Cuirassés
rapides classe Richelieu (1939)
Comptant parmi les plus puissants navires de guerre de leur temps, les deux Richelieu furent les derniers cuirassés Français. Ils eurent un destin particulièrement intérressant et typique du sort de la marine Française durant cette période.
Après la sortie des Litorrio Italiens, les Dunkerque Français se trouvaient dépassés en calibre, puissance de feu et protection. Le tonnage restant alloué
à la France lui permettait de mettre en chantier deux nouvelles unités
de 35 000 tonnes en standard, mieux protégées tout en alignant des
pièces d'un calibre supérieur. Afin de simplifier les délais d'étude,
on se pencha naturellement vers les deux Dunkerque dont les principales
solutions furent reprises. Ainsi, globalement, le Richelieu et de Jean
Bart futent définis en 1935 comme des Dunkerque agrandis: Ils en
reprenaient la disposition de l'artillerie et des superstructures, du
dessin de la coque, mais avaient une vitesse ( 30-32 noeuds )
supérieure grâce à une puissance portée à 150-165 000 cv, le calibre de
leur artillerie principale s'établissant désormais à 380 mm, le nouveau
standard des navires de ligne, et ils optaient pour des tourelles
triples à pièces strictement antinavires ( 152 mm ), la DCA étant
assurée par des tourelles doubles de 100 mm, et des affûts de 37 et de
13,2 mm. Grâce à un hangar plus profond et à deux catapultes, ils
pouvaient opérer trois hydravions ( Loire 130 ) au lieu de 2.
Enfin,
ils se signalaient par une bien meilleure protection, avec un blindage
alllant jusqu' à 450 mm ( tourelles ). Des compartiments antitorpilles
plus sophistiqués étaient également ajoutés. Le Richelieu et le Jean
Bart devaient remplacer le Paris et le Courbet (1911-12), arrivés
au terme de leur carrière. L'architecte naval qui les dessina opta
également pour une solution unique et originale d'un "mât-cheminée",
intégrant dans un même espace les conduits des chaudières tronqués vers
l'arrière et une pesante tour de télémétrie. Les Américains, et les
aliés en général eurent tout loisir de les observer, et ce "mack"
devint après-guerre le standard des aménagements de ce type pour tous
les navires militaires modernes, car il était bien adapté aux mâts
radars.
Ils
furent entamés à Brest et Saint-Nazaire en 1935 et janvier 1939 pour le
second, et lancés en janvier 1939 et mars 1940 pour le second. On avait
accéléré leur construction du fait de la survenance de la guerre.
Cependant, le Richelieu n'était pas encore achevé lorque l'armistice
fut signé et il dût rejoindre Dakar en catastrophe pour éviter sa
capture. C'est là qu'il subit le 24 septembre 1940 une attaque menée
conjointement par la marine Britannique et les FFL à l'instigation de
De Gaulle, qu'il repoussa:
Etant
d'un potentiel renfort d'une valeur inestimable, le Richelieu et son
sister-ship pouvaient, entre de mauvaises mains, faire basculer
l'équilibre des forces en méditerranée au profit de leurs utilisateurs.
Ils devenaient donc des cibles privilégiées pour Churchill, qui
estimait ce rique bien trop important à courir. De ce fait, le
Richelieu, basé à Dakar et commandant la côte Atlantique depuis
l'Afrique fut à maintes reprises attaqué par les Britanniques. Le 8
juillet 1940, Il fut attaqué au titre de l'opération "catapult" par des
vedettes lance-torpilles. Lors d'une attaque ultérieure menée par les
Bombardiers-torpilleurs Fairey Swordfish de l'Hermes, il fut atteint
d'un impact qui déchira son ballast et l'empêcha de quitter la rade.
Cependant il parvint à endommager les cuirassé HMS Barham. Il resta en
rade pour de plus amples réparations jusqu'en fin 1942, avant de gagner
le port de New York.
Au
terme d'une modernisation complète, en octobre 1943, il perdit
hydravions, hangar et catapultes pour allègement, reçut des radars, une
puissante DCA ( 14 affûts quadruples de 40 mm, 48 simples de 20 mm ) et
sa nouvelle livrée camouflée. Il rejoignit la Home Fleet afin de
prendre en charge l'escorte des convois de Mourmansk depuis Scapa Flow
et l'Islande: La menace des navires de ligne Allemands ancrés dans les
Fjords Norvégiens et de la Luftwaffe faisait craindre à l'amirauté
Britannique une sortie prolongée, alors que le Richelieu était une
recrue dont la perte n'entraînerait pas de saignée dans ses
effectifs... Les FFL, déjà très présents dans ces conditions
particulièrement rudes sur des corvettes de la classe "Flower" sur ce
secteur, reçurent le renfort de cette unité majeure avec le plus grand
enthousiasme. Mais cette peur de perdre des unités de ligne était aussi
la hantise personnelle d'Adolf Hitler depuis la disparition du Bismarck
et le Richelieu n'eut jamais à combattre d'unité de surface Allemande
majeure comme le Tirpitz ou le Scheer. En Mars 1944, il quitta les eaux
glacées de la Russie pour l'océan Indien. C'est là, associé à la Home
Fleet et à l'US Navy, qu'il fut basé à Trincomanlee, participant à
diverses opérations navales et bombardements côtiers, mais sans avoir à
affronter de navire Japonais. Lors de la Capitulation de l'empire en
septembre 1945, il resta en sur place afin d'assurer la présence
Française lors de la guerre d'indépendance Indochinoise. Il fut
rapatrié en métropole puis désarmé en 1959, y restant quelques années
encore ( 1964 ) comme ponton de service.
Le
Jean Bart était par contre en achêvement, terminé à 77% à Saint Nazaire
lorsque les troupes Allemandes se trouvèrent aux portes de la ville. Il
apareilla dans des conditions rocambolesques et un équipage réduit et
gagna Casablanca. Il y fut attaqué le 8 juillet 1940 ( Catapult ) mais
résista grâce à son unique tourelle de 380 mm installée. En novembre
1942, lors de l'opération Torch, ses canons pilonnèrent les forces
alliées tentant de débarquer pour prendre la ville. Il fut de nouveau
endommagé. Devant la faiblesse des moyens disponibles, on ne put
l'achever et en 1946, il fut conduit à Brest pour son achêvement
définitif. Mais à cette date, les concepts de la stratégie navale
avaient étés bouleversés et le Jean Bart fut entièrement repensé comme
un cuirassé antiaérien. Après de profonds travaux, il fut mis en
service en 1955 sous une apparence très différente de son frère. Après
le Vanguard Britannique, il fut en fait le dernier cuirassé construit
dans le monde, et le premier achevé durant la guerre froide. Il sera
désarmé en 1961, et servit de ponton à Toulon jusqu'en 1970.
Les
deux Richelieu devaient êtres suivis du Clémenceau, entamé en 1939 pour
un lancement prévu en 1943 ). Mais à la capitulation de juillet 1940,
la coque, tout juste en état de flotter, sera immergée par les
allemands en 1943 pour bloquer l'accès au port et bombardé en 1944. Il
possédait quatre tourelles de 152 mm au lieu de trois, perdant du même
coup son hangar. Le Gascogne et les unités suivantes, prévues pour un
lancement en 1944, différaient des premiers par la répartition de leurs
tourelles principales, une à l'avant et une autre à l'arrière. Leurs
arrangements de superstructures et d'artillerie secondaire étaient
différents et leur armement AA accru. Ils étaient également plus lourds
( 38 000 tonnes en standard ), mais aucun ne dépassa le stade de la
planche à dessin bien que Vichy ait envisagé un temps de construire le
premier.
Déplacement: |
35 000 t. standard -47 600 t. Pleine Charge |
Dimensions: |
248 m long, 33 m large, 9.6 m de tirant d'eau. |
Machines: |
4 hélices, 4 turbines Parsons, 6 chaudières Indret, 150 000 cv. Vitesse maximale 30 noeuds. |
Blindage: |
ceinture 340-180 mm, ponts 160-35 mm, tourelles 445 mm, Tourelles secondaires 130 mm, blockhaus 440 mm. |
Armement: |
8 pièces de 380 mm (2x4), 9 pièces de 130 mm (3x3), 12 de 100 mm (6x2), 8 de 37 mm (4x2), 16 de 13.2 mm AA (4x4), 3 avions. |
Equipage: |
1550 |