblée la moitié des vedettes, le
Campbeltown étant généreusement "poivré" comme il se doit. Mais même
gravement endommagé, ( par des canons légers de DCA -les attaques de la
RAF étaient plus à craindre- ), il réussit à s'encastrer dans les
portes de la cale sèche. Les commandos débarquèrent et une bataille
féroce s'ensuivit avec la garnison Allemande: Il y eut 387 hommes qui
n'en revinrent pas, et d'autres seront faits prisonniers. En fait 224
rentrèrent au pays sur les frêles vedettes survivantes, à l'aube, dans
des conditions épouvantables. Les Allemands pensaient avoir fait
échouer le raid, mais lorsqu'ils envoyèrent une compagnie inspecter le
vieux destroyer réduit à l'état d'épave fumante, la bombe à retardement
explosa à 11 heures 45, tuant 400 hommes, pulvérisant les portes du
bassin et détruisant une partie des installations du port.